mardi 1er janvier (12 nivôse an VII)
Création à Paris d’Elisca, le premier opéra-comique composé par André Joseph, neveu du compositeur Grétry. L’accueil du public est bon.
mercredi 2 janvier (13 nivôse an VII)
En Egypte, Djezzar Pacha envoie 4 000 soldats et trois canons, sous le commandement d'Abdullah Pacha, pacha de Damas, afin de renforcer le fort d’El Arich, dans le nord du Sinaï.
samedi 5 janvier (16 nivôse an VII)
La Grande-Bretagne et l’Empire ottoman signent les accords d’Istanbul : en cas de victoire sur la France, les Britanniques s’engagent à rendre l’Egypte aux Turcs.
lundi 7 janvier (18 nivôse an VII)
Le général Championnet s’entretient à Teano avec le commissaire à l’armée de Naples, Guillaume-Charles Faipoult, auquel il transmet les ordres du Directoire : afin d’éviter une reprise de la guerre, il est hors de question de créer une République à Naples.
mercredi 9 janvier (20 nivôse an VII)
Par décret, le général Bonaparte décide de mettre en place un régiment de dromadaires afin de compenser le manque de chevaux en Egypte. L’unité, placée sous le commandement de Jacques Cavalier sera divisée en deux escadrons de quatre compagnies (régiment dissous en septembre 1801).
jeudi 10 janvier (21 nivôse an VII)
Les troupes françaises prennent Capoue.
samedi 12 janvier (23 nivôse an VII)
Le navire irlandais Patrick est capturé par les Français lors d’un voyage entre Dublin et Porto. Le bateau est incendié.
lundi 14 janvier (25 nivôse an VII)
Menacé par l’avance de l’armée française, le roi Ferdinand IV fuit la ville pour se réfugier en Sicile.
mardi 15 janvier (26 nivôse an VII)
Les habitants de Naples se soulèvent contre l’évêque et les autorités. Ceux-ci sont accusés par les lazzaroni de vouloir livrer la ville aux Français. La révolte se retourne rapidement contre les riches, accusés d’être des traîtres : des nobles seront massacrés, les autres contraints de se cacher.
jeudi 17 janvier (28 nivôse an VII)
Condamné à mort par les autorités françaises de l’île, Dun Mikiel Xerri est exécuté à La Valette avec plusieurs autres patriotes maltais. Agé de 61 ans, il avait tenté de déclencher une révolte pour chasser les Français de Malte.
Selon le Journal des hommes libres, les francs-maçons seraient d’anciens royalistes, émigrés et autres chouans. Mais pour la droite, la franc-maçonnerie serait en fait un foyer de jacobins…
vendredi 18 janvier (29 nivôse an VII)
Ouvrier de la grande papeterie d’Essonnes (propriété de la famille Didot en Seine-et-Oise [aujourd’hui papeterie Darbley à Corbeil-Essonnes]), Nicolas Louis Robert fait breveter sa machine à produire du papier en rouleau continu, sans besoin de main-d’œuvre. Une subvention de 3 000 francs lui est accordée.
dimanche 20 janvier (1er pluviôse an VII)
Jean-Baptiste Leclerc remplace Théophile Berlier comme président du Conseil des Cinq Cents. Au Conseil des Anciens, la présidence passe de Jean-Baptiste Perrin des Vosges à Dominique Joseph Garat.
Le navire français Spartiate s’empare du bâtiment britannique Princess Amelia, qui est incendié et coulé.
lundi 21 janvier (2 pluviôse an VII)
Afin d’éviter une nouvelle révolte des sans-culottes de l’île, comme en avril 1798, les élus de l’Assemblée coloniale de la Réunion ont prêté un double serment : devant le gouverneur Philippe Antoine Jacob de Cordemoy, ils ont juré fidélité à la République française et au maintien de l’esclavage.
mardi 22 janvier (3 pluviôse an VII)
Après un arrêt à Guirguèh, en Haute-Egypte, le général Desaix repasse à l’offensive : il bat Mourad Bey à Samhoud.
Le général Barthélemy Schérer, ministre de la Guerre, est nommé à la tête de l’armée d’Italie. Personne n’est désigné dans l’immédiat pour lui succéder à la tête du ministère.
Fuyant l’occupation française du Piémont, le diplomate et philosophe savoyard Joseph de Maistre se réfugie à Venise.
mercredi 23 janvier (4 pluviôse an VII)
Après trois jours de violents combats de rues contre les lazzaroni, l’armée française du général Championnet est maîtresse de Naples, grâce notamment au soutien apporté par les jacobins locaux.
En Egypte, l’armée du général Desaix établit son campement à Denderah : à la vue des majestueuses ruines de l’antique cité de Thèbes, les soldats français présentent les armes dans un même élan de spontanéité.
vendredi 25 janvier (6 pluviôse an VII)
Des gendarmes, renforcés par des soldats de la 29e demi-brigade, ont été attaqués dans le Doubs par une soixantaine de paysans. Ces derniers ont d’abord réussi à libérer deux prêtres condamnés à la déportation qui étaient conduits d’Ornans à Besançon. Mais les forces de l’ordre lancées à leur poursuite ont réussi à les reprendre. Le bilan de la « bataille » est de deux morts et de deux blessés graves.
Un séisme a frappé la localité de Bouin, dans le nord-ouest de la Vendée : plusieurs maisons sont détruites. Deux secousses sont fortement ressenties à La Rochelle et, dans une moindre mesure, à Bordeaux et à Tours.
samedi 26 janvier (7 pluviôse an VII)
Soutenus par le général Championnet, qui refuse d’appliquer les ordres venus de Paris, les « jacobins » napolitains proclament la République Parthénopéenne.
dimanche 27 janvier (8 pluviôse an VII)
Incident indécis de Macao, opposant dans l’archipel chinois de Wanshan une escadre franco-espagnole (deux navires de lignes [Europa et Montañes] et quatre frégates) commandée par le contre-amiral Ignacio Maria de Alava, à la flottille d’escorte du capitaine britannique William Hargood (deux navires de ligne et une frégate). Aucun bâtiment n’est perdu dans chaque camp.
lundi 28 janvier (9 pluviôse an VII)
Création de deux compagnies d’aérostiers militaires. Essayé avec succès lors de la bataille de Fleurus, en juin 1794, le ballon ne sera cependant pas réutilisé sur un champ de bataille avant une quarantaine d’années.
mardi 29 janvier (10 pluviôse an VII)
Le général Desaix occupe la ville égyptienne d’Esnèh.
jeudi 31 janvier (12 pluviôse an VII)
Le général russe Souvarov est nommé commandant en chef de toutes les troupes coalisées en Italie.
en janvier
Le mathématicien et astronome Pierre Simon, marquis de Laplace, publie son Traité de mécanique céleste.
vendredi 1er (13 pluviôse an VII) ou samedi 2 février (14 pluviôse an VII)
En Egypte, l’expédition du général Desaix lancée à la poursuite de Mourad Bey, arrive en vue d’Assouan et du Temple de la déesse Isis, sur l’île sacrée de Philae, au-delà de la première cataracte du Nil. Elle a atteint son objectif qui était de marcher le plus loin possible vers le Sud. Après avoir immortalisé dans la roche le souvenir de son passage, l’expédition militaire et scientifique française remonte vers Le Caire.
samedi 2 février (14 pluviôse an VII)
Le vaisseau anglais HMS Anson et la frégate HMS Ethalion capturent au large de Dunkerque le corsaire Boulonnoise, de Bayonne (14 canons et 70 hommes).
Des inondations se produisent dans la région parisienne à la suite de la débâcle des glaces sur la Seine : une partie de la capitale est sous les eaux (Champs-Elysées). La route menant de Paris à Versailles est coupée.
dimanche 3 février (15 pluviôse an VII)
En Inde, le royaume de Mysore est attaqué par les Anglais. Le sultan local, Tippoo Sahib, est entré en contact avec le général Bonaparte, dont la présence au Proche-Orient menace les intérêts britanniques.
lundi 4 février (16 pluviôse an VII)
Décès à Paris de l’architecte Etienne-Louis Boullée. Grande figure de l’architecture néoclassique, il était âgé de 70 ans.
mardi 5 février (17 pluviôse an VII)
Bertrand Clauzel (futur maréchal de France) est promu général de brigade. Dominique Vandamme est promu général de division.
mercredi 6 février (18 pluviôse an VII)
Le général Championnet expulse de Naples le commissaire civil envoyé par le Directoire et auquel il refuse d’obéir. Dans une lettre, Faipoult demande le rappel du général à Paris.
vendredi 8 février (20 pluviôse an VII)
Première bataille d’El-Arich : dans le nord du Sinaï, les troupes du général Reynier repoussent une attaque turque : 200 Français ont été tués et 300 autres blessés, tandis que les agresseurs déplorent 500 tués, blessés ou capturés. Les fantassins ottomans se retirent.
Nommé par le roi Ferdinand IV vicaire général du royaume de Naples, le cardinal Fabrizio Ruffo débarque en Calabre, à Pezzo, en provenance de Sicile. Il prend la tête de l’armée paysanne de la « Sainte Foi » (Santa Fede). Aidé de quelques troupes régulières, les « sanfédistes » vont s’opposer aux Français.
Le général Grouchy organise au Piémont un référendum sur l’annexion de la province par la France : une forte majorité se dégage en faveur d’un rattachement de la province à la France (le projet sera annulé à la suite de l’intervention russe).
samedi 9 février (21 pluviôse an VII)
Les troupes françaises du général Reynier mettent le siège devant le fort égyptien d’El Arich, défendu par des milliers d’Ottomans, commandés par Abdullah Pacha.
La jeune US Navy remporte sa première véritable victoire au cours de la « Quasi-Guerre » : par un temps très agité, la frégate américaine USS Constellation, commandée par le capitaine Thomas Truxtun, a contraint à la reddition la frégate française l’Insurgente, au large de l’île Nevis (Antilles). Le combat, qui a duré une heure, a coûté 29 morts et 41 blessés aux Français ; les Américains ne déplorent que trois blessés. La frégate française est ramenée à Saint Kitts par le lieutenant John Rogers.
A 100 miles nautiques au large des côtes de Natal [Afrique du Sud], la frégate britannique HMS Daedalus du capitaine Henry Ball est parvenu à capturer le corsaire français Prudente, commandée par le capitaine Emanuel-Hippolite Le Joliff, après une heure de combat. 27 marins français ont été tués et 22 autres blessés, tandis que les pertes anglaises se montent à seulement 2 morts et 11 blessés.
dimanche 10 février (22 pluviôse an VII)
Le général Bonaparte quitte Le Caire pour la Palestine. Son armée compte 13 000 hommes. Il laisse le gouvernement du Caire au général Destaing.
mardi 12 février (24 pluviôse an VII)
La division du général Kléber parvient à El-Arich pour renforcer les troupes de Reynier. Ce dernier prend position dans la palmeraie.
mercredi 13 février (25 pluviôse an VII)
Le Directoire ordonne le rappel à Paris du général Championnet. Pour le remplacer, le général Jacques Macdonald est nommé commandant en chef de l’armée de Naples.
Echec d’un soulèvement des sans-culottes de la Réunion. Les révoltés seront expulsés de l’île.
jeudi 14 février (26 pluviôse an VII)
A El-Arich, les troupes du général Reynier attaquent le camp turc : 500 soldats ottomans sont tués et 900 autres faits prisonniers. Les Français ne déplorent que 3 morts et 20 blessés. Le fort, encore défendu par 1 000 hommes, est désormais entièrement bloqué. De nouveaux renforts français arrivent.
Les insurgés guyanais du 4 novembre 1798 sont de retour à Cayenne : capturés par un navire anglais à bord du bateau qui devait les ramener en France, ils ont réussi à s’emparer du brick Swallow.
samedi 16 février (28 pluviôse an VII)
Le général Grouchy a fait ouvrir le feu sur des patriotes italiens, de tendance babouviste, qui contestaient le référendum sur l’annexion du Piémont à la France. Une quarantaine de personnes ont été tuées. Des villages ont été incendiés dans les ragions d’Asti, d’Alba et de Mondovi.
dimanche 17 février (29 pluviôse an VII)
Le général Caffarelli entame les opérations de génie au siège d’El-Arich.
Alors que le général Bonaparte est sur le point d’entre en Palestine, un officier irlandais a présenté au directeur Barras un projet prévoyant le transfert de tous les juifs d’Europe en Terre sainte. Sur place, ils mettraient en place un Etat allié de la France.
lundi 18 février (30 pluviôse an VII)
Les Français commencent leurs tirs d’artillerie sur le fort d’El-Arich (pendant deux jours).
Le président américain, John Adams, ordonne à son ambassadeur en Hollande, Van Murray, de se rendre à Paris comme médiateur pour reprendre les relations avec la France.
Un grand incendie a détruit à Paris le théâtre de l’Egalité. Deux sapeurs-pompiers sont morts en combattant les flammes. Des militaires et de nombreux civils ont participé à la lutte pour venir à bout du sinistre.
mardi 19 février (1er ventôse an VII)
Gabriel Malès remplace Jean-Baptiste Leclerc comme président du Conseil des Cinq-Cents, tandis qu’aux Anciens Jean-Aimé Delacoste succède à Garat comme président.
mercredi 20 février (2 ventôse an VII)
Après onze jours de siège, le fort d’El-Arich est pris d’assaut par les Français des généraux Reynier et Kléber.
A Paris, le Directoire nomme André-Joseph Abrial commissaire civil en charge d’organiser la République napolitaine.
jeudi 21 février (3 ventôse an VII)
Dans l’ouest de l’île de Saint-Domingue, Toussaint-Louverture reprend la lutte contre les mulâtres.
Des conscrits ont été enlevés par des chouans à Pontorson, dans la Manche.
Le général Louis de Mureau est nommé ministre de la Guerre.
samedi 23 février (5 ventôse an VII)
Edouard Mortier est nommé général de brigade.
Création à Paris, au théâtre Feydeau de la nouvelle œuvre du compositeur italien Luigi Cherubini, La Punition, comédie en un acte, sur un livret de Jean Louis Brousse-Desfaucherets.
dimanche 24 février (6 ventôse an VII)
Entrée en Palestine, l’armée du général Bonaparte s’empare de Gaza.
Le Directoire émet un décret d’arrestation du général Championnet.
Concentration par le général Jourdan des troupes françaises en vue du passage du Rhin. Son armée, dite d’abord de Mayence, va devenir l’armée du Danube.
mercredi 27 février (9 ventôse an VII)
A Gaza, le général Murat lance une charge épique, avec seulement 800 cavaliers contre les 6 000 cavaliers mamelouks, arabes et arnautes d'Ahmed Djezzar Pacha.
Le général Macdonald prend effectivement en charge le commandement militaire des soldats français présents à Naples.
vendredi 1er mars (11 ventôse an VII)
Alors que la guerre n’est pas encore déclarée contre l’Autriche, l’armée française du général Jourdan traverse le Rhin entre Kehl et Bâle.
samedi 2 mars (12 ventôse an VII)
Le gouvernement français place les armées d’Allemagne (commandée par Bernadotte) et d’Helvétie (par Masséna) sous le commandement général de Jourdan.
dimanche 3 mars (13 ventôse an VII)
Fin du siège de Corfou, débuté le 18 novembre 1798 : l’armée russo-ottomane de l’amiral Outchakov et de Kadir Bey contraint à la reddition la garnison française de l’île grecque commandée par le général Louis Chabot à la reddition. 2 900 Français sont faits prisonniers, 635 canons, un vaisseau de guerre et une frégate saisis. En trois mois et demi, les Russes et Turcs déplorent 298 tués ou blessés. La France ne contrôle plus aucune des îles Ioniennes.
mercredi 6 mars (16 ventôse an VII)
Afin de venir à la rencontre de Jourdan, l’armée française de Suisse franchit le Rhin dans les environs de Coire (Grisons).
A l’issue d’une chasse de dix heures, la frégate anglaise HMS Ethalion s’empare dans la Manche du corsaire Infatigable (18 canons et 120 hommes).
jeudi 7 mars (17 ventôse an VII)
En Palestine, l’armée française de Bonaparte s’empare de Jaffa [aujourd’hui Tel-Aviv] à l’issue d’un siège de quatre jours.
du vendredi 8 (18 ventôse) au dimanche 10 mars (20 ventôse an VII)
Entre 2 000 et 3 000 prisonniers albanais sont massacrés à la baïonnette par l’armée française à Jaffa.
samedi 9 mars (19 ventôse an VII)
Conduits par le cardinal Ruffo, les révoltés calabrais s’emparent de la ville de Paola : les patriotes jacobins sont massacrés.
dimanche 10 mars (20 ventôse an VII)
Touchant l’armée française depuis son arrivée en Egypte, la peste accentue ses ravages parmi les soldats présents à Jaffa. On dénombre une trentaine de morts par jour.
mardi 12 mars (22 ventôse an VII)
La France déclare la guerre à l’Autriche : Paris accuse Vienne d’avoir laissé passer sur son territoire les troupes russes. Les Autrichiens rejoignent la deuxième coalition anti-française.
mercredi 13 mars (23 ventôse an VII)
Commandant du Sénégal, Blanchot de Verly a reçu l’ordre d’envoyer dans les colonies antillaises et de Guyane (en manque de main-d’œuvre) des « noirs consentants ». L’esclavage n’est pas rétabli mais la traite, jamais abolie dans les faits, reprend discrètement.
dimanche 17 mars (27 ventôse an VII)
Le convoi français qui transportait l’artillerie devant servir au siège de Saint-Jean-d’Acre est intercepté en Méditerranée par la flotte anglaise du commodore Sydney Smith.
Un brevet est accordé à Paris à l’horloger Frédéric Japy pour l’invention d’une machine forant les dents des roues d’horlogerie.
lundi 18 mars (28 ventôse an VII)
Le Théâtre de l'Odéon, à Paris, est détruit par un incendie.
mardi 19 mars (29 ventôse an VII)
L’avant-garde française de l’armée de Bonaparte arrive devant Saint-Jean-d’Acre.
Une mission de huit savants et artistes français, dont le sculpteur Jean-Jacques Castex, quitte Le Caire sous la direction de Caffarelli et Vivant-Denon afin d’explorer la Haute-Egypte (ils reviendront avec de nombreux dessins de ce qu’ils ont vu).
du mercredi 20 (30 ventôse an VII) au jeudi 21 mars (1er germinal an VII)
Bataille d’Ostrach : dans le sud de l’Allemagne, les 52 000 Autrichiens de l’archiduc Charles-Louis d’Autriche-Teschen sont victorieux des 28 000 Français du général Jourdan au nord du lac de Constance [aujourd’hui dans le Bade-Wurtemberg]. Les vainqueurs déplorent 2 113 morts, blessés ou prisonniers, les vaincus 2 257 tués, blessés ou prisonniers.
jeudi 21 mars (1er germinal an VII)
Début du siège de Saint-Jean-d’Acre avec les premières opérations du génie français : une tranchée commence à être creusée à 75 mètres des remparts de la ville.
A Paris, Philippe-Laurent Pons succède à Gabriel Malès en tant que président du Conseil des Cinq Cents. Chez les Anciens, Mathieu Depère devient le nouveau président en lieu et place de Jean-Aimé Delacoste.
samedi 23 mars (3 germinal an VII)
A Paris, ayant obtenu du président du tribunal le droit d’assurer seule la défense de son mari, un ancien émigré, Marie-Victoire de Lambilly, comtesse Mouësan de La Villirouët, sauve la tête de son époux grâce à sa brillante plaidoirie (de nombreuses personnes profiteront ensuite de ses talents d’avocate).
dimanche 24 mars (4 germinal an VII)
Dimanche de Pâques.
lundi 25 mars (5 germinal an VII)
Bataille de Stockach : l’armée autrichienne de l’archiduc Charles (72 335 hommes et 114 canons) est victorieuse en Bade des troupes françaises du général Jourdan, deux fois moins nombreuses (34 823 soldats et 62 canons). Les vaincus déplorent 500 morts, 2 400 blessés et 2 900 prisonniers, les vainqueurs 400 tués, 1 600 blessés et 2 000 prisonniers. L’armée française du Danube est contrainte de battre en retraite vers le Rhin.
mardi 26 mars (6 germinal an VII)
Bataille indécise de Vérone opposant dans trois combats distincts l’armée autrichienne du général Pal Kray (41 400 hommes) aux troupes françaises du général Scherer (46 400 soldats). Victorieux à Pastrengo, les Français sont battus à Legnago, tandis l’affrontement ne désigne aucun vainqueur à Vérone même. Les pertes sont de 5 400 hommes et 17 canons chez les Français, 6 900 hommes et 12 canons chez les Autrichiens.
mercredi 27 mars (7 germinal an VII)
En Vénétie, l’armée de Kray occupe Vérone. Plus au sud, les troupes françaises entrent dans Florence.
jeudi 28 mars (8 germinal an VII)
A la tête de 150 hommes, le général de brigade Michel Ney s’empare par surprise sur le Rhin de la place Mannheim. Ce haut fait lui vaudra d’être promu général de division.
