1690
mardi 3 janvier
Devant se rendre à Surate, le navire de la Compagnie des Indes orientales (CIO) les Jeux relâche dans le port de Goa avec une cargaison d’une valeur de 125 000 livres.
dimanche 8 janvier
Décès de l’évêque de Chartres Mgr Ferdinand de Neufville de Villeroy. Agé de 82 ans, il était à la tête de ce diocèse depuis 33 ans (1657).
mardi 10 janvier
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Arlequin homme à bonne fortune de Jean-François Regnard.
mercredi 11 janvier
Le dramaturge Campistron présente à la Comédie-Française sa nouvelle pièce, Adrien.
mercredi 18 janvier
Première représentation à la Comédie-Française de la pièce Esope à la ville, écrite par Edme Boursault.
dimanche 22 janvier
En Amérique du Nord, les Iroquois renouvellent leur allégeance envers les Anglais contre les Français.
mercredi 1er février
Première séance du Parlement de Bretagne suite au retour de la cour à Rennes. Le Parlement avait été exilé à Vannes en 1675 suite à la révolte du papier timbré.
nuit du mercredi 8 au jeudi 9 février
La guerre de la Ligue d’Augsbourg, qui oppose depuis 1688 la France à une coalition de puissances européennes, atteint l’Amérique du Nord : après une marche de 22 jours, 114 Canadiens, majoritairement des hommes de la frontière « coureurs des bois » et leurs alliés amérindiens (80 Saults, 16 Algonquins et quelques Mohawks) ont mené une attaque surprise deux heures avant le lever du jour sur une bourgade américaine non protégée proche d’Albany, Colaer [aujourd’hui Schenectady, dans l’Etat de New York]. Le village est incendié (60 bâtiments détruits) et la moitié des habitants est massacré : 38 hommes, 10 femmes et 12 enfants ont été tués ; 11 noirs et le premier pasteur de l’Eglise réforme hollandaise (Petrus Tessemacher) figurent parmi les victimes. Entre 50 et 60 personnes ont été épargnés, dont une vingtaine de Mohawks. Selon la tradition, seuls deux bonhommes de neige montaient la garde. Le raid était commandé par Jacques Le Moyne de Sainte-Hélène, Nicolas d’Ailleboust de Manthet et Pierre Le Moyne d’Iberville. Les agresseurs repartent vers le nord en emmenant 50 chevaux et 27 prisonniers (dont 5 noirs) ; ceux qui se révèlent trop vieux, jeunes ou malades sont tués en chemin (les plus jeunes seront adoptés par des familles amérindiennes). Quelques miliciens et Amérindiens pro-anglais se sont lancés à la poursuite des Franco-Canadiens, parvenant à en tuer ou en capturer 15.
samedi 11 février
Après être passé par le Bengale et le Siam, le navire de la CIO Saint-Nicolas est de retour à Pondichéry. Il repart aussitôt pour la France.
dimanche 12 février
Décès à Paris du peintre et décorateur Charles Le Brun, à l’âge de 71 ans. Premier peintre du roi Louis XIV, directeur de l'Académie royale de peinture et de sculpture et de la Manufacture royale des Gobelins, il a notamment décoré le château de Versailles (galerie des Glaces).
lundi 13 février
Le pape Alexandre VIII nomme onze nouveaux cardinaux : dix Italiens et un Français. Ce dernier est le diplomate et évêque de Beauvais Mgr Toussaint de Forbin-Janson, âgé de 58 ans.
mercredi 22 février
Un navire français de la CIO, le Louray (jaugeant 250 tonneaux), part de Pondichéry pour rejoindre la France avec une cargaison de marchandises indiennes.
samedi 25 février
Partis de Ferryland, 45 flibustiers anglais et américains ont attaqué l’établissement français de Plaisance [aujourd’hui Placentia], situé sur la côte méridionale de l’île de Terre-Neuve, sous le commandement d’Herman Williamson. Le gouverneur Louis de Pastour de Costebelle est blessé et deux soldats français tués. Le reste de la population est enfermé dans l’église. Le fort et les bâtiments du port sont détruits.
jeudi 16 mars
Une flotte française quitte la France à destination de l’Irlande. Elle transporte l’armée d’Antonin Compar de Caumont, chargée d’aller combattre aux côtés du roi Jacques II.
vendredi 17 mars
Le navire de la CIO les Jeux (250 tonneaux) quitte Surate, en Inde, avec une cargaison de toiles de coton blanches d’une valeur de 120 500 livres.
mercredi 22 mars
L’armée française d’Antonin Compar de Caumont débarque à Cork pour venir en aide aux troupes du roi Jacques II.
dimanche 26 mars
Dimanche de Pâques.
lundi 27 mars
Commandée par Jean-François Hertel de la Fresnière, une troupe de Français et d’Indiens de la confédération Wabanaki (Mi’kmaq et Maliseet du Nouveau-Brunswick) attaque et détruit le village anglais de Salmon Falls, dans la province du New Hampshire [aujourd’hui Berwick, dans le Maine]. 34 habitants, tous des hommes, sont tués, et 54 autres, surtout des femmes et des enfants, sont faits prisonniers. Toutes les maisons sont brûlées.
mardi 28 mars
Des miliciens partis à la poursuite des attaquants de Salmon Salls ont été battus lors d’une escarmouche.
mercredi 5 avril
Quarante jours après avoir pris l’établissement français de Plaisance, à Terre-Neuve, les Anglais sont retirés avec les biens pillés et en ne laissant rien debout derrière eux (le site sera récupéré en 1691 par les Français qui bâtiront le fort Saint-Louis en remplacement du fort Plaisance).
mardi 18 avril
Décès à Vienne du « duc sans duché ». Duc de Lorraine et de Bar en titre depuis 1664, Charles V Léopold était reconnu par toute l’Europe à l’exception de la France, dont les armées occupaient ses terres. Général dans l’armée habsbourgeoise, il avait 47 ans.
jeudi 20 avril
La Dauphine est décédée à Versailles. Sœur de l’électeur Maximilien II de Bavière, la princesse allemande Marie Anne Christine Victoire de Bavière avait épousé en 1680 le Dauphin Louis de France, fils du roi Louis XIV. Agée de 29 ans seulement, elle a succombé des suites de la tuberculose.
en avril
Les Français commencent à construire en Inde le comptoir de Chandernagor (achevé en 1692).
mardi 2 mai
A Balziglia, dans une vallée alpine du Piémont italien, 300 protestants vaudois exaltés ont chargé 4 000 dragons français en chantant le psaume 68.
mercredi 3 mai
Partie de Boston sous le commandement de Sir William Phips, une flotte anglo-américaine forte de quinze vaisseaux, attaque les établissements français d’Acadie.
mardi 9 ou mercredi 10 mai
Le célèbre acteur comique Belleroche est décédé à Paris, à l’âge de 60 ans environ. De son vrai nom Raymond Poisson, il a donné ses lettres de noblesse au rôle du valet et en particulier celui de Crispin, qu’il créa à l’hôtel de Bourgogne en 1654. Il est également l’auteur d’une dizaine de pièces de théâtre.
mardi 16 mai
Début de la bataille de Falmouth en Amérique du Nord : entre 400 et 500 Français et Amérindiens de la confédération Wabanaki, commandés par Joseph-François Hertel de la Fresnière et le baron de Saint-Castin, attaquent Fort Loyal [aujourd’hui à Portland, dans le Maine]. Les colons anglais sont défendus par la garnison du capitaine Sylvanus Davis.
vendredi 19 mai
La flotte de William Phips arrive à proximité de Port-Royal, la capitale de l’Acadie [aujourd’hui Annapolis Royal, en Nouvelle-Ecosse].
samedi 20 mai
Après cinq jours d’une héroïque résistance, la garnison anglaise de Fort Loyal accepte de se rendre, ayant reçu l’assurance qu’il ne leur serait fait aucun mal. Mais, lors de leur sortie, plus d’une centaine sont massacrés par les Indiens. Les survivants, dont le capitaine Davis, sont conduits comme prisonniers à Québec ; quelques uns seront remis à des familles indiennes désireux de venger des membres des leurs tués par les Anglais (le site de Falmouth [Portland] restera inoccupé jusqu’en 1714).
Les Anglo-Américains se présentent devant Port-Royal, en position délicate : l’enceinte du fort, en cours de reconstruction, n’est pas terminée et le gouverneur Louis-Alexandre des Friches de Menneval ne dispose pour défendre les lieux que de 70 soldats, 18 canons (non montés) et 19 armes à feu. Phips exige la reddition française.
Le gouvernement donne l'ordre au vice-amiral Tourville de quitter Brest et de se diriger en Manche. Tourville retarde le départ afin de recevoir plus de force.
dimanche 21 mai
Après avoir accepté les termes de la reddition, Louis-Alexandre des Friches de Menneval livre Port-Royal aux Anglo-Américains. L’accord est aussitôt rompu par les vainqueurs, qui accusent pour leur pas les vaincus d’avoir tenté de sauver du matériel qui aurait du être livré : les colons du Massachusetts mettent aussitôt à sac le fort et la ville, profanent la chapelle catholique, s’emparent des biens privés et tuent le bétail. Phips met en place un nouveau gouvernement local et exigent des paysans acadiens qu’ils prêtent un serment d’allégeance aux souverains britanniques.
mardi 30 mai
Création à la Comédie-Française de la pièce La Folle Enchère, de Dancourt.
samedi 3 juin
Le duc Victor-Amédée II de Savoie fait intervenir son Etat dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg : il rejoint la grande alliance dirigée contre la France.
En parallèle à l’expédition de Sir William Phips contre l’Acadie, 88 soldats de la colonie du Massachusetts attaquent le fort Saint-Louis, dans la baie de Chedabucto [Nouvelle-Ecosse], sous le commandement du capitaine Cyprian Southack. Après six heures de tirs, la garnison de douze hommes, sous les ordres de Dauphin de Montorgueil, accepte de se rendre avec les honneurs de la guerre (ils sont envoyés à la capitale française de Terre-Neuve, Plaisance). Les Anglais détruisent les énormes stocks de poissons.
mi-juin
Campagne française des Flandres : l’armée française du duc de Luxembourg est divisée en deux. Le maréchal d’Humières est chargé de défendre les garnisons installées le long de la Lys et de l’Escaut.
vendredi 23 juin
Parti de Deinze, le gros des troupes françaises des Flandres traverse la Sambre à Jeumont. L’armée du duc de Luxembourg est bien renforcée par des renforts du duc de Boufflers.
Désormais à la tête des flottes réunies du Ponant et du Levant, le vice-amiral Tourville quitte le Port de Brest, un mois après en avoir reçu l’ordre.
samedi 24 juin
Guillaume III d’Orange débarque dans le nord de l’Irlande, à Carrickfergus (près de Belfast). Il est à la tête de 15 000 soldats pour mener la guerre contre Jacques II et ses alliés français.
Le navire de la CIO les Jeux s’arrête à l’île Bourbon pour hiverner.
mardi 27 juin
L’armée de Luxembourg fait halte à Boussu.
mercredi 28 juin
L’armée alliée commandée par le général allemand von Waldeck établit son campement entre Nivelles et Pieton.
vendredi 30 juin
Grâce à la construction de pontons, la majeure partie de l’armée du duc de Luxembourg peut franchir la Sambre au niveau de Ham.
La flotte française de Tourville parvient au large du cap Lizard. Au même moment, la flotte anglaise d’Arthur Torrington quitte l’île de Wight après avoir reçu les renforts de l’escadre hollandaise de Cornelis Evertsen.
en juin
Raid des Français de Saint-Domingue dans la partie espagnole de l’île : la ville de Santiago (Saint-Yague) est détruite.
samedi 1er juillet
Bataille de Fleurus [aujourd’hui en Belgique] : les 40 000 Français (et 70 pièces d’artillerie) du duc de Luxembourg remportent une grande victoire sur les 48 000 soldats alliés (Impériaux, Hollandais, Anglais et Espagnols) et 90 pièces d’artillerie commandés par le général allemand Waldeck. Les pertes françaises ne sont que de 4 000 hommes tués ou blessés, alors que les vaincus déplorent 12 000 tués ou blessés et 8 000 prisonniers (plus 106 drapeaux et 49 canons perdus). Mais les Français ne vont pas profiter de leur victoire : plutôt que de suivre l’avis de Louvois, qui souhaitait que Luxembourg assiège rapidement Namur et Charleroi, Louis XIV, inquiet de la situation du Dauphin, ordonne au commandant français de diviser ses forces. Cette décision permet à Waldeck de se retirer sur Bruxelles avec ce qui lui reste de troupes en état de combattre.
mercredi 5 juillet
L’amiral Torrington découvre en Manche les navires de Tourville. Estimant le nombre de navires de ligne ennemis à 80, il recommande d’éviter la bataille et fait part de son intention de battre en retraite. Mais à Londres, le Conseil des neuf s’insurge. La plupart des conseillers critiquent le défaitisme, voir la « trahison » de l’officier de marine et poussent Marie II à ordonner le combat.
dimanche 9 juillet
Lord Torrington reçoit l’ordre de combattre alors qu’il se trouve au large du cap Bévéziers.
Dans l’est de l’Irlande, l’armée de Guillaume d’Orange parvient sur la rivière Boyne, où Jacques II a déployé ses troupes franco-irlandaises.
lundi 10 juillet
Bataille navale de Bévéziers (de Beachy Head pour les Anglais) : forte de 75 vaisseaux de ligne (totalisant 4 600 canons et 28 000 hommes), la flotte du vice-amiral de Tourville remporte au large des côtes du Sussex, à l’est de l’île de Wight, une éclatante victoire sur les forces navales alliées (vingt-et-un vaisseaux de ligne anglais et trente-six hollandais, 4 153 canons et 23 000 hommes) du comte de Torrington et de Cornelis Evertsen. Les coalisés ont perdu dix-sept navires (dont douze hollandais), et 2 100 hommes (dont 2 000 Hollandais) ; les Français ne déplorent aucun navire perdu et seulement 340 morts. Les bâtiments anglo-hollandais survivants parviennent à se réfugier dans la Tamise (Torrington sera jugé en cour martiale mais sera acquitté tandis que Tourville sera critiqué pour ne pas avoir correctement mené la chasse aux vaincus en fuite). Cette grande victoire donne aux Français le contrôle de la Manche et provoque la panique en Angleterre. Côté français, le corsaire dunkerquois Jean Bart s’est distingué.
L’armée anglaise a manqué de perdre son roi et commandant en chef : alors qu’il inspectait qui doivent permettre à ses soldats de franchir la Boyne, Guillaume III a été légèrement blessé à l’épaule par un tir provenant du camp jacobite.
mardi 11 juillet
Bataille décisive de la Boyne, dans l’est de l’Irlande [aujourd’hui dans le comté de Meath] : le catholique Jacques II et ses alliés (7 000 Français et 16 000 Irlandais, majoritairement des paysans peu entraînés et mal équipés), sous les ordres du comte de Tyrconnell (Lord Deputy d’Irlande) et du duc de Lauzun, ont été écrasés près de Drogheda (à 2,5 km d’Oldbridge) par les 36 000 soldats (Anglais, Irlando-Ecossais, Hollandais, Danois et huguenots) de son neveu et gendre, le protestant Guillaume III d’Orange. Les troupes anglaises étaient commandées par un ancien maréchal de France, le huguenot Frédéric-Armand, duc de Schomberg, soixante-quinze ans, qui a trouvé la mort dans la bataille. Les pertes jacobites sont estimées à 1 500 hommes environ, celle des vainqueurs à 750. Certains catholiques irlandais faits prisonniers à l’issue de la bataille seront torturés jusqu’à ce qu’ils se convertissent au protestantisme. Ayant perdu tout espoir de reconquérir son trône, Jacques II bat en retraite avec une petite escorte vers le sud-est de l’Irlande, avant d’embarquer à Duncannon et de s’exiler définitivement en France avec nombre de ses soldats, notamment irlandais, les « oies sauvages » (la bataille de la Boyne sera commémorée par la suite par les orangistes à la date du 12 juillet).
mercredi 12 juillet
Création à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de Dancourt, L’Eté des coquettes.
lundi 17 juillet
Tourville est de retour au Havre. Il débarque 2 000 blessés avant de repartir rapidement conforter la présence française en Manche.
lundi 24 juillet
Le noble français Adrien de Wignacourt est élu comme 63e grand-maître de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Agé de 73 ans, il est le neveu d’un ancien grand-maître, Alof de Wignacourt, qui dirigea l’ordre de Malte de 1601 à sa mort en 1622.
mercredi 26 juillet
La Comédie-Française présente Les Bourgeoises de qualité, une pièce de Hauteroche.
mercredi 2 août
Les troupes de l’électeur de Brandebourg rejoignent celles du général Waldeck : forte désormais de 55 000 hommes, l’armée alliée se met en marche vers Genappe.
vendredi 4 août
En dépit des récents gestes du roi Louis XIV (aide à l’élection, restitution d’Avignon, etc.), le pape Alexandre VIII proclame nulle et non avenue la déclaration de 1682 accordant des privilèges gallicans à l’Eglise de France.
samedi 5 août
Dernier débarquement français en Angleterre : vers quatre heures du matin, plusieurs centaines d’hommes ont débarqué à Teingmouth, sur la côte sud du Devon. Le port est pillé. En quelques heures, plusieurs vaisseaux marchands et 112 maisons sont incendiées.
dimanche 6 août
La température atteint 24,4° à Paris l'après-midi... et c'est le maximum du mois !
lundi 7 août
Forte de sa victoire à la bataille de la Boyne, l’armée de Guillaume III (25 000 hommes) met le siège devant Limerick, une ville de l’ouest de l’Irlande défendue par les forces jacobites du duc de Lauzun, du comte de Tyrconnell et de Patrick Sarsfield (14 500 fantassins et 2 500 cavaliers). L’assaut général est cependant reporté à la suite d’une embuscade retardant l’arrivée de l’artillerie protestante.
La grande armée alliée du général Waldeck est à Nivelles.
mardi 8 août
Création à la Comédie-Française de Merlin déserteur, la nouvelle pièce de Dancourt.
mardi 15 août
Une dizaine d’habitants de Rumilly [Haute-Savoie] ont été tués en tentant de résister aux soldats français du général Saint-Ruth.
vendredi 18 août
Bataille de Staffarde : à la tête de 18 000 hommes, le commandant en chef de l'armée du Piémont, le maréchal Nicolas de Catinat, a remporté une importante victoire sur les 17 000 soldats hispano-savoyards de Victor-Amédée II et du Prince Eugène. Les vaincus déplorent 6 700 hommes tués, blessés ou prisonniers (plus onze canons et de nombreux drapeaux perdus), les vainqueurs 2 000 morts et blessés. Trop confiant en ses troupes, le duc de Savoie avait refusé d’attendre les renforts espagnols avant d’engager le combat selon une mauvaise stratégie. Protégé par les gardes et les carabiniers de Savoie, l’armée de Victor-Amédée doit battre en retraite vers Carignano et Moncalieri tandis que Catinat avance sur Savigliano et Saluzzo.
samedi 19 août
Les Français de Catinat prennent Saluzzo (Saluce).
jeudi 24 août
Jean-François Regnard présente sa nouvelle pièce à la Comédie-Italienne, Les Filles errantes.
dimanche 27 août
Vingt jours après avoir mis le siège devant Limerick, l’armée protestante de Guillaume III lance le premier assaut sur les remparts de la ville irlandaise. Mais l’attaque tourne au désastre 3 000 soldats sont tués en trois heures et demie de combats.
samedi 9 septembre
Conscient de l’impossibilité actuelle de pouvoir enlever la ville, Guillaume III est contraint de lever le siège de Limerick. Il ordonne à ses troupes de se retirer et de prendre leurs campements d’hiver (2 000 soldats mourront de maladie durant les mois qui viennent).
mercredi 13 septembre
Première à la Comédie-Française de la pièce Le Secret révélé de Brueys et Palaprat.
jeudi 14 septembre
Le navire de la Compagnie des Indes orientales les Jeux quitte l’île Bourbon pour rentrer en France.
samedi 7 octobre
Quatre mois et demi après la prise de Port-Royal par les Anglo-Américains, une proclamation royale anglaise rattache administrativement l’Acadie à la colonie du Massachusetts.
Décès du financier et économiste Jacques Savary. Auteur en 1675 du Parfait négociant, un manuel de commerce traduit en plusieurs langues, il avait 68 ans.
du mercredi 11 au mercredi 18 octobre
Le roi d’Angleterre déchu Jacques II et son épouse Marie de Modène séjournent au château français de Fontainebleau.
lundi 16 octobre
Fort de sa victoire à Port-Royal, William Phips parvient devant Québec à la tête d’une flotte anglo-américaine forte de trente-quatre navires. Le comte de Frontenac, gouverneur de Nouvelle-France, va tout tenter pour cacher son infériorité numérique : à l’émissaire envoyé réclamer la reddition, il parvient à faire croire qu’il dispose de plus de soldats qu’il n’en a en réalité et repousse l’offre.
mardi 17 octobre
Commandés par Hector de Callières, des renforts français arrivent à Québec en provenance de Montréal.
La mystique Marguerite-Marie Alacoque est décédée à Paray-le-Monial [Saône-et-Loire]. Inspiratrice du culte du Sacré-Cœur, elle avait quarante-trois ans (elle sera canonisée en 1920).
mercredi 18 octobre
La flotte anglo-américaine débarque 2 300 soldats et miliciens coloniaux ainsi que soixante Indiens et six canons à Beauport, à l’est de Québec. Au même moment, quatre navires commencent à bombarder la cité fortifiée.
mardi 24 octobre
Repoussées par les canons des québécois, les forces expéditionnaires de William Phips abandonnent l’idée de prendre la ville aux Français. Ils rembarquent en déplorant 30 tués et 50 blessés en huit jours. La garnison de Québec recense 9 morts et de 8 à 52 blessés. Sur le chemin du retour, la flotte anglo-américaine perdra trois navires à cause des tempêtes et la variole entraînera la mort d’un millier d’hommes.
samedi 28 octobre
Le duc Victor-Amédée II de Savoie rejoint officiellement la ligue d’Augsbourg dirigée contre la France.
vendredi 3 novembre
La France a perdu un grand serviteur de l’Etat. Le marquis de Seignelay, fils du Grand Colbert, est décédé à Versailles des suites d’un cancer généralisé. Il avait 39 ans. Secrétaire à la Maison du Roi, chargé de la Marine, il avait contribué à développer considérablement la marine française.
lundi 6 novembre
Contrôleur général des Finances depuis un an, Louis II Phélypeaux, comte de Maurepas (futur Ponchartrain), devient également ministre d’Etat, secrétaire d’Etat de la Marine et secrétaire d’Etat de la Maison du Roi.
vendredi 10 novembre
Le maréchal de Catinat met le siège devant la forteresse de Suse, une position stratégique contrôlant les communications avec Briançon.
dimanche 12 novembre
Suse capitule. En dépit de cette victoire, les problèmes ravitaillement et de communication ainsi que les maladies enlèvent aux Français tout espoir de prendre Turin et la région d’Asti.
lundi 13 novembre
Le comte de Maurepas (futur Pontchartrain), ministre d’Etat (Finances, Marine et Maison du Roi), reçoit le brevet de chef perpétuel, président et directeur de la Compagnie des Indes Orientales.
samedi 18 novembre
Création à la Comédie-Italienne de la pièce La Fille savante, de Fatouville.
vendredi 1er décembre
Le baron Bidal d’Asfeld et Luigi Ballati signent à Hambourg un traité de neutralité entre la France et le Hanovre.
vendredi 29 décembre
Première de la nouvelle pièce de Dancourt, Le Carnaval de Venise, à la Comédie-Française.
en décembre
A Paris, la construction du dôme de l’Eglise des Invalides est achevée.
1691
vendredi 5 janvier
La nouvelle tragédie biblique de Jean Racine, Athalie, une œuvre en cinq actes et en alexandrins, est jouée pour la première fois à Saint-Cyr, devant le roi.
mercredi 17 janvier
Création à la Comédie-Italienne de la pièce La Coquette de Jean-François Regnard.
dimanche 21 janvier
Bataille de la Sabana Real : en représailles à un raid mené en juin 1690 dans l’est de l’île de Saint-Domingue, 3 000 Espagnols de Saint-Domingue attaquent les Français à Limonade, au sud-est de Cap-Français [aujourd’hui dans le nord d’Haïti] : 300 boucaniers
français sont tués, dont le gouverneur de l’île de la Tortue, Pierre-Paul Tarin de Cussy. La cité de Cap-Français est pillée.
vendredi 26 janvier
Décès de l’archevêque de Rouen Francois Rouxel de Médavy. Il est aussitôt remplacé par son coadjuteur, Jacques-Nicolas Colbert, trente-six ans, fils du célèbre ministre Jean-Baptiste Colbert et déjà membre de l’Académie française.
samedi 27 janvier
Le thermomètre culmine à + 4°2 à Paris : il s'agit du maximum du mois tout entier !
samedi 3 février
Première à la Comédie-Française de la pièce Le Grondeur, de Brueys et Palaprat.
mardi 6 février
Venant d’Inde, le navire de la Compagnie des Indes orientales les Jeux (250 tonneaux) arrive à Camaret, avec une cargaison de toiles de coton blanches (d’une valeur de 120 500 livres).
samedi 10 février
Un arrêt confirme la prohibition de l’importation des toiles indiennes, avec sanction de confiscation des toiles introduites et d'amende de 3 000 livres.
lundi 12 février
Campistron présente à la Comédie-Française sa nouvelle pièce, Tiridate.
samedi 24 février
Le Conseil d’Etat autorise, par exception, la vente des toiles apportées d’Inde par le navire les Jeux, qui doivent être marquées et vendues à Nantes, en payant les droits.
mardi 27 février
Revenant des Indes, le navire Oriflamme fait naufrage au large des côtes bretonnes.
en février
Louis XIV crée 120 huissiers-priseurs à Paris.
jeudi 1er mars
Un navire français de la CIO, le Lonray (250 tonneaux), arrive d’Inde à Brest avec une cargaison de marchandises indiennes d’une valeur de 308 900 livres.
lundi 5 mars
Arrivée à Roscoff d’un autre navire de la CIO, le Saint-Nicolas, avec une cargaison de marchandises indiennes (58 000 livres).
mardi 6 mars
Décès de l’académicien et doyen des conseillers d’Etat Jean-Jacques de Renouard de Villayer. Agé de 84 ans, il est le seul Nantais à être devenu membre de la prestigieuse institution.
lundi 12 mars
Après avoir franchi le Var, une armée française de 20 000 soldats, commandée par Catinat, envahit le comté de Nice, possession savoyarde, et met le siège devant Nice. La ville cède rapidement, mais la forteresse résiste sous le commandement du général Vins. Villefranche-sur-Mer est également l’une des cibles de l’offensive française.
mardi 13 mars
Un arrêt ordonne de brûler les toiles peintes qui pourraient se trouver sur deux vaisseaux de la Compagnie des Indes orientales, le Louray et le Saint-Nicolas. Les étoffes de soie ou d'or et d'argent, etc., pourront seules être vendues à Nantes, après avoir été marquées et avoir payé les droits.
jeudi 15 mars
Dans les Pays-Bas espagnols [Belgique], la ville de Mons est investie par les 46 000 hommes du maréchal Boufflers. Vauban dirige les travaux du siège de la cité grâce au matériel préparé par Louvois durant l’hiver : des milliers de travailleurs sont chargés de creuser des tranchées. L’armée du maréchal de Luxembourg, d’une force équivalente, couvre à distance les opérations, en présence du roi Louis XIV et d’une partie de sa cour. 90 canons sont déployés pour mettre fin à la résistance de la garnison, forte de 5 000 hommes environ et commandée par le marquis de Gastañaga.
mardi 20 mars
Dans le Sud-Est, la cité de Villefranche-sur-Mer se rend à Catinat.
Envoyé en Irlande comme commandant des troupes françaises, le général Charles Chalmont, marquis de Saint-Ruth, débarque à Limerick.
vers le mardi 20 mars
Mise au courant du siège de Mons par les Français, une force alliée de 38 000 hommes se met en marche sous le commandement de Guillaume III pour tenter de lever le siège de Mons. Mais l’armée de Luxembourg empêche toute approche de la ville.
vendredi 30 mars
A cette date, l’artillerie française a déjà tiré 7 000 boulets et 3 000 obus de mortier sur la ville de Mons.
jeudi 5 avril
Après vingt-quatre jours de siège, Nice capitule devant Catinat.
dimanche 8 avril
Siège de Namur : les tambours battent la chamade à 17 h à l’intérieur de la ville de Mons pour signifier la reddition de la place.
mardi 10 avril
La garnison de la ville de Mons quitte la cité, où pénètre l’armée française. Louis XIV nomme comme gouverneur de la ville Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac (la cité sera restituée à l’Espagne par le traité de Ryswick, en 1697).
jeudi 12 avril
Satisfait de la victoire de Mons, Louis XIV rentre à Versailles.
dimanche 15 avril
Dimanche de Pâques.
mercredi 18 avril
Dans l’ouest du Piémont, une troupe française quitte le fort de Pignerol sous le commandement du marquis de Feuquières pour mener une expédition contre les vaudois et les huguenots exilés de Luserna (la cité sera mise à sac et de nombreux habitants massacrés).
lundi 23 avril
Décès à Paris du musicien Jean-Henry d’Anglebert. Claveciniste et compositeur, il était âgé de 62 ans.
lundi 30 avril
La température ne descend pas au-dessous de 13,2° à Paris au petit jour.
au printemps
Louis XIV déclare la guerre à la Principauté indépendante de Liège.
dimanche 27 mai
Le Sénat, les Consuls et les magistrats de la ville de Nice prêtent serment de fidélité au roi de France Louis XIV, qui prend le titre de comte de Nice.
mardi 29 mai
Progressant au Piémont, l’armée de Catinat s’empare d’Avigliania.
fin mai
L’armée française du maréchal de Luxembourg dévaste la ville de Hal.
en mai
L’écrivain et scientifique Bernard Le Bouyer de Fontenelle entre à l’Académie française.
samedi 2 juin
L’armée française du maréchal Boufflers investit la ville de Liège.
Le roi d’Angleterre et stathouder des Pays-Bas Guillaume III d’Orange arrive à Anderlecht, où il prend le commandement d’une armée alliée forte de 56 000 hommes (63 bataillons et 180 escadrons).
lundi 4 juin
Début du bombardement de Liège par l’artillerie française.
mercredi 6 juin
Fin du bombardement de Liège par les Français.
samedi 9 juin
La cité piémontaise de Carmagnola est prise par les Français de Catinat.
mercredi 13 juin
Création à la Comédie-Française de La Parisienne, une pièce de Dancourt.
jeudi 21 juin
Sur ordre de Catinat, un grand corps d’armée commandé par le marquis de Feuquières et le lieutenant-général Vivien de Bulonde met le siège devant Coni, sur la Stura, dans le sud du Piémont. La cité est défendue par une garnison de 2 500 hommes. L’incompétence des deux commandants met à mal les opérations françaises.
vendredi 22 juin
Une nouvelle pièce de théâtre est présentée à la Comédie-Française : Le Muet de Brueys et Palaprat.
samedi 23 juin
Lors d’une délibération à la Compagnie des Indes orientales, il est décidé « pour le crédit et la réputation de la Compagnie de payer aux intéressés, outre leurs intérêts de l'année 1690, une répartition de 10 %, n'en ayant pas été payé depuis plus de trois ans, ce qui a été délibéré et résolu d'une commune voix » (il faudra emprunter pour payer tout cela).
lundi 25 juin
Chargé par Louis XIV et le ministre de la Marine Pontchartrain de protéger les côtes françaises et d’intercepter le convoi anglo-hollandais de Smyrne, l’amiral de Tourville quitte le port de Brest. Sa flotte de 72 vaisseaux et 21 brûlots commence à fouiller la Manche.
jeudi 28 juin
Pris de panique à l’annonce de l’arrivée prochaine de la cavalerie impériale commandée par le prince Eugène, le lieutenant-général de Bulonde fait lever en catastrophe le siège de Coni. Après avoir perdu entre 700 et 800 hommes, l’armée française fuit en déroute vers Turin en abandonnant sur place les gros canons, le matériel et les blessés.
vers le lundi 9 juillet
Début de la « campagne du Large » : mis au courant qu’une grande flotte anglaise, commandée par l’amiral Russel, est à sa recherche dans la Manche, l’amiral de Tourville prend le large. Evitant la bataille, il parvient à attirer l’ennemi loin dans l’Atlantique.
mardi 10 juillet
Dans le centre de l’Irlande, les troupes de Guillaume III d’Orange enlèvent au cours d’un assaut la ville d’Athlone, défendue par le général français Saint-Ruth.
du mardi 10 au mercredi 11 juillet
Vingt-cinq galères françaises, commandées par le maréchal et vice-amiral Jean, comte d’Estrées, bombarde Barcelone.
lundi 16 juillet
Secrétaire d’Etat à la Guerre et surintendant des Bâtiments du roi, le marquis de Louvois meurt soudainement à Versailles peu après sortie de chez Mme de Maintenon : empoisonnement ou « attaque d'apoplexie pulmonaire ». Une éventuelle disgrâce pesait sur lui du fait de son opposition à une annonce officielle du mariage secret du Roi-Soleil avec Madame de Maintenon. Louvois était âgé de 50 ans.
samedi 21 juillet
Dans une lettre adressée à Catinat, le roi Louis XIV encourage le maréchal Catinat à poursuivre l’incendie des villages qui refusent de payer la contribution.
dimanche 22 juillet
Sanglante bataille d’Aughrim : commandées par le général néerlandais Godert de Ginkell et par Hugh Mackay, les troupes de Guillaume III d’Orange, fortes de 20 000 hommes (protestants anglais, ulstériens, écossais, danois, hollandais et huguenots français), ont remporté une victoire décisive près de Ballinasloe (comté de Galway) sur l’armée catholique du général franco-irlandaise du général Charles Chalmont, marquis de Saint-Ruth (18 000 soldats). Les trois premiers assauts ayant été repoussés par la cavalerie jacobite (sous les ordres de Patrick Sarsfield), Ginkell a du lancer toutes ses forces dans une offensive de la dernière chance qui est parvenue à enlever d’assaut le château d’Aughrim. En tentant d’organiser une contre-attaque, le marquis de Saint-Ruth a été décapité par un boulet de canon (il avait quarante ans). Les lignes catholiques, démoralisées, se sont alors rapidement effondrées. La cavalerie williamite a pu alors massacrer l’infanterie encerclée sur Killcommadan Hill. La bataille d’Aughrim a été l’une des plus sanglantes de l’histoire de l’Irlande : selon les estimations, 3 000 protestants et 4 000 catholiques ont été tués. 4 000 vaincus ont été faits prisonniers ou ont déserté. Malgré la résistance de Limerick, cette défaite signe la fin des espoirs jacobites en Irlande.
? juillet
Suite à la défaite d’Aughrim, Galway capitule sans combattre.
samedi 28 juillet
Louis XIV nomme le marquis Arnauld de Pomponne, un diplomate modéré, au Conseil d'en haut comme ministre d’Etat. Par ailleurs, Edouard Colbert, marquis de Villacerf (cousin de Jean-Baptiste Colbert et de Louvois) est nommé Surintendant des Bâtiments du roi.
en juillet
Agé de 29 ans, le Dauphin Louis fait son entrée au Conseil d’en haut.
en été
A la tête d’une troupe d’environ 400 hommes (soldats anglais, miliciens coloniaux et indiens), le major Pieter Schuyler quitte Albany pour attaquer les établissements français établis le long de la rivière Richelieu, au sud de Montréal.
mercredi 1er août
L'évêque de Meaux Jacques-Bénigne Bossuet baptise solennellement à Paris, en l'église des Missions étrangères (Saint-Sulpice), un prince africain de 20 ans du nom d'Anabia. Il reçoit le prénom de Louis, son parrain de baptême n'étant autre que Louis XIV, le Roi-Soleil en personne. Anabia vient du royaume d'Assinie, à l'ouest de l'actuelle Côte-d'Ivoire.
Décès à Paris de Marie de Hautefort, duchesse de Schomberg. Celle qui fut l’une des maîtresses de Louis XIII était âgée 75 ans.
vendredi 3 août
Chargée par Louvois de détruire les villes allemandes pouvant servir de quartier d’hiver aux troupes impériales, l’armée française du maréchal Guy Aldonce de Durfort de Lorges franchit le Rhin à Philippsburg. Les soldats attaquent la ville de Durlach avant de se diriger vers Pforzheim.
jeudi 9 août
L’armée française du maréchal Durfort de Lorges se présente dans la matinée devant les remparts de Pforzheim. La garnison de 200 Impériaux commandés par le capitaine Zickwolf refuse de se rendre. L’artillerie française entre aussitôt en action.
vendredi 10 août
Après une nuit entière de bombardement, la ville de Pforzheim est prise et mise à sac par les Français
samedi 11 août
Bataille de La Prairie : sur la rive méridionale du Saint-Laurent, les 700 soldats, 600s miliciens et 100 Amérindiens du gouverneur de Montréal Hector de Callière affrontent les forces anglo-américaines du major Schuyler, nettement inférieures en nombre (266 soldats, 120 miliciens et 146 Mohawk et Mohicans). Après avoir d’abord réussi à infliger de lourdes pertes aux Français, la troupe britannique se retire vers la rivière Richelieu où elle est surprise par les 160 hommes commandés par Valrennes. Après une heure de combats acharnés, les Anglo-Américains doivent battre en retraite de façon précipitée. Les Québécois déplorent 45 morts et 60 blessés, l’expédition de Schuyler 37 tués et 31 blessés.
dimanche 12 août
L’armée française se retire de Pforzheim après avoir mis le feu aux divers bâtiments.
mardi 14 août
Fin de la « campagne du Large » : ayant réussi à éviter tout contact avec les vaisseaux anglais de l’amiral Russel pendant trente-cinq jours, la flotte française de Tourville est de retour à Brest par le raz de Sein. Si certains voient en cette campagne une réussite tactique qui a permis de protéger les côtes françaises, d’autres, comme le ministre de la Marine Pontchartrain, critique ouvertement Tourville pour avoir fui devant l’ennemi.
en août
Une armée de 13 000 impériaux est retirée du front turc pour renforcer les forces du duché de Savoie contre la France.
mardi 18 septembre
Bataille d’arrière-garde de Leuze (-en-Hainaut) : dépêchés par le maréchal de Luxembourg, 4 000 hommes de cavalerie surprennent près de Tournai l’arrière-garde de cavalerie de l’armée anglo-hollandaise de Guillaume III, qui était en train de se retirer vers le nord après la campagne d’été. Bien supérieurs en nombre mais gênés par la configuration du terrain, les 12 000 cavaliers alliés sont mis en déroute par une charge à l’épée des Français, ne devant leur salut que grâce à l’arrivée des renforts envoyés par le feld-maréchal Waldeck. Les vaincus déplorent entre 1 500 et 2 000 morts ou blessés, les vainqueurs 400 morts ou blessés.
mercredi 19 septembre
Décès à Paris du maréchal de France François d’Aubusson, duc de La Feuillade, à l’âge de 57 ans.
samedi 22 septembre
Combat naval de la baie Française [aujourd’hui baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick] : la frégate française Soleil d’Afrique, commandée par de Bonaventure, s’empare d’un ketch anglais qui transportait sous le commandement du capitaine Nelson le nouveau gouverneur de l’Acadie anglaise, le colonel Edward Tyng, nommé par Phips. Le gouverneur français Villebon charge le marin John Alden de se rendre à Boston pour demander la libération de soixante soldats français capturés après la bataille de Port-Royal (seulement six hommes seront relâchés et Tyng et d’autres prisonniers anglais seront transférés en France).
lundi 24 septembre
Dans la région de Liège, les troupes françaises incendient Waremme. La ville est détruite aux deux-tiers.
mercredi 26 septembre
La grande armée coalisée des Savoyards et des Impériaux franchit le Pô pour reprendre aux Français la ville de Carmagnola.
lundi 8 octobre
Capitulation de la garnison française de Carmagnola.
mardi 9 octobre
La neutralité du port toscan de Livourne est garantie par la France, l’Angleterre, l’Espagne et les Provinces-Unies.
mercredi 10 octobre
Création à la Comédie-Française d’une nouvelle pièce de théâtre de Dancourt, Le Bon Soldat.
vendredi 19 octobre
Décès à Gentilly [Val-de-Marne] du dramaturge et académicien Isaac de Benserade, à l’âge de 79 ans.
en octobre
L’officier de marine Jean-Baptiste du Casse devient le nouveau gouverneur de l’île de la Tortue et de la partie française de Saint-Domingue, en remplacement de Tarin de Cussy, tué par les Espagnols neuf mois plus tôt.
dimanche 11 novembre
La température ne dépasse pas -0,1° à Paris !
samedi 17 novembre
L’armée française du maréchal de Catinat met le siège devant la citadelle de Montmélian [aujourd’hui en Savoie].
jeudi 22 novembre
Cousin de la femme du ministre Pontchartrain, le poète Etienne Pavillon est présenté à l’Académie française, sur le désir de celui-ci, par Paul Tallemant. Pavillon est élu en remplacement de Benserade, sans sollicitations, contre La Bruyère qui obtient sept voix.
mercredi 28 novembre
Création à l’Opéra de Paris de la tragédie lyrique Astrée, sur un livret de Jean de La Fontaine et une musique de Pascal Colasse (gendre de Lulli). L’œuvre est un échec total.
lundi 17 décembre
Elu un mois plus tôt, le poète Etienne Pavillon est reçu à l’Académie française par Charpentier.
samedi 22 décembre
Conscient qu’aucun renfort ne viendra le sauver, le gouverneur de la ville de Montmélian [aujourd’hui dans le département français de Savoie] capitule à l’issue d’un siège. Le général français Catinat contrôle désormais tout le duché de Savoie.
dimanche 23 décembre
Une ordonnance remplace l’élection des miliciens régionaux par le tirage au sort entre les jeunes gens, mariés ou non (auparavant célibataires).
vendredi 28 décembre
L’intérêt maritime de 10 % prévu lors de la réunion de la CIO du 23 juin est reporté à la fin de l’année 1692.
Première à la Comédie-Française de la pièce Phaéton, d’Edme Boursault.
en décembre
Craignant que son armée ne puisse face à une offensive majeure, Louis XIV propose un accord de paix au duc de Savoie : la France indemnisera la Savoie pour le coût de la guerre et les territoires conquis par la France devront être administrées par une tierce personne ; la forteresse de Casale devra être rasée, et, dans l’éventualité de la mort de Charles II d’Espagne, Le roi de France viendra en aide à Victor-Amédée pour la conquête de Milan. Le duc de Savoie rejette cette offre.
Le corsaire dunkerquois Jean Bart vient pour la première fois à la cour pour être présenté à Louis XIV.
1692
mardi 15 janvier
Décès de l’abbé de Cîteaux Jean XII Petit, à la tête de l’abbaye depuis 22 ans.
vendredi 25 janvier
Guerre franco-iroquoise : une troupe de miliciens et soldats français ainsi que de guerriers amérindiens quitte Montréal sous le commandement de Nicolas d’Ailleboust de Manthet pour aller attaquer les Iroquois Mohawks.
mercredi 30 janvier
Création à la Comédie-Française de La Femme d'intrigues, pièce de Dancourt.
lundi 4 février
Mgr Armand de La Baume de Suze (52 ans) est enfin confirmé par le pape comme archevêque d’Auch. Nommé en 1684, il n’avait pu recevoir ses bulles pontificales en raison des mauvaises relations entre le roi de France et le Saint-Siège.
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Arlequin Phaéton de Jean de Palaprat.
mardi 5 février
Massacre de Candlemas : commandés par le chef Madockawando et le père Louis-Pierre Thur, entre 200 et 300 Indiens Abenakis et miliciens canadiens mènent un raid contre la localité anglaise de York [aujourd’hui dans le Maine]. Entre 50 et 75 colons sont tués (dont le révérend Shubael Dummer) et une centaine d’autres sont faits prisonniers (rachetés contre le versement d’une rançon). Les maisons sont brûlées.
samedi 16 février
Raid de la vallée Mohawk : l’expédition d’Ailleboust de Manthet lance l’assaut contre les postes iroquois situés au nord d’Albany.
lundi 18 février
Trois villages et la quasi-totale des réserves de nourriture des Mohawks ont été détruits par les Franco-Canadiens. La tribu vaincue déplore de nombreux tués ainsi que près de 300 prisonniers destinés à être recueillis dans un village d’Amérindiens catholiques des environs de Montréal. Mais le chemin du retour va se révéler difficile pour les vainqueurs : harcelés par une force anglo-iroquoise menée par le major Pieter Schuyler, ils devront abandonner certains de leurs captifs. La tribu Mohawk est définitivement affaiblie.
Une fille naturelle légitimée de Louis XIV (née de sa liaison avec la marquise de Montespan), Françoise-Marie de Bourbon, seconde Mademoiselle de Blois, a épousé dans la chapelle du château de Versailles son cousin le duc de Chartres Philippe d’Orléans, fils du frère du roi (et futur Régent). La cérémonie de mariage a été dirigée par le cardinal de Bouillon. La mariée a 14 ans, le marié 17. La princesse a reçu de son souverain de père une dot énorme de deux millions de livres.
mercredi 27 février
Première représentation à la Comédie-Française du Négligent, une comédie de Charles Dufresny.
mercredi 5 mars
Inauguration du canal d’Orléans, dont la construction avait commencé en 1676 à l’initiative d’un bourgeois et marchand de bois parisien, Robert Mahieu. Le premier bateau a franchi cette voie d’eau reliant la Loire à la Seine sur plus de 78 kilomètres.
Création à la Comédie-Italienne de La Précaution inutile, pièce de théâtre de Fatouville.
lundi 10 mars
Nommé en 1689, Mgr Cyprien-Gabriel Bénard de Résay (42 ans) est enfin confirmé en tant qu’évêque d’Angoulême.
vendredi 21 mars
Chargée de rejoindre Brest pour s’associer à la flotte de Tourville en vue d’une grande expédition contre l’Angleterre, l’escadre du Levant de l’amiral d’Estrées quitte Toulon (mais elle perdra du temps en route).
mercredi 26 mars
Louis XIV envoie à Tourville une lettre concernant l’organisation du débarquement français en Angleterre afin de replacer Jacques II sur le trône. Le vice-amiral reçoit l’ordre de quitter Brest le 25 avril et de rejoindre les ports normands du Havre et de La Hougue pour embarquer les milliers de soldats.
jeudi 27 mars
Nicolas III Larcher devient le nouvel abbé de Cîteaux.
samedi 5 avril
Jean-François de Chamillart (35 ans) devient évêque du diocèse breton de Dol.
dimanche 6 avril
Dimanche de Pâques.
samedi 15 avril
En route pour Brest, l’escadre française du Levant capture deux navires anglais en Méditerranée.
mardi 18 avril
Surprise par une tempête, la flotte de l’amiral D’Estrées perd deux vaisseaux en Méditerranée. Le reste de l’escadre s’abrite dans le port de Malaga pour effectuer des réparations.
samedi 22 avril
Cinq navires de l’escadre française du Levant attaquent un convoi anglais naviguant au large des côtes sud de l’Espagne. Les bateaux sont incendiés par les Anglais pour éviter leur prise.
mardi 25 avril
A la date fixée par le roi, le vice-amiral de Tourville ne peut quitter Brest. Il attend toujours les renforts de l’escadre du Levant, qui vient juste ce jour de passer le détroit de Gibraltar.
samedi 3 mai
Le prince François-Louis de Bourbon Conti (28 ans) est nommé lieutenant général.
lundi 5 mai
Evêque de Soissons depuis 1685, l’académicien Pierre Daniel Huet (62 ans) quitte la Picardie pour la Normandie, où il a été nommé à la tête du diocèse d’Avranches.
vendredi 9 mai
Le thermomètre ne dépasse pas 9,6° au plus « chaud » de la journée à Paris.
samedi 10 mai
Louis XIV, accompagné d’une partie de la cour, quitte Versailles pour assister aux opérations militaires dans les Flandres.
lundi 12 mai
Ne pouvant plus attendre plus longtemps l’arrivée des seize navires de l’escadre du Levant, la flotte du vice-amiral de Tourville quitte le port de Brest pour rejoindre la Manche afin de récupérer le corps expéditionnaire qui doit débarquer en Angleterre.
mercredi 14 mai
Création à la Comédie-Française de la pièce de théâtre La Gazette de Hollande, de Dancourt.
jeudi 15 mai
Commandée par Villette, l’escadre de Rochefort (sept vaisseaux de ligne) rejoint la flotte de Tourville. Celui-ci peut compter désormais sur quarante navires de combat plus une quarantaine de vaisseaux auxiliaires.
mercredi 21 mai
Dans les Flandres, le roi de France Louis XIV passe en revue les 100 000 hommes du duc de Boufflers rassemblés au camp de Gévries.
vendredi 23 mai
Louis XIV donne officiellement l’ordre à l’armée française du camp de Gévries de se diriger vers Namur.
nuit du dimanche 25 au lundi 26 mai
La cavalerie de l’armée française du duc de Boufflers investit la place de Namur.
lundi 26 mai
Forte de 60 000 soldats et de 151 canons, l’armée française, commandée par le duc de Boufflers et le marquis de Vauban, met le siège devant Namur, une importante place-forte des Pays-Bas espagnols située à la confluence de la Meuse et de la Sambre. La garnison assiégée (entre 6 000 et 8 500 hommes, majoritairement des Espagnols, mais également des Hollandais, des Brandebourgeois, des Wallons et des hommes du Holstein) est commandée par le soldat et l’ingénieur hollandais Menno van Coehoorn. Rapidement des travaux sont entrepris par les ingénieurs de Vauban pour empêcher la ville d’être secourue. Le roi Louis XIV se rendra sur place pour assister aux opérations. Le maréchal de Luxembourg reste en réserve avec 60 000 hommes pour empêcher toute intervention de Guillaume III.
jeudi 29 mai
Alors que les navires français du vice-amiral de Tourville approchent du port de La Hougue pour embarquer l’armée de Jacques II (une vingtaine de milliers d’hommes), une grande flotte alliée, commandée par l’Anglais Edward Russell et le Hollandais Philips van Almonde, apparaît près du cap de Barfleur. En dépit d’une infériorité numérique manifeste (44 vaisseaux sous armés et sous équipés pour 3 240 canons contre 82 navires alliés avec 6 750 canons), Tourville décide d’obéir aux ordres du roi et d’attaquer l’ennemi. Après douze heures de combats indécis, les Français profitent de la tombée de la nuit pour se retirer. Ils n’ont perdu aucun navire, mais trois bâtiments sont en difficulté, alors que les Anglais recensent deux vaisseaux détruits. De nombreux bateaux sont endommagés dans les deux camps. 1 700 Français ont été tués ou blessés, tandis que côté alliée on déplore 2 000 tués environ (dont le contre-amiral Richard Carter) et 3 000 blessés. Le projet français de débarquement en Angleterre est abandonné et la flotte de Tourville repart vers la Bretagne. Cette défaite va entraîner une rupture dans la conduite de la stratégie militaire : le gouvernement abandonnera la guerre navale d’escadre pour privilégier désormais la guerre terrestre.