Les tantes du roi Louis XVIII, « Mesdames », se réfugient dans l’île grecque de Corfou, sous occupation russe.
samedi 30 mars (10 germinal an VII)
Bonaparte ordonne à Murat de reconnaître la vallée du Jourdain.
Dans le sud-est de l’Italie, l’armée française du général Broussier assiège la cité apulienne de Trani.
fin mars
Le général Victor est chargé par Scherer de contenir avec sa division et celle de Hatry les 30 000 Autrichiens concentrés dans Vérone. Le combat dure 14 heures.
lundi 1er avril (12 germinal an VII)
Le second assaut français sur Saint-Jean-d’Acre se solde par un échec.
Les troupes françaises et leurs alliés républicains italiens menés par Carafa pillent et détruisent en partie la cité de Trani, dont une partie de la population est massacrée : 800 habitants sont morts et une grande partie de la ville a été incendiée. Les navires de guerre français qui bloquaient le port ont ouvert le feu sur des bateaux de pêche qui tentaient de fuir avec des citoyens.
mercredi 3 avril (14 germinal an VII)
Les Français prennent Tyr [sud du Liban actuel].
nuit du jeudi 4 avril (15 germinal an VII)
Réveil brutal à la Guadeloupe du volcan de la Soufrière. Des torrents de boue ont dévasté des champs de vanille, de café et de cacao. Profitant de la panique, des travailleurs noirs ont fuit vers les camps de marrons établis sur les hauteurs de Goyave.
vendredi 5 avril (16 germinal an VII)
Nouvelle victoire autrichienne sur les Français, près de l’Adige. A la tête d’une armée de 41 000 hommes, le général Schérer a été battu à Magnano, près de Vérone, par les 46 000 Autrichiens du général Kray. Les pertes françaises sont de 8 000 hommes, tandis que les vainqueurs déplorent 6 000 hommes perdus. Schérer doit battre en retraite.
lundi 8 avril (19 germinal an VII)
En Palestine, une armée turque commandée par le pacha de Damas est vaincue par le général français Junot à Loubi, près de Nazareth. Les vaincus déplorent 500 tués, les vainqueurs 12 morts et 48 blessés.
mercredi 10 avril (21 germinal an VII)
Sur ordre du Directoire, le pape Pie VI quitte Parme pour Turin, sous forte escorte.
samedi 13 avril (24 germinal an VII)
Mariage « princier » à la Réunion : Barbe Mélanie Panon Desbassayns, issue de l’une des plus riches familles de colons de l’île, a épousé l’officier de marine Jean-Baptiste Guillaume Joseph de Villèle (futur Premier ministre de Louis XVIII et Charles X). Arrivé dans l’île après avoir été emprisonné en métropole (1794), il a été élu député à l’Assemblée de la Réunion.
lundi 15 avril (26 germinal an VII)
L’armée coalisée, commandée par le général russe Souvarov, entre dans Vérone.
Décès de l’archevêque de Lyon, Mgr Yves-Alexandre de Marbeuf, à l’âge de 64 ans.
Création à Paris, salle Favart, de Montano et Stéphanie, opéra-comique en trois actes de Jean-Elie Bédéno Dejaure, sur une musique d’Henri Berton. Si les références au culte catholique et l’apparition d’un évêque n’ont pas manqué de déchaîner les partisans et les adversaires de la religion, l’œuvre est dans l’ensemble un succès.
nuit du lundi 15 (26 germinal an VII) au mardi 16 avril (27 germinal an VII)
Chargé par Bonaparte de stopper l’armée turque qui vient de traverser le Jourdain pour aider les assiégés de Saint-Jean-d’Acre, le général Kléber se retrouve encerclé dans la plaine de Fouli par un ennemi bien plus nombreux.
mardi 16 avril (27 germinal an VII)
Bataille du mont Thabor : encerclés par 25 000 fantassins et 10 000 cavaliers turcs commandés par Abdallah Pacha, les 3 000 soldats français du général Kléber ont été secourus par les renforts envoyés par Bonaparte. A l’issue d’une marche de nuit depuis Saint-Jean-d’Acre, la division d’infanterie (4 000 hommes) et la batterie de réserve du général Bon ont totalement surpris les Ottomans dans la plaine de Fouli. Ces derniers se sont retirés en désordre après avoir perdu 3 000 hommes, tués ou blessés, plus 500 prisonniers. Les Français déplorent 300 morts et 60 blessés.
mercredi 17 avril (28 germinal an VII)
A la tête de quelques troupes de chouans, Cadoudal s’empare de la localité de Sarzeau, dans la presqu’île de Rhuys.
jeudi 18 avril (29 germinal an VII)
Elections de germinal an VII portant sur le renouvellement du tiers sortant des conseils : succès des jacobins qui obtiennent la majorité. Sur 187 candidats soutenus par les triumvirs (Barras, Reubell, La Révellière-Lépeaux), seulement 66 ont été élus.
Création à l’Opéra-Comique de Montano et Stéphanie, opéra en trois actes d’Henri Berton.
samedi 20 avril (1er floréal an VII)
Le modéré Jean-Marie Heurtault de Lamerville succède à Philippe-Laurent Pons, représentant de la majorité, comme président du Conseil des Cinq-Cents. Chez les Anciens Claude-Pierre Dellay d’Agier remplace Mathieu Depère comme président de l’assemblée.
dimanche 21 avril (2 floréal an VII)
Le gouvernement français retire la direction de l’armée d’Italie au général Schérer pour la confier au général Moreau, qui avait été écarté de tout commandement depuis 18 mois.
Masséna nomme Soult général de division. Ce dernier n’a que 30 ans.
mardi 23 avril (4 floréal an VII)
Dissous en raison de la reprise de la guerre, le congrès de Rastatt, réuni depuis décembre 1797 pour discuter du transfert de la rive gauche du Rhin à la France, s’achève sur un échec.
mercredi 24 avril (5 floréal an VII)
Troisième assaut français contre les défenses de Saint-Jean-d’Acre et troisième échec.
nuit du jeudi 25 (6 floréal an VII) au 26 avril (7 floréal an VII)
Chargée de rejoindre Malte, l’escadre française du contre-amiral Bruix parvient à forcer le blocus anglais de Brest. La flotte se dirige vers l’Espagne.
samedi 27 avril (8 floréal an VII)
Offensive russe en Italie du Nord : ayant traversé l’Adda, les 24 500 hommes du général Souvarov ont battu à Cassano d’Adda, en Lombardie, les 28 000 Français du général Moreau. Les vaincus déplorent 2 500 morts, 5 000 prisonniers et 27 canons perdus, tandis que les pertes russes ne se montent qu’à 2 000 hommes. Cerné et à court de munitions, le général Serrurier a été contraint de capituler dans le village de Verderio.
Le général Maximilien Caffarelli a succombé à ses blessures au siège de Saint-Jean-d’Acre. La perte de son bras droit lui a été fatale. Il avait 43 ans.
dimanche 28 avril (9 floréal an VII)
Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter Rastatt, deux plénipotentiaires français envoyés par le Directoire sont massacrés à coups de sabre par une escouade de hussards hongrois commandés par Barbaczy : Claude Roberjot (quarante-sept ans) et Antoine Bonnier d'Alco. Le troisième, Jean Debry, survit à quatorze coups de sabre.
lundi 29 avril (10 floréal an VII)
Les Russes de Souvarov entrent dans Milan.
mardi 30 avril (11 floréal an VII)
Victorieuses dans le nord de l’Italie, les armées russes et autrichiennes lancent une offensive en Suisse contre les troupes françaises commandées par Masséna.
La nouvelle de l’assassinat de Roberjot et Bonnier d’Alco parvient à Paris : la capitale est scandalisée.
A l’est de Naples, les troupes françaises du général Championnet, stationnées à Sarno, incendient le château Lancellotti à Lauro.
en avril
Accusé d’exactions en Wurtemberg, le général Vandamme est traduit devant un conseil de discipline... qui ne se réunira pas.
mercredi 1er mai (12 floréal an VII)
La garnison de Saint-Jean-d’Acre a perdu l’un de ses chefs : le noble émigré Antoine de Phelippeaux a succombé durant un nouvel assaut des Français, de la peste ou d’épuisement. Il avait 32 ans.
Les succès des Alliés dans le nord de l’Italie rendent la présence du pape Pie VI à Briançon trop dangereuse. Il quitte sous bonne escorte la cité alpine pour rejoindre Valence (où il arrivera le 14 juillet).
samedi 4 mai (15 floréal an VII)
Bonaparte ne recevra pas d’aide d’Inde : son allié potentiel, le sultan de Mysore Tippoo Sahib, est tombé sous les coups des Britanniques.
lundi 6 mai (17 floréal an VII)
En Toscane, les habitants d’Arezzo se soulèvent contre l’occupation française.
mercredi 8 mai (19 floréal an VII)
Le général Macdonald quitte Naples pour aller secourir, à marche forcée, les armées françaises en difficulté dans le Piémont.
jeudi 9 mai (20 floréal an VII)
Reubell est désigné directeur par tirage au sort.
vendredi 10 mai (21 floréal an VII)
L’armée russe du général Souvarov entre dans Novi.
Le général de brigade Jean Lannes (futur maréchal de France) est promu général de division.
dimanche 12 mai (23 floréal an VII)
Bataille de Bassignana : les 12 000 soldats français du général Moreau sont victorieux au Piémont des troupes russes d’Andrei Rosenberg et du Grand-Duc Constantin (entre 3 500 et 7 000 hommes). Les pertes françaises sont de 617 hommes, celles des vaincus entre 990 et 2 000.
lundi 13 mai (24 floréal an VII)
Vaincues à Monte Cineri par le général Lecourbe, les troupes autrichiennes commandées par le prince de Rohan sont contraintes de se retirer du sud de la Suisse vers la Tresa.
Ayant réussi à échapper à la flotte britannique, l’escadre de l’amiral Bruix pénètre dans la rade de Toulon.
Trois compagnies françaises sont stationnées à l’hospice du col du Grand-Saint-Bernard, entre la Suisse et l’Italie.
mardi 14 mai (25 floréal an VII)
Double victoire autrichienne dans les Grisons : à Coire, les troupes françaises du général Ménard, cinq fois moins nombreuses que leurs adversaires, sont mises en déroute, abandonnant sur le terrain 3 000 prisonniers, 15 canons et 21 voitures de munitions. Près de Davos, les forces autrichiennes du général Bellegarde, là aussi supérieures nombres, ont vaincu d’autres soldats français.
mercredi 15 mai (26 floréal an VII)
Décès à Munich du dernier évêque de Lisieux Mgr Jules-Basile Ferron de La Ferronais. Ayant émigré dès 1791, il était âgé de 64 ans.
jeudi 16 mai (27 floréal an VII)
L’élection, le 9 mai, du directeur Reubell est rejetée par le Conseil des Anciens.
Une sortie des défenseurs de Saint-Jean d'Acre menace de provoquer l'effondrement des lignes françaises, mais la défense de Murat permet de récupérer les positions perdues.
vendredi 17 mai (28 floréal an VII)
Le général Bonaparte décide d’abandonner le siège de Saint-Jean-d’Acre. Les assauts successifs n’ont rien donné et les trois mois de siège ont permis aux défenseurs de recevoir par mer des renforts en nombre : une trentaine de bateaux turcs ont débarqué dans le port plus de 10 000 soldats anglais et ottomans, ainsi que des armes, des munitions et des canons. Avant de quitter les lieux, le commandant en chef français ordonne de mettre le feu à tout ce qui peut brûler autour de la ville.
samedi 18 mai (29 floréal an VII)
Le célèbre écrivain Pierre Auguste Caron de Beaumarchais est mort d’apoplexie à Paris, à l'âge de 67 ans.
dimanche 19 mai (30 floréal an VII)
Un petit corps d’armée britannique a débarqué près d’Ostende.
lundi 20 mai (1er prairial an VII)
Partisan d’une révision de la Constitution, l’abbé Sieyès est élu Directeur par 118 voix sur 205, afin de succéder à Reubell.
Représentant de la gauche, Jean Antoine Debry succède au modéré Jean-Marie Heutault de Lamerville comme président du Conseil des Cinq Cents. Changement de présidence au Conseil des Anciens également : Charles Gourdan remplace Claude-Pierre Dellay d’Agier.
Les Français ont repoussé les soldats britanniques débarqués la veille près d’Ostende.
Naissance à Tours d’un fils de Bernard-François Balssa, ancien secrétaire au conseil du Roi, directeur des vivres et maire-adjoint. Immédiatement mis en nourrice, l’enfant, prénommé Honoré, devient l’un des plus grands écrivains français (Honoré de Balzac).
nuit du lundi 20 (1er prairial an VII) au mardi 21 mai (2 prairial an VII)
Levée du siège de Saint-Jean-d’Acre : les troupes de Bonaparte se retirent sous la protection de la cavalerie de Murat.
mercredi 22 mai (3 prairial an VII)
Dans une déclaration, Napoléon Bonaparte se prononce en faveur du retour des Juifs à Jérusalem.
jeudi 23 mai (4 prairial an VII)
Au terme d’un concordat, les deux obédiences rivales de la maçonnerie française, le Grand Orient et la Grande Loge de France, donne naissance au Grand Orient de France.
vendredi 24 mai (5 prairial an VII)
Création à Paris, au théâtre des Variétés, de François et Rouffignac, une pièce de Joseph Patrat.
samedi 25 mai (6 prairial an VII)
En Suisse, le général Masséna lance une double offensive dans le canton de Zurich à partir de Winterthour : au nord, les généraux Ney et Paillard repoussent les Autrichiens dans Andelfingen, tandis qu’à l’est (Thurgovie), la ville de Frauenfeld est prise par Oudinot et Soult .
dimanche 26 mai (7 prairial an VII)
Les Autrichiens et les Russes entrent dans Turin.
A la suite de l’accumulation des difficultés et des défaites militaires, l’amiral Bruix est chargé par la Directoire de se rendre au Proche-Orient et de ramener en France le général Bonaparte.
lundi 27 mai (8 prairial an VII)
Bataille de Winterthur, au nord-est de Zurich : 8 000 Autrichiens, commandés par le baron Friedrich von Hotze et le comte Friedrich Josef de Nauendorf, battent les 7 000 Français du général Ney. Les vainqueurs déplorent 1 000 tués, blessés ou disparus, les vaincus 800 hommes et quatre canons perdus. Suite à cette défaite, le général Masséna est contraint de se replier sur Zurich.
mercredi 29 mai (10 prairial an VII)
Sur la mer Rouge, le port de Kosséir [Al-Qusayr] est occupé par les troupes françaises du général Belliard.
vendredi 31 mai (12 prairial an VII)
Le Théâtre-Français de la République interprète à Paris, salle Richelieu, le Cid et l’Ecole des maris. Les acteurs appartiennent en fait à la troupe de la Comédie-Française, réunifiée pour la première fois depuis 1791.
en mai
Afin d’affaiblir l’influence turque dans le pays, les autorités françaises « égyptianisent » l’administration égyptienne.
samedi 1er juin (13 prairial an VII)
Des paysans chouans attaquent une colonne mobile près de Vern, en Maine-et-Loire.
lundi 3 juin (15 prairial an VII)
Début de la première bataille de Zurich : les 30 000 soldats du général Masséna font face sur la Limmat aux 40 000 Autrichiens de Charles-Louis d’Autriche et de Friedrich von Hotze.
mardi 4 juin (16 prairial an VII)
Les positions françaises de Zurich sont attaquées par les Autrichiens.
Première à Paris de l’opéra Adrien, d’Etienne Méhul, sur un livret de François-Benoît Hoffman. L’œuvre, librement inspirée de l’Adriano in Siria de Mestatase, aurait du être créée en 1792, mais le climat politique de l’époque avait entraîné son annulation. La représentation de ce jour a été permise grâce à une révision du texte sous la direction du ministre de la Police Jean-Pierre Duval. L’opéra est acclamé par la critique et le public mais certains élus du Conseil des Cinq-Cents y voient encore des allusions au général Bonaparte et au régime du Directoire.
mercredi 5 juin (17 prairial an VII)
Poussés par leurs ailes gauches, les Conseils législatifs exigent du Directoire une explication sur les défaites en série subies par les armées françaises. Le gouvernement est accusé de laxisme. Le ministre de la Guerre Schérer est point du doigt particulièrement : on le prétend corrompu ; il aurait profité des marchés d’Etat pours ‘enrichir.
Une statue de la Liberté est érigée à Paris, place de la Révolution, sur le socle qui avait autrefois porté la statue de Louis XV. Construite en plâtre, elle figure la Liberté assise, appuyant sa main gauche sur un faisceau et tenant un globe dans sa main droite.
Le naturaliste français Aimé Bonpland et son collègue allemand Alexandre de Humboldt ont embarqué dans le port espagnol de La Corogne à bord de la frégate Pizzaro pour une mission d’exploration à destination de l’Amérique du Sud.
jeudi 6 juin (18 prairial an VII)
Harcelé par l’ennemi, le général Masséna est contraint de se retrancher sur la rive gauche du Limmat. L’archiduc Charles peut entrer dans Zurich. Mais les pertes sont plus lourdes chez les Autrichiens (3 500 hommes tués ou blessés) que chez les Français (1 700 hommes).
vendredi 7 juin (19 prairial an VII)
Décès à Trieste (Italie) de la princesse Louise Marie Thérèse. Fille de Louis XV, Madame Victoire de France était âgée de 66 ans.
samedi 8 juin (20 prairial an VII)
Tous les théâtres de France ont fait relâche à la demande du gouvernement afin d’honorer la mémoire des deux plénipotentiaires français massacrés à Rasttat.
lundi 10 juin (22 prairial an VII)
Le neveu de Louis XVIII, Louis-Antoine d’Artois (fils du futur Charles X), comte d'Angoulême, a épousé à Mittau [aujourd’hui Jegalva, en Lettonie] sa cousine Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI, dite Madame Royale. Le marié a 24 ans, son épouse 21.
Décès à Paris du chevalier Joseph Bologne de Saint-George, célèbre escrimeur et musicien. Né esclave en Guadeloupe, il était âgé de 53 ans.
jeudi 13 juin (25 prairial an VII)
Soutenus militairement par l’amiral anglais Nelson, mais également par les Russes et des Turcs, le cardinal italien Ruffo et les troupes sanfédistes se lancent à l’assaut de Naples.
Le général noir Toussaint Louverture signe avec le général anglais Thomas Maitland et le consul américain Edward Stevens la Convention commerciale tripartite : les huit articles ouvrent aux navires de commerce de Grande-Bretagne et des Etats-Unis les ports de Saint-Domingue [Haïti], qui représente la moitié de la production mondiale de coton et de café et une tiers de celle de sucre. Washington charge aussitôt une flotte de 50 navires pour protéger des corsaires français les convois.
vendredi 14 juin (26 prairial an VII)
Retour au Caire (Egypte) de l’armée de Bonaparte. Le général français a fait précéder son arrivée de bulletins de victoire, mais dans les faits il a battre en retraite pour la première fois, après avoir perdu 2 300 hommes.
Création à l’Opéra-Comique de Paris de l’opéra La Nouvelle au camp, ou le Cri de la vengeance, une scène lyrique en un acte d’Henri Montan Berton.
dimanche 16 juin (28 prairial an VII)
N’ayant toujours pas obtenu de réponse sur ses questions concernant les défaites françaises, le Conseil des Cinq-Cents décide, à l’initiative du député Poullain-Grandprey, de siéger en permanence, tant que le Directoire ne lui aura pas apporté satisfaction.
Après seulement quatre représentations, l’opéra Adrien d’Etienne Méhul est interdit sur pression du député corse Lucien Bonaparte, frère cadet du général (l’œuvre sera finalement autorisée en février 1800).
nuit du dimanche 16 (28 prairial an VII) au lundi 17 juin (29 prairial an VII)
Sur proposition du député Bergasse, les Cinq-Cents annulent l’élection, 13 mois plus tôt, du directeur antijacobin Treilhard, sous prétexte d’anticonstitutionnalité (il avait quitté l’Assemblée moins d’un an auparavant). L’ancien ministre de la Justice Louis Gohier, réputé jacobin, est élu pour lui succéder.
lundi 17 juin (29 prairial an VII)
Début dans le nord de l’Italie de la bataille de la rivière Trébie (Trebbia) opposant les 35 000 soldats du général Macdonald aux 18 000 Russes et aux 14 000 Autrichiens des généraux Souvorov et Melas.
mardi 18 juin (30 prairial an VII)
Coup d’Etat « de Prairial » mené par les Conseils contre le Directoire : soupçonnés de trahison et de concussion, les directeurs La Revellière-Lepaux et Merlin de Douai sont à leur tour contraints de démissionner, afin d’éviter une effusion de sang, par une délégation de députés jacobins, alliés à des « directoriaux » dissidents opportunistes. Roger Ducos est élu directeur.