Alors que la bataille s’engage en Manche, l’escadre du Levant commandée par l’amiral d’Estrées arrive dans l’anse de Bertheaume, près de Brest, avec un mois de retard.
du vendredi 30 au samedi 31 mai
Incapables de suivre les vingt-sept autres navires de la flotte de Tourville en direction de l’Ouest, treize bâtiments doivent faire demi-tour pour s’abriter dans la rade de la Hougue.
dimanche 1er juin
Trois navires gravement endommagés lors de la bataille du 29 mai (le Soleil Royal, le Triomphant et l’Admirable) s’échoue sur la côte cherbourgeoise.
mardi 3 juin
A Cherbourg, les canons des navires du vice-amiral Delaval détruisent les trois navires français échoués le 1er juin. L’explosion des réserves de poudre du Soleil Royal et du Triomphant entraîne des pertes humaines et d’importants dégâts dans la ville.
du mardi 3 au mercredi 4 juin
Des hauteurs de Quinéville, Jacques II assiste à l’incendie des treize navires français réfugiés dans la rade la Hougue. Ils ont été mis à feu méthodiquement par les Anglo-Hollandais venus en chaloupes.
mercredi 4 juin
Grâce aux opérations d’approche dirigées par Vauban, les assiégeants français atteignent le fossé de Namur. De son côté, l’un des bastions est ravagé par l’artillerie, obligeant les défenseurs à se replier sur la muraille médiévale.
Première à la Comédie-Italienne de L'Opéra de campagne, pièce de Charles Dufresny.
jeudi 5 juin
Afin d’éviter la mise à sac de la cité, Namur capitule à huit heures du matin mais la garnison se retire vers la citadelle, séparée de la ville par la Sambre, afin de poursuivre la résistance. Une trêve est établie jusqu’au matin du 7 juin. Les défenseurs acceptent de ne pas tirer sur la ville tandis que les Français sont d’accord pour ne pas ouvrir le feu depuis cette position acquise ce jour. Les fortes pluies du mois de juin vont ralentir les opérations françaises.
dimanche 8 juin
Siège de Namur : ouverture de la tranchée permettant aux troupes françaises d’approcher de la citadelle.
mardi 10 juin
A la frontière de l’Acadie, 400 combattants, majoritairement des Indiens Wabanakis et quelques troupes canadiennes, attaquent sous le commandement de La Brognerie et Saint-Castin l’établissement frontalier anglais de Wells [aujourd’hui dans le Maine]. La garnison du fort dirigé par capitaine James Converse ne dispose que de quinze soldats, tandis que le capitaine Samuel Storer ne peut compter que sur le même nombre d’hommes pour défendre le village et le port à bord de trois petits navires.
mercredi 11 juin
Le comte de Pontchartrain, ministre de la Marine et président-directeur de la Compagnie des Indes orientales, a assisté à l'assemblée générale qui réunissait les directeurs et les actionnaires, après le départ du deuxième armement mixte commandé par Dandenne.
jeudi 12 juin
Sept bataillons ainsi que les mousquetaires du roi participent au premier grand assaut contre la citadelle de Namur : prise de la redoute de La Cachotte. Les sapeurs français s’attaquent désormais au fort Guillaume, défendu par Coehoorn en personne.
vendredi 13 juin
Après trois jours d’une intense canonnade, les défenses avancées de la citadelle Namur sont enlevées par les Français à onze heures du matin. Vauban poursuit la construction de tranchées à partir de ces nouvelles positions gagnées.
Malgré leur large supériorité numérique, les agresseurs du poste de Wells, à court de munitions, doivent battre en retraite, après avoir brûlé l’église et quelques maisons et tué tout le bétail qu’ils ont pu trouver. Les Franco-Amérindiens ont perdu de nombreux hommes, dont leur chef, La Brognerie.
vendredi 20 juin
La nouvelle pièce de Dancourt, L'Opéra de village, est présentée à la Comédie-Française.
samedi 21 juin
Siège de Namur : dans la soirée, quatorze compagnies françaises, soutenues par sept bataillons, lancent l’assaut décisif contre le fort Guillaume. Les principales défenses s’effondrent.
dimanche 22 juin
Les défenseurs du fort Guillaume se rendent avant l’ultime assaut français. Coehoorn et ses 200 hommes sont capturés. Seule la partie occidentale de la forteresse de Namur (Terra Nova), défendue par 3 500 hommes, résiste encore.
jeudi 26 juin
Un déluge de boulets et de munitions diverses s’abat sur les derniers défenseurs de Namur.
samedi 28 juin
Les soldats français parviennent au pied des brèches de Terra Nova.
dimanche 29 juin
En fin de soirée, des grenadiers français réussissent à pénétrer dans le dernier bastion de la garnison de Namur. Le prince de Barbençon entend résister jusqu’au bout mais des soldats hollandais et brandebourgeois menacent de se mutiner.
lundi 30 juin
Après plus d’un mois de siège, les derniers défenseurs de la citadelle de Namur, commandés par le prince de Barbençon, se rendent aux Français à six heures du matin. En trente-six jours, les Français déplorent 7 000 morts ou blessés, les alliés 4 000.
mardi 1er juillet
Le commandant de la garnison alliée de Namur, Menno, Coehoorn, est autorisé à quitter la ville et à se retirer vers le Nord avec ses hommes et les honneurs de la guerre.
mercredi 2 juillet
Louis XIV quitte Namur (retour à Versailles deux semaines plus tard).
lundi 7 juillet
Jules Hardouin-Mansart invite ses confrères architectes à visiter l’église des Invalides qu’il construit à Paris (depuis 1677).
mardi 8 juillet
Le maréchal de Luxembourg se met en marche contre l’armée de Guillaume III, en direction de Nivelles.
lundi 21 juillet
Forte de 40 000 hommes (Piémontais, Vaudois, Allemands, Espagnols), l’armée de Victor-Amédée II Savoie se met en marche contre la France par le col de Larche. Le fort contingent de protestants est commandé par les huguenots Charles Dupuy de Montbrun et Ménard de Schomberg. En face, le maréchal de Catinat ne dispose que de 20 500 soldats.
mercredi 23 juillet
Décès à Paris de l’historien, écrivain et grammairien Gilles Ménage, à l’âge de 78 ans.
samedi 26 juillet
Création à la Comédie-Française de la quatrième pièce de théâtre présentée cette année par Dancourt, L’Impromptu de garnison.
dimanche 27 juillet
L’armée savoyarde franchit le col de Vars et envahit la région de Gap. Les protestants formant l’avant-garde pillent et incendient les localités traversées.
mardi 29 juillet
La ville de Guillestre est prise par les Savoyards.
fin juillet
Informé par ses espions que l’armée anglo-hollandaise va tenter de reprendre Namur, Louis XIV ordonne au maréchal de Luxembourg d’affronter rapidement Guillaume III.
vendredi 1er août
Guillaume III d’Angleterre et des Pays-Bas parvient à Halle.
dimanche 3 août
Bataille de Steinkerque [aujourd’hui Steenkerque, partie de la commune de Braine-le-Comte, dans le Hainaut belge] : attaqués par surprise à l’aube à cinquante kilomètres au sud-ouest de Bruxelles, les 80 000 Français du maréchal de Luxembourg ont remporté une victoire difficile sur une armée anglo-hollandaise (renforcée de soldats danois) de taille équivalente commandée le roi Guillaume III d’Orange. D’abord débordée sur son aile droite par l’assaut de l’avant-garde alliée du duc de Wurtemberg, l’armée française parvient à se réorganiser et à profiter du terrain et des mésententes entre l’infanterie anglaise et la cavalerie hollandaise du comte Solms pour contre-attaquer dans l’après-midi. Dans la soirée, l’arrivée à Enghien des renforts du maréchal de Boufflers contraint le roi d’Angleterre à ordonner la retraite. Au terme de cette journée, les Alliés ont perdu 10 000 soldats (tués ou blessés ; dont le général écossais Hugh Mackay tué au combat, à 52 ans), 10 canons et 9 drapeaux, mais les pertes des vainqueurs sont également lourdes (8 000 morts et blessés).
mercredi 13 août
La peur du loup est partout : l’intendant de la ville de Creil a écrit au contrôleur général pour affirmer « qu’il ne se passe point de journée qu’on ne trouve dans la forêt quelque partie du corps humain ».
vendredi 15 ou samedi 16 août
A son tour la ville d’Embrun tombe aux mains des troupes de Victor-Amédée II. La garnison de 2 500 hommes commandée le marquis de Larrey a capitulé après un siège de dix jours. La cité est épargnée par les vainqueurs.
samedi 16 août
Troisième pièce de théâtre de Charles Dufresny créée cette année 1692, L’Union des deux opéras est présentée à la Comédie-Italienne.
mercredi 20 août
L’offensive savoyarde poursuit ses succès : Gap est prise et incendiée. 798 des 953 maisons de la ville sont détruites par le feu.
vendredi 29 août
La cavalerie du prince Eugène de Savoie ravage le Champsaur (haute vallée de la Drac, aujourd’hui dans les Hautes-Alpes). Le château de Lesdiquières, au Glaizil, est détruit.
fin août et début septembre
L’armée savoyarde commence à être frappée par la petite vérole. Le duc Victor-Amédée II lui-même, pris de fièvre, doit être évacué vers Embrun. Le commandement est confié à Caprara. Par ailleurs, la résistance des troupes françaises ralentit la progression de l’avant-garde des soldats savoyards.
lundi 8 septembre
Henry d’Harcourt, marquis de Beuvron, défait 4 000 soldats de Neufbourg et de Cologne à Ourteville, près de Roumont [aujourd’hui dans la province belge de Luxembourg] : 300 ennemis sont tués et 800 autres sont faits prisonniers, dont le comte de Welen, commandant des troupes de Neufbourg.
vendredi 12 septembre
Fin de deux mois de campagne militaire de la Savoie dans le Dauphiné : début du retrait vers Embrun des troupes savoyardes stationnées autour de Gap.
Revenant d’Asie en Europe, le Waterland, un navire de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, a coulé dans le golfe de Gascogne avec sa cargaison après avoir été attaqué par les Français.
dimanche 14 septembre
Le thermomètre ne monte pas au-dessus de 11,4° au plus « chaud » de la journée à Paris !
mardi 16 septembre
Début de la bataille de Plaisance (Placentia) : au sud-est de Terre-Neuve, cinq vaisseaux anglais débarquent 500 hommes près du petit Fort Saint-Louis, défendu par 50 soldats.
N’ayant pu venir à bout de la résistance dauphinoise, conduite par mademoiselle de La Tour-du-Pin, Victor-Amédée II de Savoie quitte Embrun.
jeudi 18 septembre
Le duc de Savoie arrive dans la soirée à Guillestre.
A Terre-Neuve, Thomas Gillam, commodore du HMS St. Albans, exige la reddition du gouverneur du Fort Saint-Louis, Jacques-François de Monbeton de Brouillan. Ce dernier refuse.
vendredi 19 septembre
A Plaisance, la flotte anglaise ouvre le feu sur le Fort Saint-Louis, tandis que les marins débarqués détruisent les navires et les bâtiments français non protégés.
Victor-Amédée II quitte Guillestre pour rentrer à Turin, via les cols alpins de Vars et de Larche.
samedi 20 septembre
Une armée française commandée par le maréchal de Durfort de Lorges traverse le Rhin et se met en marche en direction de Durlach et Pforzheim.
dimanche 21 septembre
Fin de la bataille de la bataille de Plaisance (Terre-Neuve) : l’escadre anglaise se retire sans avoir pu prendre le Fort Saint-Louis. Les défenseurs français, qui ne déplorent qu’un blessé, ont réussi à tuer six soldats anglais.
mercredi 24 septembre
L’avant-garde de l’armée du maréchal de Lorges (2 000 cavaliers et 1 200 fantassins commandés par le maréchal Bouton de Chamill se présente devant la ville de Pforzheim, où la garnison de 600 hommes se rend sans combattre.
mardi 27 septembre
Des soldats français ont attaqué par surprise à Oetisheim, près de Mühlacker, le campement du duc Frédéric Charles de Wurtemberg-Winnental, qui abritait 4 000 cavaliers. Les troupes allemandes se retirent en déroute après avoir perdu plusieurs centaines d’hommes, tués ou faits prisonniers (le duc lui-même a été capturé). Le même jour, le gros de l’armée française du maréchal de Lorges parvient à Pforzheim.
de la fin septembre au début d’octobre
Depuis Pforzheim, l’armée française du maréchal de Lorges (30 000 hommes) avance le long des rivières Nagold et Wuerm : les localités d’Huchenfeld, Calw, Hirsau, Liebenzel et Zavelstein sont pillées et détruites, tout comme le château de Liebeneck. Avant de repartir vers leurs bases arrières (en mettant le feu aux forêts et vignes), les Français pillent et incendient une nouvelle Pforzheim : peu de bâtiments échappent aux flammes et le pont est gravement endommagé.
dimanche 5 octobre
L’armée française du maréchal de Lorges est de retour à Philippsburg.
samedi 11 octobre
Il neige à Paris : la température ne dépasse pas 4,2° dans la ville.
mercredi 22 octobre
En Nouvelle-France, à l’aube, des Iroquois attaquent le village de Verchères, situé sur la rive sud du Saint-Laurent, à l’est de Montréal. Une vingtaine de personnes travaillant dans les champs sont capturés mais les Amérindiens ne parviennent à s’emparer du fort local, pourtant sans défenseur : une jeune fille de 14 ans, Madeleine Jarret s’y enferme avec ses frères, parvenant par ruse à faire croire que la garnison est à son poste en faisant tirer des coups de fusil.
mardi 28 octobre
A Paris, une femme meurt écrasée par une foule affamée pendant une distribution de pain au Louvre.
mercredi 29 octobre
Décès à Issy (-les-Moulineaux) de l’écrivain, physicien, diplomate et bibliothécaire Melchisédech Thévenot. Auteur du premier traité de natation en français et inventeur du niveau à bulle, il était âgé de 72 ans environ.
jeudi 30 octobre
La ruse des enfants Jarret a fonctionné : le fort de Verchères a tenu jusqu’à l’arrivée des renforts venus ce jour de Montréal. Les Iroquois se sont retirés (si Madeleine de Verchères demeure une héroïne, des historiens mettent en doute l’entière véracité de cette histoire, sans doute enjolivée).
dimanche 2 novembre
Création à la Comédie-Italienne de La Fille de bon sens, pièce de Jean de Palaprat.
lundi 10 novembre
Décès à Paris de l’écrivain et poète Gédéon Tallemant des Réaux. Auteur des Historiettes, il était âgé de 73 ans.
mercredi 12 novembre
En pleine famine, des gardes-françaises attaquent des boulangeries parisiennes, suivis par des passants. De tels se produisent à Vaugirard et aux Grands-Augustins (deux des soldats seront exécutés devant leurs camarades, les autres envoyés aux galères).
samedi 15 novembre
Riche année pour Dancourt : il présente à la Comédie-Française sa cinquième pièce de 1692, Les Bourgeoises à la mode.
en novembre
Des troubles éclatent à Paris en raison du manque de nourriture. En Auvergne, on crie famine.
lundi 1er décembre
Suivant les instructions du comte d’Avaux, ambassadeur de France en Suède, le roi Charles XI de Suède devient médiateur dans la guerre opposant la France de Louis XIV aux coalisés européens.
jeudi 4 décembre
Soucieux que l’affaire se règle dans la plus grande discrétion, le roi fait mettre fin aux poursuites engagées contre le marquis de Cessac.
samedi 13 décembre
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Les Chinois, de Jean-François Regnard et Charles Dufresny.
mercredi 17 décembre
La Comédie-Française présente la tragédie Jugurtha, roi de Numidie, de Nicolas de Péchantré.
jeudi 18 décembre
La Compagnie des Indes orientales est contrainte d’emprunter 180 000 livres pour payer… l’emprunt de 1691.
vendredi 26 décembre
Henry d’Harcourt, marquis de Beuvron, remplace le comte de Taliari (blessé) comme commandant chargé de faire le siège de Rheinfeld et de Saint-Chenner.
en décembre
Le roi Charles XI de Suède se présente comme médiateur dans la guerre opposant la France de Louis XIV aux divers coalisés européens.
1693
samedi 3 janvier
Création à la Comédie-Française de la pièce de Jean de Palaprat La Prude du temps.
mardi 6 janvier
Aux Pays-Bas espagnols, la ville de Furnes, assiégée par les Français de Boufflers, capitule.
samedi 10 janvier
La Comédie-Italienne présente la nouvelle pièce de Jean-François Regnard et Charles Dufresny, La Baguette de Vulcain.
mercredi 28 janvier
Première à la Comédie-Française d’Aëtius, pièce de Campistron.
jeudi 12 février
Tombé gravement malade, Jean de La Fontaine a reçu l’extrême-onction en présence de membres de l’Académie française, d’amis et de prêtres. Le jeune abbé Pouget lui a fait abjurer sa vie épicurienne et ses écrits contre l’Eglise. Le fabuliste a promis de renier ses contes et fables et de n’écrire désormais que des ouvrages pieux (il se remettra de sa maladie).
dimanche 22 mars
Dimanche de Pâques.
vendredi 27 mars
Louis XIV a procédé à la nomination d’une fournée de nouveaux maréchaux de France : le duc Louis-François de Boufflers ; le comte Claude de Choiseul, marquis de Francières ; le duc Anne Jules de Noailles (43 ans) ; l’amiral Anne Hilarion de Cotentin, comte de Tourville (51 ans) ; François de Neufville, duc de Villeroy (49 ans).
en mars
Un édit institue des lieutenants des maréchaux dans chaque bailliage ou sénéchaussée.
samedi 4 avril
Création à la Comédie-Française de La Baguette, pièce de Dancourt et Racot de Grandval.
dimanche 5 avril
Décès à Paris, au palais du Luxembourg, de la Grande Mademoiselle, à l’âge de 65 ans. Cousine germaine de Louis XIV et fille de Gaston d’Orléans, Anne Marie Louise d’Orléans était duchesse de Montpensier, dauphine d’Auvergne, comtesse d'Eu et de Mortain et princesse de Joinville et de Dombes. Elle disposait d’une immense fortune et de nombreuses possessions, ce qui lui valait d’être impopulaire à la cour.
dimanche 5 avril
Un édit royal crée l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, destiné à récompenser les officiers les plus courageux. Le bénéficiaire doit être catholique et avoir servi comme officier pendant plus de dix ans, sans être obligatoirement noble. Le dauphin, le général des galères, l’amiral et les maréchaux de France en sont membres d’office.
jeudi 9 avril
Décès à Autin du comte Roger de Bussy-Rabutin. Académicien, philosophe, écrivain, pamphlétaire, mais également libertin, courtisan et lieutenant-général des armées du roi, il était âgé de 74 ans.
En raison de la guerre, le directeur Soullet signe au nom de la Compagnie des Indes orientales un contrat d'acquisition d'un magasin situé au bas de la Fosse de Nantes, au lieu-dit Chézine, paroisse de Chantenay, pour la somme de 12 000 livres. Les marchandises seront désormais vendues à Nantes et non plus à Rouen comme auparavant.
samedi 25 avril
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Les Adieux des officiers ou Vénus justifiée, de Charles Dufresny.
vendredi 1er mai
Présentation à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de théâtre de La Fontaine et Champmeslé, Je vous prends sans vert.
mercredi 13 mai
Printemps froid sur le nord de la France : le thermomètre ne dépasse pas 8,2° l'après-midi à Paris.
samedi 16 mai
Le prédicateur Jean-Paul Bignon (30 ans), abbé de Saint-Quentin-de-l’Isle, est élu à l’Académie française en remplacement du comte de Bussy-Rabutin.
lundi 18 mai
Quatre ans après avoir déjà occupé la ville, une armée française arrive de nouveau aux portes de Heidelberg, la capitale du Palatinat du Rhin [Bade-Wurtemberg].
vendredi 22 mai
Les Français s’emparent de la ville de Heidelberg, qui est en grande partie détruite par un incendie. Les vainqueurs s’attaquent aussitôt aux fondations du château qui résiste encore.
samedi 23 mai
Les défenseurs du château de Heidelberg capitulent. Inachevée en 1690, la destruction des fortifications est cette fois terminée à l’aide de mines (la forteresse ne sera pas reconstruite, les électeurs préférant désormais demeurer dans leur résidence de Mannheim).
lundi 25 mai
Décès à Paris de la femme de lettres Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette. Auteur de La Princesse de Clèves, elle était âgée de 59 ans.
mardi 26 mai
Chargé par le roi d’intercepter au niveau du détroit de Gibraltar le grand « convoi de Smyrne », le vice-amiral de Tourville quitte la rade de Bertheaume à la tête d’une grande flotte (72 vaisseaux et divers bâtiments moins importants).
mercredi 27 mai
L’armée française du maréchal de Noailles met le siège devant la place de Rosas, en Catalogne.
samedi 30 mai
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Les Mal-assortis, de Charles Dufresny.
jeudi 4 juin
La grande flotte de Tourville entre dans la rade de Lagos, à l’extrême sud du Portugal.
vendredi 5 juin
Première de l’opéra-ballet Didon, composée par Henry Desmarest.
dimanche 7 juin
Une armée française atteint la localité de Gembloux.
mardi 9 juin
La ville espagnole de Rosas a capitulé devant Noailles.
lundi 15 juin
Bibliothécaire du roi, le prédicateur Jean-Paul Bignon est reçu à l’Académie française (par Charpentier), tout comme le moraliste Jean de La Bruyère. Dans son discours, ce dernier relance la Querelle des Anciens et des Modernes : prenant parti pour les premiers, il magnifie Racine aux dépens de Corneille (il sera vivement attaqué par Thomas Corneille et Fontenelle dans le Mercure galant).
samedi 27 juin
Bataille navale de Lagos : à la tête d’une grande flotte (72 vaisseaux, 11 corvettes et une vingtaine d’autres bâtiments), le vice-amiral français Anne de Tourville attaque au large du cap Saint-Vincent (Portugal) la flottille anglo-hollandaise (21 vaisseaux et 8 navires plus petits) des amiraux Sir George Rooke et Philips Van der Goes, qui protégeait le « convoi de Smyrne » (200 navires marchands anglais, allemands, danois, hollandais, suédois à destination du Levant). Celui-ci est rapidement éparpillé (Rooke parviendra à ramener 54 bâtiments à Madère). Les Français, maîtres de la mer, profiteront des jours suivant pour capturer 40 navires marchands et détruire 50 autres (dont une majorité de bateaux hollandais). Les Anglo-Hollandais ont également perdu quatre vaisseaux et une frégate tandis que les Français ne déplorent aucune perte. Cette désastreuse défaite, dont le coût est estimé à 30 millions de livres, va entraîner la ruine de nombreux armateurs londoniens. Vaincu un an plus tôt à la bataille de la Hougue, Tourville a pris sa revanche.
en juin
Le roi de France quitte les Pays-Bas, laissant le commandement de l’armée des Flandres à ses maréchaux (Louis XIV ne suivra plus ses troupes au front).
début juillet
La flotte de Tourville pénètre en Méditerranée par le détroit de Gibraltar.
vendredi 3 juillet
Brueys et Palaprat présentent leur nouvelle pièce à la Comédie-Française, La Force du sang ou le Sot toujours sot.
samedi 4 juillet
Bataille de Boussu-les-Walcourt [aujourd’hui à Froidchapelle, dans le Hainaut belge] : chargé d’amener un convoi de soixante-dix chariots au maréchal de Luxembourg (qui assiège Charleroi), le maréchal de camp français Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac, bat les Anglo-Hollandais près de Mons. Le commandant français, âgé de 45 ans, a trouvé la mort dans les combats : il a été tué d’un coup de feu reçu à la tempe.
mercredi 8 juillet
L’empereur de Chine Kangxi renvoie en France le père Bouvet. Celui-est chargé d’aller chercher d’autres érudits et d’offrir à Louis XIV des livres anciens (il n’arrivera à Paris qu’en mai 1697).
dimanche 19 juillet
L’armée française du maréchal de Luxembourg met le siège devant Huy, près de Liège.
mardi 21 juillet
Le vice-amiral de Tourville capture quatre navires marchands et une frégate devant Malaga.
vendredi 24 juillet
Capitulation de Huy.
mercredi 29 juillet
Le maréchal de Luxembourg a remporté une grande victoire dans le Brabant flamand sur l’armée alliée commandée par le roi Guillaume III d’Orange : les 75 000 soldats français (190 escadrons de cavalerie, 90 d’infanterie et 2 d’artillerie) ont attaqué 50 000 Anglais, Hollandais, appuyés par quelques unités espagnoles (140 escadrons de cavalerie, 64 d’infanterie), à Neerwinden [aujourd’hui section de la ville belge de Landen]. La victoire française a été emportée grâce à l’action décisive des gardes-françaises. Mis en déroute, les Alliés ont laissé sur le terrain 19 000 hommes (tués [dont le comte Solms et le prince d’Arenberg et Brabançon, comte de Namur], blessés [le comte de Galway] ou prisonniers [comme le duc d’Ormonde]). Mais les lourdes pertes françaises (9 000 soldats) empêchent les vainqueurs de poursuivent les vaincus. Côté français, le prince de Conti, le maréchal de Joyeuse et les deux fils du maréchal de Luxembourg ont été blessés (l’un de ces derniers y perd une jambe). Le commandant des « oies sauvages » (la brigade irlandaise au service de Louis XIV) et de l’aile gauche de l’armée française, Patrick Sarsfield a été mortellement touché. Outre les 80 canons, armes et munitions, les Français ont saisi tant de drapeaux que le maréchal de Luxembourg gagnera à Neerwinden le surnom de « tapissier de Notre-Dame ». Choqué de voir les Français refuser de reculer face au feu meurtrier des Alliés, Guillaume III s’est écrié : « Oh ! L'insolente nation ! ».
mardi 4 août
Selon la tradition, le moine bénédictin dom Pérignon aurait découvert ce jour le procédé de fabrication du champagne dans le monastère Saint-Pierre d’Hautvillers, près d’Epernay [Marne], où il était en charge du contrôle des vignes et des pressoirs (cependant cette méthode était déjà connue à Limoux).
jeudi 13 août
Création à la Comédie-Italien de la pièce Les Originaux ou l’Italien, d’Antoine Houdar de La Motte.
vendredi 21 août
Le général irlandais Patrick Sarsfield a succombé à ses blessures à Huy. Il avait 39 ans environ.
en août
L’armée savoyarde assiège la forteresse française de Casale Monferrato, située sur le Pô, entre Turin et Milan. Victor-Amédée accentue également la pression en tentant de bloquer Pignerol, dans les Alpes.
du lundi 7 au mardi 8 septembre
Les Hollandais s'emparent du comptoir français de Pondichéry, en Inde, tenu par le sieur Deltor.
mardi 8 septembre
Evêque de Tours depuis 1687, Mgr Claude de Saint-Georges (63 ans) est nommé archevêque de Lyon.
jeudi 10 septembre
Le maréchal de Villeroy, assisté de Vauban, met le siège devant la place-forte espagnole de Charleroi.
lundi 14 septembre
Réconciliation entre la papauté et la France : le pape Innocent XII accepte l'extension des droits de régale spirituelle et investit les seize évêques français nommés depuis 1682 et qui avaient formulé des excuses. En contrepartie, le roi et l'épiscopat français renoncent à la Déclaration des quatre articles sur l’organisation du clergé français. Louis XIV accepte également de restituer Avignon au souverain pontife.
en septembre
En Normandie, la ville de Saint-Lô est dépossédée de son atelier de frappe de monnaie au profit de Caen.
dimanche 4 octobre
Bataille de La Marsaille (château de Marsaglia) : les 30 000 soldats savoyards et espagnols du duc Victor-Amédée II sont mis en déroute près d’Orbassano, à quinze km au sud-ouest de Turin, par l’armée française du maréchal Nicolas de Catinat (35 000 hommes). Les vaincus déplorent 8 000 morts ou blessés et 2 000 prisonniers, les vainqueurs 1 800 tués et blessés. L’artillerie alliée et 32 drapeaux et étendards ont été saisis par les Français. Cette victoire permet aux Français de sauver les forteresses de Pignerol et de Casale, toutes deux en état de siège.
dimanche 11 octobre
La garnison espagnole de Charleroi capitule devant le maréchal de Villeroy à l’issue d’un mois de siège.
lundi 12 octobre
Archevêque d’Aix depuis 1685, Mgr Charles Le Goux de la Berchère (46 ans) est confirmé en tant que nouvel archevêque d’Albi.
lundi 2 novembre
Incompétent et hostile aux nouveautés, le premier médecin du roi Antoine d’Aquin tombe en disgrâce sous l’influence de Madame de Maintenon. Il est remplacé par son rival Guy-Crescent Fagon.
mardi 17 novembre
Evêque de Condom depuis peu de mois, Mgr Mathieu Ysoré d’Hervault (46 ans) est nommé archevêque de Tours.
mercredi 18 novembre
Première à la Comédie-Française de la pièce Zénobie, tragédie de Claude Boyer.
jeudi 26 novembre
Désireuse de porter un coup sérieux aux corsaires français, une flotte anglo-hollandaise d’une quarantaine de voiles (dont 10 vaisseaux de ligne de 50 à 60 canons) se présente sous le commandement de John Benbow au large du port de Saint-Malo, qualifié de « nid de guêpes » par Londres. Les navires avaient précédemment bombardé le fort la Latte et l’archipel des Ebihens.
vendredi 27 novembre
Dans la baie de Saint-Malo, le fort de la Conchée, en cours de fortification, est pris par les Anglais. Une trentaine de maçons sont faits prisonniers et les canons saisis. L’artillerie du fort Royal empêche les navires anglais de s’approcher de la cité (deux galiotes sont endommagées). Dans la soirée, quelques boulets tombent sur la ville sans faire de gros dégâts.
samedi 28 novembre
La flotte anglaise reprend ses tirs sur Saint-Malo à partir de 5 h du matin : une vingtaine de boulets tombent sur la ville mais les dommages sont mineurs (quelques toits abîmés). Dans la matinée, le corsaire français Maupertuis parvient à éviter d’être capturé mais doit abandonner le navire hollandais qu’il avait capturé auparavant. Le gouverneur de Bretagne (le duc de Chaulnes) et l’intendant arrivent sur place dans la journée avec des renforts pour coordonner la défense française. Dans la soirée, les Anglais pillent le couvent de l’île de Cézembre, où il ne restait qu’un père et deux frères récollets.
dimanche 29 novembre
Reprise vers 6 h du matin des bombardements anglais sur Saint-Malo, toujours sans effets véritables.
nuit du dimanche 29 au lundi 30 novembre
L’expédition de Bembow tente de détruire Saint-Malo avec la terrifiante « machine infernale » : un vaisseau de 26 mètres de long, aux voiles noires, bourré de poudre, de bombes, de mitraille, etc., secrètement mis au point pendant deux ans dans la Tour de Londres. Le brûlot parvient d’abord à s’approcher sans problème des remparts mais un gros coup de vent finit par le précipiter sur un écueil (« roche aux Anglais »), où il explose avec une extrême violence, causant d’importants dégâts : une maison est écrasée, des toits sont arrachées par dizaines et toutes les vitres de la cité ont volé en éclat. Mais l’opération est un échec : les remparts sont intacts et les seules victimes françaises sont … deux chiens et un chat. Pour leur part, les Anglais déplorent la mort des hommes (cinq ou six) qui menaient la machine infernale : leur chaloupe s’est renversée sous l’effet de l’explosion.
lundi 30 novembre
Déçu et furieux de l’échec de sa mission, le commodore Benbow décide de retirer sa flotte vers les îles Anglo-Normandes. Les prisonniers et les canons saisis à la Conchée seront débarqués à Guernesey.
vendredi 4 décembre
Création à l’Académie royale de Musique de Paris de Médée, opéra en un prologue et cinq actes de Marc-Antoine Charpentier, sur un livret de Thomas Corneille. Les principaux interprètes sont Marthe Le Rochois, Moreau, Jean Dun et Louis Gaulard Dumesny.
mercredi 16 décembre
La nouvelle pièce comique de Brueys, L'Important de cour, est présentée à la Comédie-Française.
jeudi 24 décembre
Charles Magdelaine Frézeau de la Frèzelière (38 ans) est nommé évêque de La Rochelle.
dimanche 27 décembre
Le comte de Maurepas (futur Pontchartrain), ministre d’Etat (Finances, Marine et Maison du Roi), transmet à son fils Jérôme Phélypeaux le brevet de président directeur de la Compagnie des Indes orientales.
1694
vendredi 8 janvier
Création à la Comédie-Française de la pièce Adherbal roy de Numidie, tragédie de Lagrange-Chancel.
dimanche 24 janvier
Un froid glacial règne sur le nord de la France : Paris se réveille avec -13,5° au thermomètre.
mercredi 27 janvier
Première à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de Charles Dufresny, Sancho Pança.
vendredi 29 janvier
En Nouvelle-France [Canada], le colon Thomas Hertel se voit concéder la seigneurie de Beloeil, établie sur la rivière Richelieu.
mercredi 10 février
Jean-François Regnard a présenté sa nouvelle pièce à la Comédie-Italienne, La Naissance d'Amadis.
samedi 13 février
Création à la Comédie-Française de la pièce Médée, tragédie de Longepierre.
nuit du samedi 13 au dimanche 14 février
Le missionnaire oratorien Pierre Billard, qui voue une véritable haine aux jésuites, est arrêté et conduit à la prison de la Conciergerie de Tours (il sera transféré à la Bastille dès le 11 mars). 200 volumes et les manuscrits de deux autres tomes sont saisis.
mercredi 17 février
Décès à Paris de la femme de lettres Antoinette de Lafon de Boisguérin des Houlières, à l’âge de 60 ans.
dimanche 11 avril
Dimanche de Pâques.
samedi 24 avril
Afin de forcer l’Espagne à signer la paix, Louis XIV décide de renforcer les forces navales du maréchal de Noailles, en action en Catalogne : la flotte de Tourville (forte de 71 vaisseaux) quitte Brest à destination de la Méditerranée.
mercredi 28 avril
C’est déjà l’été dans la capitale : la température monte jusqu’à 26,2° à Paris.
samedi 1er mai
Le setier de blé atteint le prix de 52 livres.
début mai
Mis au courant par ses espions d’une probable future attaque anglo-hollandaise contre Brest, Louis XIV charge Vauban de défendre le stratégique port du Ponant comme « commandant suprême de toutes les forces françaises, terre et mer de la province de Bretagne ».
mercredi 5 mai
Les enfants légitimés de Louis XIV se voient accordés divers privilèges.
vendredi 7 mai
A son tour, l’escadre de Châteaurenault lève les voiles à Brest pour rejoindre la Méditerranée.
Création à la Comédie-Française de la pièce Hercule et Omphale, de Brueys et Palaprat.
mercredi 19 mai
Jean-François Regnard et Charles Dufresny ont présenté leur nouvelle pièce à la Comédie-Française : Attendez-moi sous l'orme.
dimanche 23 mai
Vauban arrive à Brest. Il constate immédiatement la faiblesse des défenses de la ville, avec seulement 1 300 disponibles (des renforts sont en route).
mercredi 26 mai
Renforcée par des troupes venues du Piémont pour mener une attaque contre Gérone, l’armée française du maréchal de Noailles se trouve arrêtée sur la rivière Ter. Les gués et les rives opposées sont défendus par les soldats du vice-roi de Catalogne, le duc d’Escalona. Une première tentative de traverser échoue à Verges. Noailles déplace ses hommes à Ullà.
jeudi 27 mai
Bataille de la rivière Ter : composées surtout de jeunes recrues et d’unités nouvelles, les troupes espagnoles du duc d’Escalona (vice-roi de Catalogne), forte de 16 000 à 24 000 hommes, sont écrasées près de Torroella de Montgrí alors qu’elles tentaient d’empêcher le passage aux 24 000 soldats vétérans français du maréchal de Noailles. Ayant profité du brouillard pour frapper, les Français disposaient également d’une artillerie plus importante et de meilleure qualité. Les vaincus déplorent 3 000 morts, blessés ou prisonniers ainsi que la perte de leurs bagages et de leurs canons, les vainqueurs seulement 500 tués et blessés. Ce qu’il reste de l’armée espagnole fuient en déroute en direction de Gérone.
samedi 29 mai
Le corsaire dunkerquois Jean Bart reçoit la mission de se rendre en Norvège à la tête d’une flottille pour assurer la protection d’un convoi de plus de 100 navires transportant du blé à destination de la France.
Olivier Jégou de Kervillio (51 ans) est nommé évêque de Tréguier, dans le nord de la Bretagne.
dimanche 30 mai
Le maréchal de Noailles assiège la forteresse côtière catalane de Palamós.
jeudi 10 juin
Capitulation de la forteresse de Palamós.
vendredi 11 juin
Départ de l’expédition française de Jamaïque : une flotte de 22 vaisseaux corsaires (emportant 1 500 hommes) a quitté le port du Petit Goâve [aujourd’hui en Haïti] pour attaquer la colonie anglaise, sous le commandement du gouverneur de Saint-Domingue, Jean-Baptiste du Casse. Les Français sont guidés par deux renégats irlandais.
jeudi 17 juin
Une grande flotte anglo-hollandaise (36 vaisseaux de guerre, 80 galiotes à bombe et 80 navires de transport de troupes) est repérée dans la soirée en mer d’Iroise. Commandée par l’amiral John Berkeley et le lieutenant-général Thomas Tollemache (Talmash), l’expédition voulue par Guillaume III a pour but de prendre Brest, récemment affaiblie par l’envoi de la flotte de Tourville en Méditerranée, et d’y incendier le plus de navires possible. Les bâtiments anglais mouillent entre le Toulinguet et la rade de Bertheaume. A Brest, Vauban est rapidement informé de la situation. A onze du soir, il écrit une lettre pour en informer le roi.
vendredi 18 juin
Afin de s’assurer le contrôle du passage du goulet de Brest avant l’attaque décisive, 1 300 soldats anglais commandés par le général Tollemache débarquent de chaloupes en fin de matinée à Camaret. Des échanges de tirs ont lieu entre les batteries de la côte, dont le fort Vauban, et les navires ennemis : un bateau est coulé, un autre s’échoue, tandis qu’un boulet anglais aurait décapité le clocher de la chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour. Arrivés sur la plage de Trez Rouz, les envahisseurs sont rapidement rejetés à la mer par 1 200 miliciens gardes-côtes (commandés par Tanguy le Gentil de Quélern, capitaine de Crozon), 100 hommes des compagnies franches et un grand nombre de paysans bretons. La marée rend quasi impossible la retraite. Les pertes anglaises sont très lourdes : 800 morts ou blessés parmi les troupes de débarquement et 400 hommes tués à bord des navires, sans compter 466 prisonniers, dont 16 officiers. Tollemache a été grièvement blessé à la jambe par un boulet (il succombera à ses blessures quelques jours plus tard). Les Français ne déplorent que 45 blessés. Présent au fort du Mengant [à Plouzané] au début de l’affrontement, Vauban arrive sur les lieux de la bataille à la fin des combats. La flotte anglaise quitte la zone pour effectuer de nouvelles opérations militaires en Manche.
dimanche 27 juin
La flotte de Jean-Baptiste du Casse atteint la Jamaïque : des débarquements seront organisés dans les baies de Cow, Morant et Carlisle. Pendant plus d’un mois, la colonie anglaise sera ravagée en plusieurs points.
mardi 29 juin
Chargée de protéger en mer du Nord un convoi de 130 navires transportant un chargement de blé essentiel pour les Français, Jean Bart constate au large de l’île du Texel que les bateaux ont déjà été capturés par les Hollandais. Le corsaire dunkerquois décide de reprendre la flotte de transport. A la tête de cinq frégates, d’une corvette et de deux flûtes (pour un total de 222 canons), il attaque les huit navires de guerres ennemis (388 canons) sous commandement du contre-amiral Hydde de Vries. Le vaisseau de ce dernier, le Prince de Frise, est pris d’assaut par l’équipage de Jean Bart. Deux autres bâtiments hollandais subissent le même sort obligeant les autres à prendre la fuite. Les vaincus déplorent 300 tués ou blessés (dont l’amiral De Vries, prisonnier et mortellement blessé) et la perte de trois navires. Le bilan est beaucoup plus léger du côté des vainqueurs : 16 morts et 50 blessés. En récupérant le précieux convoi, les corsaires de Dunkerque sauvent la France de la famine.
La ville de Gérone est prise sans grande résistance par les Français. L’objectif suivant du maréchal de Noailles est Barcelone.
mercredi 30 juin
Faute de fonds, le trésorier de la Compagnie des Indes orientales doit reporter l'échéance des billets d’intérêts à la fin de l'année, en y ajoutant 10 % pour le change.
en juin
L’Anglais Sir Cloudesly Shovel lance sans succès une attaque contre Dunkerque.
samedi 3 juillet
Jean Bart arrive à Dunkerque avec le précieux convoi de grains. Rapidement, grâce à cet afflux soudain, le prix du blé va chuter de 32 deniers le boisseau (un record depuis 1662) à seulement 3. Le fils du célèbre capitaine corsaire, François-Cornil, est envoyé à Versailles pour informer le roi de la bonne nouvelle.
Création à la Comédie-Française de la troisième pièce de l’année de Jean-François Regnard, La Sérénade.
dimanche 18 juillet
Raid franco-indien sur la river Oyster : partis de Penobscot et de Norridgewock [dans le Maine], 250 Abenakis commandés par le Français Claude-Sébastien de Villieu et le chef Bomoseen ont attaqué l’établissement anglais de Durham [aujourd’hui dans le New-Hampshire]. Une centaine de colons sont massacrés et une quarantaine d’autres sont faits prisonniers. La moitié du village est réduit en cendres. Tout le bétail est tué et les récoltes détruites.
lundi 19 juillet
Poursuivant son offensive en Catalogne, le maréchal de Noailles prend Hostalric.
du jeudi 22 au samedi 24 juillet
Le port français de Dieppe est en grande partie détruit par les bombardements d’une flotte anglaise.
samedi 24 juillet
Publication de la première édition du Dictionnaire de l’Académie Française. L’ouvrage est dédié à Louis XIV.
lundi 26 juillet
La flotte anglaise ayant raté le débarquement à Camaret se présente devant Le Havre, aussitôt bombardé.
mardi 27 juillet
Après avoir participé au raid sur Oyster River, plusieurs dizaines de guerriers Indiens Abénakis ont attaqué dans la matinée la localité de Groton, au nord-ouest de Boston. Vingt habitants ont été tués et treize autres capturés (les plus jeunes seront adoptés par les tribus).
samedi 31 juillet
Fin des bombardements du Havre par la flotte anglaise. Les dégâts sont très importants : des bâtiments publics dont les églises et plus de 300 maisons sont endommagées.
lundi 2 août
Le prédicateur Charles Boileau, abbé de Beaulieu, est élu à l’Académie française en remplacement de Goibaud-Dubois.
Création à la Comédie-Française de la pièce Le Café, de Jean-Baptiste Rousseau.
mercredi 4 août
Le corsaire dunkerquois Jean Bart est anobli par le roi en récompense de la victoire lors de la bataille navale du Texel.
vendredi 6 août
La Compagnie des Indes orientales achète à Brest pour 35 000 livres un navire pris à l’ennemi, le Christianus-Quintus.
dimanche 8 août
Le penseur janséniste français Antoine Arnauld est décédé à Bruxelles. A la fois prêtre, théologien, mathématicien et philosophe, le « Grand Arnauld » était âgé 82 ans.
vendredi 13 août
Fin de l’expédition de la Jamaïque : les Français de Jean-Baptiste du Casse ont quitté la colonie anglaise à l’issue d’un mois et demi de ravages. Des centaines de bâtiments, dont cinquante sucreries, ont été incendiés. Un butin important a été saisi : de l’indigo et 1 300 esclaves sont ramenés à Saint-Domingue.
samedi 14 août
Publication d’un mandement de Mgr François Harlay de Champvallon. L’archevêque demande à ce que l'on prie partout en France pour remercier Dieu pour les bonnes récoltes.
dimanche 15 août
En Amérique du Nord, le gouverneur de la colonie de New York a convoqué un Grand Conseil iroquois à Albany. Benjamin Fletcher demande que les Indiens alliés de l’Angleterre fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les Français de reconstruire la localité de Cataracoui et le fort Frontenac abandonné en 1689 [aujourd’hui à Kingston, en Ontario] : «...si vous permettez aux Français de construire en quelque part sur ce Lac [Ontario], se sera la fin de votre liberté...» assure-t-il.
jeudi 19 août
L’abbé Charles Boileau est reçu à l’Académie française par Tourreil.
Création à la Comédie-Française de la pièce Les Mots à la mode, d’Edme Boursault.
vendredi 20 août
L’Académie française offre à Louis XIV le premier exemplaire du premier Dictionnaire.
dimanche 22 août
Le maréchal de Luxembourg entame la marche de Vignamont à Tournai.
mardi 24 août
Charles Dufresny présente sa nouvelle pièce, Le Départ des comédiens, créée à la Comédie-Italienne.
mercredi 25 août
Fin de la marche de Vignamont à Tournai : le maréchal de Luxembourg verrouille ainsi la frontière septentrionale de la France face à ses ennemis.
mardi 31 août
Décès à Versailles du maréchal de France Louis de Crevant, duc d’Humières, à l’âge de 66 ans.
en août
Le maréchal de Noailles renonce à prendre Barcelone en 1694, la faute aux renforts anglais et à la baisse des crédits militaires décidées par Paris. Avant de prendre ses quartiers d’hivers et préparer la campagne de 1695, l’armée française va conforter ses positions en s’emparant de quelques places fortes des environs de Gérone.
vendredi 3 septembre
Décès dans la pauvreté à Paris de l’académicien et avocat Jean Barbier-D’Aucour, à l’âge de 53 ans.
samedi 4 septembre
Au nord-ouest de Gérone, l’armée française investit la place de Castellfollit, aussitôt assiégée.
mardi 14 septembre
Pierre Le Moyne d’Iberville atteint l’embouchure de la rivière Nelson, sur la baie d’Hudson [aujourd’hui Manitoba], avec les deux navires (la Salamandre et le Poli) fournis par le gouverneur de Nouvelle-France, Frontenac. L’expédition française met rapidement le siège devant l’établissement anglais de York Factory (fort Nelson), défendue par 53 hommes, en majorité des marchands, des religieux et des ouvriers, dont l’explorateur Henry Kelsey.
mercredi 22 septembre
Les Français prennent Castellfollit dans le nord de la Catalogne. Noailles y établit ses quartiers d’hiver.
Echec d’une attaque anglaise contre Dunkerque.
mardi 28 septembre
Près de Liège, la ville de Huy est reprise aux Français par Guillaume III d’Orange. La cité était tombée aux mains de Louis XIV un an plus tôt.
jeudi 30 septembre
Création à la Comédie-Française de la pièce Les Vendanges, de Dancourt.
en septembre
Blocus de Toulon par une flotte anglaise. D’autres navires ont tenté d’attaquer Calais, mais grâces aux fortifications les dégâts sont légers pour la ville.
samedi 9 octobre
Décès de l’avocat et académicien Jean-Louis Bergeret, à l’âge de 53 ans.
Dans une lettre adressée à sa tante, la belle-sœur du roi, Elisabeth-Charlotte de Bavière, princesse Palatine, se plaint de la mauvaise hygiène qui règne à Fontainebleau. On y est obligé d’y « chier » dans les bois, à la vue et à l’odorat de tous.
jeudi 14 octobre
En Amérique du Nord, après un mois de siège, la garnison anglaise (53 hommes) de York Factory (sur la baie d’Hudson, aujourd’hui au Manitoba) se rend aux Français de Pierre Le Moyne d’Iberville. Le poste est rebaptisé fort Bourbon (il sera repris par les Anglais dès 1696). L’hiver étant arrivé, les vainqueurs et leurs captifs vont devoir passer plusieurs mois ensemble sur place et plusieurs hommes vont mourir du scorbut.