Le général Joubert est nommé commandant en chef de la division militaire de Paris.
Composée de trois navires de ligne et de deux frégates (HMS Centaur, Bellona, Captain, Emerald et Santa Teresa), la flotte britannique de Lort Keith remporte au large de Toulon sur les trois frégates et deux bricks (Junon, Courageuse, Alceste, Salamine, Alerte) du contre-amiral Perrée. Une frégate française est capturée.
Un incendie a presque entièrement détruit la ville de Saint-Claude, dans le Jura.
mercredi 19 juin (1er messidor an VII)
Après trois jours de combat longtemps indécis, les forces austro-russes de Souvorov battent l’armée française de Macdonald sur les rives de la Trébie, en Emilie. Les vaincus déplorent 6 000 morts et 12 000 prisonniers, les vainqueurs seulement 900 morts et 4 300 blessés. Macdonald doit battre en retraite vers les Apennins tandis que l’armée d’Italie du général Moreau doit se retirer vers les Alpes.
A l’issue de six jours de combats, les dernières troupes françaises encore présentes dans la ville se retirent de Naples : les sanfédistes du cardinal Ruffo s’emparent de la ville, mettant ainsi fin à la République Parthénopéenne créée cinq mois auparavant par Championnet. Une sanglante répression conservatrice va s’abattre sur les jacobins et les partisans des Français.
A Paris, Jean-Joseph-Victor Génissieu succède à son collègue de la gauche en tant que président du Conseil des Cinq-Cents. Baudin des Ardennes devient pour sa part président du Conseil des Anciens en lieu et place de Charles Gourdan.
jeudi 20 juin (2 messidor an VII)
Le général Jean-François Moulin est élu Directeur.
samedi 22 juin (4 messidor an VII)
A Saint-Pétersbourg, les représentants britanniques et russes ont signé une convention visant à mettre sur pied une intervention militaire en République batave.
Nicolas-Marie Quinette remplace Nicolas-Louis François de Neufchâteau comme ministre de l’Intérieur.
Créés par décrets, les prototypes du mètre et du kilogramme sont présentés par les savants Méchain et Delambre et déposés aux Archives nationales de Paris.
dimanche 23 juin (5 messidor an VII)
Jean-Pierre Duval n’est plus ministre de la Police. Le thermidorien Claude Sébastien Bourguignon est nommé pour lui succéder.
lundi 24 juin (6 messidor an VII)
Les jacobins napolitains sont exclus de la capitulation de la garnison de la ville par l’amiral Nelson. Le cardinal Ruffo proposait de les laisser quitter la ville pour rejoindre les troupes françaises.
jeudi 27 juin (9 messidor an VII)
Les difficultés des armées françaises en Italie et en Suisse poussent le Directoire à ordonner un nouvel appel de conscrits. La possibilité de se faire remplacer est supprimée.
vendredi 28 juin (10 messidor an VII)
Un emprunt forcé de 100 millions est levé par le Directoire sur les riches afin de financer l’équipement de nouvelles troupes.
La répression s’abat sur les jacobins de Sienne : ils sont massacrés par le groupe contre-révolutionnaire Viva Maria. Les réactionnaires ont également brûlé vifs treize juifs dont la « loyauté » semblait suspecte.
fin juin
Sans même attendre la levée de l’interdiction de la liberté de la presse, plusieurs journaux commencent à paraître. Ils sont dans leur majorité contre-révolutionnaires.
mardi 2 juillet (14 messidor an VII)
Devant l’hostilité du Conseil des Cinq-Cents à son égard, le général de brigade Louis de Mureau, ministre de la Guerre, donne sa démission. Son action a pourtant permis aux troupes françaises d’Helvétie de mettre fin à la spirale des défaites. Le même jour, Mureau est élevé au grade de général de division.
mercredi 3 juillet (15 messidor an VII)
Le général Bernadotte est nommé ministre de la Guerre.
vendredi 5 juillet (17 messidor an VII)
Chargé de la défense de Paris, le général Joubert est nommé par les Directeurs commandant en chef de l’armée d’Italie.
Dans le nord-est de la Vendée, le village de Tiffauges est envahi par une bande de chouans venus du département voisin de Maine-et-Loire. L’arbre de la Liberté a été arraché.
samedi 6 juillet (18 messidor an VII)
Un esprit de renaissance règne dans les milieux jacobins de Paris : le Club du Manège est fondé ce jour par les Amis de la Liberté et de l’Egalité, une association présidée par Drouet. Des généraux (Augereau, Marbot) et d’anciens « terroristes » (Prieur de la Marne, Bouchotte) rejoignent la salle qui a vu les réunions successives de l’Assemblée constituante, de la Législative et de la Convention.
Parti de Briançon le 1er mai pour rejoindre Valence, le pape Pie VI parcourt ce jour l’étape Vizille-Grenoble. Il a été accueilli par une foule chaleureuse, qu’il a bénie.
dimanche 7 juillet (19 messidor an VII)
Menés par Lorenzo Mari, les contre-révolutionnaires arétins du groupe Viva Maria occupent Florence.
mercredi 10 juillet (22 messidor an VII)
Louis Suchet est promu général de division.
vendredi 12 juillet (24 messidor an VII)
Décret de levée en masse.
Les Conseils, qui craignent de nouvelles révoltes en province, votent la « loi des otages » : elle permet de désigner des otages dans chaque département déclaré en état de troubles et de procéder à la déportation de tout parent d’opposants (nobles, contre-révolutionnaires, émigrés) en représailles à l’assassinat de responsables ou de partisans du régime : quatre personnes déportées pour un meurtre commis. Le texte autorise à fusiller en cas de fuite (« elle est large, élargissez-là encore suivant vos besoins », écrira le futur ministre Fouché). Tenus également pour responsables des dégâts causés par les ennemis du Directoire, les otages devront rembourser et régler des indemnités aux familles des victimes.
samedi 13 juillet (25 messidor an VII)
Très attaqué par les néo-jacobins et par la presse pour sa corruption dans l’affaire XYZ (négociations avec les Etats-Unis), le ministre des Relations extérieures Charles de Talleyrand annonce sa démission prochaine.
dimanche 14 juillet (26 messidor an VII)
Transportés près des côtes égyptiennes par 60 navires britanniques, 16 000 soldats turcs commandés par Mustapha Pacha IV débarquent près du port d’Aboukir.
Fatigué et en partie paralysé, le « citoyen pape » Pie VI arrive à Valence, sa dernière demeure. Il était parti de Briançon le 1er mai.
A Paris, une fête est donnée au club jacobin du Manège à l’occasion du neuvième anniversaire de la prise de Bastille. Un esprit de renouveau révolutionnaire règne parmi les participants : le général Jourdan a notamment porté un toast à « la résurrection des piques ».
lundi 15 juillet (27 messidor an VII)
La « Pierre de Rosette » est découverte près du port égyptien de Rosette [Rashid en arabe] par le capitaine français Pierre-François Bouchard. La grande stèle de basalte noir a été trouvée à l’occasion de travaux de fortifications réalisés à Fort Jullien, sur la rive gauche du Nil. Datée du IIe s. avant J.-C., elle est recouverte de trois textes, l’un en hiéroglyphes, l’autre en démotique et le dernier en grec.
mercredi 17 juillet (29 messidor an VII)
La ville d’Aboukir est prise d’assaut par les Turcs de Mustapha Pacha. La garnison française comprenait 300 hommes sous les ordres du chef de bataillon Godart. Mais, plutôt que de se mettre en marche sur Le Caire, les vainqueurs préfèrent demeurer dans le port égyptien.
vendredi 19 juillet (1er thermidor an VII)
La gauche perd la présidence du Conseil des Cinq-Cents : le modéré Jean-Baptiste Quirot succède à Jean-Joseph-Victor Genissieu. Chez les Anciens, Louis-Thibaut Dubois-Dubais remplace Baudin des Ardennes comme président.
Au cours de la trentième séance de l’Institut d’Egypte au Caire, l’ingénieur Michel Lancret informe ses collèges que le capitaine Bouchard a découvert la « pierre de Rosette ».
samedi 20 juillet (2 thermidor an VII)
Important remaniement ministériel : une semaine après l’avoir annoncé, Talleyrand quitte le ministère des Relations extérieures. Il est remplacé par Charles Frédéric Reinhard (38 ans), d’origine allemande. Lui-même violemment attaqué, le ministre des Finances Dominique Ramel de Nogaret (en place depuis 1796) est remplacé par Robert Lindet. De son coté, Claude Sébastien Bourguignon ne sera resté que 27 jours à la tête du ministère de la Police. Joseph Fouché lui succède. Enfin Jean-Jacques-Régis de Cambacérès devient ministre de la Justice en lieu et place de Charles Lambrechts.
dimanche 21 juillet (3 thermidor an VII)
Le général russe Souvarov oblige les Français à quitter Alexandrie (Piémont italien).
jeudi 25 juillet (7 thermidor an VII)
Grande victoire à Aboukir de l’armée française (10 000 fantassins et 1 000 cavaliers) du général Bonaparte sur les 17 000 soldats de Mustapha Pacha IV (mais seulement 8 000 en état de combattre). D’abord indécise, l’issue de la bataille a tourné du côté français après que le pacha soit sorti du fort avec ses hommes pour couper les têtes des soldats français tombés : rendus fou de rage, les Européens ont chargé l’ennemi avec succès. Les Ottomans sont rejetés à la mer : 2 000 sont tués au combat, 4 000 noyés, 2 000 portés disparus et 1 500 capturés. En face les Français ne déplorent que 220 morts et 600 blessés. Trop éloignée, la flotte britannique n’a pu être d’aucun secours. 3 000 Turcs sont parvenus à se retrancher dans le fort (ils se rendront quelques jours plus tard). Pour son héroïsme, Joachim Murat est promu général de division dans la soirée même : il a capturé en combat singulier le commandant ennemi qui lui avait pourtant tiré une balle à travers la bouche (il sera opéra le lendemain).
Dans le nord de l’Italie, la garnison française de Mantoue (8 000 soldats et plus de 600 canons), commandée par le général de Latour-Foissac, s’est rendue aux Autrichiens après quatre mois de siège. Le général Kray, qui commande à 30 000 hommes, a accordé aux simples soldats français le droit de se retirer librement sous la promesse de ne se battre contre les Alliés pendant un an. En revanche, l’état-major sera conduit en Autriche comme otage. Le siège a coûté 1 700 hommes tués et 1 400 autres blessés à la garnison française.
Jean-Baptiste Drouet est nommé général de brigade pour s’être distingué au sein de l’armée d’Helvétie.
vendredi 26 juillet (8 thermidor an VII)
A Paris, les jacobins sont chassés de la salle du Manège. Ils s’installent rue du Bac.
Une douzaine d’artistes sont allés remettre au directeur Barras une pétition réclamant que l’émigrée Mme Vigée-Lebrun soit autorisée à revenir en France. Parmi les 255 signataires figurent de grands noms de la culture française (Brongniart, Chalgrin, David, Fragonard, Méhul, Gossec, Chénier, etc.
samedi 27 juillet (9 thermidor an VII)
Le régime du Directoire impose un emprunt obligatoire sur les riches.
La Russie déclare la guerre à l’Espagne.
mardi 30 juillet (12 thermidor an VII)
Gabriel Molitor (futur maréchal de France) est nommé général de brigade.
mercredi 31 juillet (13 thermidor an VII)
Inquiet des menaces qu’ils font peser sur le régime, le Conseil des Anciens publie un rapport de Cornet et de Courtois demandant au Directoire de prendre des mesures contre les jacobins.
jeudi 1er août (14 thermidor an VII)
La suspension de la liberté de la presse est décrétée par le Conseil des Anciens. Les journaux d’opposition sont désormais autorisés. Plusieurs titres, essentiellement contre-révolutionnaires avaient commencé à paraître dès la fin du mois de juin.
vendredi 2 août (15 thermidor an VII)
Décès à Serrières, en Ardèche, de l’un des deux célèbres frères Montgolfier. Le cadet, Etienne, était âgé de 54 ans.
dimanche 4 août (17 thermidor an VII)
Des royalistes battent des républicains à Argentré-du-Plessis (Ille-et-Vilaine).
nuit du lundi 5 (18 thermidor an VII) au mardi 6 août (19 thermidor an VII)
Insurrection générale royaliste en Haute-Garonne : un peu partout des paysans prennent les armes contre la République. Toulouse est attaquée par 5 000 à 6 000 insurgés armés pour certains de fusils, mais surtout de fourches et de faux. Commandés par le général Antoine Rougé et le comte Jules de Paulo, ils espéraient pouvoir entrer dans la ville grâce des complices qui devaient leur ouvrir les portes, mais, prévenue à la suite d’une trahison, la petite garnison républicaine a pu repousser l’assaut. Mais la menace demeure, les royalistes ne se retirant que pour mieux préparer la prochaine attaque. Les départements voisins du Gers, du Lot-et-Garonne et de l’Ariège sont également en proie à des troubles.
Secourue par des soldats venus de Villefranche, la petite garnison de Baziège repousse une attaque des royalistes à 25 kilomètres au sud-est de Toulouse.
mardi 6 août (19 thermidor an VII)
La fièvre royaliste s’étend dans le Sud-Ouest : une violente émeute a éclaté à Bordeaux. A Toulouse, les autorités ont dressé une liste d’otages pour faire pression sur les insurgés.
mercredi 7 août (20 thermidor an VII)
Un soulèvement royaliste échoue à Dax.
vendredi 9 août (22 thermidor an VII)
Le général Aubugeois lance la contre-offensive républicaine. Renforcées par les garnisons d’Albi, de Cahors et de Montauban ses troupes effectuent une sortie de Toulouse et se lancent à l’assaut des positions royalistes sur les hauteurs de Pech-David, dans les faubourgs sud : les 700 insurgés, dont seulement une cinquantaine sont armés de mauvais fusils, sont mis en déroute, laissant sur le terrain environ 300 tués, selon les estimations des vainqueurs qui ne déplorent que 3 ou 4 blessés.
nuit du vendredi 9 (22 thermidor) au samedi 10 août (23 thermidor an VII)
Des insurgés royalistes interviennent à Blagnac, à 6 kilomètres au nord-ouest de Toulouse, avant de se replier vers Colomiers.
samedi 10 août (23 thermidor an VII)
Vaincus à Toulouse, les insurgés royalistes de Rougé et Paolo se replient vers le Gers et le sud-ouest de la Haute-Garonne.
dimanche 11 août (24 thermidor an VII)
A 33 kilomètres à l’ouest de Toulouse, le général Aubugeois écrase les royalistes à L’Isle-Jourdain : 400 insurgés sont massacrés et 80 autres sont faits prisonniers.
Retour à Brest de la flotte de Bruix avec une escadre espagnole.
lundi 12 août (25 thermidor an VII)
Bataille de Carbonne : à 40 kilomètres au sud-ouest de Toulouse, les 700 soldats républicains de l’adjudant-général Barthier tombent dans une embuscade tendue par 4 000 royalistes, commandés par le général Rougé, près du château de la Terrasse. Plus de 60 républicains sont tués, environ 150 blessés et 200 à 300 sont faits prisonniers. Les vainqueurs décident de se retirer vers Saint-Gaudens.
Dans le Gers, les soldats républicains venus de Haute-Garonne rejoignent à Gimont les troupes en provenance d’Auch.
mardi 13 août (26 thermidor an VII)
Le Directoire proclame certains départements en « état de trouble » : le droit des visites domiciliaires par la police est rétabli.
Ancien jacobin lui-même, le ministre de la Police Joseph Fouché a fait fermer le club du Manège à Paris, sur ordre du directeur Sieyès. Accusés de violation de la Constitution, ils avaient été chassés de la salle du Manège avant de s’installer le 26 juillet rue du Bac.
mercredi 14 août
La retraite royaliste se transforme en déroute en Haute-Garonne : devant l’avancée du général Aubugeois, les insurgés se retirent sans combattre de leur place-forte de Muret. Les survivants de l’insurrection décident de tenter de rejoindre l’Espagne sous la direction de Rougé et de Paulo.
jeudi 15 août (28 thermidor an VII)
Bataille de Novi Ligure : forte de 38 000 hommes, l’armée française des généraux Joubert et Moreau est battue dans le Piémont par les 45 000 Russes et Autrichiens de Souvorov. Les pertes humaines sont assez proches : 1 500 morts, 5 000 blessés et 3 000 prisonniers côté français, 1 800 tués, 5 200 blessés et 1 200 prisonniers côté russe. Parmi les victimes française figure le commandant en chef de l’armée d’Italie : le général Barthélémy Joubert, âgé de 30 ans, a trouvé la mort de façon héroïque. Désormais à la tête des dernières troupes françaises d’Italie, le général Moreau bat en retraite en direction de Gênes.
Une flotte conjointe franco-espagnole commence à patrouiller au large des côtes sud-ouest de l’Angleterre.
samedi 17 août (30 thermidor an VII)
Menacés d’être pris en tenailles dans le sud de la Haute-Garonne par deux colonnes républicaines (celle du général Barbot et celle du général Commes), les royalistes se retirent de Saint-Gaudens : longeant la Garonne, les 1 500 à 3 000 paysans parviennent en fin de soirée à Montréjeau. Rougé et Paulo établissent leur état-major dans l’hôtel de Lassus-Camon.
dimanche 18 août (1er fructidor an VII)
Par 217 voix contre 214, le Conseil des Anciens a rejeté la mise en accusation des quatre anciens directeurs.
Représentant de l’aile droite de l’Assemblée, Antoine Boulay de la Meurthe succède au modéré Jean-Baptiste Quirot comme président du Conseil des Cinq-Cents. Changement de présidence également au Conseil des Anciens : Mathieu-Augustin Cornet remplace Louis-Thibaut Dubois-Dubais.
L’un des dernières bandes royalistes encore en activité dans le Sud-Ouest a été dispersée à Beaumont-en-Lomagne (Tarn-et-Garonne), entre Auch et Montauban.
Ouverture à Paris du Salon de l’an VII : 489 œuvres, réalisées par 241 artistes (dont 187 peintres), sont présentées au public bourgeois. Cette première journée est immédiatement marquée par un scandale : la célèbre actrice Mlle Lange a fait retirer une toile satirique la représentant nue sous les traits de Danaé avec à ses pieds un dindon. Il s’agit là d’une vengeance du peintre Girodet, qui n’avait pas apprécié que son modèle refuse un précédent tableau. Plus que les paysages, les visiteurs apprécient particulièrement les portraits, comme Alexandre Lenoir de Delafontaine ou la Comtesse Régnault de Saint-Jean d’Angély de Gérard. L’étonnante Jeune fille surprise par l’orage attire également l’attention mais surtout le public se presse pour admirer un tableau de Pierre Narcisse Guérin. Sa deuxième participation au Salon lui apporte la notoriété : pour nombre d’observateurs son émouvant Retour de Marcus Sextus symbolise les malheurs des émigrés rentrant chez eux. La contre-révolution adore. Très gêné, le modeste peintre a tout fait pour éviter ses nouveaux fans.
lundi 19 août (2 fructidor an VII)
Début de la bataille de Montréjeau opposant en Comminges, sur les bords de la Garonne, la colonne républicaine du général Commes (2 000 à 4 000 soldats) aux derniers insurgés royalistes de Haute-Garonne (1 500 à 4 000 hommes menés par Rougé et Paulo).
mardi 20 août (3 fructidor an VII)
Fin de l’insurrection royaliste dans le Sud-Ouest : les derniers royalistes ont été vaincus au second jour de la bataille de Montréjeau. Repoussés par le général Commes à l’Est, ils ont trouvé leur route coupée à l’Ouest par la colonne du général Barbot venue de Lannemezan. Les paysans en fuite sont en grande massacrés : 1 000 à 1 500 hommes sont tués et 1 000 autres sont capturés (conduits à Toulouse, où 11 d’entre eux seront fusillés) ; environ 2 000 se sont enfuis dans les campagnes environnantes. Les républicains ne déplorent que 12 morts. Les vestiges de la cavalerie insurgée, avec ses chefs Rougé et Paulo, parvient à franchir un pont et à s’enfuir vers la Comminges, d’où ils rejoindront l’Espagne.