Sociétaire de la Comédie-Française depuis sa création, la comédienne Armande Béjart (52 ans), veuve de Molière, la quitte avec une pension de 1 000 livres.
mardi 16 novembre
Décès de l’archevêque de Cambrai Mgr Jacques-Théodore de Brias, à l’âge de 62 ans.
mardi 23 novembre
Le premier Intendant de la Nouvelle-France, Jean Talon, est mort à Paris. En fonction de 1665 à 1668, il était âgé de 68 ans.
jeudi 25 novembre
L’astronome Ismaël Boulliau est décédé à l’abbaye Saint-Victor. Il avait 89 ans.
lundi 29 novembre
Création à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de Jean de Palaprat, Le Triomphe de l’hiver.
jeudi 2 décembre
Décès à Marseille du sculpteur, dessinateur, peintre et architecte Pierre Puget, à l’âge de 74 ans.
samedi 4 décembre
Le marquis et maréchal Bernardin Gigault de Bellefonds est décédé au château de Vincennes, à l’âge de 64 ans.
lundi 13 décembre
La Compagnie des Indes orientales entre en possession du magasin acheté à Nantes en avril 1693. Il est situé au bas de la Fosse de Nantes, au lieudit Chézine, paroisse de Chantenay.
mercredi 22 décembre
Création à la Comédie-Française de la pièce Germanicus, tragédie de Nicolas Pradon.
mardi 3 janvier
Devant se rendre à Surate, le navire de la Compagnie des Indes orientales (CIO) les Jeux relâche dans le port de Goa avec une cargaison d’une valeur de 125 000 livres.
dimanche 8 janvier
Décès de l’évêque de Chartres Mgr Ferdinand de Neufville de Villeroy. Agé de 82 ans, il était à la tête de ce diocèse depuis 33 ans (1657).
mardi 10 janvier
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Arlequin homme à bonne fortune de Jean-François Regnard.
mercredi 11 janvier
Le dramaturge Campistron présente à la Comédie-Française sa nouvelle pièce, Adrien.
mercredi 18 janvier
Première représentation à la Comédie-Française de la pièce Esope à la ville, écrite par Edme Boursault.
dimanche 22 janvier
En Amérique du Nord, les Iroquois renouvellent leur allégeance envers les Anglais contre les Français.
mercredi 1er février
Première séance du Parlement de Bretagne suite au retour de la cour à Rennes. Le Parlement avait été exilé à Vannes en 1675 suite à la révolte du papier timbré.
nuit du mercredi 8 au jeudi 9 février
La guerre de la Ligue d’Augsbourg, qui oppose depuis 1688 la France à une coalition de puissances européennes, atteint l’Amérique du Nord : après une marche de 22 jours, 114 Canadiens, majoritairement des hommes de la frontière « coureurs des bois » et leurs alliés amérindiens (80 Saults, 16 Algonquins et quelques Mohawks) ont mené une attaque surprise deux heures avant le lever du jour sur une bourgade américaine non protégée proche d’Albany, Colaer [aujourd’hui Schenectady, dans l’Etat de New York]. Le village est incendié (60 bâtiments détruits) et la moitié des habitants est massacré : 38 hommes, 10 femmes et 12 enfants ont été tués ; 11 noirs et le premier pasteur de l’Eglise réforme hollandaise (Petrus Tessemacher) figurent parmi les victimes. Entre 50 et 60 personnes ont été épargnés, dont une vingtaine de Mohawks. Selon la tradition, seuls deux bonhommes de neige montaient la garde. Le raid était commandé par Jacques Le Moyne de Sainte-Hélène, Nicolas d’Ailleboust de Manthet et Pierre Le Moyne d’Iberville. Les agresseurs repartent vers le nord en emmenant 50 chevaux et 27 prisonniers (dont 5 noirs) ; ceux qui se révèlent trop vieux, jeunes ou malades sont tués en chemin (les plus jeunes seront adoptés par des familles amérindiennes). Quelques miliciens et Amérindiens pro-anglais se sont lancés à la poursuite des Franco-Canadiens, parvenant à en tuer ou en capturer 15.
samedi 11 février
Après être passé par le Bengale et le Siam, le navire de la CIO Saint-Nicolas est de retour à Pondichéry. Il repart aussitôt pour la France.
dimanche 12 février
Décès à Paris du peintre et décorateur Charles Le Brun, à l’âge de 71 ans. Premier peintre du roi Louis XIV, directeur de l'Académie royale de peinture et de sculpture et de la Manufacture royale des Gobelins, il a notamment décoré le château de Versailles (galerie des Glaces).
lundi 13 février
Le pape Alexandre VIII nomme onze nouveaux cardinaux : dix Italiens et un Français. Ce dernier est le diplomate et évêque de Beauvais Mgr Toussaint de Forbin-Janson, âgé de 58 ans.
mercredi 22 février
Un navire français de la CIO, le Louray (jaugeant 250 tonneaux), part de Pondichéry pour rejoindre la France avec une cargaison de marchandises indiennes.
samedi 25 février
Partis de Ferryland, 45 flibustiers anglais et américains ont attaqué l’établissement français de Plaisance [aujourd’hui Placentia], situé sur la côte méridionale de l’île de Terre-Neuve, sous le commandement d’Herman Williamson. Le gouverneur Louis de Pastour de Costebelle est blessé et deux soldats français tués. Le reste de la population est enfermé dans l’église. Le fort et les bâtiments du port sont détruits.
jeudi 16 mars
Une flotte française quitte la France à destination de l’Irlande. Elle transporte l’armée d’Antonin Compar de Caumont, chargée d’aller combattre aux côtés du roi Jacques II.
vendredi 17 mars
Le navire de la CIO les Jeux (250 tonneaux) quitte Surate, en Inde, avec une cargaison de toiles de coton blanches d’une valeur de 120 500 livres.
mercredi 22 mars
L’armée française d’Antonin Compar de Caumont débarque à Cork pour venir en aide aux troupes du roi Jacques II.
dimanche 26 mars
Dimanche de Pâques.
lundi 27 mars
Commandée par Jean-François Hertel de la Fresnière, une troupe de Français et d’Indiens de la confédération Wabanaki (Mi’kmaq et Maliseet du Nouveau-Brunswick) attaque et détruit le village anglais de Salmon Falls, dans la province du New Hampshire [aujourd’hui Berwick, dans le Maine]. 34 habitants, tous des hommes, sont tués, et 54 autres, surtout des femmes et des enfants, sont faits prisonniers. Toutes les maisons sont brûlées.
mardi 28 mars
Des miliciens partis à la poursuite des attaquants de Salmon Salls ont été battus lors d’une escarmouche.
mercredi 5 avril
Quarante jours après avoir pris l’établissement français de Plaisance, à Terre-Neuve, les Anglais sont retirés avec les biens pillés et en ne laissant rien debout derrière eux (le site sera récupéré en 1691 par les Français qui bâtiront le fort Saint-Louis en remplacement du fort Plaisance).
mardi 18 avril
Décès à Vienne du « duc sans duché ». Duc de Lorraine et de Bar en titre depuis 1664, Charles V Léopold était reconnu par toute l’Europe à l’exception de la France, dont les armées occupaient ses terres. Général dans l’armée habsbourgeoise, il avait 47 ans.
jeudi 20 avril
La Dauphine est décédée à Versailles. Sœur de l’électeur Maximilien II de Bavière, la princesse allemande Marie Anne Christine Victoire de Bavière avait épousé en 1680 le Dauphin Louis de France, fils du roi Louis XIV. Agée de 29 ans seulement, elle a succombé des suites de la tuberculose.
en avril
Les Français commencent à construire en Inde le comptoir de Chandernagor (achevé en 1692).
mardi 2 mai
A Balziglia, dans une vallée alpine du Piémont italien, 300 protestants vaudois exaltés ont chargé 4 000 dragons français en chantant le psaume 68.
mercredi 3 mai
Partie de Boston sous le commandement de Sir William Phips, une flotte anglo-américaine forte de quinze vaisseaux, attaque les établissements français d’Acadie.
mardi 9 ou mercredi 10 mai
Le célèbre acteur comique Belleroche est décédé à Paris, à l’âge de 60 ans environ. De son vrai nom Raymond Poisson, il a donné ses lettres de noblesse au rôle du valet et en particulier celui de Crispin, qu’il créa à l’hôtel de Bourgogne en 1654. Il est également l’auteur d’une dizaine de pièces de théâtre.
mardi 16 mai
Début de la bataille de Falmouth en Amérique du Nord : entre 400 et 500 Français et Amérindiens de la confédération Wabanaki, commandés par Joseph-François Hertel de la Fresnière et le baron de Saint-Castin, attaquent Fort Loyal [aujourd’hui à Portland, dans le Maine]. Les colons anglais sont défendus par la garnison du capitaine Sylvanus Davis.
vendredi 19 mai
La flotte de William Phips arrive à proximité de Port-Royal, la capitale de l’Acadie [aujourd’hui Annapolis Royal, en Nouvelle-Ecosse].
samedi 20 mai
Après cinq jours d’une héroïque résistance, la garnison anglaise de Fort Loyal accepte de se rendre, ayant reçu l’assurance qu’il ne leur serait fait aucun mal. Mais, lors de leur sortie, plus d’une centaine sont massacrés par les Indiens. Les survivants, dont le capitaine Davis, sont conduits comme prisonniers à Québec ; quelques uns seront remis à des familles indiennes désireux de venger des membres des leurs tués par les Anglais (le site de Falmouth [Portland] restera inoccupé jusqu’en 1714).
Les Anglo-Américains se présentent devant Port-Royal, en position délicate : l’enceinte du fort, en cours de reconstruction, n’est pas terminée et le gouverneur Louis-Alexandre des Friches de Menneval ne dispose pour défendre les lieux que de 70 soldats, 18 canons (non montés) et 19 armes à feu. Phips exige la reddition française.
Le gouvernement donne l'ordre au vice-amiral Tourville de quitter Brest et de se diriger en Manche. Tourville retarde le départ afin de recevoir plus de force.
dimanche 21 mai
Après avoir accepté les termes de la reddition, Louis-Alexandre des Friches de Menneval livre Port-Royal aux Anglo-Américains. L’accord est aussitôt rompu par les vainqueurs, qui accusent pour leur pas les vaincus d’avoir tenté de sauver du matériel qui aurait du être livré : les colons du Massachusetts mettent aussitôt à sac le fort et la ville, profanent la chapelle catholique, s’emparent des biens privés et tuent le bétail. Phips met en place un nouveau gouvernement local et exigent des paysans acadiens qu’ils prêtent un serment d’allégeance aux souverains britanniques.
mardi 30 mai
Création à la Comédie-Française de la pièce La Folle Enchère, de Dancourt.
samedi 3 juin
Le duc Victor-Amédée II de Savoie fait intervenir son Etat dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg : il rejoint la grande alliance dirigée contre la France.
En parallèle à l’expédition de Sir William Phips contre l’Acadie, 88 soldats de la colonie du Massachusetts attaquent le fort Saint-Louis, dans la baie de Chedabucto [Nouvelle-Ecosse], sous le commandement du capitaine Cyprian Southack. Après six heures de tirs, la garnison de douze hommes, sous les ordres de Dauphin de Montorgueil, accepte de se rendre avec les honneurs de la guerre (ils sont envoyés à la capitale française de Terre-Neuve, Plaisance). Les Anglais détruisent les énormes stocks de poissons.
mi-juin
Campagne française des Flandres : l’armée française du duc de Luxembourg est divisée en deux. Le maréchal d’Humières est chargé de défendre les garnisons installées le long de la Lys et de l’Escaut.
vendredi 23 juin
Parti de Deinze, le gros des troupes françaises des Flandres traverse la Sambre à Jeumont. L’armée du duc de Luxembourg est bien renforcée par des renforts du duc de Boufflers.
Désormais à la tête des flottes réunies du Ponant et du Levant, le vice-amiral Tourville quitte le Port de Brest, un mois après en avoir reçu l’ordre.
samedi 24 juin
Guillaume III d’Orange débarque dans le nord de l’Irlande, à Carrickfergus (près de Belfast). Il est à la tête de 15 000 soldats pour mener la guerre contre Jacques II et ses alliés français.
Le navire de la CIO les Jeux s’arrête à l’île Bourbon pour hiverner.
mardi 27 juin
L’armée de Luxembourg fait halte à Boussu.
mercredi 28 juin
L’armée alliée commandée par le général allemand von Waldeck établit son campement entre Nivelles et Pieton.
vendredi 30 juin
Grâce à la construction de pontons, la majeure partie de l’armée du duc de Luxembourg peut franchir la Sambre au niveau de Ham.
La flotte française de Tourville parvient au large du cap Lizard. Au même moment, la flotte anglaise d’Arthur Torrington quitte l’île de Wight après avoir reçu les renforts de l’escadre hollandaise de Cornelis Evertsen.
en juin
Raid des Français de Saint-Domingue dans la partie espagnole de l’île : la ville de Santiago (Saint-Yague) est détruite.
samedi 1er juillet
Bataille de Fleurus [aujourd’hui en Belgique] : les 40 000 Français (et 70 pièces d’artillerie) du duc de Luxembourg remportent une grande victoire sur les 48 000 soldats alliés (Impériaux, Hollandais, Anglais et Espagnols) et 90 pièces d’artillerie commandés par le général allemand Waldeck. Les pertes françaises ne sont que de 4 000 hommes tués ou blessés, alors que les vaincus déplorent 12 000 tués ou blessés et 8 000 prisonniers (plus 106 drapeaux et 49 canons perdus). Mais les Français ne vont pas profiter de leur victoire : plutôt que de suivre l’avis de Louvois, qui souhaitait que Luxembourg assiège rapidement Namur et Charleroi, Louis XIV, inquiet de la situation du Dauphin, ordonne au commandant français de diviser ses forces. Cette décision permet à Waldeck de se retirer sur Bruxelles avec ce qui lui reste de troupes en état de combattre.
mercredi 5 juillet
L’amiral Torrington découvre en Manche les navires de Tourville. Estimant le nombre de navires de ligne ennemis à 80, il recommande d’éviter la bataille et fait part de son intention de battre en retraite. Mais à Londres, le Conseil des neuf s’insurge. La plupart des conseillers critiquent le défaitisme, voir la « trahison » de l’officier de marine et poussent Marie II à ordonner le combat.
dimanche 9 juillet
Lord Torrington reçoit l’ordre de combattre alors qu’il se trouve au large du cap Bévéziers.
Dans l’est de l’Irlande, l’armée de Guillaume d’Orange parvient sur la rivière Boyne, où Jacques II a déployé ses troupes franco-irlandaises.
lundi 10 juillet
Bataille navale de Bévéziers (de Beachy Head pour les Anglais) : forte de 75 vaisseaux de ligne (totalisant 4 600 canons et 28 000 hommes), la flotte du vice-amiral de Tourville remporte au large des côtes du Sussex, à l’est de l’île de Wight, une éclatante victoire sur les forces navales alliées (vingt-et-un vaisseaux de ligne anglais et trente-six hollandais, 4 153 canons et 23 000 hommes) du comte de Torrington et de Cornelis Evertsen. Les coalisés ont perdu dix-sept navires (dont douze hollandais), et 2 100 hommes (dont 2 000 Hollandais) ; les Français ne déplorent aucun navire perdu et seulement 340 morts. Les bâtiments anglo-hollandais survivants parviennent à se réfugier dans la Tamise (Torrington sera jugé en cour martiale mais sera acquitté tandis que Tourville sera critiqué pour ne pas avoir correctement mené la chasse aux vaincus en fuite). Cette grande victoire donne aux Français le contrôle de la Manche et provoque la panique en Angleterre. Côté français, le corsaire dunkerquois Jean Bart s’est distingué.
L’armée anglaise a manqué de perdre son roi et commandant en chef : alors qu’il inspectait qui doivent permettre à ses soldats de franchir la Boyne, Guillaume III a été légèrement blessé à l’épaule par un tir provenant du camp jacobite.
mardi 11 juillet
Bataille décisive de la Boyne, dans l’est de l’Irlande [aujourd’hui dans le comté de Meath] : le catholique Jacques II et ses alliés (7 000 Français et 16 000 Irlandais, majoritairement des paysans peu entraînés et mal équipés), sous les ordres du comte de Tyrconnell (Lord Deputy d’Irlande) et du duc de Lauzun, ont été écrasés près de Drogheda (à 2,5 km d’Oldbridge) par les 36 000 soldats (Anglais, Irlando-Ecossais, Hollandais, Danois et huguenots) de son neveu et gendre, le protestant Guillaume III d’Orange. Les troupes anglaises étaient commandées par un ancien maréchal de France, le huguenot Frédéric-Armand, duc de Schomberg, soixante-quinze ans, qui a trouvé la mort dans la bataille. Les pertes jacobites sont estimées à 1 500 hommes environ, celle des vainqueurs à 750. Certains catholiques irlandais faits prisonniers à l’issue de la bataille seront torturés jusqu’à ce qu’ils se convertissent au protestantisme. Ayant perdu tout espoir de reconquérir son trône, Jacques II bat en retraite avec une petite escorte vers le sud-est de l’Irlande, avant d’embarquer à Duncannon et de s’exiler définitivement en France avec nombre de ses soldats, notamment irlandais, les « oies sauvages » (la bataille de la Boyne sera commémorée par la suite par les orangistes à la date du 12 juillet).
mercredi 12 juillet
Création à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de Dancourt, L’Eté des coquettes.
lundi 17 juillet
Tourville est de retour au Havre. Il débarque 2 000 blessés avant de repartir rapidement conforter la présence française en Manche.
lundi 24 juillet
Le noble français Adrien de Wignacourt est élu comme 63e grand-maître de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Agé de 73 ans, il est le neveu d’un ancien grand-maître, Alof de Wignacourt, qui dirigea l’ordre de Malte de 1601 à sa mort en 1622.
mercredi 26 juillet
La Comédie-Française présente Les Bourgeoises de qualité, une pièce de Hauteroche.
mercredi 2 août
Les troupes de l’électeur de Brandebourg rejoignent celles du général Waldeck : forte désormais de 55 000 hommes, l’armée alliée se met en marche vers Genappe.
vendredi 4 août
En dépit des récents gestes du roi Louis XIV (aide à l’élection, restitution d’Avignon, etc.), le pape Alexandre VIII proclame nulle et non avenue la déclaration de 1682 accordant des privilèges gallicans à l’Eglise de France.
samedi 5 août
Dernier débarquement français en Angleterre : vers quatre heures du matin, plusieurs centaines d’hommes ont débarqué à Teingmouth, sur la côte sud du Devon. Le port est pillé. En quelques heures, plusieurs vaisseaux marchands et 112 maisons sont incendiées.
dimanche 6 août
La température atteint 24,4° à Paris l'après-midi... et c'est le maximum du mois !
lundi 7 août
Forte de sa victoire à la bataille de la Boyne, l’armée de Guillaume III (25 000 hommes) met le siège devant Limerick, une ville de l’ouest de l’Irlande défendue par les forces jacobites du duc de Lauzun, du comte de Tyrconnell et de Patrick Sarsfield (14 500 fantassins et 2 500 cavaliers). L’assaut général est cependant reporté à la suite d’une embuscade retardant l’arrivée de l’artillerie protestante.
La grande armée alliée du général Waldeck est à Nivelles.
mardi 8 août
Création à la Comédie-Française de Merlin déserteur, la nouvelle pièce de Dancourt.
mardi 15 août
Une dizaine d’habitants de Rumilly [Haute-Savoie] ont été tués en tentant de résister aux soldats français du général Saint-Ruth.
vendredi 18 août
Bataille de Staffarde : à la tête de 18 000 hommes, le commandant en chef de l'armée du Piémont, le maréchal Nicolas de Catinat, a remporté une importante victoire sur les 17 000 soldats hispano-savoyards de Victor-Amédée II et du Prince Eugène. Les vaincus déplorent 6 700 hommes tués, blessés ou prisonniers (plus onze canons et de nombreux drapeaux perdus), les vainqueurs 2 000 morts et blessés. Trop confiant en ses troupes, le duc de Savoie avait refusé d’attendre les renforts espagnols avant d’engager le combat selon une mauvaise stratégie. Protégé par les gardes et les carabiniers de Savoie, l’armée de Victor-Amédée doit battre en retraite vers Carignano et Moncalieri tandis que Catinat avance sur Savigliano et Saluzzo.
samedi 19 août
Les Français de Catinat prennent Saluzzo (Saluce).
jeudi 24 août
Jean-François Regnard présente sa nouvelle pièce à la Comédie-Italienne, Les Filles errantes.
dimanche 27 août
Vingt jours après avoir mis le siège devant Limerick, l’armée protestante de Guillaume III lance le premier assaut sur les remparts de la ville irlandaise. Mais l’attaque tourne au désastre 3 000 soldats sont tués en trois heures et demie de combats.
samedi 9 septembre
Conscient de l’impossibilité actuelle de pouvoir enlever la ville, Guillaume III est contraint de lever le siège de Limerick. Il ordonne à ses troupes de se retirer et de prendre leurs campements d’hiver (2 000 soldats mourront de maladie durant les mois qui viennent).
mercredi 13 septembre
Première à la Comédie-Française de la pièce Le Secret révélé de Brueys et Palaprat.
jeudi 14 septembre
Le navire de la Compagnie des Indes orientales les Jeux quitte l’île Bourbon pour rentrer en France.
samedi 7 octobre
Quatre mois et demi après la prise de Port-Royal par les Anglo-Américains, une proclamation royale anglaise rattache administrativement l’Acadie à la colonie du Massachusetts.
Décès du financier et économiste Jacques Savary. Auteur en 1675 du Parfait négociant, un manuel de commerce traduit en plusieurs langues, il avait 68 ans.
du mercredi 11 au mercredi 18 octobre
Le roi d’Angleterre déchu Jacques II et son épouse Marie de Modène séjournent au château français de Fontainebleau.
lundi 16 octobre
Fort de sa victoire à Port-Royal, William Phips parvient devant Québec à la tête d’une flotte anglo-américaine forte de trente-quatre navires. Le comte de Frontenac, gouverneur de Nouvelle-France, va tout tenter pour cacher son infériorité numérique : à l’émissaire envoyé réclamer la reddition, il parvient à faire croire qu’il dispose de plus de soldats qu’il n’en a en réalité et repousse l’offre.
mardi 17 octobre
Commandés par Hector de Callières, des renforts français arrivent à Québec en provenance de Montréal.
La mystique Marguerite-Marie Alacoque est décédée à Paray-le-Monial [Saône-et-Loire]. Inspiratrice du culte du Sacré-Cœur, elle avait quarante-trois ans (elle sera canonisée en 1920).
mercredi 18 octobre
La flotte anglo-américaine débarque 2 300 soldats et miliciens coloniaux ainsi que soixante Indiens et six canons à Beauport, à l’est de Québec. Au même moment, quatre navires commencent à bombarder la cité fortifiée.
mardi 24 octobre
Repoussées par les canons des québécois, les forces expéditionnaires de William Phips abandonnent l’idée de prendre la ville aux Français. Ils rembarquent en déplorant 30 tués et 50 blessés en huit jours. La garnison de Québec recense 9 morts et de 8 à 52 blessés. Sur le chemin du retour, la flotte anglo-américaine perdra trois navires à cause des tempêtes et la variole entraînera la mort d’un millier d’hommes.
samedi 28 octobre
Le duc Victor-Amédée II de Savoie rejoint officiellement la ligue d’Augsbourg dirigée contre la France.
vendredi 3 novembre
La France a perdu un grand serviteur de l’Etat. Le marquis de Seignelay, fils du Grand Colbert, est décédé à Versailles des suites d’un cancer généralisé. Il avait 39 ans. Secrétaire à la Maison du Roi, chargé de la Marine, il avait contribué à développer considérablement la marine française.
lundi 6 novembre
Contrôleur général des Finances depuis un an, Louis II Phélypeaux, comte de Maurepas (futur Ponchartrain), devient également ministre d’Etat, secrétaire d’Etat de la Marine et secrétaire d’Etat de la Maison du Roi.
vendredi 10 novembre
Le maréchal de Catinat met le siège devant la forteresse de Suse, une position stratégique contrôlant les communications avec Briançon.
dimanche 12 novembre
Suse capitule. En dépit de cette victoire, les problèmes ravitaillement et de communication ainsi que les maladies enlèvent aux Français tout espoir de prendre Turin et la région d’Asti.
lundi 13 novembre
Le comte de Maurepas (futur Pontchartrain), ministre d’Etat (Finances, Marine et Maison du Roi), reçoit le brevet de chef perpétuel, président et directeur de la Compagnie des Indes Orientales.
samedi 18 novembre
Création à la Comédie-Italienne de la pièce La Fille savante, de Fatouville.
vendredi 1er décembre
Le baron Bidal d’Asfeld et Luigi Ballati signent à Hambourg un traité de neutralité entre la France et le Hanovre.
vendredi 29 décembre
Première de la nouvelle pièce de Dancourt, Le Carnaval de Venise, à la Comédie-Française.
en décembre
A Paris, la construction du dôme de l’Eglise des Invalides est achevée.