Le comte d’Artois (futur Charles X) nomme Cadoudal au commandement des chouans des trois départements du Morbihan, du Finistère et des Côtes-d’Armor. Il dispose de 8 000 hommes, répartis en huit légions, organisés comme une armée réglée.
jeudi 22 août (5 fructidor an VII)
Les derniers rebelles royalistes du Gers sont vaincus. L’insurrection du Sud-Ouest a été matée en 17 jours : 4 000 hommes ont été tués et 6 000 capturés (4 000 seront rapidement libérés et les autres amnistiés par la suite).
vendredi 23 août (6 fructidor an VII)
Devenue un véritable prisonnier de son aventure égyptienne, le général Bonaparte abandonne son armée : il embarque discrètement à bord de la frégate La Muiron et quitte l’Egypte pour rentrer en France, accompagné de ses plus fidèles lieutenants (Berthier, Duroc, Murat, Marmont et Lanne). Les savants Monge et Berthollet sont également du voyage. Son bâtiment est escorté par les navires Carrère, Revanche et Fortune. Continuellement tenu au courant des défaites qui s’accumulent en Italie et en Suisse, Bonaparte savait que l’avenir de la France, et le sien en particulier, ne se trouve plus en Orient mais en Europe. Le général Kléber est furieux. Nommé nouveau commandant en chef de l’armée française d’Egypte, il n’a appris la fuite de son supérieur qu’après son départ. La presse britannique ne manquera pas de se moquer de ce qu’il faut bien appeler une désertion.
lundi 26 août (9 fructidor an VII)
En Mayenne, l’adjudant général François-Guillaume d’Halancourt est battu au bourg de Bouère par les chouans de Tercier.
Le « grand inquisiteur » de la Terreur est presque libre. Maintenu en détention malgré un acquittement en 1797 et une amnistie en 1798, Marc-Guillaume Vadier est libéré de la prison de Cherbourg et transféré à Chartres, pour y être placé en résidence surveillé. Il fallait à tout pris l’éloigner de Cherbourg, où l’ancien président du Comité de sûreté général bénéficiait d’importantes sympathies de la part d’officiers jacobins.
mardi 27 août (10 fructidor an VII)
Débarquement anglo-russe au Helder, dans le nord de la Hollande. Le duc Frederick d'York et d’Albany, fils de George III, commande cette expédition qui compte 32 000 hommes. A peine débarqués, les 12 000 soldats du général Sir Ralph Abercromby doivent affronter les 10 000 Bataves du général Herman W. Daendels à la bataille de Callantsoog (Groote Keeten). Malgré une forte résistance, les Britanniques sont victorieux et peuvent établir une solide tête de pont. Les vaincus déplorent 137 morts et 950 blessés, les vainqueurs 74 tués et 376 blessés.
jeudi 29 août (12 fructidor an VII)
Le pape Pie VI meurt en captivité en France, à Valence. Il avait 82 ans.
vendredi 30 août (13 fructidor an VII)
Incident de Vlieter : le général anglais Abercromby et l’amiral Charles Mitchell obtiennent sans combattre la reddition de douze des treize navires de la flotte hollandaise du vice-amiral Samuel Story, ancrée au Texel, près de Wieringen. L’opération a été facilitée par l’action d’agents qui ont déclenché une mutinerie. Les Anglais ont les mains libres pour mener leurs opérations dans le nord de la République batave.
en août
Le leader chouan Cadoudal réunit les chefs bretons au camp de Beauchêne ; le marquis de Bourmont est envoyé à Londres pour prendre le commandement du Maine, Perche, Chartrain, Vendômois.
dimanche 1er septembre (15 fructidor an VII)
En Hollande, le général français Brune échoue dans une première tentative visant à rejeter à la mer les Anglais d’Abercromby.
lundi 2 septembre (16 fructidor an VII)
La liberté de la presse n’aura tenu qu’un mois : en vertu de la loi du 19 fructidor an IV, le Directoire a ordonné l’arrestation et la déportation dans l’île d’Oléron, des propriétaires, directeurs et rédacteurs de 34 journaux, essentiellement royalistes. Les menaces que font peser en province les actions contre-révolutionnaires ont notamment conduit à la fermeture de titres, dont les plus importants sont l’Eclair, du Messager du soir et du Mémorial.
mardi 3 septembre (17 fructidor an VII)
Après les royalistes, le régime s’en prend aujourd’hui à la presse jacobine : le Défenseur de la patrie et le Journal des hommes libres font partie des dix journaux interdits ce jour.
Mis au courant de l’arrivée prochaine de l’armée de Souvorov, le général Masséna met en place en Suisse une nouvelle stratégie visant à empêchant que les différentes armées russes et autrichiennes se rejoignent. L’état-major a défini le meilleur emplacement pour débarquer des troupes françaises sur la rive droite de la Limmat.
samedi 7 septembre (21 fructidor an VII)
L’administration du canal d’Orléans (ouvert en 1692) est confiée au citoyen Bellesme, avec reversement d’une partie des bénéfices à la République. Mal entretenu depuis des années, Le canal est dans un très mauvais état.
dimanche 8 septembre (22 fructidor an VII)
Victoire française dans le nord de l’Italie : les troupes du général Championnet ont repris aux Autrichiens la ville de Suse.
lundi 9 septembre (23 fructidor an VII)
Les Anglais de sir Ralph Abercromby résistent victorieusement à une attaque des Français de Brune à Zuyper Sluys, en Hollande.
jeudi 12 septembre (26 fructidor an VII)
Création au théâtre Montansier de Paris de l’opéra-comique en un acte Emma ou la Prisonnière, créé par le compositeur italien Luigi Cherubini, en collaboration avec François-Adrien Boieldieu, sur un livret de Claude Godard d'Aucourt de Saint-Just, Etienne de Jouy et Charles de Longchamps.
vendredi 13 septembre (27 fructidor an VII)
Venant d’Italie, l’armée russe de Souvarov franchit le col du Saint-Gothard. Auparavant, 2 000 Russes avaient affronté pendant 12 heures 600 Français à Airolo [Tessin suisse] qui défendaient le passage. Ces derniers ont été contraints de se retirer vers la vallée de Bédretto.
Intervenant devant le Conseil des Cinq-Cents, le général Jourdan réclame que la Patrie en danger soit proclamée.
samedi 14 septembre (28 fructidor an VII)
Réputé trop proche des jacobins, le général Bernadotte perd son poste de ministre de la Guerre à la suite des intrigues du Directeur Sieyès. Le général de brigade Edmond Louis Dubois de Crancé est nommé pour lui succéder.
dimanche 15 septembre (29 fructidor an VII)
Protégés par 1 200 hommes, 200 chefs chouans bretons, angevins, normands et vendéens se réunissent au château de la Jonchère, à Juigné-des-Moutiers, dans le nord-est de la Loire-Inférieure, pour discuter d’une reprise des hostilités : bien que divisés sur de nombreux points, Bourmont, d’Andigné, La Prévalaye et Châtillon décident d’une prise d’armes générale pour le 15 octobre.
mardi 17 septembre (1er jour complémentaire an VII)
Le général Ney est nommé commandant en chef provisoire de l’armée du Rhin.
nuit du mardi 17 au mercredi 18 septembre (2e jour complémentaire an VII)
Le commandant de la division chouanne de Fougères, Joseph Picot de Limoëlan, attaque Pontorson à 3 heures du matin avec 150 à 250 hommes. Surprise, la garnison est désarmée. Sur le point d’être arrêté, le pharmacien et agent municipal Hédou abat un royaliste et en blesse un autre avant de s’enfuir à travers champs. A l’aube, les chouans se retirent vers Antrain en emportant 112 fusils. Les gendarmes, gardes nationaux et soldats sont libérés.
jeudi 19 septembre (3e jour complémentaire an VII)
La menace d’une invasion alliée de la Belgique est désormais écartée : au nord d’Amsterdam, les 15 000 à 18 000 Anglo-Russes commandés par le duc d’York sont battus à Bergen par les troupes françaises et bataves des généraux Brune et Daendels (22 000 soldats). Les pertes alliées sont lourdes : 117 morts, 490 disparus et 410 blessés côté anglais, 1 741 tués et 1 225 blessés côté russe. Les Français déplorent 250 tués, 400 blessés et 250 prisonniers, les Hollandais 800 morts, 500 blessés et 900 prisonniers.
Dans l’ouest du Maine-et-Loire, les 400 chouans du comte d’Andigné repoussent avec succès une attaque de 525 gardes nationaux et soldats républicains à Noyant-la-Gravoyère. Les vaincus se retirent vers Segré en laissant 75 morts sur le terrain. Les républicains déplorent également 21 blessés et plusieurs prisonniers (rapidement libérés).
lundi 23 septembre (1er vendémiaire an VIII)
Jean-Pierre Chazal succède à Antoine Boulay de la Meurthe comme président du Conseil des Cinq-Cents.
Venant d’Angleterre pour prendre la tête des chouans normands, le comte Louis de Frotté débarque à Meuvaines, près de Bayeux. Il est accompagné d’une quinzaine d’officiers.
mardi 24 septembre (2 vendémiaire an VIII)
Joseph Cornudet des Chaumettes remplace Mathieu-Augustin Cornet comme président du Conseil des Anciens.
mercredi 25 septembre (3 vendémiaire an VIII)
Début de la bataille de Zurich : afin d’empêcher les Russes et les Autrichiens de se rejoindre, les 75 000 soldats du général Masséna attaquent Zurich, défendue par les 44 000 Russes du général Korsakov. Dans le même temps, plus au Sud, Soult bouscule les 32 000 Autrichiens de Hötze : séparés de leurs alliés, ceux-ci sont repoussés entre le lac de Wallenstadt et la Linth. Les forces coalisées paient leur manque total de coordination.
Edouard Mortier est nommé général de division.
jeudi 26 septembre (4 vendémiaire an VIII)
Reprise et fin de la bataille de Zurich : les Russes de Korsakov, taillés en pièces, doivent quitter la ville, y laissant 6 000 prisonniers, et se retirer vers l’Allemagne au nord-est. Une retraite qui tourne rapidement à la débâcle. Les pertes russes sont lourdes (7 000 tués ou blessés, sans compter 100 pièces d’artillerie et tous les bagages perdus), alors que celles des Français sont deux fois moins importantes (3 000 morts et blessés). Laissant Lorges et Ménard poursuivre Korsakov, Masséna se tourne aussitôt contre l’autre armée russe, celle de Souvorov, qui arrive du Sud après avoir franchi le col du Saint-Gothard, mais trop tard…
vendredi 27 septembre (5 vendémiaire an VIII)
A son tour vaincu par Masséna, Souvorov est obligé à se frayer un passage difficile à travers la région montagneuse des Grisons pour se replier sur l’Allemagne. Cette double victoire française a des conséquences importantes : furieux de la défaite de ses troupes, en attribuant la responsabilité aux Autrichiens, le tsar Paul Ier se retire de la coalition contre la France.
Le poète et dramaturge Antoine-Vincent Arnault, proche de Bonaparte, est nommé membre de l'Institut dans la troisième classe, section de poésie.
lundi 30 septembre (8 vendémiaire an VIII)
Menacée d’être prise en étau, l’armée russe de Souvorov doit forcer le passage vers le lac de Wallenstadt en luttant avec acharnement contre la division française du général Molitor.
Les troupes napolitaines, soutenues par la Grande-Bretagne, reprennent Rome : la restauration des Etats pontificaux entraîne la fin de la République romaine, proclamée en février 1798.
mardi 1er octobre (9 vendémiaire an VIII)
Après quarante jours de navigation, la frégate Muiron qui ramène d’Egypte Bonaparte jette l’ancre dans le port d’Ajaccio, où des vents contraires vont retenir le général pendant quelques jours. Acclamé par la foule, il part se reposer quelques jours dans sa maison natale.
La porte de la Bavière est fermée à l’armée russe du général Souvorov : le verrou de Näfels est trop bien défendu par le général Molitor. Poursuivis par Mortier, les Russes n’ont plus d’autre choix que battre en retraite à travers les Grisons.
Au nord de Laval, les chouans de Bourmont s’emparent du bourg de Louverné, quasiment déserté de ses habitants.
Ancien député du Conseil des Cinq-Cents, l’économiste Pierre Samuel Dupont de Nemours quitte la France pour les Etats-Unis afin d’y faire fortune. Sa famille a embarqué dans le port de La Rochelle a bord de l’American Eagle.
mercredi 2 octobre (10 vendémiaire an VIII)
Les coalisés remportent l’une de leurs rares victoires dans l’expédition de Hollande : les 40 000 Anglais et Russes de Frederick d’York ont battu les 25 000 Français et Hollandais des généraux Brune et Daendels à la bataille d’Alkmaar (dite aussi seconde bataille de Bergen). Les vaincus déplorent 3 000 morts ou blessés et 300 prisonniers, les Britanniques 237 tués, 1 122 blessés et 200 disparus, les Russes 170 morts et 425 blessés.
A Argentré (Mayenne), dans les landes de la Hennerie, les 3 000 hommes de Louis de Bourmont (débarqué depuis peu en France pour prendre la tête des chouans du Maine) ont repoussé avec succès dans la soirée une attaque d’une colonne de 500 hommes commandés le chef de bataillon Margeret. Au cours du combat qui dure une heure et demie, 49 soldats républicains sont tués et beaucoup d’autres blessés ou faits prisonniers, tandis que de nombreux fusils et 20 chevaux sont saisis par les vainqueurs, qui déplorent 6 morts et 8 blessés. Les survivants républicains prennent la fuite. Les chouans passent la nuit qui suit au château de Hauterive.
jeudi 3 octobre (11 vendémiaire an VIII)
A l’issue d’un long procès, le tribunal de Chartres a condamné à de lourdes peines la bande des chauffeurs d’Orgères : 23 brigands ont été condamnés à mort et 40 autres au bagne. 84 personnes se trouvaient sur le banc des accusés pour des crimes commis depuis des années.
samedi 5 octobre (13 vendémiaire an VIII)
Au nord-est de Rennes, entre 1 000 à 3 000 chouans commandés par François-Gaspard de La Nougarède, commandant des divisions de Vitré et Fougères, attaquent par surprise un détachement de quarante soldats républicains près de Saint-Aubin-du-Cormier. Le commandant bleu, Azéma, est tué avec 7 de ses hommes mais les survivants parviennent à se retrancher dans la ville, où, renforcés par une partie des habitants, ils tiennent trois heures avant que les chouans ne se retirent. Les républicains déplorent 11 morts, 12 à 15 blessés et trois prisonniers, les blancs au moins 3 tués et 4 blessés.
dimanche 6 octobre (14 vendémiaire an VIII)
Bataille de Castricum : à la tête de 25 000 Français et Bataves, les généraux Brune et Daendels remportent une victoire décisive au sud-ouest d’Alkmaar sur les 26 000 Anglo-Russes du duc d’York et du général Abercromby. Les vainqueurs déplorent 1 382 morts, blessés ou prisonniers. Chez les vaincus le bilan est de 91 tués, 727 blessés et 603 disparus côté anglais et de 382 morts ou prisonniers et 735 blessés dans le camp russe.
du dimanche 6 (14 vendémiaire) au lundi 7 octobre (15 vendémiaire an VIII)
Harcelée par les troupes françaises, l’armée de Souvorov franchit dans des conditions désastreuses le col du Panix, qui relie les cantons de Glaris et des Grisons. La neige et le froid sont terribles pour des hommes en déroute, qui ont souvent perdu leurs chaussures et une partie de leur uniforme. 2 700 hommes, sur 15 700, meurent de froid, de maladie, d’épuisement ou suite à des chutes, tandis que sur 2 000 animaux de bât seulement 70 parviennent dans la vallée et que les 25 derniers canons ont du être abandonnés.
mardi 8 octobre (16 vendémiaire an VIII)
L’escadre de quatre navires qui ramène Bonaparte en France quitte Ajaccio alors qu’une douzaine de navires anglais croise à l’horizon.
Dans le Morbihan, Sarzeau retombe entre les mains du chouan Cadoudal.
Dans les montagnes de Suisse, les vestiges de l’armée de Souvorov parviennent à rejoindre Coire. Depuis la défaite de Zurich, les troupes russes ont fondu des deux tiers…
mercredi 9 octobre (17 vendémiaire an VIII)
Ayant miraculeusement échappé aux navires de guerre anglais croisant devant Toulon, la flottille de Bonaparte parvient dans la rade de Fréjus, devant Saint-Raphaël. L’accueil dans le port est triomphal : criant préférer « la peste que les Autrichiens », la population a rompu la quarantaine établie par les services de santé afin de célébrer le héros de retour d’Orient.
jeudi 10 octobre (18 vendémiaire an VIII)
Général en chef de l’armée catholique et royale de Haute-Bretagne et du Bas-Anjou, Pierre Louis Godet de Châtillon rassemble une partie de ses forces au Louroux-Béconnais, à l’ouest d’Angers. Ses divisions d’Ancenis, Châteaubriant, Segré et Varades regroupent 2 000 combattants.
vendredi 11 octobre (19 vendémiaire an VIII)
Création au théâtre parisien Favart de l’opéra comique Ariodant, du compositeur Etienne Méhul, sur un livret de François-Benoît Hoffman. L’œuvre est inspirée du Roland furieux d’Arioste.
samedi 12 octobre (20 vendémiaire an VIII)
Jeanne Labrosse est la première femme à sauter avec un parachute, un objet inventé par son mari André-Jacques Garnerin. Elle a réalisé cet exploit depuis un ballon monté à 900 mètres d’altitude.
dimanche 13 octobre (21 vendémiaire an VIII)
Bonaparte fait étape à Lyon. Pour célébrer le passage du célèbre général dans leur ville, les comédiens du Grand Théâtre improvisent une pièce de circonstance, le Héros de retour.
mardi 15 octobre (23 vendémiaire an VIII)
A la tête de 3 000 hommes, le chef chouan Louis de Bourmont s’empare de la ville du Mans, défendue par 1 000 soldats, gardes et autres défenseurs de la République. Les républicains déplorent 50 tués ou blessés, les contre-révolutionnaires 2 morts et quelque blessés. Les chouans saisissent 8 canons.
mercredi 16 octobre (24 vendémiaire an VIII)
Napoléon Bonaparte arrive à Paris.
En Mayenne, le général Godet de Châtillon ordonne à ses centaines de chouans de se mettre en marche sur Nantes.
Parti en Egypte en 1798, Monge retrouve sa place de directeur de l’Ecole polytechnique ; l’intérim avait été assuré par le chimiste Guyton de Morveau.
jeudi 17 octobre (25 vendémiaire an VIII)
Les Directeurs reçoivent Bonaparte en séance publique.
Les chouans de Bourmont se retirent du Mans.
Des contre-révolutionnaires auraient massacré plusieurs personnes dans une ferme d’un village de Basse-Alpes.
vendredi 18 octobre (26 vendémiaire an VIII)
Vaincu à plusieurs reprises par Brunhe, sans espoir de recevoir des renforts et avec sur les bras des milliers de malades, le général Frederick, duc d’York et d'Albany, commandant l'expédition anglo-russe en Hollande, est contraint de signer au nord-ouest d’Amsterdam la convention d’évacuation d’Alkmaar. Celle-ci prévoit le rembarquement de ses troupes à partir du 1er novembre et la libération de 6 000 Français et Hollandais faits prisonniers depuis le débarquement du 26 août.
samedi 19 octobre (27 vendémiaire an VIII)
Ulcérés par les défaites et l’attitude de ses alliés, le tsar de Russie Paul Ier rompt avec l’Autriche et le Royaume-Uni.
Les deux colonnes du général chouan Godet de Châtillon se rassemblent à Carquefou, au nord de Nantes. L’armée blanche a croisé, sans la voir, la troupe républicaine partie défendre Châteaubriant sous les ordres du général Achille Tocip. La grande ville voisine est quasiment sans défense.
nuit du samedi 19 (27 vendémiaire) au dimanche 20 octobre (28 vendémiaire an VIII)
Retentissant coup de force des chouans en Loire-Inférieure : sur ordre du général Godet de Châtillon, les 2 000 hommes du comte d’Andigné attaquent Nantes, par la porte de Rennes, à trois heures du matin. La garnison de 2 000 soldats et gardes nationaux est totalement surprise et désorientée : rapidement, l’île Feydeau et plusieurs ponts sont pris par les agresseurs, tandis que le colonel Mathurin Ménard, commandant de la division de Segré, libère 11 détenus, dont 3 prêtres, de la prison du Bouffay (les droits communs restent incarcérés). Les blancs se retirent à 6 heures du matin. Le seul combat de l’opération a causé la mort de 12 hommes côté républicain, dont le commandant de la place de Nantes (le chef de bataillon Sacy), et de 11 côté chouan. 41 républicains ont été blessés, dont le maire Saget (qui sera amputé d’une jambe).
mardi 22 octobre (30 vendémiaire an VIII)
La Russie quitte officiellement la coalition dirigée contre la France.
mercredi 23 octobre (1er brumaire an VIII)
Napoléon Bonaparte continue à placer ses pions. Il a fait élire président du Conseil des Cinq-Cents le député de Corse Lucien Bonaparte, son frère cadet. Il succède à Jean-Pierre Chazal. Chez les Anciens, Louis-Nicolas Lemercier remplace Joseph Cornudet des Chaumettes comme président de l’assemblée. Lemercier est également un homme du puissant général.