1691
vendredi 5 janvier
La nouvelle tragédie biblique de Jean Racine, Athalie, une œuvre en cinq actes et en alexandrins, est jouée pour la première fois à Saint-Cyr, devant le roi.
mercredi 17 janvier
Création à la Comédie-Italienne de la pièce La Coquette de Jean-François Regnard.
dimanche 21 janvier
Bataille de la Sabana Real : en représailles à un raid mené en juin 1690 dans l’est de l’île de Saint-Domingue, 3 000 Espagnols de Saint-Domingue attaquent les Français à Limonade, au sud-est de Cap-Français [aujourd’hui dans le nord d’Haïti] : 300 boucaniers
français sont tués, dont le gouverneur de l’île de la Tortue, Pierre-Paul Tarin de Cussy. La cité de Cap-Français est pillée.
vendredi 26 janvier
Décès de l’archevêque de Rouen Francois Rouxel de Médavy. Il est aussitôt remplacé par son coadjuteur, Jacques-Nicolas Colbert, trente-six ans, fils du célèbre ministre Jean-Baptiste Colbert et déjà membre de l’Académie française.
samedi 27 janvier
Le thermomètre culmine à + 4°2 à Paris : il s'agit du maximum du mois tout entier !
samedi 3 février
Première à la Comédie-Française de la pièce Le Grondeur, de Brueys et Palaprat.
mardi 6 février
Venant d’Inde, le navire de la Compagnie des Indes orientales les Jeux (250 tonneaux) arrive à Camaret, avec une cargaison de toiles de coton blanches (d’une valeur de 120 500 livres).
samedi 10 février
Un arrêt confirme la prohibition de l’importation des toiles indiennes, avec sanction de confiscation des toiles introduites et d'amende de 3 000 livres.
lundi 12 février
Campistron présente à la Comédie-Française sa nouvelle pièce, Tiridate.
samedi 24 février
Le Conseil d’Etat autorise, par exception, la vente des toiles apportées d’Inde par le navire les Jeux, qui doivent être marquées et vendues à Nantes, en payant les droits.
mardi 27 février
Revenant des Indes, le navire Oriflamme fait naufrage au large des côtes bretonnes.
en février
Louis XIV crée 120 huissiers-priseurs à Paris.
jeudi 1er mars
Un navire français de la CIO, le Lonray (250 tonneaux), arrive d’Inde à Brest avec une cargaison de marchandises indiennes d’une valeur de 308 900 livres.
lundi 5 mars
Arrivée à Roscoff d’un autre navire de la CIO, le Saint-Nicolas, avec une cargaison de marchandises indiennes (58 000 livres).
mardi 6 mars
Décès de l’académicien et doyen des conseillers d’Etat Jean-Jacques de Renouard de Villayer. Agé de 84 ans, il est le seul Nantais à être devenu membre de la prestigieuse institution.
lundi 12 mars
Après avoir franchi le Var, une armée française de 20 000 soldats, commandée par Catinat, envahit le comté de Nice, possession savoyarde, et met le siège devant Nice. La ville cède rapidement, mais la forteresse résiste sous le commandement du général Vins. Villefranche-sur-Mer est également l’une des cibles de l’offensive française.
mardi 13 mars
Un arrêt ordonne de brûler les toiles peintes qui pourraient se trouver sur deux vaisseaux de la Compagnie des Indes orientales, le Louray et le Saint-Nicolas. Les étoffes de soie ou d'or et d'argent, etc., pourront seules être vendues à Nantes, après avoir été marquées et avoir payé les droits.
jeudi 15 mars
Dans les Pays-Bas espagnols [Belgique], la ville de Mons est investie par les 46 000 hommes du maréchal Boufflers. Vauban dirige les travaux du siège de la cité grâce au matériel préparé par Louvois durant l’hiver : des milliers de travailleurs sont chargés de creuser des tranchées. L’armée du maréchal de Luxembourg, d’une force équivalente, couvre à distance les opérations, en présence du roi Louis XIV et d’une partie de sa cour. 90 canons sont déployés pour mettre fin à la résistance de la garnison, forte de 5 000 hommes environ et commandée par le marquis de Gastañaga.
mardi 20 mars
Dans le Sud-Est, la cité de Villefranche-sur-Mer se rend à Catinat.
Envoyé en Irlande comme commandant des troupes françaises, le général Charles Chalmont, marquis de Saint-Ruth, débarque à Limerick.
vers le mardi 20 mars
Mise au courant du siège de Mons par les Français, une force alliée de 38 000 hommes se met en marche sous le commandement de Guillaume III pour tenter de lever le siège de Mons. Mais l’armée de Luxembourg empêche toute approche de la ville.
vendredi 30 mars
A cette date, l’artillerie française a déjà tiré 7 000 boulets et 3 000 obus de mortier sur la ville de Mons.
jeudi 5 avril
Après vingt-quatre jours de siège, Nice capitule devant Catinat.
dimanche 8 avril
Siège de Namur : les tambours battent la chamade à 17 h à l’intérieur de la ville de Mons pour signifier la reddition de la place.
mardi 10 avril
La garnison de la ville de Mons quitte la cité, où pénètre l’armée française. Louis XIV nomme comme gouverneur de la ville Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac (la cité sera restituée à l’Espagne par le traité de Ryswick, en 1697).
jeudi 12 avril
Satisfait de la victoire de Mons, Louis XIV rentre à Versailles.
dimanche 15 avril
Dimanche de Pâques.
mercredi 18 avril
Dans l’ouest du Piémont, une troupe française quitte le fort de Pignerol sous le commandement du marquis de Feuquières pour mener une expédition contre les vaudois et les huguenots exilés de Luserna (la cité sera mise à sac et de nombreux habitants massacrés).
lundi 23 avril
Décès à Paris du musicien Jean-Henry d’Anglebert. Claveciniste et compositeur, il était âgé de 62 ans.
lundi 30 avril
La température ne descend pas au-dessous de 13,2° à Paris au petit jour.
au printemps
Louis XIV déclare la guerre à la Principauté indépendante de Liège.
dimanche 27 mai
Le Sénat, les Consuls et les magistrats de la ville de Nice prêtent serment de fidélité au roi de France Louis XIV, qui prend le titre de comte de Nice.
mardi 29 mai
Progressant au Piémont, l’armée de Catinat s’empare d’Avigliania.
fin mai
L’armée française du maréchal de Luxembourg dévaste la ville de Hal.
en mai
L’écrivain et scientifique Bernard Le Bouyer de Fontenelle entre à l’Académie française.
samedi 2 juin
L’armée française du maréchal Boufflers investit la ville de Liège.
Le roi d’Angleterre et stathouder des Pays-Bas Guillaume III d’Orange arrive à Anderlecht, où il prend le commandement d’une armée alliée forte de 56 000 hommes (63 bataillons et 180 escadrons).
lundi 4 juin
Début du bombardement de Liège par l’artillerie française.
mercredi 6 juin
Fin du bombardement de Liège par les Français.
samedi 9 juin
La cité piémontaise de Carmagnola est prise par les Français de Catinat.
mercredi 13 juin
Création à la Comédie-Française de La Parisienne, une pièce de Dancourt.
jeudi 21 juin
Sur ordre de Catinat, un grand corps d’armée commandé par le marquis de Feuquières et le lieutenant-général Vivien de Bulonde met le siège devant Coni, sur la Stura, dans le sud du Piémont. La cité est défendue par une garnison de 2 500 hommes. L’incompétence des deux commandants met à mal les opérations françaises.
vendredi 22 juin
Une nouvelle pièce de théâtre est présentée à la Comédie-Française : Le Muet de Brueys et Palaprat.
samedi 23 juin
Lors d’une délibération à la Compagnie des Indes orientales, il est décidé « pour le crédit et la réputation de la Compagnie de payer aux intéressés, outre leurs intérêts de l'année 1690, une répartition de 10 %, n'en ayant pas été payé depuis plus de trois ans, ce qui a été délibéré et résolu d'une commune voix » (il faudra emprunter pour payer tout cela).
lundi 25 juin
Chargé par Louis XIV et le ministre de la Marine Pontchartrain de protéger les côtes françaises et d’intercepter le convoi anglo-hollandais de Smyrne, l’amiral de Tourville quitte le port de Brest. Sa flotte de 72 vaisseaux et 21 brûlots commence à fouiller la Manche.
jeudi 28 juin
Pris de panique à l’annonce de l’arrivée prochaine de la cavalerie impériale commandée par le prince Eugène, le lieutenant-général de Bulonde fait lever en catastrophe le siège de Coni. Après avoir perdu entre 700 et 800 hommes, l’armée française fuit en déroute vers Turin en abandonnant sur place les gros canons, le matériel et les blessés.
vers le lundi 9 juillet
Début de la « campagne du Large » : mis au courant qu’une grande flotte anglaise, commandée par l’amiral Russel, est à sa recherche dans la Manche, l’amiral de Tourville prend le large. Evitant la bataille, il parvient à attirer l’ennemi loin dans l’Atlantique.
mardi 10 juillet
Dans le centre de l’Irlande, les troupes de Guillaume III d’Orange enlèvent au cours d’un assaut la ville d’Athlone, défendue par le général français Saint-Ruth.
du mardi 10 au mercredi 11 juillet
Vingt-cinq galères françaises, commandées par le maréchal et vice-amiral Jean, comte d’Estrées, bombarde Barcelone.
lundi 16 juillet
Secrétaire d’Etat à la Guerre et surintendant des Bâtiments du roi, le marquis de Louvois meurt soudainement à Versailles peu après sortie de chez Mme de Maintenon : empoisonnement ou « attaque d'apoplexie pulmonaire ». Une éventuelle disgrâce pesait sur lui du fait de son opposition à une annonce officielle du mariage secret du Roi-Soleil avec Madame de Maintenon. Louvois était âgé de 50 ans.
samedi 21 juillet
Dans une lettre adressée à Catinat, le roi Louis XIV encourage le maréchal Catinat à poursuivre l’incendie des villages qui refusent de payer la contribution.
dimanche 22 juillet
Sanglante bataille d’Aughrim : commandées par le général néerlandais Godert de Ginkell et par Hugh Mackay, les troupes de Guillaume III d’Orange, fortes de 20 000 hommes (protestants anglais, ulstériens, écossais, danois, hollandais et huguenots français), ont remporté une victoire décisive près de Ballinasloe (comté de Galway) sur l’armée catholique du général franco-irlandaise du général Charles Chalmont, marquis de Saint-Ruth (18 000 soldats). Les trois premiers assauts ayant été repoussés par la cavalerie jacobite (sous les ordres de Patrick Sarsfield), Ginkell a du lancer toutes ses forces dans une offensive de la dernière chance qui est parvenue à enlever d’assaut le château d’Aughrim. En tentant d’organiser une contre-attaque, le marquis de Saint-Ruth a été décapité par un boulet de canon (il avait quarante ans). Les lignes catholiques, démoralisées, se sont alors rapidement effondrées. La cavalerie williamite a pu alors massacrer l’infanterie encerclée sur Killcommadan Hill. La bataille d’Aughrim a été l’une des plus sanglantes de l’histoire de l’Irlande : selon les estimations, 3 000 protestants et 4 000 catholiques ont été tués. 4 000 vaincus ont été faits prisonniers ou ont déserté. Malgré la résistance de Limerick, cette défaite signe la fin des espoirs jacobites en Irlande.
? juillet
Suite à la défaite d’Aughrim, Galway capitule sans combattre.
samedi 28 juillet
Louis XIV nomme le marquis Arnauld de Pomponne, un diplomate modéré, au Conseil d'en haut comme ministre d’Etat. Par ailleurs, Edouard Colbert, marquis de Villacerf (cousin de Jean-Baptiste Colbert et de Louvois) est nommé Surintendant des Bâtiments du roi.
en juillet
Agé de 29 ans, le Dauphin Louis fait son entrée au Conseil d’en haut.
en été
A la tête d’une troupe d’environ 400 hommes (soldats anglais, miliciens coloniaux et indiens), le major Pieter Schuyler quitte Albany pour attaquer les établissements français établis le long de la rivière Richelieu, au sud de Montréal.
mercredi 1er août
L'évêque de Meaux Jacques-Bénigne Bossuet baptise solennellement à Paris, en l'église des Missions étrangères (Saint-Sulpice), un prince africain de 20 ans du nom d'Anabia. Il reçoit le prénom de Louis, son parrain de baptême n'étant autre que Louis XIV, le Roi-Soleil en personne. Anabia vient du royaume d'Assinie, à l'ouest de l'actuelle Côte-d'Ivoire.
Décès à Paris de Marie de Hautefort, duchesse de Schomberg. Celle qui fut l’une des maîtresses de Louis XIII était âgée 75 ans.
vendredi 3 août
Chargée par Louvois de détruire les villes allemandes pouvant servir de quartier d’hiver aux troupes impériales, l’armée française du maréchal Guy Aldonce de Durfort de Lorges franchit le Rhin à Philippsburg. Les soldats attaquent la ville de Durlach avant de se diriger vers Pforzheim.
jeudi 9 août
L’armée française du maréchal Durfort de Lorges se présente dans la matinée devant les remparts de Pforzheim. La garnison de 200 Impériaux commandés par le capitaine Zickwolf refuse de se rendre. L’artillerie française entre aussitôt en action.
vendredi 10 août
Après une nuit entière de bombardement, la ville de Pforzheim est prise et mise à sac par les Français
samedi 11 août
Bataille de La Prairie : sur la rive méridionale du Saint-Laurent, les 700 soldats, 600s miliciens et 100 Amérindiens du gouverneur de Montréal Hector de Callière affrontent les forces anglo-américaines du major Schuyler, nettement inférieures en nombre (266 soldats, 120 miliciens et 146 Mohawk et Mohicans). Après avoir d’abord réussi à infliger de lourdes pertes aux Français, la troupe britannique se retire vers la rivière Richelieu où elle est surprise par les 160 hommes commandés par Valrennes. Après une heure de combats acharnés, les Anglo-Américains doivent battre en retraite de façon précipitée. Les Québécois déplorent 45 morts et 60 blessés, l’expédition de Schuyler 37 tués et 31 blessés.
dimanche 12 août
L’armée française se retire de Pforzheim après avoir mis le feu aux divers bâtiments.
mardi 14 août
Fin de la « campagne du Large » : ayant réussi à éviter tout contact avec les vaisseaux anglais de l’amiral Russel pendant trente-cinq jours, la flotte française de Tourville est de retour à Brest par le raz de Sein. Si certains voient en cette campagne une réussite tactique qui a permis de protéger les côtes françaises, d’autres, comme le ministre de la Marine Pontchartrain, critique ouvertement Tourville pour avoir fui devant l’ennemi.
en août
Une armée de 13 000 impériaux est retirée du front turc pour renforcer les forces du duché de Savoie contre la France.
mardi 18 septembre
Bataille d’arrière-garde de Leuze (-en-Hainaut) : dépêchés par le maréchal de Luxembourg, 4 000 hommes de cavalerie surprennent près de Tournai l’arrière-garde de cavalerie de l’armée anglo-hollandaise de Guillaume III, qui était en train de se retirer vers le nord après la campagne d’été. Bien supérieurs en nombre mais gênés par la configuration du terrain, les 12 000 cavaliers alliés sont mis en déroute par une charge à l’épée des Français, ne devant leur salut que grâce à l’arrivée des renforts envoyés par le feld-maréchal Waldeck. Les vaincus déplorent entre 1 500 et 2 000 morts ou blessés, les vainqueurs 400 morts ou blessés.
mercredi 19 septembre
Décès à Paris du maréchal de France François d’Aubusson, duc de La Feuillade, à l’âge de 57 ans.
samedi 22 septembre
Combat naval de la baie Française [aujourd’hui baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick] : la frégate française Soleil d’Afrique, commandée par de Bonaventure, s’empare d’un ketch anglais qui transportait sous le commandement du capitaine Nelson le nouveau gouverneur de l’Acadie anglaise, le colonel Edward Tyng, nommé par Phips. Le gouverneur français Villebon charge le marin John Alden de se rendre à Boston pour demander la libération de soixante soldats français capturés après la bataille de Port-Royal (seulement six hommes seront relâchés et Tyng et d’autres prisonniers anglais seront transférés en France).
lundi 24 septembre
Dans la région de Liège, les troupes françaises incendient Waremme. La ville est détruite aux deux-tiers.
mercredi 26 septembre
La grande armée coalisée des Savoyards et des Impériaux franchit le Pô pour reprendre aux Français la ville de Carmagnola.
lundi 8 octobre
Capitulation de la garnison française de Carmagnola.
mardi 9 octobre
La neutralité du port toscan de Livourne est garantie par la France, l’Angleterre, l’Espagne et les Provinces-Unies.
mercredi 10 octobre
Création à la Comédie-Française d’une nouvelle pièce de théâtre de Dancourt, Le Bon Soldat.
vendredi 19 octobre
Décès à Gentilly [Val-de-Marne] du dramaturge et académicien Isaac de Benserade, à l’âge de 79 ans.
en octobre
L’officier de marine Jean-Baptiste du Casse devient le nouveau gouverneur de l’île de la Tortue et de la partie française de Saint-Domingue, en remplacement de Tarin de Cussy, tué par les Espagnols neuf mois plus tôt.
dimanche 11 novembre
La température ne dépasse pas -0,1° à Paris !
samedi 17 novembre
L’armée française du maréchal de Catinat met le siège devant la citadelle de Montmélian [aujourd’hui en Savoie].
jeudi 22 novembre
Cousin de la femme du ministre Pontchartrain, le poète Etienne Pavillon est présenté à l’Académie française, sur le désir de celui-ci, par Paul Tallemant. Pavillon est élu en remplacement de Benserade, sans sollicitations, contre La Bruyère qui obtient sept voix.
mercredi 28 novembre
Création à l’Opéra de Paris de la tragédie lyrique Astrée, sur un livret de Jean de La Fontaine et une musique de Pascal Colasse (gendre de Lulli). L’œuvre est un échec total.
lundi 17 décembre
Elu un mois plus tôt, le poète Etienne Pavillon est reçu à l’Académie française par Charpentier.
samedi 22 décembre
Conscient qu’aucun renfort ne viendra le sauver, le gouverneur de la ville de Montmélian [aujourd’hui dans le département français de Savoie] capitule à l’issue d’un siège. Le général français Catinat contrôle désormais tout le duché de Savoie.
dimanche 23 décembre
Une ordonnance remplace l’élection des miliciens régionaux par le tirage au sort entre les jeunes gens, mariés ou non (auparavant célibataires).
vendredi 28 décembre
L’intérêt maritime de 10 % prévu lors de la réunion de la CIO du 23 juin est reporté à la fin de l’année 1692.
Première à la Comédie-Française de la pièce Phaéton, d’Edme Boursault.
en décembre
Craignant que son armée ne puisse face à une offensive majeure, Louis XIV propose un accord de paix au duc de Savoie : la France indemnisera la Savoie pour le coût de la guerre et les territoires conquis par la France devront être administrées par une tierce personne ; la forteresse de Casale devra être rasée, et, dans l’éventualité de la mort de Charles II d’Espagne, Le roi de France viendra en aide à Victor-Amédée pour la conquête de Milan. Le duc de Savoie rejette cette offre.
Le corsaire dunkerquois Jean Bart vient pour la première fois à la cour pour être présenté à Louis XIV.
1692
mardi 15 janvier
Décès de l’abbé de Cîteaux Jean XII Petit, à la tête de l’abbaye depuis 22 ans.
vendredi 25 janvier
Guerre franco-iroquoise : une troupe de miliciens et soldats français ainsi que de guerriers amérindiens quitte Montréal sous le commandement de Nicolas d’Ailleboust de Manthet pour aller attaquer les Iroquois Mohawks.
mercredi 30 janvier
Création à la Comédie-Française de La Femme d'intrigues, pièce de Dancourt.
lundi 4 février
Mgr Armand de La Baume de Suze (52 ans) est enfin confirmé par le pape comme archevêque d’Auch. Nommé en 1684, il n’avait pu recevoir ses bulles pontificales en raison des mauvaises relations entre le roi de France et le Saint-Siège.
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Arlequin Phaéton de Jean de Palaprat.
mardi 5 février
Massacre de Candlemas : commandés par le chef Madockawando et le père Louis-Pierre Thur, entre 200 et 300 Indiens Abenakis et miliciens canadiens mènent un raid contre la localité anglaise de York [aujourd’hui dans le Maine]. Entre 50 et 75 colons sont tués (dont le révérend Shubael Dummer) et une centaine d’autres sont faits prisonniers (rachetés contre le versement d’une rançon). Les maisons sont brûlées.
samedi 16 février
Raid de la vallée Mohawk : l’expédition d’Ailleboust de Manthet lance l’assaut contre les postes iroquois situés au nord d’Albany.
lundi 18 février
Trois villages et la quasi-totale des réserves de nourriture des Mohawks ont été détruits par les Franco-Canadiens. La tribu vaincue déplore de nombreux tués ainsi que près de 300 prisonniers destinés à être recueillis dans un village d’Amérindiens catholiques des environs de Montréal. Mais le chemin du retour va se révéler difficile pour les vainqueurs : harcelés par une force anglo-iroquoise menée par le major Pieter Schuyler, ils devront abandonner certains de leurs captifs. La tribu Mohawk est définitivement affaiblie.
Une fille naturelle légitimée de Louis XIV (née de sa liaison avec la marquise de Montespan), Françoise-Marie de Bourbon, seconde Mademoiselle de Blois, a épousé dans la chapelle du château de Versailles son cousin le duc de Chartres Philippe d’Orléans, fils du frère du roi (et futur Régent). La cérémonie de mariage a été dirigée par le cardinal de Bouillon. La mariée a 14 ans, le marié 17. La princesse a reçu de son souverain de père une dot énorme de deux millions de livres.
mercredi 27 février
Première représentation à la Comédie-Française du Négligent, une comédie de Charles Dufresny.
mercredi 5 mars
Inauguration du canal d’Orléans, dont la construction avait commencé en 1676 à l’initiative d’un bourgeois et marchand de bois parisien, Robert Mahieu. Le premier bateau a franchi cette voie d’eau reliant la Loire à la Seine sur plus de 78 kilomètres.
Création à la Comédie-Italienne de La Précaution inutile, pièce de théâtre de Fatouville.
lundi 10 mars
Nommé en 1689, Mgr Cyprien-Gabriel Bénard de Résay (42 ans) est enfin confirmé en tant qu’évêque d’Angoulême.
vendredi 21 mars
Chargée de rejoindre Brest pour s’associer à la flotte de Tourville en vue d’une grande expédition contre l’Angleterre, l’escadre du Levant de l’amiral d’Estrées quitte Toulon (mais elle perdra du temps en route).
mercredi 26 mars
Louis XIV envoie à Tourville une lettre concernant l’organisation du débarquement français en Angleterre afin de replacer Jacques II sur le trône. Le vice-amiral reçoit l’ordre de quitter Brest le 25 avril et de rejoindre les ports normands du Havre et de La Hougue pour embarquer les milliers de soldats.
jeudi 27 mars
Nicolas III Larcher devient le nouvel abbé de Cîteaux.
samedi 5 avril
Jean-François de Chamillart (35 ans) devient évêque du diocèse breton de Dol.
dimanche 6 avril
Dimanche de Pâques.
samedi 15 avril
En route pour Brest, l’escadre française du Levant capture deux navires anglais en Méditerranée.
mardi 18 avril
Surprise par une tempête, la flotte de l’amiral D’Estrées perd deux vaisseaux en Méditerranée. Le reste de l’escadre s’abrite dans le port de Malaga pour effectuer des réparations.
samedi 22 avril
Cinq navires de l’escadre française du Levant attaquent un convoi anglais naviguant au large des côtes sud de l’Espagne. Les bateaux sont incendiés par les Anglais pour éviter leur prise.
mardi 25 avril
A la date fixée par le roi, le vice-amiral de Tourville ne peut quitter Brest. Il attend toujours les renforts de l’escadre du Levant, qui vient juste ce jour de passer le détroit de Gibraltar.
samedi 3 mai
Le prince François-Louis de Bourbon Conti (28 ans) est nommé lieutenant général.
lundi 5 mai
Evêque de Soissons depuis 1685, l’académicien Pierre Daniel Huet (62 ans) quitte la Picardie pour la Normandie, où il a été nommé à la tête du diocèse d’Avranches.
vendredi 9 mai
Le thermomètre ne dépasse pas 9,6° au plus « chaud » de la journée à Paris.
samedi 10 mai
Louis XIV, accompagné d’une partie de la cour, quitte Versailles pour assister aux opérations militaires dans les Flandres.
lundi 12 mai
Ne pouvant plus attendre plus longtemps l’arrivée des seize navires de l’escadre du Levant, la flotte du vice-amiral de Tourville quitte le port de Brest pour rejoindre la Manche afin de récupérer le corps expéditionnaire qui doit débarquer en Angleterre.
mercredi 14 mai
Création à la Comédie-Française de la pièce de théâtre La Gazette de Hollande, de Dancourt.
jeudi 15 mai
Commandée par Villette, l’escadre de Rochefort (sept vaisseaux de ligne) rejoint la flotte de Tourville. Celui-ci peut compter désormais sur quarante navires de combat plus une quarantaine de vaisseaux auxiliaires.
mercredi 21 mai
Dans les Flandres, le roi de France Louis XIV passe en revue les 100 000 hommes du duc de Boufflers rassemblés au camp de Gévries.
vendredi 23 mai
Louis XIV donne officiellement l’ordre à l’armée française du camp de Gévries de se diriger vers Namur.
nuit du dimanche 25 au lundi 26 mai
La cavalerie de l’armée française du duc de Boufflers investit la place de Namur.
lundi 26 mai
Forte de 60 000 soldats et de 151 canons, l’armée française, commandée par le duc de Boufflers et le marquis de Vauban, met le siège devant Namur, une importante place-forte des Pays-Bas espagnols située à la confluence de la Meuse et de la Sambre. La garnison assiégée (entre 6 000 et 8 500 hommes, majoritairement des Espagnols, mais également des Hollandais, des Brandebourgeois, des Wallons et des hommes du Holstein) est commandée par le soldat et l’ingénieur hollandais Menno van Coehoorn. Rapidement des travaux sont entrepris par les ingénieurs de Vauban pour empêcher la ville d’être secourue. Le roi Louis XIV se rendra sur place pour assister aux opérations. Le maréchal de Luxembourg reste en réserve avec 60 000 hommes pour empêcher toute intervention de Guillaume III.
jeudi 29 mai
Alors que les navires français du vice-amiral de Tourville approchent du port de La Hougue pour embarquer l’armée de Jacques II (une vingtaine de milliers d’hommes), une grande flotte alliée, commandée par l’Anglais Edward Russell et le Hollandais Philips van Almonde, apparaît près du cap de Barfleur. En dépit d’une infériorité numérique manifeste (44 vaisseaux sous armés et sous équipés pour 3 240 canons contre 82 navires alliés avec 6 750 canons), Tourville décide d’obéir aux ordres du roi et d’attaquer l’ennemi. Après douze heures de combats indécis, les Français profitent de la tombée de la nuit pour se retirer. Ils n’ont perdu aucun navire, mais trois bâtiments sont en difficulté, alors que les Anglais recensent deux vaisseaux détruits. De nombreux bateaux sont endommagés dans les deux camps. 1 700 Français ont été tués ou blessés, tandis que côté alliée on déplore 2 000 tués environ (dont le contre-amiral Richard Carter) et 3 000 blessés. Le projet français de débarquement en Angleterre est abandonné et la flotte de Tourville repart vers la Bretagne. Cette défaite va entraîner une rupture dans la conduite de la stratégie militaire : le gouvernement abandonnera la guerre navale d’escadre pour privilégier désormais la guerre terrestre.