Intervenant devant le Conseil des Cinq-Cents, le médecin et philosophe Pierre Cabanis a présenté un Supplément au Dictionnaire de l’Académie. Depuis dix ans, un vocabulaire nouveau est apparu (noms de mois, département, arrondissement, commune, club, etc.) au détriment des termes d’’Ancien Régime.
nuit du vendredi 25 (3 brumaire) au samedi 26 octobre (4 brumaire an VIII)
Les chouans de Cadoudal échouent devant Vannes.
samedi 26 octobre (4 brumaire an VIII)
Entre Laval et Le Mans, les 1 000 chouans de Bourmont, équipés d’un canon, échouent dans une attaque du bourg de Ballée : les 140 défenseurs républicains ont repoussé l’assaut sans trop de difficulté. Les pertes contre-révolutionnaires sont très lourdes : 12 tués et 300 blessés (dont 232 succomberont dans les semaines qui suivent). Les républicains ne déplorent que 3 blessés.
du samedi 26 (4 brumaire) au dimanche 27 octobre (5 brumaire an VIII)
Coup de force de 800 à 900 chouans (six colonnes commandées par Mercier la Vendée, assisté de Carfort et Saint-Régent) contre la ville de Saint-Brieuc, défendue par 335 hommes commandés par le général Raphael de Casabianca (qui restera caché dans une maison) : après s’être emparés des 62 chevaux de l’écurie (établie dans l’ancienne collégiale Saint-Guillaume), ils libèrent 248 détenus de la prison (parmi les libérés figurent 20 officiers royalistes, le maire de Saint-Donan et l’ancien chef chouan Jean-Marie Le Veneur de La Roche, arrêté en 1796). L’opération a duré de minuit à 7 heures du matin. 10 Briochins sont tués dans l’action, par lesquels Jean-François Poulain de Corbion, commissaire du directoire exécutif, ancien maire de la ville (1779-1789) et ancien député à la Constituante (1789), âgé de 56 ans ; 30 autres ont été blessés. Les royalistes déplorent 5 tués et 1 blessé.
dimanche 27 octobre (5 brumaire an VIII)
Le comte Frotté, alias Blondel, un des chefs de la chouannerie normande, commence sa campagne en lançant, avec 4 000 hommes, une attaque contre Vire, mais, après des heures de combats, il doit ordonner la retraite.
lundi 28 octobre (6 brumaire an VIII)
Six jours après avoir rencontré Moreau, Napoléon Bonaparte s’est entretenu aujourd’hui à Paris avec l’ancien ministre de la Guerre, Bernadotte, afin d’obtenir son soutien pour l’avenir.
mardi 29 octobre (7 brumaire an VIII)
Menés par Pierre Guillemot, 2 000 chouans du Morbihan attaquent la ville de Locminé vers 7 heures du matin par trois côtés (nord, ouest et sud). Commandée par le capitaine Ferry et le lieutenant Valois, la garnison républicaine, forte de 80 à 200 hommes, tente de résister jusque dans le cimetière mais doit finalement fuir vers Baud après une heure de combat. Les bleus déplorent 6 à 20 morts et de 55 à 100t prisonniers (rapidement libérés contre la promesse de ne plus se battre ou certains fusillés selon les sources).
Les chouans du comte d’Autichamp sont battus par une colonne républicaine au nord de Cholet.
Suite à la menace d’une attaque chouanne, la cité de Gourin (nord-ouest du Morbihan) est évacuée. Sa garnison (quarante-neuf hommes) et ses administrateurs se réfugient au Faouët, plus au sud.
jeudi 31 octobre (9 brumaire an VIII)
La frégate française de 36 canons Capricieuse s’est échouée à l’embouchure du Blavet.
Dans le Piémont, Madame Sans-Gêne, de son vrai nom Marie-Thérèse Figueur, a été capturée par des hussards autrichiens. Femme soldat engagée dans l’armée française d’Italie, elle venait de déposer un blessé à l’hôpital de Busca (elle sera libérée quasiment aussitôt).
vendredi 1er novembre (10 brumaire an VIII)
Bonaparte poursuite ses entretiens à Paris : il s’est entretenu avec le directeur Sieyès. Les deux hommes se haïssent mutuellement, mais chacun a besoin de l’autre pour le coup qui se prépare.
Echec d’une nouvelle intervention turque en Egypte : chargé par Kléber de repousser les 8 000 janissaires débarqués près de Damiette, le général Jean Antoine Verdier remporte une brillante victoire à la tête de 1 000 soldats seulement. 2 000 Ottomans sont tués et 800 autres sont faits prisonniers. 10 canons et 32 drapeaux ont été saisis.
Début en Hollande de l’évacuation des soldats russes et anglais : les troupes coalisées commencent à rembarquer sur les navires.
samedi 2 novembre (11 brumaire an VIII)
Début de la bataille des Aubiers [aujourd’hui Nueil-les-Aubiers, dans les Deux-Sèvres] : attaquée par les 6 000 à 8 000 hommes du comte d’Autichamp, une colonne de 100 soldats se retranche dans l’église sous le commandement du capitaine Lavigne.
Commandant de la division chouanne de la région de Redon, le colonel Louis Sol de Grisolles s’empare de La Roche-Bernard.
dimanche 3 novembre (12 brumaire an VIII)
A son tour, l’ancien « terroriste » Fouché est approché par Bonaparte. Mettant de côté ses anciennes convictions, le ministre de la Police accepte de suivre le général.
A Bressuire, le général Simon Dufresne prend le commandement de 600 hommes pour porter secours au capitaine Lavigne aux Aubiers. Dans la journée, les 2 000 Vendéens, dont 200 cavaliers, défendant le pont de Nueil sont attaqués à la baïonnette et contraints de fuir. Ceux qui ont trouvé refuge dans le cimetière local sont massacrés.
lundi 4 novembre (13 brumaire an VIII)
Bataille de Savigliano (dite aussi de Genola) : à 56 kilomètres au sud de Turin, l’armée autrichienne du général Mélas, forte de 29 000 soldats, a vaincu les 15 000 Français du général Championnet. Ayant perdu 7 600 hommes (3 400 tués et 4 200 blessés), sans compter les 4 000 prisonniers, l’Armée d’Italie doit battre en retraite vers les Alpes, laissant la forteresse de Cunéo à la merci des Alliés. Ces derniers déplorent 2 150 morts (dont le général Karl von Adorjan) et blessés et 250 prisonniers. Les Autrichiens n’ont jamais été aussi proches de la frontière française.
A l’aube, les 700 soldats du général Dufresse, renforcés par 100 hommes venus de Châtillon-sur-Sèvre, attaquent les Vendéens assiégeant l’église des Aubiers. De son côté, le capitaine Lavigne réalise une sortie. Pris de panique, les Vendéens prennent la fuite et un grand nombre d’insurgés est tué. En trois jours, les insurgés ont laissé sur le terrain 500 morts, contre seulement 30 pour les bleus. De 1 200 à 1 500 blancs ont été faits prisonniers. L’Armée royale d’Anjou est anéantie.
Dans le sud-est du Morbihan, les chouans de Sol de Grisolles occupent le bourg de Muzillac.
Un certain Rochet a racheté pour 185 000 francs l’usine sidérurgique du Pont-de-Bois mise en vente comme bien national par le département de la Haute-Saône.
mardi 5 novembre (14 brumaire an VIII)
C’est au tour de Questembert d’être occupé par Sol de Grisolles.
mercredi 6 novembre (15 brumaire an VIII)
Un grand banquet de 750 couverts est donné par les conseils législatifs à Paris, en l’église Saint-Sulpice, en l’honneur des généraux Bonaparte et Moreau. L’absence des généraux jacobins Augereau et Jourdan est particulièrement remarquée. Bonaparte a profité de l’événement pour mettre au point avec Sieyès et Fouché les derniers détails du coup d’Etat.
vendredi 8 novembre (17 brumaire an VIII)
L’ombre de l’ancien brasseur jacobin Antoine Santerre continuait à peser sur les faubourgs parisiens. Bien qu’assagi et en partie éloigné de la vie publique, le révolutionnaire de la première heure, ancien de la Bastille, des massacres de Septembre et de la Terreur, demeurait une menace. Menacé de mort par Bonaparte, il a décidé de se retirer définitivement (arrêté après le 18 brumaire, il sera libéré sur intervention de Fouché).
samedi 9 novembre (18 brumaire an VIII)
Début à 8 heures du matin de la manœuvre parlementaire devant conduire à la révision de la Constitution : convoqués pour une session extraordinaire, les Anciens, triés sur le volet (les plus à gauche ont été « oubliés »), acceptent la thèse d'un « complot anarchiste » menaçant les Conseils et votent un décret transférant le lendemain les Assemblées à Saint-Cloud. Au même moment, acclamé par une vingtaine de ses généraux, Bonaparte quitte son hôtel de la rue de la Victoire pour se rendre aux Tuileries. Pour faire face à la pseudo-menace néo-jacobine, il est nommé commandant des forces militaires de Paris et de sa banlieue, jurant de sauver la République. A midi, le Conseil des Cinq-Cents ne peut qu’entériner le décret de transfert à Saint-Cloud malgré une tentative de résistance de l’opposition jacobine. Dans l’après-midi, des soldats s’installent en nombre aux points stratégiques de Paris et sur la route qui mène à Saint-Cloud. De son côté, le Directoire est contraint de se soumettre : Barras signe une lettre de démission que lui apporte Talleyrand, tandis que Sieyès et Ducos abandonnent sans difficulté leurs fonctions de directeurs. Seuls Gohier et Moulin tentent une vaine résistance : ils sont enfermés dans le palais directorial au Luxembourg sous la garde du général Moreau.
dimanche 10 novembre (19 brumaire an VIII)
La journée débute avec la parution dans le journal le Publiciste d’un avertissement de Bonaparte adressé aux troupes : « La République est mal gouvernée... » A midi passée, Bonaparte arrive au château de Saint-Cloud, encerclé par les soldats. Les séances des conseils débutent vers 14 heures dans une ambiance tendue. Alors que les Anciens, aujourd’hui au complet dans la galerie d’Apollon, se montrent hésitants et sensibles au mythe du « complot anarchiste » dénoncé par les jacobins oubliés la veille, le président des Cinq-Cents, Lucien Bonaparte, parvient mal à gouverner sa propre Assemblée à l’Orangerie. Désireux de défendre la République contre la tyrannie, des députés crient : « A bas la dictature ! ». A l’issue d’un vote sur appel nominal, la majorité vote le ralliement à la Constitution. La manipulation des « révisionnistes » semble compromise. Bonaparte est contraint d’intervenir pour défendre sa cause. Escorté d’officiers, il se rend d’abord dans la galerie d’Apollon. Dans un discours peu clair et par moment incohérent, il proteste de son dévouement à la Liberté et accuse les Anciens de vouloir la Terreur. Tantôt menaçant, tantôt enflammé, il ne parvient pas à obtenir le soutien d’une assemblée pourtant favorable la veille. A 16 h 30, il se rend à l’Orangerie où les Cinq-Cents s’indignent à la vue des grenadiers armés l’accompagnant. Accueilli par les cris de « Hors-la-loi », bloqué par certains députés jacobins, le général surpris ne peut que bafouiller. Brutalisé, il est entraîné par ses grenadiers hors de la salle dans un état de quasi-prostration (la légende napoléonienne évoquera une tentative d’assassinat : un coup de stylet destiné à Bonaparte aurait été détourné par le sous-lieutenant Barthe). Afin de retourner la situation qui semble désespéré, Lucien Bonaparte s’éclipse également pour haranguer les troupes stationnées dehors : dénonçant les « représentants du poignard » payés par l’étranger, il affirme que « des députés ont voulu tuer » leur général. A 17 h 30, les soldats indignés pénètrent dans l'Orangerie au son du tambour. Sur l’ordre de Murat « Foutez-moi tout ce monde-là dehors », la salle est évacuée par la force : les députés s'enfuient, les uns par les fenêtres, les autres en bousculant les soldats qui les poursuivent dans le jardin. Vers 19 heures, les Anciens, favorables aux conjurés ou apeurés par les derniers événements, décident la formation d'une commission exécutive provisoire de trois membres et remettent le pouvoir législatif aux mains d'une commission formée de députés des Anciens. Pour sauvegarder l'apparence de la légalité, les soldats sont chargés de rameuter quelques députés des Cinq-Cents.
Méprisé par Bonaparte, le général Edmond Louis Dubois de Crancé est démis de ses fonctions de ministre de la Guerre.
Menée par Louis de Sol de Grisolles, une troupe de 900 à 1 200 chouans attaque Redon à 6 heures du matin. Pris par surprise, la garnison de 40 à 60 soldats commandés par le capitaine Gély se retranche dans l’église avant de se rendre. Les républicains déplorent 5 tués et 5 blessés, les royalistes entre 1 et 4 morts et de 4 à 12 blessés. Dans l’après-midi, les bleus capturés sont autorisés à quitter la cité. Les blancs s’emparent d’un gros butin et mettent à sac les bâtiments publics.
nuit du dimanche 10 (19 brumaire) au lundi 11 novembre (20 brumaire an VIII)
Vers 21 heures, une cinquantaine de députés nomme les membres de la commission exécutive provisoire, Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos et installent deux commissions : l'une de 25 Anciens, l'autre de 25 membres des Cinq-Cents. Ils prendront avec la commission exécutive provisoire les mesures propres à établir une nouvelle Constitution. S’y présentant comme « l’homme providentiel », Bonaparte signe à 23 heures la proclamation justifiant le coup d’Etat. A 4 heures du matin, les deux commissions reçoivent la prestation de serment des trois consuls provisoires.
lundi 11 novembre (20 brumaire an VIII)
Jour de décadi, jour de repos : publication des journaux. Fouché y invite les « bons citoyens » à se réunir autour du nouveau pouvoir. Dans l'après-midi, à l'Opéra, quelques manifestants s'efforcent de créer un mouvement d'enthousiasme en faveur du « sauveur ». Dans les rues, au milieu des monuments illuminés, des agents du pouvoir proclament l'avènement du consulat et le programme qu'il s'est donné : la paix à l'intérieur comme à l'extérieur. Des affiches annoncent que Bonaparte n'est l'homme d'aucun parti, qu'il a le zèle d'un soldat de la liberté, la volonté d'un citoyen dévoué à la République et qu'il est décidé à unir tous les bons Français. Premier coup d'avertissement donné à la gauche : 34 jacobins sont bannis, 19 internés.
Bonaparte procède à un remaniement ministériel : il nomme Martin Gaudin ministre des Finances (un poste qu’il conservera jusqu’en 1814). Le fidèle général Louis-Alexandre Berthier est désigné ministre de la Guerre en remerciement de ses services : il avait accompagné Bonaparte en Egypte et avait participé à la préparation du coup d’Etat.
Les républicains tentent de reprendre Redon aux Chouans de Sol de Grisolles. Mais, tombée dans une embuscade, la colonne bleue doit se retirer en direction de Lohéac.
mardi 12 novembre (21 brumaire an VIII)
Le scientifique Pierre-Simon, marquis de Laplace, devient ministre de l’Intérieur (il succède à Nicolas-Marie Quinette).
Lucien Bonaparte quitte ses fonctions de président du Conseil des Cinq-Cents.
Premier signe d'un ralliement des propriétaires au régime, la rente sur l'Etat, le tiers consolidé, passe de 13 à 20 francs.
Une pièce allégorique à la gloire du général Bonaparte est créée au théâtre parisien des Jeunes Artistes, Premier Rayon de soleil.
mercredi 13 novembre (22 brumaire an VIII)
Abrogation de la loi des otages adoptée le 12 juillet dernier (24 messidor).
Nouvelle défaite de l’Armée d’Italie au Piémont : les 9 000 hommes du général Championnet doivent battre en retraite après avoir été vaincu à Mondovi, à l’ouest de Gênes, par les 14 000 Autrichiens de Mélas. Chaque camp a perdu 500 hommes.
jeudi 14 novembre (23 brumaire an VIII)
Conscient de ne plus pouvoir longtemps tenir ses positions face aux attaques turques, le général Kléber entre en contact avec le commodore britannique Sydney Smith à Aboukir afin de négocier une évacuation de l’armée française d’Egypte.
Forte de 300 à 600 hommes, une troupe républicaine commandée par les généraux Lespinasse et Gency lance l’assaut contre Redon. Après un premier combat au lieu-dit la Maison-Blanche, Sol de Grisolles ordonne à ses hommes de se retirer de la ville, mais la retraite tourne rapidement à la déroute, chaque chouan se dépêchant de rentrer chez lui. Une grande partie du butin saisi par les contre-révolutionnaires dans Redon est récupéré à Béganne. Environ 13 blancs ont été tués.
Arrêté créant la garde consulaire. Issue de la garde du Directoire, elle comprend 2 089 hommes.
vendredi 15 novembre (24 brumaire an VIII)
Bonaparte annonce dans le Moniteur que sa sœur Caroline va épouser le général Moreau, et, ce, contre la volonté des deux intéressés.
Cadoudal reprend les armes.
samedi 16 novembre (25 brumaire an VIII)
Assiégé depuis des semaines dans le port italien d’Ancône par les alliés commandés l’Autrichien Fröhlich, le général Mounier a été contraint de capituler, avec les honneurs. Les 9 000 Autrichiens et Napolitains et les 4 000 Romains étaient soutenus en mer par une flotte comprenant 2 000 Turcs et 1 300 Russes.
nuit du samedi 16 (25 brumaire) au dimanche 17 novembre (26 brumaire an VIII)
200 chouans, dont 40 cavaliers, entrent dans Gourin. La ville morbihannaise était désertée depuis 15 jours par les républicains.
dimanche 17 novembre (26 brumaire an VIII)
Le ministre de la Police Fouché ordonne à ses services de surveiller et de mettre au pas les théâtres français.
mardi 19 novembre (28 brumaire an VIII)
L’évacuation des troupes anglo-russes de Hollande est achevée. Les deux armées ont rembarqué leurs derniers hommes.
Dans l’ouest des Côtes-du-Nord, l’agent municipal de Lohuec, Louis Fercoq, est fusillé par les chouans.
mercredi 20 novembre (29 brumaire)
Publication d’un décret sur l’enrôlement des conscrits.
jeudi 21 novembre (30 brumaire an VIII)
Coup d'avertissement donné à la droite : le ministre de l'Intérieur, Laplace, déclare que le royalisme n'a pas à applaudir les récents changements politiques intervenus en France.
vendredi 22 novembre (1er frimaire an VIII)
Le Conseil des Cinq-Cents n’est plus présidé par un seul homme. C’est désormais un triumvirat qui dirige l’Assemblée : Antoine Boulay de la Meurthe, Pierre Daunou et Jean-Ignace Jacqueminot représentent la droite modérée (ils resteront en place jusqu’à la disparition du Directoire le 25 décembre).
Charles de Talleyrand redevient ministre des Relations extérieures, une fonction qu’il avait déjà occupée de 1797 à juillet dernier. Il succède à Charles-Frédéric Reinhard.
samedi 23 novembre (2 frimaire an VIII)
L’Armée d’Italie a un nouveau commandant en chef : le général Masséna est chargé de défendre Gênes à tous prix.
dimanche 24 novembre (3 frimaire an VIII)
Un armistice est conclu avec les chefs vendéens.
Les principaux banquiers de Paris fournissent au Trésor une avance de trois millions.
Loi qui crée l'administration des contributions directes.
mercredi 27 novembre (6 frimaire an VIII)
Le général républicain Hédouville reçoit un message l’informant qu’une dizaine de navires anglais sont apparus dans la baie de Quiberon avant de disparaître. Les Blancs soupçonnent que des armes et des munitions ont été débarquées pour les chouans.
Le journal Le Diplomate réitère la promesse faite par Bonaparte d'être au-dessus des partis. Il ne sera « ni bonnet rouge, ni talons rouges », ni jacobin, ni royaliste.
La pièce La Mère coupable de Beaumarchais, mort en mai dernier, est reprise à la Comédie-Française.
jeudi 28 novembre (7 frimaire an VIII)
Les autorités vannetaises informent le contre-amiral Nielly, commandant des armées à Lorient, qu’une flottille anglaise est de retour dans la baie de Quiberon et que des Chouans sont en marche vers la côte. Selon une autre source, 1 200 contre-révolutionnaires ont quitté Questembert pour se rendre à Muzillac.
nuit du jeudi 28 (7 frimaire) au vendredi 29 novembre (8 frimaire an VIII)
Protégés par les frégates du commodore Keats, des navires de transport anglais débarquent sur la côte bretonne, à partir d’une heure du matin, des milliers d’armes et de munitions. L’opération se déroule à la pointe de Pen Lan, sur la commune de Billiers, dans le Morbihan. Des centaines d’hommes sont présents pour récupérer le matériel par un temps glacial (deux hommes mourront de froid), sous la direction de la plupart des grands chefs chouans (Cadoudal, Sol de Grisolles, La Haye Saint-Hilaire, Guillemot, Rohu et Mercier la Vendée).
vendredi 29 novembre (8 frimaire an VIII)
Vers 9 heures du matin, un convoi d’environ 70 charrettes quitte la pointe de Pen Lan pour s’enfoncer dans les terres (vers Muzillac) avec son précieux chargement (30 000 fusils, quatre canons, deux obusiers, de la poudre et des munitions et six caisses contenant des pièces d’or). Par manque de moyen de transports, des centaines d’autres armes sont entreposées dans l’abbaye de Prières. Dans la journée, le général Harty est mis au courant à Vannes de l’opération de débarquement. A la tête d’une troupe de 2 500 hommes, il tombe en fin de journée sur l’arrière du convoi mais se retrouve repoussé par les hommes de Mercier, Guillemot et Rohu.
Un groupe d’une vingtaine de brigands se proclamant royalistes ont dévalisé dans le département de l’Allier la malle-poste de Lyon.
samedi 30 novembre (9 frimaire an VIII)
Trois mois après le décès en France du pape Pie VI s’ouvre à Venise le conclave devant élire son successeur.
Le général Murat reçoit le commandement de la garde consulaire.
dimanche 1er décembre (10 frimaire an VIII)
Bonaparte rejette partiellement le projet de Constitution préparé par Sieyès. Il refuse en effet d’être un simple « Grand Electeur » sans pouvoir, une sorte de « cochon à l'engrais ».
Chargée de mettre fin au siège de la forteresse de Philippsburg [aujourd’hui en Bade-Wurtemberg], l’armée autrichienne du maréchal Sztaray de Nagy-Mihaly parvient à enfoncer les lignes françaises.
Le général de Latour-Foissac est destitué sur ordre de Bonaparte. Ce dernier est furieux de la perte en juillet dernier de la place de Mantoue, dont Latour-Foissac était le commandant et que le nouveau maître de la France avait eu tant de mal à conquérir entre 1796 et 1797.
lundi 2 décembre (11 frimaire an VIII)
Etienne Laurent Pierre Burnel n’est plus gouverneur de la Guyane française.
mardi 3 décembre (12 frimaire an VIII)
Abandonnée par l’Armée d’Italie, la garnison française de la forteresse de Cunéo (Coni) a été contrainte de capituler au Piémont, à l’issue d’un siège de huit jours mené par les Autrichiens de Mélas. Les vainqueurs se sont emparés de 187 canons et de 14 000 quintaux de poudre.
Au sud d’Heidelberg [Bade-Wurtemberg], les 5 000 soldats autrichiens du maréchal Anton Sztaray de Nagy-Mihaly ont battu les 12 000 hommes du général Claude Lecourbe lors de la bataille de Wiesloch. Les vainqueurs ont perdu 500 hommes, les vaincus 1 500. Le siège de la forteresse de Philippsburg est levé et l’armée française est expulsée de la rive droite du Rhin.
mercredi 4 décembre (13 frimaire an VIII)
Bonaparte réunit les deux commissions constitutionnelles et charge l’historien et ancien Thermidorien Pierre Daunou de concevoir un nouveau texte.
vendredi 6 décembre (15 frimaire an VIII)
Le compositeur Henri Berton obtient son second succès de l’année public avec une œuvre dramatique en un acte, le Délire ou les Suites d’une erreur, créé à l’Opéra-Comique de Paris, avec Jean-Baptiste Gavaudan.
mardi 10 décembre (19 frimaire an VIII)
La France adopte officiellement le système métrique : la nouvelle loi consacre comme étalons officiels de longueurs et de poids en France les prototype en platine du mètre et du kilogramme.
mercredi 11 décembre (20 frimaire an VIII)
Trois co-agents sont nommés en Guadeloupe : Nicolas Georges Jeannet-Oudin, René Gaston Baco de la Chapelle et Etienne Maynaud Bizefranc, comte de Laveaux.
jeudi 12 décembre (21 frimaire an VIII)
Réunies chez Bonaparte, les deux commissions législatives nommées 10 novembre adoptent le projet constitutionnel rédigé par Daunou. Les trois consuls sont immédiatement nommés : Premier consul, Bonaparte ; Deuxième consul, Cambacérès, Troisième consul, Lebrun. Ces deux dernières nominations reflètent l'idée directrice de la politique du général : se proclamant au-dessus des partis, il veut les réconcilier. Cambacérès, ancien conventionnel régicide, est une caution de gauche qui doit rallier l'élite bourgeoise issue de la Révolution. Lebrun, ancien Constituant royaliste, doit séduire l'élite de l'Ancien Régime. La Révolution est stabilisée sur les principes établis à sa naissance, en 1789.
vendredi 13 décembre (22 frimaire an VIII)
La nouvelle Constitution est officiellement signée. Le pouvoir exécutif appartient aux trois consuls, en fait à Bonaparte. Jouissant de l’initiative des lois, de la direction de la diplomatie et des armées, il a seul le pouvoir de nommer les ministres responsables devant lui, les ambassadeurs, les juges et les hauts fonctionnaires. Les deux autres consuls peuvent juste inscrire leur désaccord sur un registre. Le pouvoir législatif est divisé entre trois institutions : le Tribunat (100 membres, en place pour six ans, rééligible par cinquième annuellement) qui discute les lois, mais ne vote pas ; le Corps législatif (300 membres, renouvelables par cinquième chaque année), qui vote sans discuter les lois présentées par le Tribunat ; le Sénat conservateur (60 puis 80 membres nommés à vie), qui peut modifier la Constitution. Les membres du Sénat seront choisis par Sieyès, Ducos, Cambacérès et Lebrun avec l'accord de Bonaparte. Le Sénat désigne les tribuns et les législateurs sur des listes de notabilités nationales. Le suffrage universel est appliqué mais « filtré » par un système à trois degrés. Les citoyens (tous les hommes âgés de 21 ans et plus) composent des listes de notabilités communales (600 000 noms, soit le dixième du nombre de citoyens). Ces citoyens ainsi élus se retrouvent au chef-lieu d'arrondissement pour élire le dixième d'entre eux, inscrits sur des listes de notabilités départementales. Ces 60 000 notables, au chef-lieu du département, composent des listes de notabilités nationales (6 000 noms).
Etienne Franconie devient le nouveau gouverneur de la Guyane française.
La Société dramatique a repris à Versailles une ancienne pièce du marquis de Sade, le comte Oxtiern, où les effets du libertinage, créée en 1791. L’auteur y interprète un rôle, celui de l’aubergiste Fabrice, sauveur d’Ernestine.
samedi 14 décembre (23 frimaire an VIII)
Arrivée à Orléans de Vacher, le délégué des consuls.
dimanche 15 décembre (24 frimaire an VIII)
Proclamation de la Constitution de l’an VIII.
mardi 17 décembre (26 frimaire an VIII)
24 officiers chouans de l’ouest, dont le comté Frotté et Cadoudal, se réunissent à Puancé pour se concerter : une trêve s’instaure. Le général bleu, Hédouville, fait des propositions intéressantes.
Huit chouans arrêtent et pillent le courrier aux lettres du Faouët qui revient de Quimperlé.
Retrouvailles bretonnes dans l’océan Indien : les corsaires Robert Surcouf (de Saint-Malo) et Jean-Marie Dutertre (de Lorient) se sont croisés par hasard au large des côtes du Bengale. Un repas a été donné à bord de la Clarisse pour célébrer cette rencontre imprévue.
samedi 21 décembre (30 frimaire an VIII)
L’ancienne salle d’architecture du Louvre accueille une exposition payante du nouveau tableau de Jacques-Louis David, les Sabines. La foule n’a pas hésité à payer 1,80 franc pour admirer cette grande toile (3,85 m sur 5,22 m), commencée en 1796 et absente du Salon l’été dernier.
dimanche 22 décembre (1er nivôse an VIII)
Création par décret du Conseil d'Etat. Ses 29 membres nommés par le Premier consul sont assistés de maîtres des requêtes et d'auditeurs. L'avis des conseillers est requis pour tout projet de loi. Le Conseil d'Etat apparaît ainsi comme la résurgence de ce qu'avait été le Conseil du roi.
L'administration des Postes est à nouveau mise en régie. Lavalette en devient le directeur général (il le restera jusqu'en 1814). Les nouveaux tarifs postaux sont de 20 centimes pour une lettre de moins de 7 grammes et parcourant 100 kilomètres, au-delà le prix est augmenté de 10 centimes par zone de 100 kilomètres et plus. La construction du télégraphe aérien est poursuivie.
Rupture des négociations menées depuis un mois dans le port égyptien d’Aboukir : le refus du commodore Smith d’assurer le rapatriement de l’armée française conduit le général Kléber à mettre fin aux discussions.
lundi 23 décembre (2 nivôse an VIII)
Deux fêtes nationales sont retenues : celle du 14 juillet est la fête de la Concorde ; celle du 1er vendémiaire (23 septembre ?) commémore l'établissement de la République.
mardi 24 décembre (3 nivôse an VIII)
Sans même attendre le plébiscite, la Constitution est mise en vigueur. Maintien d’un suffrage universel réduit à l’instauration de listes de confiance, à plusieurs niveaux (communales, départementales, nationales). Le pouvoir exécutif est confié à trois consuls nommés pour dix ans et rééligibles indéfiniment par le Sénat : le Premier Consul promulgue les lois, possède l’initiative de celles-ci et nomme les membres du Conseil d’Etat, les ministres, les ambassadeurs, les officiers et les juges. Il est seul juge des dépenses publiques, fixe le taux et le titre des monnaies et dirige les armées et la diplomatie. Les deux autres consuls n’ont qu’un rôle consultatif. Deux assemblées législatives exercent le pouvoir législatif : le Tribunat (cent membres) discute des projets de lois et les transmet au Corps législatif (300 membres) qui vote ces projets sans avoir le droit de les discuter. Etablissement d’un Sénat veillant au caractère constitutionnel des lois et désignant les membres des assemblées législatives (renouvelés par cinquième tous les ans). Il comprend 80 membres inamovibles, en partie désignés par les consuls et en partie se cooptant à partir de listes proposées par le Premier Consul, le Corps Législatif et le Tribunat.
L'astronome Laplace, qui a commencé à rédiger son Traité de mécanique céleste, est nommé sénateur en même temps que le mathématicien Monge, un des fondateurs de l'Ecole centrale des travaux publics.
mercredi 25 décembre (4 nivôse an VIII)
Instauration d'un secrétariat d'Etat, confiée à Maret, qui joue le rôle déterminant d'agent de liaison entre Bonaparte et les autres ministres. André-Joseph Abrial est nommé ministre de la Justice, en remplacement de Cambacérès. Napoléon Bonaparte nomme son frère Lucien ministre de l’Intérieur, en remplacement du savant Pierre-Simon de Laplace.
Engagée dans le blocus des côtes bretonnes, la frégate anglaise HMS Ethalion fait naufrage sur un récif au large de Penmarc’h. Les navires Danae, Sylph et Nimrod participent au sauvetage de l’équipage.
vendredi 27 décembre (6 nivôse an VIII)
Installation du nouveau Sénat conservateur. L’ancien directeur Emmanuel-Joseph Sieyès en devient le premier président, avec le droit d’en nommer les 31 premiers membres.
Napoléon Bonaparte reçoit les négociateurs chouans. N’obtenant pas de résultats, il menace ses interlocuteurs.
Le nouveau secrétaire d’Etat, Maret, est chargé par le Premier consul des relations du gouvernement avec la Presse. Bonaparte souhaite faire du Moniteur le journal officiel de la République.
samedi 28 décembre (7 nivôse an VIII)
Bonaparte manie le bâton et la carotte les habitants des départements de l’Ouest de la France : d’une part, il proclame son intention de sévir avec la plus grande rigueur contre toute recrudescence de guerre, mais d’autre part, il désavoue certaines lois révolutionnaires en partie responsables de la révolte.
Le nouveau régime fait un geste en faveur des croyants : publication d’arrêtés autorisant l’ouverture des églises en dehors du décadi. Par ailleurs, les églises non aliénées seront rendues à leurs propriétaires avant l’an II.
Le Moniteur universel, créé en 1789, devient le journal officiel du gouvernement, tout en restant cependant la propriété des Panckoucke (ancêtre du Journal officiel).
lundi 30 décembre (9 nivôse an VIII)
Dans le nord-est de l'Egypte, le grand-vizir turc enlève aux Français la place d’El Arich.
Barnet, le consul américain à Bordeaux, informe son secrétaire d’Etat que tous les Américains emprisonnés pendant l’état de guerre entre la France et les Etats-Unis ont été libérés.
Dans un esprit d’apaisement religieux, Bonaparte organise pour la dépouille du pape Pie VI des funérailles solennelles (mais non religieuses) et les honneurs funèbres.
nuit du lundi 30 (9 nivôse) au mardi 31 décembre (10 nivôse an VIII)
Décès à Habloville (Saint-Aubin-sur-Gaillon), dans l’Eure, de l’écrivain moraliste et académicien Jean-François Marmontel, à l’âge de 76 ans. Il avait été élu député en 1797.
Création à Paris d’Elisca, le premier opéra-comique composé par André Joseph, neveu du compositeur Grétry. L’accueil du public est bon.
mercredi 2 janvier (13 nivôse an VII)
En Egypte, Djezzar Pacha envoie 4 000 soldats et trois canons, sous le commandement d'Abdullah Pacha, pacha de Damas, afin de renforcer le fort d’El Arich, dans le nord du Sinaï.
samedi 5 janvier (16 nivôse an VII)
La Grande-Bretagne et l’Empire ottoman signent les accords d’Istanbul : en cas de victoire sur la France, les Britanniques s’engagent à rendre l’Egypte aux Turcs.
lundi 7 janvier (18 nivôse an VII)
Le général Championnet s’entretient à Teano avec le commissaire à l’armée de Naples, Guillaume-Charles Faipoult, auquel il transmet les ordres du Directoire : afin d’éviter une reprise de la guerre, il est hors de question de créer une République à Naples.
mercredi 9 janvier (20 nivôse an VII)
Par décret, le général Bonaparte décide de mettre en place un régiment de dromadaires afin de compenser le manque de chevaux en Egypte. L’unité, placée sous le commandement de Jacques Cavalier sera divisée en deux escadrons de quatre compagnies (régiment dissous en septembre 1801).
jeudi 10 janvier (21 nivôse an VII)
Les troupes françaises prennent Capoue.
samedi 12 janvier (23 nivôse an VII)
Le navire irlandais Patrick est capturé par les Français lors d’un voyage entre Dublin et Porto. Le bateau est incendié.
lundi 14 janvier (25 nivôse an VII)
Menacé par l’avance de l’armée française, le roi Ferdinand IV fuit la ville pour se réfugier en Sicile.
mardi 15 janvier (26 nivôse an VII)
Les habitants de Naples se soulèvent contre l’évêque et les autorités. Ceux-ci sont accusés par les lazzaroni de vouloir livrer la ville aux Français. La révolte se retourne rapidement contre les riches, accusés d’être des traîtres : des nobles seront massacrés, les autres contraints de se cacher.
jeudi 17 janvier (28 nivôse an VII)
Condamné à mort par les autorités françaises de l’île, Dun Mikiel Xerri est exécuté à La Valette avec plusieurs autres patriotes maltais. Agé de 61 ans, il avait tenté de déclencher une révolte pour chasser les Français de Malte.
Selon le Journal des hommes libres, les francs-maçons seraient d’anciens royalistes, émigrés et autres chouans. Mais pour la droite, la franc-maçonnerie serait en fait un foyer de jacobins…
vendredi 18 janvier (29 nivôse an VII)
Ouvrier de la grande papeterie d’Essonnes (propriété de la famille Didot en Seine-et-Oise [aujourd’hui papeterie Darbley à Corbeil-Essonnes]), Nicolas Louis Robert fait breveter sa machine à produire du papier en rouleau continu, sans besoin de main-d’œuvre. Une subvention de 3 000 francs lui est accordée.
dimanche 20 janvier (1er pluviôse an VII)
Jean-Baptiste Leclerc remplace Théophile Berlier comme président du Conseil des Cinq Cents. Au Conseil des Anciens, la présidence passe de Jean-Baptiste Perrin des Vosges à Dominique Joseph Garat.
Le navire français Spartiate s’empare du bâtiment britannique Princess Amelia, qui est incendié et coulé.
lundi 21 janvier (2 pluviôse an VII)
Afin d’éviter une nouvelle révolte des sans-culottes de l’île, comme en avril 1798, les élus de l’Assemblée coloniale de la Réunion ont prêté un double serment : devant le gouverneur Philippe Antoine Jacob de Cordemoy, ils ont juré fidélité à la République française et au maintien de l’esclavage.
mardi 22 janvier (3 pluviôse an VII)
Après un arrêt à Guirguèh, en Haute-Egypte, le général Desaix repasse à l’offensive : il bat Mourad Bey à Samhoud.
Le général Barthélemy Schérer, ministre de la Guerre, est nommé à la tête de l’armée d’Italie. Personne n’est désigné dans l’immédiat pour lui succéder à la tête du ministère.
Fuyant l’occupation française du Piémont, le diplomate et philosophe savoyard Joseph de Maistre se réfugie à Venise.
mercredi 23 janvier (4 pluviôse an VII)
Après trois jours de violents combats de rues contre les lazzaroni, l’armée française du général Championnet est maîtresse de Naples, grâce notamment au soutien apporté par les jacobins locaux.
En Egypte, l’armée du général Desaix établit son campement à Denderah : à la vue des majestueuses ruines de l’antique cité de Thèbes, les soldats français présentent les armes dans un même élan de spontanéité.
vendredi 25 janvier (6 pluviôse an VII)
Des gendarmes, renforcés par des soldats de la 29e demi-brigade, ont été attaqués dans le Doubs par une soixantaine de paysans. Ces derniers ont d’abord réussi à libérer deux prêtres condamnés à la déportation qui étaient conduits d’Ornans à Besançon. Mais les forces de l’ordre lancées à leur poursuite ont réussi à les reprendre. Le bilan de la « bataille » est de deux morts et de deux blessés graves.
Un séisme a frappé la localité de Bouin, dans le nord-ouest de la Vendée : plusieurs maisons sont détruites. Deux secousses sont fortement ressenties à La Rochelle et, dans une moindre mesure, à Bordeaux et à Tours.
samedi 26 janvier (7 pluviôse an VII)
Soutenus par le général Championnet, qui refuse d’appliquer les ordres venus de Paris, les « jacobins » napolitains proclament la République Parthénopéenne.
dimanche 27 janvier (8 pluviôse an VII)
Incident indécis de Macao, opposant dans l’archipel chinois de Wanshan une escadre franco-espagnole (deux navires de lignes [Europa et Montañes] et quatre frégates) commandée par le contre-amiral Ignacio Maria de Alava, à la flottille d’escorte du capitaine britannique William Hargood (deux navires de ligne et une frégate). Aucun bâtiment n’est perdu dans chaque camp.
lundi 28 janvier (9 pluviôse an VII)
Création de deux compagnies d’aérostiers militaires. Essayé avec succès lors de la bataille de Fleurus, en juin 1794, le ballon ne sera cependant pas réutilisé sur un champ de bataille avant une quarantaine d’années.
mardi 29 janvier (10 pluviôse an VII)
Le général Desaix occupe la ville égyptienne d’Esnèh.
jeudi 31 janvier (12 pluviôse an VII)
Le général russe Souvarov est nommé commandant en chef de toutes les troupes coalisées en Italie.
en janvier
Le mathématicien et astronome Pierre Simon, marquis de Laplace, publie son Traité de mécanique céleste.
vendredi 1er (13 pluviôse an VII) ou samedi 2 février (14 pluviôse an VII)
En Egypte, l’expédition du général Desaix lancée à la poursuite de Mourad Bey, arrive en vue d’Assouan et du Temple de la déesse Isis, sur l’île sacrée de Philae, au-delà de la première cataracte du Nil. Elle a atteint son objectif qui était de marcher le plus loin possible vers le Sud. Après avoir immortalisé dans la roche le souvenir de son passage, l’expédition militaire et scientifique française remonte vers Le Caire.
samedi 2 février (14 pluviôse an VII)
Le vaisseau anglais HMS Anson et la frégate HMS Ethalion capturent au large de Dunkerque le corsaire Boulonnoise, de Bayonne (14 canons et 70 hommes).