Alors que la bataille s’engage en Manche, l’escadre du Levant commandée par l’amiral d’Estrées arrive dans l’anse de Bertheaume, près de Brest, avec un mois de retard.
du vendredi 30 au samedi 31 mai
Incapables de suivre les vingt-sept autres navires de la flotte de Tourville en direction de l’Ouest, treize bâtiments doivent faire demi-tour pour s’abriter dans la rade de la Hougue.
dimanche 1er juin
Trois navires gravement endommagés lors de la bataille du 29 mai (le Soleil Royal, le Triomphant et l’Admirable) s’échoue sur la côte cherbourgeoise.
mardi 3 juin
A Cherbourg, les canons des navires du vice-amiral Delaval détruisent les trois navires français échoués le 1er juin. L’explosion des réserves de poudre du Soleil Royal et du Triomphant entraîne des pertes humaines et d’importants dégâts dans la ville.
du mardi 3 au mercredi 4 juin
Des hauteurs de Quinéville, Jacques II assiste à l’incendie des treize navires français réfugiés dans la rade la Hougue. Ils ont été mis à feu méthodiquement par les Anglo-Hollandais venus en chaloupes.
mercredi 4 juin
Grâce aux opérations d’approche dirigées par Vauban, les assiégeants français atteignent le fossé de Namur. De son côté, l’un des bastions est ravagé par l’artillerie, obligeant les défenseurs à se replier sur la muraille médiévale.
Première à la Comédie-Italienne de L'Opéra de campagne, pièce de Charles Dufresny.
jeudi 5 juin
Afin d’éviter la mise à sac de la cité, Namur capitule à huit heures du matin mais la garnison se retire vers la citadelle, séparée de la ville par la Sambre, afin de poursuivre la résistance. Une trêve est établie jusqu’au matin du 7 juin. Les défenseurs acceptent de ne pas tirer sur la ville tandis que les Français sont d’accord pour ne pas ouvrir le feu depuis cette position acquise ce jour. Les fortes pluies du mois de juin vont ralentir les opérations françaises.
dimanche 8 juin
Siège de Namur : ouverture de la tranchée permettant aux troupes françaises d’approcher de la citadelle.
mardi 10 juin
A la frontière de l’Acadie, 400 combattants, majoritairement des Indiens Wabanakis et quelques troupes canadiennes, attaquent sous le commandement de La Brognerie et Saint-Castin l’établissement frontalier anglais de Wells [aujourd’hui dans le Maine]. La garnison du fort dirigé par capitaine James Converse ne dispose que de quinze soldats, tandis que le capitaine Samuel Storer ne peut compter que sur le même nombre d’hommes pour défendre le village et le port à bord de trois petits navires.
mercredi 11 juin
Le comte de Pontchartrain, ministre de la Marine et président-directeur de la Compagnie des Indes orientales, a assisté à l'assemblée générale qui réunissait les directeurs et les actionnaires, après le départ du deuxième armement mixte commandé par Dandenne.
jeudi 12 juin
Sept bataillons ainsi que les mousquetaires du roi participent au premier grand assaut contre la citadelle de Namur : prise de la redoute de La Cachotte. Les sapeurs français s’attaquent désormais au fort Guillaume, défendu par Coehoorn en personne.
vendredi 13 juin
Après trois jours d’une intense canonnade, les défenses avancées de la citadelle Namur sont enlevées par les Français à onze heures du matin. Vauban poursuit la construction de tranchées à partir de ces nouvelles positions gagnées.
Malgré leur large supériorité numérique, les agresseurs du poste de Wells, à court de munitions, doivent battre en retraite, après avoir brûlé l’église et quelques maisons et tué tout le bétail qu’ils ont pu trouver. Les Franco-Amérindiens ont perdu de nombreux hommes, dont leur chef, La Brognerie.
vendredi 20 juin
La nouvelle pièce de Dancourt, L'Opéra de village, est présentée à la Comédie-Française.
samedi 21 juin
Siège de Namur : dans la soirée, quatorze compagnies françaises, soutenues par sept bataillons, lancent l’assaut décisif contre le fort Guillaume. Les principales défenses s’effondrent.
dimanche 22 juin
Les défenseurs du fort Guillaume se rendent avant l’ultime assaut français. Coehoorn et ses 200 hommes sont capturés. Seule la partie occidentale de la forteresse de Namur (Terra Nova), défendue par 3 500 hommes, résiste encore.
jeudi 26 juin
Un déluge de boulets et de munitions diverses s’abat sur les derniers défenseurs de Namur.
samedi 28 juin
Les soldats français parviennent au pied des brèches de Terra Nova.
dimanche 29 juin
En fin de soirée, des grenadiers français réussissent à pénétrer dans le dernier bastion de la garnison de Namur. Le prince de Barbençon entend résister jusqu’au bout mais des soldats hollandais et brandebourgeois menacent de se mutiner.
lundi 30 juin
Après plus d’un mois de siège, les derniers défenseurs de la citadelle de Namur, commandés par le prince de Barbençon, se rendent aux Français à six heures du matin. En trente-six jours, les Français déplorent 7 000 morts ou blessés, les alliés 4 000.
mardi 1er juillet
Le commandant de la garnison alliée de Namur, Menno, Coehoorn, est autorisé à quitter la ville et à se retirer vers le Nord avec ses hommes et les honneurs de la guerre.
mercredi 2 juillet
Louis XIV quitte Namur (retour à Versailles deux semaines plus tard).
lundi 7 juillet
Jules Hardouin-Mansart invite ses confrères architectes à visiter l’église des Invalides qu’il construit à Paris (depuis 1677).
mardi 8 juillet
Le maréchal de Luxembourg se met en marche contre l’armée de Guillaume III, en direction de Nivelles.
lundi 21 juillet
Forte de 40 000 hommes (Piémontais, Vaudois, Allemands, Espagnols), l’armée de Victor-Amédée II Savoie se met en marche contre la France par le col de Larche. Le fort contingent de protestants est commandé par les huguenots Charles Dupuy de Montbrun et Ménard de Schomberg. En face, le maréchal de Catinat ne dispose que de 20 500 soldats.
mercredi 23 juillet
Décès à Paris de l’historien, écrivain et grammairien Gilles Ménage, à l’âge de 78 ans.
samedi 26 juillet
Création à la Comédie-Française de la quatrième pièce de théâtre présentée cette année par Dancourt, L’Impromptu de garnison.
dimanche 27 juillet
L’armée savoyarde franchit le col de Vars et envahit la région de Gap. Les protestants formant l’avant-garde pillent et incendient les localités traversées.
mardi 29 juillet
La ville de Guillestre est prise par les Savoyards.
fin juillet
Informé par ses espions que l’armée anglo-hollandaise va tenter de reprendre Namur, Louis XIV ordonne au maréchal de Luxembourg d’affronter rapidement Guillaume III.
vendredi 1er août
Guillaume III d’Angleterre et des Pays-Bas parvient à Halle.
dimanche 3 août
Bataille de Steinkerque [aujourd’hui Steenkerque, partie de la commune de Braine-le-Comte, dans le Hainaut belge] : attaqués par surprise à l’aube à cinquante kilomètres au sud-ouest de Bruxelles, les 80 000 Français du maréchal de Luxembourg ont remporté une victoire difficile sur une armée anglo-hollandaise (renforcée de soldats danois) de taille équivalente commandée le roi Guillaume III d’Orange. D’abord débordée sur son aile droite par l’assaut de l’avant-garde alliée du duc de Wurtemberg, l’armée française parvient à se réorganiser et à profiter du terrain et des mésententes entre l’infanterie anglaise et la cavalerie hollandaise du comte Solms pour contre-attaquer dans l’après-midi. Dans la soirée, l’arrivée à Enghien des renforts du maréchal de Boufflers contraint le roi d’Angleterre à ordonner la retraite. Au terme de cette journée, les Alliés ont perdu 10 000 soldats (tués ou blessés ; dont le général écossais Hugh Mackay tué au combat, à 52 ans), 10 canons et 9 drapeaux, mais les pertes des vainqueurs sont également lourdes (8 000 morts et blessés).
mercredi 13 août
La peur du loup est partout : l’intendant de la ville de Creil a écrit au contrôleur général pour affirmer « qu’il ne se passe point de journée qu’on ne trouve dans la forêt quelque partie du corps humain ».
vendredi 15 ou samedi 16 août
A son tour la ville d’Embrun tombe aux mains des troupes de Victor-Amédée II. La garnison de 2 500 hommes commandée le marquis de Larrey a capitulé après un siège de dix jours. La cité est épargnée par les vainqueurs.
samedi 16 août
Troisième pièce de théâtre de Charles Dufresny créée cette année 1692, L’Union des deux opéras est présentée à la Comédie-Italienne.
mercredi 20 août
L’offensive savoyarde poursuit ses succès : Gap est prise et incendiée. 798 des 953 maisons de la ville sont détruites par le feu.
vendredi 29 août
La cavalerie du prince Eugène de Savoie ravage le Champsaur (haute vallée de la Drac, aujourd’hui dans les Hautes-Alpes). Le château de Lesdiquières, au Glaizil, est détruit.
fin août et début septembre
L’armée savoyarde commence à être frappée par la petite vérole. Le duc Victor-Amédée II lui-même, pris de fièvre, doit être évacué vers Embrun. Le commandement est confié à Caprara. Par ailleurs, la résistance des troupes françaises ralentit la progression de l’avant-garde des soldats savoyards.
lundi 8 septembre
Henry d’Harcourt, marquis de Beuvron, défait 4 000 soldats de Neufbourg et de Cologne à Ourteville, près de Roumont [aujourd’hui dans la province belge de Luxembourg] : 300 ennemis sont tués et 800 autres sont faits prisonniers, dont le comte de Welen, commandant des troupes de Neufbourg.
vendredi 12 septembre
Fin de deux mois de campagne militaire de la Savoie dans le Dauphiné : début du retrait vers Embrun des troupes savoyardes stationnées autour de Gap.
Revenant d’Asie en Europe, le Waterland, un navire de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, a coulé dans le golfe de Gascogne avec sa cargaison après avoir été attaqué par les Français.
dimanche 14 septembre
Le thermomètre ne monte pas au-dessus de 11,4° au plus « chaud » de la journée à Paris !
mardi 16 septembre
Début de la bataille de Plaisance (Placentia) : au sud-est de Terre-Neuve, cinq vaisseaux anglais débarquent 500 hommes près du petit Fort Saint-Louis, défendu par 50 soldats.
N’ayant pu venir à bout de la résistance dauphinoise, conduite par mademoiselle de La Tour-du-Pin, Victor-Amédée II de Savoie quitte Embrun.
jeudi 18 septembre
Le duc de Savoie arrive dans la soirée à Guillestre.
A Terre-Neuve, Thomas Gillam, commodore du HMS St. Albans, exige la reddition du gouverneur du Fort Saint-Louis, Jacques-François de Monbeton de Brouillan. Ce dernier refuse.
vendredi 19 septembre
A Plaisance, la flotte anglaise ouvre le feu sur le Fort Saint-Louis, tandis que les marins débarqués détruisent les navires et les bâtiments français non protégés.
Victor-Amédée II quitte Guillestre pour rentrer à Turin, via les cols alpins de Vars et de Larche.
samedi 20 septembre
Une armée française commandée par le maréchal de Durfort de Lorges traverse le Rhin et se met en marche en direction de Durlach et Pforzheim.
dimanche 21 septembre
Fin de la bataille de la bataille de Plaisance (Terre-Neuve) : l’escadre anglaise se retire sans avoir pu prendre le Fort Saint-Louis. Les défenseurs français, qui ne déplorent qu’un blessé, ont réussi à tuer six soldats anglais.
mercredi 24 septembre
L’avant-garde de l’armée du maréchal de Lorges (2 000 cavaliers et 1 200 fantassins commandés par le maréchal Bouton de Chamill se présente devant la ville de Pforzheim, où la garnison de 600 hommes se rend sans combattre.
mardi 27 septembre
Des soldats français ont attaqué par surprise à Oetisheim, près de Mühlacker, le campement du duc Frédéric Charles de Wurtemberg-Winnental, qui abritait 4 000 cavaliers. Les troupes allemandes se retirent en déroute après avoir perdu plusieurs centaines d’hommes, tués ou faits prisonniers (le duc lui-même a été capturé). Le même jour, le gros de l’armée française du maréchal de Lorges parvient à Pforzheim.
de la fin septembre au début d’octobre
Depuis Pforzheim, l’armée française du maréchal de Lorges (30 000 hommes) avance le long des rivières Nagold et Wuerm : les localités d’Huchenfeld, Calw, Hirsau, Liebenzel et Zavelstein sont pillées et détruites, tout comme le château de Liebeneck. Avant de repartir vers leurs bases arrières (en mettant le feu aux forêts et vignes), les Français pillent et incendient une nouvelle Pforzheim : peu de bâtiments échappent aux flammes et le pont est gravement endommagé.
dimanche 5 octobre
L’armée française du maréchal de Lorges est de retour à Philippsburg.
samedi 11 octobre
Il neige à Paris : la température ne dépasse pas 4,2° dans la ville.
mercredi 22 octobre
En Nouvelle-France, à l’aube, des Iroquois attaquent le village de Verchères, situé sur la rive sud du Saint-Laurent, à l’est de Montréal. Une vingtaine de personnes travaillant dans les champs sont capturés mais les Amérindiens ne parviennent à s’emparer du fort local, pourtant sans défenseur : une jeune fille de 14 ans, Madeleine Jarret s’y enferme avec ses frères, parvenant par ruse à faire croire que la garnison est à son poste en faisant tirer des coups de fusil.
mardi 28 octobre
A Paris, une femme meurt écrasée par une foule affamée pendant une distribution de pain au Louvre.
mercredi 29 octobre
Décès à Issy (-les-Moulineaux) de l’écrivain, physicien, diplomate et bibliothécaire Melchisédech Thévenot. Auteur du premier traité de natation en français et inventeur du niveau à bulle, il était âgé de 72 ans environ.
jeudi 30 octobre
La ruse des enfants Jarret a fonctionné : le fort de Verchères a tenu jusqu’à l’arrivée des renforts venus ce jour de Montréal. Les Iroquois se sont retirés (si Madeleine de Verchères demeure une héroïne, des historiens mettent en doute l’entière véracité de cette histoire, sans doute enjolivée).
dimanche 2 novembre
Création à la Comédie-Italienne de La Fille de bon sens, pièce de Jean de Palaprat.
lundi 10 novembre
Décès à Paris de l’écrivain et poète Gédéon Tallemant des Réaux. Auteur des Historiettes, il était âgé de 73 ans.
mercredi 12 novembre
En pleine famine, des gardes-françaises attaquent des boulangeries parisiennes, suivis par des passants. De tels se produisent à Vaugirard et aux Grands-Augustins (deux des soldats seront exécutés devant leurs camarades, les autres envoyés aux galères).
samedi 15 novembre
Riche année pour Dancourt : il présente à la Comédie-Française sa cinquième pièce de 1692, Les Bourgeoises à la mode.
en novembre
Des troubles éclatent à Paris en raison du manque de nourriture. En Auvergne, on crie famine.
lundi 1er décembre
Suivant les instructions du comte d’Avaux, ambassadeur de France en Suède, le roi Charles XI de Suède devient médiateur dans la guerre opposant la France de Louis XIV aux coalisés européens.
jeudi 4 décembre
Soucieux que l’affaire se règle dans la plus grande discrétion, le roi fait mettre fin aux poursuites engagées contre le marquis de Cessac.
samedi 13 décembre
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Les Chinois, de Jean-François Regnard et Charles Dufresny.
mercredi 17 décembre
La Comédie-Française présente la tragédie Jugurtha, roi de Numidie, de Nicolas de Péchantré.
jeudi 18 décembre
La Compagnie des Indes orientales est contrainte d’emprunter 180 000 livres pour payer… l’emprunt de 1691.
vendredi 26 décembre
Henry d’Harcourt, marquis de Beuvron, remplace le comte de Taliari (blessé) comme commandant chargé de faire le siège de Rheinfeld et de Saint-Chenner.
en décembre
Le roi Charles XI de Suède se présente comme médiateur dans la guerre opposant la France de Louis XIV aux divers coalisés européens.
1693
samedi 3 janvier
Création à la Comédie-Française de la pièce de Jean de Palaprat La Prude du temps.
mardi 6 janvier
Aux Pays-Bas espagnols, la ville de Furnes, assiégée par les Français de Boufflers, capitule.
samedi 10 janvier
La Comédie-Italienne présente la nouvelle pièce de Jean-François Regnard et Charles Dufresny, La Baguette de Vulcain.
mercredi 28 janvier
Première à la Comédie-Française d’Aëtius, pièce de Campistron.
jeudi 12 février
Tombé gravement malade, Jean de La Fontaine a reçu l’extrême-onction en présence de membres de l’Académie française, d’amis et de prêtres. Le jeune abbé Pouget lui a fait abjurer sa vie épicurienne et ses écrits contre l’Eglise. Le fabuliste a promis de renier ses contes et fables et de n’écrire désormais que des ouvrages pieux (il se remettra de sa maladie).
dimanche 22 mars
Dimanche de Pâques.
vendredi 27 mars
Louis XIV a procédé à la nomination d’une fournée de nouveaux maréchaux de France : le duc Louis-François de Boufflers ; le comte Claude de Choiseul, marquis de Francières ; le duc Anne Jules de Noailles (43 ans) ; l’amiral Anne Hilarion de Cotentin, comte de Tourville (51 ans) ; François de Neufville, duc de Villeroy (49 ans).
en mars
Un édit institue des lieutenants des maréchaux dans chaque bailliage ou sénéchaussée.
samedi 4 avril
Création à la Comédie-Française de La Baguette, pièce de Dancourt et Racot de Grandval.
dimanche 5 avril
Décès à Paris, au palais du Luxembourg, de la Grande Mademoiselle, à l’âge de 65 ans. Cousine germaine de Louis XIV et fille de Gaston d’Orléans, Anne Marie Louise d’Orléans était duchesse de Montpensier, dauphine d’Auvergne, comtesse d'Eu et de Mortain et princesse de Joinville et de Dombes. Elle disposait d’une immense fortune et de nombreuses possessions, ce qui lui valait d’être impopulaire à la cour.
dimanche 5 avril
Un édit royal crée l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, destiné à récompenser les officiers les plus courageux. Le bénéficiaire doit être catholique et avoir servi comme officier pendant plus de dix ans, sans être obligatoirement noble. Le dauphin, le général des galères, l’amiral et les maréchaux de France en sont membres d’office.
jeudi 9 avril
Décès à Autin du comte Roger de Bussy-Rabutin. Académicien, philosophe, écrivain, pamphlétaire, mais également libertin, courtisan et lieutenant-général des armées du roi, il était âgé de 74 ans.
En raison de la guerre, le directeur Soullet signe au nom de la Compagnie des Indes orientales un contrat d'acquisition d'un magasin situé au bas de la Fosse de Nantes, au lieu-dit Chézine, paroisse de Chantenay, pour la somme de 12 000 livres. Les marchandises seront désormais vendues à Nantes et non plus à Rouen comme auparavant.
samedi 25 avril
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Les Adieux des officiers ou Vénus justifiée, de Charles Dufresny.
vendredi 1er mai
Présentation à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de théâtre de La Fontaine et Champmeslé, Je vous prends sans vert.
mercredi 13 mai
Printemps froid sur le nord de la France : le thermomètre ne dépasse pas 8,2° l'après-midi à Paris.
samedi 16 mai
Le prédicateur Jean-Paul Bignon (30 ans), abbé de Saint-Quentin-de-l’Isle, est élu à l’Académie française en remplacement du comte de Bussy-Rabutin.
lundi 18 mai
Quatre ans après avoir déjà occupé la ville, une armée française arrive de nouveau aux portes de Heidelberg, la capitale du Palatinat du Rhin [Bade-Wurtemberg].
vendredi 22 mai
Les Français s’emparent de la ville de Heidelberg, qui est en grande partie détruite par un incendie. Les vainqueurs s’attaquent aussitôt aux fondations du château qui résiste encore.
samedi 23 mai
Les défenseurs du château de Heidelberg capitulent. Inachevée en 1690, la destruction des fortifications est cette fois terminée à l’aide de mines (la forteresse ne sera pas reconstruite, les électeurs préférant désormais demeurer dans leur résidence de Mannheim).
lundi 25 mai
Décès à Paris de la femme de lettres Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette. Auteur de La Princesse de Clèves, elle était âgée de 59 ans.
mardi 26 mai
Chargé par le roi d’intercepter au niveau du détroit de Gibraltar le grand « convoi de Smyrne », le vice-amiral de Tourville quitte la rade de Bertheaume à la tête d’une grande flotte (72 vaisseaux et divers bâtiments moins importants).
mercredi 27 mai
L’armée française du maréchal de Noailles met le siège devant la place de Rosas, en Catalogne.
samedi 30 mai
Création à la Comédie-Italienne de la pièce Les Mal-assortis, de Charles Dufresny.
jeudi 4 juin
La grande flotte de Tourville entre dans la rade de Lagos, à l’extrême sud du Portugal.
vendredi 5 juin
Première de l’opéra-ballet Didon, composée par Henry Desmarest.
dimanche 7 juin
Une armée française atteint la localité de Gembloux.
mardi 9 juin
La ville espagnole de Rosas a capitulé devant Noailles.
lundi 15 juin
Bibliothécaire du roi, le prédicateur Jean-Paul Bignon est reçu à l’Académie française (par Charpentier), tout comme le moraliste Jean de La Bruyère. Dans son discours, ce dernier relance la Querelle des Anciens et des Modernes : prenant parti pour les premiers, il magnifie Racine aux dépens de Corneille (il sera vivement attaqué par Thomas Corneille et Fontenelle dans le Mercure galant).
samedi 27 juin
Bataille navale de Lagos : à la tête d’une grande flotte (72 vaisseaux, 11 corvettes et une vingtaine d’autres bâtiments), le vice-amiral français Anne de Tourville attaque au large du cap Saint-Vincent (Portugal) la flottille anglo-hollandaise (21 vaisseaux et 8 navires plus petits) des amiraux Sir George Rooke et Philips Van der Goes, qui protégeait le « convoi de Smyrne » (200 navires marchands anglais, allemands, danois, hollandais, suédois à destination du Levant). Celui-ci est rapidement éparpillé (Rooke parviendra à ramener 54 bâtiments à Madère). Les Français, maîtres de la mer, profiteront des jours suivant pour capturer 40 navires marchands et détruire 50 autres (dont une majorité de bateaux hollandais). Les Anglo-Hollandais ont également perdu quatre vaisseaux et une frégate tandis que les Français ne déplorent aucune perte. Cette désastreuse défaite, dont le coût est estimé à 30 millions de livres, va entraîner la ruine de nombreux armateurs londoniens. Vaincu un an plus tôt à la bataille de la Hougue, Tourville a pris sa revanche.
en juin
Le roi de France quitte les Pays-Bas, laissant le commandement de l’armée des Flandres à ses maréchaux (Louis XIV ne suivra plus ses troupes au front).
début juillet
La flotte de Tourville pénètre en Méditerranée par le détroit de Gibraltar.
vendredi 3 juillet
Brueys et Palaprat présentent leur nouvelle pièce à la Comédie-Française, La Force du sang ou le Sot toujours sot.
samedi 4 juillet
Bataille de Boussu-les-Walcourt [aujourd’hui à Froidchapelle, dans le Hainaut belge] : chargé d’amener un convoi de soixante-dix chariots au maréchal de Luxembourg (qui assiège Charleroi), le maréchal de camp français Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac, bat les Anglo-Hollandais près de Mons. Le commandant français, âgé de 45 ans, a trouvé la mort dans les combats : il a été tué d’un coup de feu reçu à la tempe.
mercredi 8 juillet
L’empereur de Chine Kangxi renvoie en France le père Bouvet. Celui-est chargé d’aller chercher d’autres érudits et d’offrir à Louis XIV des livres anciens (il n’arrivera à Paris qu’en mai 1697).
dimanche 19 juillet
L’armée française du maréchal de Luxembourg met le siège devant Huy, près de Liège.
mardi 21 juillet
Le vice-amiral de Tourville capture quatre navires marchands et une frégate devant Malaga.
vendredi 24 juillet
Capitulation de Huy.