Des inondations se produisent dans la région parisienne à la suite de la débâcle des glaces sur la Seine : une partie de la capitale est sous les eaux (Champs-Elysées). La route menant de Paris à Versailles est coupée.
dimanche 3 février (15 pluviôse an VII)
En Inde, le royaume de Mysore est attaqué par les Anglais. Le sultan local, Tippoo Sahib, est entré en contact avec le général Bonaparte, dont la présence au Proche-Orient menace les intérêts britanniques.
lundi 4 février (16 pluviôse an VII)
Décès à Paris de l’architecte Etienne-Louis Boullée. Grande figure de l’architecture néoclassique, il était âgé de 70 ans.
mardi 5 février (17 pluviôse an VII)
Bertrand Clauzel (futur maréchal de France) est promu général de brigade. Dominique Vandamme est promu général de division.
mercredi 6 février (18 pluviôse an VII)
Le général Championnet expulse de Naples le commissaire civil envoyé par le Directoire et auquel il refuse d’obéir. Dans une lettre, Faipoult demande le rappel du général à Paris.
vendredi 8 février (20 pluviôse an VII)
Première bataille d’El-Arich : dans le nord du Sinaï, les troupes du général Reynier repoussent une attaque turque : 200 Français ont été tués et 300 autres blessés, tandis que les agresseurs déplorent 500 tués, blessés ou capturés. Les fantassins ottomans se retirent.
Nommé par le roi Ferdinand IV vicaire général du royaume de Naples, le cardinal Fabrizio Ruffo débarque en Calabre, à Pezzo, en provenance de Sicile. Il prend la tête de l’armée paysanne de la « Sainte Foi » (Santa Fede). Aidé de quelques troupes régulières, les « sanfédistes » vont s’opposer aux Français.
Le général Grouchy organise au Piémont un référendum sur l’annexion de la province par la France : une forte majorité se dégage en faveur d’un rattachement de la province à la France (le projet sera annulé à la suite de l’intervention russe).
samedi 9 février (21 pluviôse an VII)
Les troupes françaises du général Reynier mettent le siège devant le fort égyptien d’El Arich, défendu par des milliers d’Ottomans, commandés par Abdullah Pacha.
La jeune US Navy remporte sa première véritable victoire au cours de la « Quasi-Guerre » : par un temps très agité, la frégate américaine USS Constellation, commandée par le capitaine Thomas Truxtun, a contraint à la reddition la frégate française l’Insurgente, au large de l’île Nevis (Antilles). Le combat, qui a duré une heure, a coûté 29 morts et 41 blessés aux Français ; les Américains ne déplorent que trois blessés. La frégate française est ramenée à Saint Kitts par le lieutenant John Rogers.
A 100 miles nautiques au large des côtes de Natal [Afrique du Sud], la frégate britannique HMS Daedalus du capitaine Henry Ball est parvenu à capturer le corsaire français Prudente, commandée par le capitaine Emanuel-Hippolite Le Joliff, après une heure de combat. 27 marins français ont été tués et 22 autres blessés, tandis que les pertes anglaises se montent à seulement 2 morts et 11 blessés.
dimanche 10 février (22 pluviôse an VII)
Le général Bonaparte quitte Le Caire pour la Palestine. Son armée compte 13 000 hommes. Il laisse le gouvernement du Caire au général Destaing.
mardi 12 février (24 pluviôse an VII)
La division du général Kléber parvient à El-Arich pour renforcer les troupes de Reynier. Ce dernier prend position dans la palmeraie.
mercredi 13 février (25 pluviôse an VII)
Le Directoire ordonne le rappel à Paris du général Championnet. Pour le remplacer, le général Jacques Macdonald est nommé commandant en chef de l’armée de Naples.
Echec d’un soulèvement des sans-culottes de la Réunion. Les révoltés seront expulsés de l’île.
jeudi 14 février (26 pluviôse an VII)
A El-Arich, les troupes du général Reynier attaquent le camp turc : 500 soldats ottomans sont tués et 900 autres faits prisonniers. Les Français ne déplorent que 3 morts et 20 blessés. Le fort, encore défendu par 1 000 hommes, est désormais entièrement bloqué. De nouveaux renforts français arrivent.
Les insurgés guyanais du 4 novembre 1798 sont de retour à Cayenne : capturés par un navire anglais à bord du bateau qui devait les ramener en France, ils ont réussi à s’emparer du brick Swallow.
samedi 16 février (28 pluviôse an VII)
Le général Grouchy a fait ouvrir le feu sur des patriotes italiens, de tendance babouviste, qui contestaient le référendum sur l’annexion du Piémont à la France. Une quarantaine de personnes ont été tuées. Des villages ont été incendiés dans les ragions d’Asti, d’Alba et de Mondovi.
dimanche 17 février (29 pluviôse an VII)
Le général Caffarelli entame les opérations de génie au siège d’El-Arich.
Alors que le général Bonaparte est sur le point d’entre en Palestine, un officier irlandais a présenté au directeur Barras un projet prévoyant le transfert de tous les juifs d’Europe en Terre sainte. Sur place, ils mettraient en place un Etat allié de la France.
lundi 18 février (30 pluviôse an VII)
Les Français commencent leurs tirs d’artillerie sur le fort d’El-Arich (pendant deux jours).
Le président américain, John Adams, ordonne à son ambassadeur en Hollande, Van Murray, de se rendre à Paris comme médiateur pour reprendre les relations avec la France.
Un grand incendie a détruit à Paris le théâtre de l’Egalité. Deux sapeurs-pompiers sont morts en combattant les flammes. Des militaires et de nombreux civils ont participé à la lutte pour venir à bout du sinistre.
mardi 19 février (1er ventôse an VII)
Gabriel Malès remplace Jean-Baptiste Leclerc comme président du Conseil des Cinq-Cents, tandis qu’aux Anciens Jean-Aimé Delacoste succède à Garat comme président.
mercredi 20 février (2 ventôse an VII)
Après onze jours de siège, le fort d’El-Arich est pris d’assaut par les Français des généraux Reynier et Kléber.
A Paris, le Directoire nomme André-Joseph Abrial commissaire civil en charge d’organiser la République napolitaine.
jeudi 21 février (3 ventôse an VII)
Dans l’ouest de l’île de Saint-Domingue, Toussaint-Louverture reprend la lutte contre les mulâtres.
Des conscrits ont été enlevés par des chouans à Pontorson, dans la Manche.
Le général Louis de Mureau est nommé ministre de la Guerre.
samedi 23 février (5 ventôse an VII)
Edouard Mortier est nommé général de brigade.
Création à Paris, au théâtre Feydeau de la nouvelle œuvre du compositeur italien Luigi Cherubini, La Punition, comédie en un acte, sur un livret de Jean Louis Brousse-Desfaucherets.
dimanche 24 février (6 ventôse an VII)
Entrée en Palestine, l’armée du général Bonaparte s’empare de Gaza.
Le Directoire émet un décret d’arrestation du général Championnet.
Concentration par le général Jourdan des troupes françaises en vue du passage du Rhin. Son armée, dite d’abord de Mayence, va devenir l’armée du Danube.
mercredi 27 février (9 ventôse an VII)
A Gaza, le général Murat lance une charge épique, avec seulement 800 cavaliers contre les 6 000 cavaliers mamelouks, arabes et arnautes d'Ahmed Djezzar Pacha.
Le général Macdonald prend effectivement en charge le commandement militaire des soldats français présents à Naples.
vendredi 1er mars (11 ventôse an VII)
Alors que la guerre n’est pas encore déclarée contre l’Autriche, l’armée française du général Jourdan traverse le Rhin entre Kehl et Bâle.
samedi 2 mars (12 ventôse an VII)
Le gouvernement français place les armées d’Allemagne (commandée par Bernadotte) et d’Helvétie (par Masséna) sous le commandement général de Jourdan.
dimanche 3 mars (13 ventôse an VII)
Fin du siège de Corfou, débuté le 18 novembre 1798 : l’armée russo-ottomane de l’amiral Outchakov et de Kadir Bey contraint à la reddition la garnison française de l’île grecque commandée par le général Louis Chabot à la reddition. 2 900 Français sont faits prisonniers, 635 canons, un vaisseau de guerre et une frégate saisis. En trois mois et demi, les Russes et Turcs déplorent 298 tués ou blessés. La France ne contrôle plus aucune des îles Ioniennes.
mercredi 6 mars (16 ventôse an VII)
Afin de venir à la rencontre de Jourdan, l’armée française de Suisse franchit le Rhin dans les environs de Coire (Grisons).
A l’issue d’une chasse de dix heures, la frégate anglaise HMS Ethalion s’empare dans la Manche du corsaire Infatigable (18 canons et 120 hommes).
jeudi 7 mars (17 ventôse an VII)
En Palestine, l’armée française de Bonaparte s’empare de Jaffa [aujourd’hui Tel-Aviv] à l’issue d’un siège de quatre jours.
du vendredi 8 (18 ventôse) au dimanche 10 mars (20 ventôse an VII)
Entre 2 000 et 3 000 prisonniers albanais sont massacrés à la baïonnette par l’armée française à Jaffa.
samedi 9 mars (19 ventôse an VII)
Conduits par le cardinal Ruffo, les révoltés calabrais s’emparent de la ville de Paola : les patriotes jacobins sont massacrés.
dimanche 10 mars (20 ventôse an VII)
Touchant l’armée française depuis son arrivée en Egypte, la peste accentue ses ravages parmi les soldats présents à Jaffa. On dénombre une trentaine de morts par jour.
mardi 12 mars (22 ventôse an VII)
La France déclare la guerre à l’Autriche : Paris accuse Vienne d’avoir laissé passer sur son territoire les troupes russes. Les Autrichiens rejoignent la deuxième coalition anti-française.
mercredi 13 mars (23 ventôse an VII)
Commandant du Sénégal, Blanchot de Verly a reçu l’ordre d’envoyer dans les colonies antillaises et de Guyane (en manque de main-d’œuvre) des « noirs consentants ». L’esclavage n’est pas rétabli mais la traite, jamais abolie dans les faits, reprend discrètement.
dimanche 17 mars (27 ventôse an VII)
Le convoi français qui transportait l’artillerie devant servir au siège de Saint-Jean-d’Acre est intercepté en Méditerranée par la flotte anglaise du commodore Sydney Smith.
Un brevet est accordé à Paris à l’horloger Frédéric Japy pour l’invention d’une machine forant les dents des roues d’horlogerie.
lundi 18 mars (28 ventôse an VII)
Le Théâtre de l'Odéon, à Paris, est détruit par un incendie.
mardi 19 mars (29 ventôse an VII)
L’avant-garde française de l’armée de Bonaparte arrive devant Saint-Jean-d’Acre.
Une mission de huit savants et artistes français, dont le sculpteur Jean-Jacques Castex, quitte Le Caire sous la direction de Caffarelli et Vivant-Denon afin d’explorer la Haute-Egypte (ils reviendront avec de nombreux dessins de ce qu’ils ont vu).
du mercredi 20 (30 ventôse an VII) au jeudi 21 mars (1er germinal an VII)
Bataille d’Ostrach : dans le sud de l’Allemagne, les 52 000 Autrichiens de l’archiduc Charles-Louis d’Autriche-Teschen sont victorieux des 28 000 Français du général Jourdan au nord du lac de Constance [aujourd’hui dans le Bade-Wurtemberg]. Les vainqueurs déplorent 2 113 morts, blessés ou prisonniers, les vaincus 2 257 tués, blessés ou prisonniers.
jeudi 21 mars (1er germinal an VII)
Début du siège de Saint-Jean-d’Acre avec les premières opérations du génie français : une tranchée commence à être creusée à 75 mètres des remparts de la ville.
A Paris, Philippe-Laurent Pons succède à Gabriel Malès en tant que président du Conseil des Cinq Cents. Chez les Anciens, Mathieu Depère devient le nouveau président en lieu et place de Jean-Aimé Delacoste.
samedi 23 mars (3 germinal an VII)
A Paris, ayant obtenu du président du tribunal le droit d’assurer seule la défense de son mari, un ancien émigré, Marie-Victoire de Lambilly, comtesse Mouësan de La Villirouët, sauve la tête de son époux grâce à sa brillante plaidoirie (de nombreuses personnes profiteront ensuite de ses talents d’avocate).
dimanche 24 mars (4 germinal an VII)
Dimanche de Pâques.
lundi 25 mars (5 germinal an VII)
Bataille de Stockach : l’armée autrichienne de l’archiduc Charles (72 335 hommes et 114 canons) est victorieuse en Bade des troupes françaises du général Jourdan, deux fois moins nombreuses (34 823 soldats et 62 canons). Les vaincus déplorent 500 morts, 2 400 blessés et 2 900 prisonniers, les vainqueurs 400 tués, 1 600 blessés et 2 000 prisonniers. L’armée française du Danube est contrainte de battre en retraite vers le Rhin.
mardi 26 mars (6 germinal an VII)
Bataille indécise de Vérone opposant dans trois combats distincts l’armée autrichienne du général Pal Kray (41 400 hommes) aux troupes françaises du général Scherer (46 400 soldats). Victorieux à Pastrengo, les Français sont battus à Legnago, tandis l’affrontement ne désigne aucun vainqueur à Vérone même. Les pertes sont de 5 400 hommes et 17 canons chez les Français, 6 900 hommes et 12 canons chez les Autrichiens.
mercredi 27 mars (7 germinal an VII)
En Vénétie, l’armée de Kray occupe Vérone. Plus au sud, les troupes françaises entrent dans Florence.
jeudi 28 mars (8 germinal an VII)
A la tête de 150 hommes, le général de brigade Michel Ney s’empare par surprise sur le Rhin de la place Mannheim. Ce haut fait lui vaudra d’être promu général de division.
Les tantes du roi Louis XVIII, « Mesdames », se réfugient dans l’île grecque de Corfou, sous occupation russe.
samedi 30 mars (10 germinal an VII)
Bonaparte ordonne à Murat de reconnaître la vallée du Jourdain.
Dans le sud-est de l’Italie, l’armée française du général Broussier assiège la cité apulienne de Trani.
fin mars
Le général Victor est chargé par Scherer de contenir avec sa division et celle de Hatry les 30 000 Autrichiens concentrés dans Vérone. Le combat dure 14 heures.
lundi 1er avril (12 germinal an VII)
Le second assaut français sur Saint-Jean-d’Acre se solde par un échec.
Les troupes françaises et leurs alliés républicains italiens menés par Carafa pillent et détruisent en partie la cité de Trani, dont une partie de la population est massacrée : 800 habitants sont morts et une grande partie de la ville a été incendiée. Les navires de guerre français qui bloquaient le port ont ouvert le feu sur des bateaux de pêche qui tentaient de fuir avec des citoyens.
mercredi 3 avril (14 germinal an VII)
Les Français prennent Tyr [sud du Liban actuel].
nuit du jeudi 4 avril (15 germinal an VII)
Réveil brutal à la Guadeloupe du volcan de la Soufrière. Des torrents de boue ont dévasté des champs de vanille, de café et de cacao. Profitant de la panique, des travailleurs noirs ont fuit vers les camps de marrons établis sur les hauteurs de Goyave.
vendredi 5 avril (16 germinal an VII)
Nouvelle victoire autrichienne sur les Français, près de l’Adige. A la tête d’une armée de 41 000 hommes, le général Schérer a été battu à Magnano, près de Vérone, par les 46 000 Autrichiens du général Kray. Les pertes françaises sont de 8 000 hommes, tandis que les vainqueurs déplorent 6 000 hommes perdus. Schérer doit battre en retraite.
lundi 8 avril (19 germinal an VII)
En Palestine, une armée turque commandée par le pacha de Damas est vaincue par le général français Junot à Loubi, près de Nazareth. Les vaincus déplorent 500 tués, les vainqueurs 12 morts et 48 blessés.
mercredi 10 avril (21 germinal an VII)
Sur ordre du Directoire, le pape Pie VI quitte Parme pour Turin, sous forte escorte.
samedi 13 avril (24 germinal an VII)
Mariage « princier » à la Réunion : Barbe Mélanie Panon Desbassayns, issue de l’une des plus riches familles de colons de l’île, a épousé l’officier de marine Jean-Baptiste Guillaume Joseph de Villèle (futur Premier ministre de Louis XVIII et Charles X). Arrivé dans l’île après avoir été emprisonné en métropole (1794), il a été élu député à l’Assemblée de la Réunion.
lundi 15 avril (26 germinal an VII)
L’armée coalisée, commandée par le général russe Souvarov, entre dans Vérone.
Décès de l’archevêque de Lyon, Mgr Yves-Alexandre de Marbeuf, à l’âge de 64 ans.
Création à Paris, salle Favart, de Montano et Stéphanie, opéra-comique en trois actes de Jean-Elie Bédéno Dejaure, sur une musique d’Henri Berton. Si les références au culte catholique et l’apparition d’un évêque n’ont pas manqué de déchaîner les partisans et les adversaires de la religion, l’œuvre est dans l’ensemble un succès.
nuit du lundi 15 (26 germinal an VII) au mardi 16 avril (27 germinal an VII)
Chargé par Bonaparte de stopper l’armée turque qui vient de traverser le Jourdain pour aider les assiégés de Saint-Jean-d’Acre, le général Kléber se retrouve encerclé dans la plaine de Fouli par un ennemi bien plus nombreux.
mardi 16 avril (27 germinal an VII)
Bataille du mont Thabor : encerclés par 25 000 fantassins et 10 000 cavaliers turcs commandés par Abdallah Pacha, les 3 000 soldats français du général Kléber ont été secourus par les renforts envoyés par Bonaparte. A l’issue d’une marche de nuit depuis Saint-Jean-d’Acre, la division d’infanterie (4 000 hommes) et la batterie de réserve du général Bon ont totalement surpris les Ottomans dans la plaine de Fouli. Ces derniers se sont retirés en désordre après avoir perdu 3 000 hommes, tués ou blessés, plus 500 prisonniers. Les Français déplorent 300 morts et 60 blessés.
mercredi 17 avril (28 germinal an VII)
A la tête de quelques troupes de chouans, Cadoudal s’empare de la localité de Sarzeau, dans la presqu’île de Rhuys.
jeudi 18 avril (29 germinal an VII)
Elections de germinal an VII portant sur le renouvellement du tiers sortant des conseils : succès des jacobins qui obtiennent la majorité. Sur 187 candidats soutenus par les triumvirs (Barras, Reubell, La Révellière-Lépeaux), seulement 66 ont été élus.
Création à l’Opéra-Comique de Montano et Stéphanie, opéra en trois actes d’Henri Berton.
samedi 20 avril (1er floréal an VII)
Le modéré Jean-Marie Heurtault de Lamerville succède à Philippe-Laurent Pons, représentant de la majorité, comme président du Conseil des Cinq-Cents. Chez les Anciens Claude-Pierre Dellay d’Agier remplace Mathieu Depère comme président de l’assemblée.
dimanche 21 avril (2 floréal an VII)
Le gouvernement français retire la direction de l’armée d’Italie au général Schérer pour la confier au général Moreau, qui avait été écarté de tout commandement depuis 18 mois.
Masséna nomme Soult général de division. Ce dernier n’a que 30 ans.
mardi 23 avril (4 floréal an VII)
Dissous en raison de la reprise de la guerre, le congrès de Rastatt, réuni depuis décembre 1797 pour discuter du transfert de la rive gauche du Rhin à la France, s’achève sur un échec.
mercredi 24 avril (5 floréal an VII)
Troisième assaut français contre les défenses de Saint-Jean-d’Acre et troisième échec.
nuit du jeudi 25 (6 floréal an VII) au 26 avril (7 floréal an VII)
Chargée de rejoindre Malte, l’escadre française du contre-amiral Bruix parvient à forcer le blocus anglais de Brest. La flotte se dirige vers l’Espagne.
samedi 27 avril (8 floréal an VII)
Offensive russe en Italie du Nord : ayant traversé l’Adda, les 24 500 hommes du général Souvarov ont battu à Cassano d’Adda, en Lombardie, les 28 000 Français du général Moreau. Les vaincus déplorent 2 500 morts, 5 000 prisonniers et 27 canons perdus, tandis que les pertes russes ne se montent qu’à 2 000 hommes. Cerné et à court de munitions, le général Serrurier a été contraint de capituler dans le village de Verderio.