mercredi 29 juillet
Le maréchal de Luxembourg a remporté une grande victoire dans le Brabant flamand sur l’armée alliée commandée par le roi Guillaume III d’Orange : les 75 000 soldats français (190 escadrons de cavalerie, 90 d’infanterie et 2 d’artillerie) ont attaqué 50 000 Anglais, Hollandais, appuyés par quelques unités espagnoles (140 escadrons de cavalerie, 64 d’infanterie), à Neerwinden [aujourd’hui section de la ville belge de Landen]. La victoire française a été emportée grâce à l’action décisive des gardes-françaises. Mis en déroute, les Alliés ont laissé sur le terrain 19 000 hommes (tués [dont le comte Solms et le prince d’Arenberg et Brabançon, comte de Namur], blessés [le comte de Galway] ou prisonniers [comme le duc d’Ormonde]). Mais les lourdes pertes françaises (9 000 soldats) empêchent les vainqueurs de poursuivent les vaincus. Côté français, le prince de Conti, le maréchal de Joyeuse et les deux fils du maréchal de Luxembourg ont été blessés (l’un de ces derniers y perd une jambe). Le commandant des « oies sauvages » (la brigade irlandaise au service de Louis XIV) et de l’aile gauche de l’armée française, Patrick Sarsfield a été mortellement touché. Outre les 80 canons, armes et munitions, les Français ont saisi tant de drapeaux que le maréchal de Luxembourg gagnera à Neerwinden le surnom de « tapissier de Notre-Dame ». Choqué de voir les Français refuser de reculer face au feu meurtrier des Alliés, Guillaume III s’est écrié : « Oh ! L'insolente nation ! ».
mardi 4 août
Selon la tradition, le moine bénédictin dom Pérignon aurait découvert ce jour le procédé de fabrication du champagne dans le monastère Saint-Pierre d’Hautvillers, près d’Epernay [Marne], où il était en charge du contrôle des vignes et des pressoirs (cependant cette méthode était déjà connue à Limoux).
jeudi 13 août
Création à la Comédie-Italien de la pièce Les Originaux ou l’Italien, d’Antoine Houdar de La Motte.
vendredi 21 août
Le général irlandais Patrick Sarsfield a succombé à ses blessures à Huy. Il avait 39 ans environ.
en août
L’armée savoyarde assiège la forteresse française de Casale Monferrato, située sur le Pô, entre Turin et Milan. Victor-Amédée accentue également la pression en tentant de bloquer Pignerol, dans les Alpes.
du lundi 7 au mardi 8 septembre
Les Hollandais s'emparent du comptoir français de Pondichéry, en Inde, tenu par le sieur Deltor.
mardi 8 septembre
Evêque de Tours depuis 1687, Mgr Claude de Saint-Georges (63 ans) est nommé archevêque de Lyon.
jeudi 10 septembre
Le maréchal de Villeroy, assisté de Vauban, met le siège devant la place-forte espagnole de Charleroi.
lundi 14 septembre
Réconciliation entre la papauté et la France : le pape Innocent XII accepte l'extension des droits de régale spirituelle et investit les seize évêques français nommés depuis 1682 et qui avaient formulé des excuses. En contrepartie, le roi et l'épiscopat français renoncent à la Déclaration des quatre articles sur l’organisation du clergé français. Louis XIV accepte également de restituer Avignon au souverain pontife.
en septembre
En Normandie, la ville de Saint-Lô est dépossédée de son atelier de frappe de monnaie au profit de Caen.
dimanche 4 octobre
Bataille de La Marsaille (château de Marsaglia) : les 30 000 soldats savoyards et espagnols du duc Victor-Amédée II sont mis en déroute près d’Orbassano, à quinze km au sud-ouest de Turin, par l’armée française du maréchal Nicolas de Catinat (35 000 hommes). Les vaincus déplorent 8 000 morts ou blessés et 2 000 prisonniers, les vainqueurs 1 800 tués et blessés. L’artillerie alliée et 32 drapeaux et étendards ont été saisis par les Français. Cette victoire permet aux Français de sauver les forteresses de Pignerol et de Casale, toutes deux en état de siège.
dimanche 11 octobre
La garnison espagnole de Charleroi capitule devant le maréchal de Villeroy à l’issue d’un mois de siège.
lundi 12 octobre
Archevêque d’Aix depuis 1685, Mgr Charles Le Goux de la Berchère (46 ans) est confirmé en tant que nouvel archevêque d’Albi.
lundi 2 novembre
Incompétent et hostile aux nouveautés, le premier médecin du roi Antoine d’Aquin tombe en disgrâce sous l’influence de Madame de Maintenon. Il est remplacé par son rival Guy-Crescent Fagon.
mardi 17 novembre
Evêque de Condom depuis peu de mois, Mgr Mathieu Ysoré d’Hervault (46 ans) est nommé archevêque de Tours.
mercredi 18 novembre
Première à la Comédie-Française de la pièce Zénobie, tragédie de Claude Boyer.
jeudi 26 novembre
Désireuse de porter un coup sérieux aux corsaires français, une flotte anglo-hollandaise d’une quarantaine de voiles (dont 10 vaisseaux de ligne de 50 à 60 canons) se présente sous le commandement de John Benbow au large du port de Saint-Malo, qualifié de « nid de guêpes » par Londres. Les navires avaient précédemment bombardé le fort la Latte et l’archipel des Ebihens.
vendredi 27 novembre
Dans la baie de Saint-Malo, le fort de la Conchée, en cours de fortification, est pris par les Anglais. Une trentaine de maçons sont faits prisonniers et les canons saisis. L’artillerie du fort Royal empêche les navires anglais de s’approcher de la cité (deux galiotes sont endommagées). Dans la soirée, quelques boulets tombent sur la ville sans faire de gros dégâts.
samedi 28 novembre
La flotte anglaise reprend ses tirs sur Saint-Malo à partir de 5 h du matin : une vingtaine de boulets tombent sur la ville mais les dommages sont mineurs (quelques toits abîmés). Dans la matinée, le corsaire français Maupertuis parvient à éviter d’être capturé mais doit abandonner le navire hollandais qu’il avait capturé auparavant. Le gouverneur de Bretagne (le duc de Chaulnes) et l’intendant arrivent sur place dans la journée avec des renforts pour coordonner la défense française. Dans la soirée, les Anglais pillent le couvent de l’île de Cézembre, où il ne restait qu’un père et deux frères récollets.
dimanche 29 novembre
Reprise vers 6 h du matin des bombardements anglais sur Saint-Malo, toujours sans effets véritables.
nuit du dimanche 29 au lundi 30 novembre
L’expédition de Bembow tente de détruire Saint-Malo avec la terrifiante « machine infernale » : un vaisseau de 26 mètres de long, aux voiles noires, bourré de poudre, de bombes, de mitraille, etc., secrètement mis au point pendant deux ans dans la Tour de Londres. Le brûlot parvient d’abord à s’approcher sans problème des remparts mais un gros coup de vent finit par le précipiter sur un écueil (« roche aux Anglais »), où il explose avec une extrême violence, causant d’importants dégâts : une maison est écrasée, des toits sont arrachées par dizaines et toutes les vitres de la cité ont volé en éclat. Mais l’opération est un échec : les remparts sont intacts et les seules victimes françaises sont … deux chiens et un chat. Pour leur part, les Anglais déplorent la mort des hommes (cinq ou six) qui menaient la machine infernale : leur chaloupe s’est renversée sous l’effet de l’explosion.
lundi 30 novembre
Déçu et furieux de l’échec de sa mission, le commodore Benbow décide de retirer sa flotte vers les îles Anglo-Normandes. Les prisonniers et les canons saisis à la Conchée seront débarqués à Guernesey.
vendredi 4 décembre
Création à l’Académie royale de Musique de Paris de Médée, opéra en un prologue et cinq actes de Marc-Antoine Charpentier, sur un livret de Thomas Corneille. Les principaux interprètes sont Marthe Le Rochois, Moreau, Jean Dun et Louis Gaulard Dumesny.
mercredi 16 décembre
La nouvelle pièce comique de Brueys, L'Important de cour, est présentée à la Comédie-Française.
jeudi 24 décembre
Charles Magdelaine Frézeau de la Frèzelière (38 ans) est nommé évêque de La Rochelle.
dimanche 27 décembre
Le comte de Maurepas (futur Pontchartrain), ministre d’Etat (Finances, Marine et Maison du Roi), transmet à son fils Jérôme Phélypeaux le brevet de président directeur de la Compagnie des Indes orientales.
1694
vendredi 8 janvier
Création à la Comédie-Française de la pièce Adherbal roy de Numidie, tragédie de Lagrange-Chancel.
dimanche 24 janvier
Un froid glacial règne sur le nord de la France : Paris se réveille avec -13,5° au thermomètre.
mercredi 27 janvier
Première à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de Charles Dufresny, Sancho Pança.
vendredi 29 janvier
En Nouvelle-France [Canada], le colon Thomas Hertel se voit concéder la seigneurie de Beloeil, établie sur la rivière Richelieu.
mercredi 10 février
Jean-François Regnard a présenté sa nouvelle pièce à la Comédie-Italienne, La Naissance d'Amadis.
samedi 13 février
Création à la Comédie-Française de la pièce Médée, tragédie de Longepierre.
nuit du samedi 13 au dimanche 14 février
Le missionnaire oratorien Pierre Billard, qui voue une véritable haine aux jésuites, est arrêté et conduit à la prison de la Conciergerie de Tours (il sera transféré à la Bastille dès le 11 mars). 200 volumes et les manuscrits de deux autres tomes sont saisis.
mercredi 17 février
Décès à Paris de la femme de lettres Antoinette de Lafon de Boisguérin des Houlières, à l’âge de 60 ans.
dimanche 11 avril
Dimanche de Pâques.
samedi 24 avril
Afin de forcer l’Espagne à signer la paix, Louis XIV décide de renforcer les forces navales du maréchal de Noailles, en action en Catalogne : la flotte de Tourville (forte de 71 vaisseaux) quitte Brest à destination de la Méditerranée.
mercredi 28 avril
C’est déjà l’été dans la capitale : la température monte jusqu’à 26,2° à Paris.
samedi 1er mai
Le setier de blé atteint le prix de 52 livres.
début mai
Mis au courant par ses espions d’une probable future attaque anglo-hollandaise contre Brest, Louis XIV charge Vauban de défendre le stratégique port du Ponant comme « commandant suprême de toutes les forces françaises, terre et mer de la province de Bretagne ».
mercredi 5 mai
Les enfants légitimés de Louis XIV se voient accordés divers privilèges.
vendredi 7 mai
A son tour, l’escadre de Châteaurenault lève les voiles à Brest pour rejoindre la Méditerranée.
Création à la Comédie-Française de la pièce Hercule et Omphale, de Brueys et Palaprat.
mercredi 19 mai
Jean-François Regnard et Charles Dufresny ont présenté leur nouvelle pièce à la Comédie-Française : Attendez-moi sous l'orme.
dimanche 23 mai
Vauban arrive à Brest. Il constate immédiatement la faiblesse des défenses de la ville, avec seulement 1 300 disponibles (des renforts sont en route).
mercredi 26 mai
Renforcée par des troupes venues du Piémont pour mener une attaque contre Gérone, l’armée française du maréchal de Noailles se trouve arrêtée sur la rivière Ter. Les gués et les rives opposées sont défendus par les soldats du vice-roi de Catalogne, le duc d’Escalona. Une première tentative de traverser échoue à Verges. Noailles déplace ses hommes à Ullà.
jeudi 27 mai
Bataille de la rivière Ter : composées surtout de jeunes recrues et d’unités nouvelles, les troupes espagnoles du duc d’Escalona (vice-roi de Catalogne), forte de 16 000 à 24 000 hommes, sont écrasées près de Torroella de Montgrí alors qu’elles tentaient d’empêcher le passage aux 24 000 soldats vétérans français du maréchal de Noailles. Ayant profité du brouillard pour frapper, les Français disposaient également d’une artillerie plus importante et de meilleure qualité. Les vaincus déplorent 3 000 morts, blessés ou prisonniers ainsi que la perte de leurs bagages et de leurs canons, les vainqueurs seulement 500 tués et blessés. Ce qu’il reste de l’armée espagnole fuient en déroute en direction de Gérone.
samedi 29 mai
Le corsaire dunkerquois Jean Bart reçoit la mission de se rendre en Norvège à la tête d’une flottille pour assurer la protection d’un convoi de plus de 100 navires transportant du blé à destination de la France.
Olivier Jégou de Kervillio (51 ans) est nommé évêque de Tréguier, dans le nord de la Bretagne.
dimanche 30 mai
Le maréchal de Noailles assiège la forteresse côtière catalane de Palamós.
jeudi 10 juin
Capitulation de la forteresse de Palamós.
vendredi 11 juin
Départ de l’expédition française de Jamaïque : une flotte de 22 vaisseaux corsaires (emportant 1 500 hommes) a quitté le port du Petit Goâve [aujourd’hui en Haïti] pour attaquer la colonie anglaise, sous le commandement du gouverneur de Saint-Domingue, Jean-Baptiste du Casse. Les Français sont guidés par deux renégats irlandais.
jeudi 17 juin
Une grande flotte anglo-hollandaise (36 vaisseaux de guerre, 80 galiotes à bombe et 80 navires de transport de troupes) est repérée dans la soirée en mer d’Iroise. Commandée par l’amiral John Berkeley et le lieutenant-général Thomas Tollemache (Talmash), l’expédition voulue par Guillaume III a pour but de prendre Brest, récemment affaiblie par l’envoi de la flotte de Tourville en Méditerranée, et d’y incendier le plus de navires possible. Les bâtiments anglais mouillent entre le Toulinguet et la rade de Bertheaume. A Brest, Vauban est rapidement informé de la situation. A onze du soir, il écrit une lettre pour en informer le roi.
vendredi 18 juin
Afin de s’assurer le contrôle du passage du goulet de Brest avant l’attaque décisive, 1 300 soldats anglais commandés par le général Tollemache débarquent de chaloupes en fin de matinée à Camaret. Des échanges de tirs ont lieu entre les batteries de la côte, dont le fort Vauban, et les navires ennemis : un bateau est coulé, un autre s’échoue, tandis qu’un boulet anglais aurait décapité le clocher de la chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour. Arrivés sur la plage de Trez Rouz, les envahisseurs sont rapidement rejetés à la mer par 1 200 miliciens gardes-côtes (commandés par Tanguy le Gentil de Quélern, capitaine de Crozon), 100 hommes des compagnies franches et un grand nombre de paysans bretons. La marée rend quasi impossible la retraite. Les pertes anglaises sont très lourdes : 800 morts ou blessés parmi les troupes de débarquement et 400 hommes tués à bord des navires, sans compter 466 prisonniers, dont 16 officiers. Tollemache a été grièvement blessé à la jambe par un boulet (il succombera à ses blessures quelques jours plus tard). Les Français ne déplorent que 45 blessés. Présent au fort du Mengant [à Plouzané] au début de l’affrontement, Vauban arrive sur les lieux de la bataille à la fin des combats. La flotte anglaise quitte la zone pour effectuer de nouvelles opérations militaires en Manche.
dimanche 27 juin
La flotte de Jean-Baptiste du Casse atteint la Jamaïque : des débarquements seront organisés dans les baies de Cow, Morant et Carlisle. Pendant plus d’un mois, la colonie anglaise sera ravagée en plusieurs points.
mardi 29 juin
Chargée de protéger en mer du Nord un convoi de 130 navires transportant un chargement de blé essentiel pour les Français, Jean Bart constate au large de l’île du Texel que les bateaux ont déjà été capturés par les Hollandais. Le corsaire dunkerquois décide de reprendre la flotte de transport. A la tête de cinq frégates, d’une corvette et de deux flûtes (pour un total de 222 canons), il attaque les huit navires de guerres ennemis (388 canons) sous commandement du contre-amiral Hydde de Vries. Le vaisseau de ce dernier, le Prince de Frise, est pris d’assaut par l’équipage de Jean Bart. Deux autres bâtiments hollandais subissent le même sort obligeant les autres à prendre la fuite. Les vaincus déplorent 300 tués ou blessés (dont l’amiral De Vries, prisonnier et mortellement blessé) et la perte de trois navires. Le bilan est beaucoup plus léger du côté des vainqueurs : 16 morts et 50 blessés. En récupérant le précieux convoi, les corsaires de Dunkerque sauvent la France de la famine.
La ville de Gérone est prise sans grande résistance par les Français. L’objectif suivant du maréchal de Noailles est Barcelone.
mercredi 30 juin
Faute de fonds, le trésorier de la Compagnie des Indes orientales doit reporter l'échéance des billets d’intérêts à la fin de l'année, en y ajoutant 10 % pour le change.
en juin
L’Anglais Sir Cloudesly Shovel lance sans succès une attaque contre Dunkerque.
samedi 3 juillet
Jean Bart arrive à Dunkerque avec le précieux convoi de grains. Rapidement, grâce à cet afflux soudain, le prix du blé va chuter de 32 deniers le boisseau (un record depuis 1662) à seulement 3. Le fils du célèbre capitaine corsaire, François-Cornil, est envoyé à Versailles pour informer le roi de la bonne nouvelle.
Création à la Comédie-Française de la troisième pièce de l’année de Jean-François Regnard, La Sérénade.
dimanche 18 juillet
Raid franco-indien sur la river Oyster : partis de Penobscot et de Norridgewock [dans le Maine], 250 Abenakis commandés par le Français Claude-Sébastien de Villieu et le chef Bomoseen ont attaqué l’établissement anglais de Durham [aujourd’hui dans le New-Hampshire]. Une centaine de colons sont massacrés et une quarantaine d’autres sont faits prisonniers. La moitié du village est réduit en cendres. Tout le bétail est tué et les récoltes détruites.
lundi 19 juillet
Poursuivant son offensive en Catalogne, le maréchal de Noailles prend Hostalric.
du jeudi 22 au samedi 24 juillet
Le port français de Dieppe est en grande partie détruit par les bombardements d’une flotte anglaise.
samedi 24 juillet
Publication de la première édition du Dictionnaire de l’Académie Française. L’ouvrage est dédié à Louis XIV.
lundi 26 juillet
La flotte anglaise ayant raté le débarquement à Camaret se présente devant Le Havre, aussitôt bombardé.
mardi 27 juillet
Après avoir participé au raid sur Oyster River, plusieurs dizaines de guerriers Indiens Abénakis ont attaqué dans la matinée la localité de Groton, au nord-ouest de Boston. Vingt habitants ont été tués et treize autres capturés (les plus jeunes seront adoptés par les tribus).
samedi 31 juillet
Fin des bombardements du Havre par la flotte anglaise. Les dégâts sont très importants : des bâtiments publics dont les églises et plus de 300 maisons sont endommagées.
lundi 2 août
Le prédicateur Charles Boileau, abbé de Beaulieu, est élu à l’Académie française en remplacement de Goibaud-Dubois.
Création à la Comédie-Française de la pièce Le Café, de Jean-Baptiste Rousseau.
mercredi 4 août
Le corsaire dunkerquois Jean Bart est anobli par le roi en récompense de la victoire lors de la bataille navale du Texel.
vendredi 6 août
La Compagnie des Indes orientales achète à Brest pour 35 000 livres un navire pris à l’ennemi, le Christianus-Quintus.
dimanche 8 août
Le penseur janséniste français Antoine Arnauld est décédé à Bruxelles. A la fois prêtre, théologien, mathématicien et philosophe, le « Grand Arnauld » était âgé 82 ans.
vendredi 13 août
Fin de l’expédition de la Jamaïque : les Français de Jean-Baptiste du Casse ont quitté la colonie anglaise à l’issue d’un mois et demi de ravages. Des centaines de bâtiments, dont cinquante sucreries, ont été incendiés. Un butin important a été saisi : de l’indigo et 1 300 esclaves sont ramenés à Saint-Domingue.
samedi 14 août
Publication d’un mandement de Mgr François Harlay de Champvallon. L’archevêque demande à ce que l'on prie partout en France pour remercier Dieu pour les bonnes récoltes.
dimanche 15 août
En Amérique du Nord, le gouverneur de la colonie de New York a convoqué un Grand Conseil iroquois à Albany. Benjamin Fletcher demande que les Indiens alliés de l’Angleterre fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les Français de reconstruire la localité de Cataracoui et le fort Frontenac abandonné en 1689 [aujourd’hui à Kingston, en Ontario] : «...si vous permettez aux Français de construire en quelque part sur ce Lac [Ontario], se sera la fin de votre liberté...» assure-t-il.
jeudi 19 août
L’abbé Charles Boileau est reçu à l’Académie française par Tourreil.
Création à la Comédie-Française de la pièce Les Mots à la mode, d’Edme Boursault.
vendredi 20 août
L’Académie française offre à Louis XIV le premier exemplaire du premier Dictionnaire.
dimanche 22 août
Le maréchal de Luxembourg entame la marche de Vignamont à Tournai.
mardi 24 août
Charles Dufresny présente sa nouvelle pièce, Le Départ des comédiens, créée à la Comédie-Italienne.
mercredi 25 août
Fin de la marche de Vignamont à Tournai : le maréchal de Luxembourg verrouille ainsi la frontière septentrionale de la France face à ses ennemis.
mardi 31 août
Décès à Versailles du maréchal de France Louis de Crevant, duc d’Humières, à l’âge de 66 ans.
en août
Le maréchal de Noailles renonce à prendre Barcelone en 1694, la faute aux renforts anglais et à la baisse des crédits militaires décidées par Paris. Avant de prendre ses quartiers d’hivers et préparer la campagne de 1695, l’armée française va conforter ses positions en s’emparant de quelques places fortes des environs de Gérone.
vendredi 3 septembre
Décès dans la pauvreté à Paris de l’académicien et avocat Jean Barbier-D’Aucour, à l’âge de 53 ans.
samedi 4 septembre
Au nord-ouest de Gérone, l’armée française investit la place de Castellfollit, aussitôt assiégée.
mardi 14 septembre
Pierre Le Moyne d’Iberville atteint l’embouchure de la rivière Nelson, sur la baie d’Hudson [aujourd’hui Manitoba], avec les deux navires (la Salamandre et le Poli) fournis par le gouverneur de Nouvelle-France, Frontenac. L’expédition française met rapidement le siège devant l’établissement anglais de York Factory (fort Nelson), défendue par 53 hommes, en majorité des marchands, des religieux et des ouvriers, dont l’explorateur Henry Kelsey.
mercredi 22 septembre
Les Français prennent Castellfollit dans le nord de la Catalogne. Noailles y établit ses quartiers d’hiver.
Echec d’une attaque anglaise contre Dunkerque.
mardi 28 septembre
Près de Liège, la ville de Huy est reprise aux Français par Guillaume III d’Orange. La cité était tombée aux mains de Louis XIV un an plus tôt.
jeudi 30 septembre
Création à la Comédie-Française de la pièce Les Vendanges, de Dancourt.
en septembre
Blocus de Toulon par une flotte anglaise. D’autres navires ont tenté d’attaquer Calais, mais grâces aux fortifications les dégâts sont légers pour la ville.
samedi 9 octobre
Décès de l’avocat et académicien Jean-Louis Bergeret, à l’âge de 53 ans.
Dans une lettre adressée à sa tante, la belle-sœur du roi, Elisabeth-Charlotte de Bavière, princesse Palatine, se plaint de la mauvaise hygiène qui règne à Fontainebleau. On y est obligé d’y « chier » dans les bois, à la vue et à l’odorat de tous.
jeudi 14 octobre
En Amérique du Nord, après un mois de siège, la garnison anglaise (53 hommes) de York Factory (sur la baie d’Hudson, aujourd’hui au Manitoba) se rend aux Français de Pierre Le Moyne d’Iberville. Le poste est rebaptisé fort Bourbon (il sera repris par les Anglais dès 1696). L’hiver étant arrivé, les vainqueurs et leurs captifs vont devoir passer plusieurs mois ensemble sur place et plusieurs hommes vont mourir du scorbut.
Sociétaire de la Comédie-Française depuis sa création, la comédienne Armande Béjart (52 ans), veuve de Molière, la quitte avec une pension de 1 000 livres.
mardi 16 novembre
Décès de l’archevêque de Cambrai Mgr Jacques-Théodore de Brias, à l’âge de 62 ans.
mardi 23 novembre
Le premier Intendant de la Nouvelle-France, Jean Talon, est mort à Paris. En fonction de 1665 à 1668, il était âgé de 68 ans.
jeudi 25 novembre
L’astronome Ismaël Boulliau est décédé à l’abbaye Saint-Victor. Il avait 89 ans.
lundi 29 novembre
Création à la Comédie-Française de la nouvelle pièce de Jean de Palaprat, Le Triomphe de l’hiver.
jeudi 2 décembre
Décès à Marseille du sculpteur, dessinateur, peintre et architecte Pierre Puget, à l’âge de 74 ans.
samedi 4 décembre
Le marquis et maréchal Bernardin Gigault de Bellefonds est décédé au château de Vincennes, à l’âge de 64 ans.
lundi 13 décembre
La Compagnie des Indes orientales entre en possession du magasin acheté à Nantes en avril 1693. Il est situé au bas de la Fosse de Nantes, au lieudit Chézine, paroisse de Chantenay.
mercredi 22 décembre
Création à la Comédie-Française de la pièce Germanicus, tragédie de Nicolas Pradon.