Le général Maximilien Caffarelli a succombé à ses blessures au siège de Saint-Jean-d’Acre. La perte de son bras droit lui a été fatale. Il avait 43 ans.
dimanche 28 avril (9 floréal an VII)
Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter Rastatt, deux plénipotentiaires français envoyés par le Directoire sont massacrés à coups de sabre par une escouade de hussards hongrois commandés par Barbaczy : Claude Roberjot (quarante-sept ans) et Antoine Bonnier d'Alco. Le troisième, Jean Debry, survit à quatorze coups de sabre.
lundi 29 avril (10 floréal an VII)
Les Russes de Souvarov entrent dans Milan.
mardi 30 avril (11 floréal an VII)
Victorieuses dans le nord de l’Italie, les armées russes et autrichiennes lancent une offensive en Suisse contre les troupes françaises commandées par Masséna.
La nouvelle de l’assassinat de Roberjot et Bonnier d’Alco parvient à Paris : la capitale est scandalisée.
A l’est de Naples, les troupes françaises du général Championnet, stationnées à Sarno, incendient le château Lancellotti à Lauro.
en avril
Accusé d’exactions en Wurtemberg, le général Vandamme est traduit devant un conseil de discipline... qui ne se réunira pas.
mercredi 1er mai (12 floréal an VII)
La garnison de Saint-Jean-d’Acre a perdu l’un de ses chefs : le noble émigré Antoine de Phelippeaux a succombé durant un nouvel assaut des Français, de la peste ou d’épuisement. Il avait 32 ans.
Les succès des Alliés dans le nord de l’Italie rendent la présence du pape Pie VI à Briançon trop dangereuse. Il quitte sous bonne escorte la cité alpine pour rejoindre Valence (où il arrivera le 14 juillet).
samedi 4 mai (15 floréal an VII)
Bonaparte ne recevra pas d’aide d’Inde : son allié potentiel, le sultan de Mysore Tippoo Sahib, est tombé sous les coups des Britanniques.
lundi 6 mai (17 floréal an VII)
En Toscane, les habitants d’Arezzo se soulèvent contre l’occupation française.
mercredi 8 mai (19 floréal an VII)
Le général Macdonald quitte Naples pour aller secourir, à marche forcée, les armées françaises en difficulté dans le Piémont.
jeudi 9 mai (20 floréal an VII)
Reubell est désigné directeur par tirage au sort.
vendredi 10 mai (21 floréal an VII)
L’armée russe du général Souvarov entre dans Novi.
Le général de brigade Jean Lannes (futur maréchal de France) est promu général de division.
dimanche 12 mai (23 floréal an VII)
Bataille de Bassignana : les 12 000 soldats français du général Moreau sont victorieux au Piémont des troupes russes d’Andrei Rosenberg et du Grand-Duc Constantin (entre 3 500 et 7 000 hommes). Les pertes françaises sont de 617 hommes, celles des vaincus entre 990 et 2 000.
lundi 13 mai (24 floréal an VII)
Vaincues à Monte Cineri par le général Lecourbe, les troupes autrichiennes commandées par le prince de Rohan sont contraintes de se retirer du sud de la Suisse vers la Tresa.
Ayant réussi à échapper à la flotte britannique, l’escadre de l’amiral Bruix pénètre dans la rade de Toulon.
Trois compagnies françaises sont stationnées à l’hospice du col du Grand-Saint-Bernard, entre la Suisse et l’Italie.
mardi 14 mai (25 floréal an VII)
Double victoire autrichienne dans les Grisons : à Coire, les troupes françaises du général Ménard, cinq fois moins nombreuses que leurs adversaires, sont mises en déroute, abandonnant sur le terrain 3 000 prisonniers, 15 canons et 21 voitures de munitions. Près de Davos, les forces autrichiennes du général Bellegarde, là aussi supérieures nombres, ont vaincu d’autres soldats français.
mercredi 15 mai (26 floréal an VII)
Décès à Munich du dernier évêque de Lisieux Mgr Jules-Basile Ferron de La Ferronais. Ayant émigré dès 1791, il était âgé de 64 ans.
jeudi 16 mai (27 floréal an VII)
L’élection, le 9 mai, du directeur Reubell est rejetée par le Conseil des Anciens.
Une sortie des défenseurs de Saint-Jean d'Acre menace de provoquer l'effondrement des lignes françaises, mais la défense de Murat permet de récupérer les positions perdues.
vendredi 17 mai (28 floréal an VII)
Le général Bonaparte décide d’abandonner le siège de Saint-Jean-d’Acre. Les assauts successifs n’ont rien donné et les trois mois de siège ont permis aux défenseurs de recevoir par mer des renforts en nombre : une trentaine de bateaux turcs ont débarqué dans le port plus de 10 000 soldats anglais et ottomans, ainsi que des armes, des munitions et des canons. Avant de quitter les lieux, le commandant en chef français ordonne de mettre le feu à tout ce qui peut brûler autour de la ville.
samedi 18 mai (29 floréal an VII)
Le célèbre écrivain Pierre Auguste Caron de Beaumarchais est mort d’apoplexie à Paris, à l'âge de 67 ans.
dimanche 19 mai (30 floréal an VII)
Un petit corps d’armée britannique a débarqué près d’Ostende.
lundi 20 mai (1er prairial an VII)
Partisan d’une révision de la Constitution, l’abbé Sieyès est élu Directeur par 118 voix sur 205, afin de succéder à Reubell.
Représentant de la gauche, Jean Antoine Debry succède au modéré Jean-Marie Heutault de Lamerville comme président du Conseil des Cinq Cents. Changement de présidence au Conseil des Anciens également : Charles Gourdan remplace Claude-Pierre Dellay d’Agier.
Les Français ont repoussé les soldats britanniques débarqués la veille près d’Ostende.
Naissance à Tours d’un fils de Bernard-François Balssa, ancien secrétaire au conseil du Roi, directeur des vivres et maire-adjoint. Immédiatement mis en nourrice, l’enfant, prénommé Honoré, devient l’un des plus grands écrivains français (Honoré de Balzac).
nuit du lundi 20 (1er prairial an VII) au mardi 21 mai (2 prairial an VII)
Levée du siège de Saint-Jean-d’Acre : les troupes de Bonaparte se retirent sous la protection de la cavalerie de Murat.
mercredi 22 mai (3 prairial an VII)
Dans une déclaration, Napoléon Bonaparte se prononce en faveur du retour des Juifs à Jérusalem.
jeudi 23 mai (4 prairial an VII)
Au terme d’un concordat, les deux obédiences rivales de la maçonnerie française, le Grand Orient et la Grande Loge de France, donne naissance au Grand Orient de France.
vendredi 24 mai (5 prairial an VII)
Création à Paris, au théâtre des Variétés, de François et Rouffignac, une pièce de Joseph Patrat.
samedi 25 mai (6 prairial an VII)
En Suisse, le général Masséna lance une double offensive dans le canton de Zurich à partir de Winterthour : au nord, les généraux Ney et Paillard repoussent les Autrichiens dans Andelfingen, tandis qu’à l’est (Thurgovie), la ville de Frauenfeld est prise par Oudinot et Soult .
dimanche 26 mai (7 prairial an VII)
Les Autrichiens et les Russes entrent dans Turin.
A la suite de l’accumulation des difficultés et des défaites militaires, l’amiral Bruix est chargé par la Directoire de se rendre au Proche-Orient et de ramener en France le général Bonaparte.
lundi 27 mai (8 prairial an VII)
Bataille de Winterthur, au nord-est de Zurich : 8 000 Autrichiens, commandés par le baron Friedrich von Hotze et le comte Friedrich Josef de Nauendorf, battent les 7 000 Français du général Ney. Les vainqueurs déplorent 1 000 tués, blessés ou disparus, les vaincus 800 hommes et quatre canons perdus. Suite à cette défaite, le général Masséna est contraint de se replier sur Zurich.
mercredi 29 mai (10 prairial an VII)
Sur la mer Rouge, le port de Kosséir [Al-Qusayr] est occupé par les troupes françaises du général Belliard.
vendredi 31 mai (12 prairial an VII)
Le Théâtre-Français de la République interprète à Paris, salle Richelieu, le Cid et l’Ecole des maris. Les acteurs appartiennent en fait à la troupe de la Comédie-Française, réunifiée pour la première fois depuis 1791.
en mai
Afin d’affaiblir l’influence turque dans le pays, les autorités françaises « égyptianisent » l’administration égyptienne.
samedi 1er juin (13 prairial an VII)
Des paysans chouans attaquent une colonne mobile près de Vern, en Maine-et-Loire.
lundi 3 juin (15 prairial an VII)
Début de la première bataille de Zurich : les 30 000 soldats du général Masséna font face sur la Limmat aux 40 000 Autrichiens de Charles-Louis d’Autriche et de Friedrich von Hotze.
mardi 4 juin (16 prairial an VII)
Les positions françaises de Zurich sont attaquées par les Autrichiens.
Première à Paris de l’opéra Adrien, d’Etienne Méhul, sur un livret de François-Benoît Hoffman. L’œuvre, librement inspirée de l’Adriano in Siria de Mestatase, aurait du être créée en 1792, mais le climat politique de l’époque avait entraîné son annulation. La représentation de ce jour a été permise grâce à une révision du texte sous la direction du ministre de la Police Jean-Pierre Duval. L’opéra est acclamé par la critique et le public mais certains élus du Conseil des Cinq-Cents y voient encore des allusions au général Bonaparte et au régime du Directoire.
mercredi 5 juin (17 prairial an VII)
Poussés par leurs ailes gauches, les Conseils législatifs exigent du Directoire une explication sur les défaites en série subies par les armées françaises. Le gouvernement est accusé de laxisme. Le ministre de la Guerre Schérer est point du doigt particulièrement : on le prétend corrompu ; il aurait profité des marchés d’Etat pours ‘enrichir.
Une statue de la Liberté est érigée à Paris, place de la Révolution, sur le socle qui avait autrefois porté la statue de Louis XV. Construite en plâtre, elle figure la Liberté assise, appuyant sa main gauche sur un faisceau et tenant un globe dans sa main droite.
Le naturaliste français Aimé Bonpland et son collègue allemand Alexandre de Humboldt ont embarqué dans le port espagnol de La Corogne à bord de la frégate Pizzaro pour une mission d’exploration à destination de l’Amérique du Sud.
jeudi 6 juin (18 prairial an VII)
Harcelé par l’ennemi, le général Masséna est contraint de se retrancher sur la rive gauche du Limmat. L’archiduc Charles peut entrer dans Zurich. Mais les pertes sont plus lourdes chez les Autrichiens (3 500 hommes tués ou blessés) que chez les Français (1 700 hommes).
vendredi 7 juin (19 prairial an VII)
Décès à Trieste (Italie) de la princesse Louise Marie Thérèse. Fille de Louis XV, Madame Victoire de France était âgée de 66 ans.
samedi 8 juin (20 prairial an VII)
Tous les théâtres de France ont fait relâche à la demande du gouvernement afin d’honorer la mémoire des deux plénipotentiaires français massacrés à Rasttat.
lundi 10 juin (22 prairial an VII)
Le neveu de Louis XVIII, Louis-Antoine d’Artois (fils du futur Charles X), comte d'Angoulême, a épousé à Mittau [aujourd’hui Jegalva, en Lettonie] sa cousine Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI, dite Madame Royale. Le marié a 24 ans, son épouse 21.
Décès à Paris du chevalier Joseph Bologne de Saint-George, célèbre escrimeur et musicien. Né esclave en Guadeloupe, il était âgé de 53 ans.
jeudi 13 juin (25 prairial an VII)
Soutenus militairement par l’amiral anglais Nelson, mais également par les Russes et des Turcs, le cardinal italien Ruffo et les troupes sanfédistes se lancent à l’assaut de Naples.
Le général noir Toussaint Louverture signe avec le général anglais Thomas Maitland et le consul américain Edward Stevens la Convention commerciale tripartite : les huit articles ouvrent aux navires de commerce de Grande-Bretagne et des Etats-Unis les ports de Saint-Domingue [Haïti], qui représente la moitié de la production mondiale de coton et de café et une tiers de celle de sucre. Washington charge aussitôt une flotte de 50 navires pour protéger des corsaires français les convois.
vendredi 14 juin (26 prairial an VII)
Retour au Caire (Egypte) de l’armée de Bonaparte. Le général français a fait précéder son arrivée de bulletins de victoire, mais dans les faits il a battre en retraite pour la première fois, après avoir perdu 2 300 hommes.
Création à l’Opéra-Comique de Paris de l’opéra La Nouvelle au camp, ou le Cri de la vengeance, une scène lyrique en un acte d’Henri Montan Berton.
dimanche 16 juin (28 prairial an VII)
N’ayant toujours pas obtenu de réponse sur ses questions concernant les défaites françaises, le Conseil des Cinq-Cents décide, à l’initiative du député Poullain-Grandprey, de siéger en permanence, tant que le Directoire ne lui aura pas apporté satisfaction.
Après seulement quatre représentations, l’opéra Adrien d’Etienne Méhul est interdit sur pression du député corse Lucien Bonaparte, frère cadet du général (l’œuvre sera finalement autorisée en février 1800).
nuit du dimanche 16 (28 prairial an VII) au lundi 17 juin (29 prairial an VII)
Sur proposition du député Bergasse, les Cinq-Cents annulent l’élection, 13 mois plus tôt, du directeur antijacobin Treilhard, sous prétexte d’anticonstitutionnalité (il avait quitté l’Assemblée moins d’un an auparavant). L’ancien ministre de la Justice Louis Gohier, réputé jacobin, est élu pour lui succéder.
lundi 17 juin (29 prairial an VII)
Début dans le nord de l’Italie de la bataille de la rivière Trébie (Trebbia) opposant les 35 000 soldats du général Macdonald aux 18 000 Russes et aux 14 000 Autrichiens des généraux Souvorov et Melas.
mardi 18 juin (30 prairial an VII)
Coup d’Etat « de Prairial » mené par les Conseils contre le Directoire : soupçonnés de trahison et de concussion, les directeurs La Revellière-Lepaux et Merlin de Douai sont à leur tour contraints de démissionner, afin d’éviter une effusion de sang, par une délégation de députés jacobins, alliés à des « directoriaux » dissidents opportunistes. Roger Ducos est élu directeur.
Le général Joubert est nommé commandant en chef de la division militaire de Paris.
Composée de trois navires de ligne et de deux frégates (HMS Centaur, Bellona, Captain, Emerald et Santa Teresa), la flotte britannique de Lort Keith remporte au large de Toulon sur les trois frégates et deux bricks (Junon, Courageuse, Alceste, Salamine, Alerte) du contre-amiral Perrée. Une frégate française est capturée.
Un incendie a presque entièrement détruit la ville de Saint-Claude, dans le Jura.
mercredi 19 juin (1er messidor an VII)
Après trois jours de combat longtemps indécis, les forces austro-russes de Souvorov battent l’armée française de Macdonald sur les rives de la Trébie, en Emilie. Les vaincus déplorent 6 000 morts et 12 000 prisonniers, les vainqueurs seulement 900 morts et 4 300 blessés. Macdonald doit battre en retraite vers les Apennins tandis que l’armée d’Italie du général Moreau doit se retirer vers les Alpes.
A l’issue de six jours de combats, les dernières troupes françaises encore présentes dans la ville se retirent de Naples : les sanfédistes du cardinal Ruffo s’emparent de la ville, mettant ainsi fin à la République Parthénopéenne créée cinq mois auparavant par Championnet. Une sanglante répression conservatrice va s’abattre sur les jacobins et les partisans des Français.
A Paris, Jean-Joseph-Victor Génissieu succède à son collègue de la gauche en tant que président du Conseil des Cinq-Cents. Baudin des Ardennes devient pour sa part président du Conseil des Anciens en lieu et place de Charles Gourdan.
jeudi 20 juin (2 messidor an VII)
Le général Jean-François Moulin est élu Directeur.
samedi 22 juin (4 messidor an VII)
A Saint-Pétersbourg, les représentants britanniques et russes ont signé une convention visant à mettre sur pied une intervention militaire en République batave.
Nicolas-Marie Quinette remplace Nicolas-Louis François de Neufchâteau comme ministre de l’Intérieur.
Créés par décrets, les prototypes du mètre et du kilogramme sont présentés par les savants Méchain et Delambre et déposés aux Archives nationales de Paris.
dimanche 23 juin (5 messidor an VII)
Jean-Pierre Duval n’est plus ministre de la Police. Le thermidorien Claude Sébastien Bourguignon est nommé pour lui succéder.
lundi 24 juin (6 messidor an VII)
Les jacobins napolitains sont exclus de la capitulation de la garnison de la ville par l’amiral Nelson. Le cardinal Ruffo proposait de les laisser quitter la ville pour rejoindre les troupes françaises.
jeudi 27 juin (9 messidor an VII)
Les difficultés des armées françaises en Italie et en Suisse poussent le Directoire à ordonner un nouvel appel de conscrits. La possibilité de se faire remplacer est supprimée.
vendredi 28 juin (10 messidor an VII)
Un emprunt forcé de 100 millions est levé par le Directoire sur les riches afin de financer l’équipement de nouvelles troupes.
La répression s’abat sur les jacobins de Sienne : ils sont massacrés par le groupe contre-révolutionnaire Viva Maria. Les réactionnaires ont également brûlé vifs treize juifs dont la « loyauté » semblait suspecte.
fin juin
Sans même attendre la levée de l’interdiction de la liberté de la presse, plusieurs journaux commencent à paraître. Ils sont dans leur majorité contre-révolutionnaires.
mardi 2 juillet (14 messidor an VII)
Devant l’hostilité du Conseil des Cinq-Cents à son égard, le général de brigade Louis de Mureau, ministre de la Guerre, donne sa démission. Son action a pourtant permis aux troupes françaises d’Helvétie de mettre fin à la spirale des défaites. Le même jour, Mureau est élevé au grade de général de division.
mercredi 3 juillet (15 messidor an VII)
Le général Bernadotte est nommé ministre de la Guerre.
vendredi 5 juillet (17 messidor an VII)
Chargé de la défense de Paris, le général Joubert est nommé par les Directeurs commandant en chef de l’armée d’Italie.
Dans le nord-est de la Vendée, le village de Tiffauges est envahi par une bande de chouans venus du département voisin de Maine-et-Loire. L’arbre de la Liberté a été arraché.
samedi 6 juillet (18 messidor an VII)
Un esprit de renaissance règne dans les milieux jacobins de Paris : le Club du Manège est fondé ce jour par les Amis de la Liberté et de l’Egalité, une association présidée par Drouet. Des généraux (Augereau, Marbot) et d’anciens « terroristes » (Prieur de la Marne, Bouchotte) rejoignent la salle qui a vu les réunions successives de l’Assemblée constituante, de la Législative et de la Convention.
Parti de Briançon le 1er mai pour rejoindre Valence, le pape Pie VI parcourt ce jour l’étape Vizille-Grenoble. Il a été accueilli par une foule chaleureuse, qu’il a bénie.
dimanche 7 juillet (19 messidor an VII)
Menés par Lorenzo Mari, les contre-révolutionnaires arétins du groupe Viva Maria occupent Florence.
mercredi 10 juillet (22 messidor an VII)
Louis Suchet est promu général de division.
vendredi 12 juillet (24 messidor an VII)
Décret de levée en masse.
Les Conseils, qui craignent de nouvelles révoltes en province, votent la « loi des otages » : elle permet de désigner des otages dans chaque département déclaré en état de troubles et de procéder à la déportation de tout parent d’opposants (nobles, contre-révolutionnaires, émigrés) en représailles à l’assassinat de responsables ou de partisans du régime : quatre personnes déportées pour un meurtre commis. Le texte autorise à fusiller en cas de fuite (« elle est large, élargissez-là encore suivant vos besoins », écrira le futur ministre Fouché). Tenus également pour responsables des dégâts causés par les ennemis du Directoire, les otages devront rembourser et régler des indemnités aux familles des victimes.
samedi 13 juillet (25 messidor an VII)
Très attaqué par les néo-jacobins et par la presse pour sa corruption dans l’affaire XYZ (négociations avec les Etats-Unis), le ministre des Relations extérieures Charles de Talleyrand annonce sa démission prochaine.
dimanche 14 juillet (26 messidor an VII)
Transportés près des côtes égyptiennes par 60 navires britanniques, 16 000 soldats turcs commandés par Mustapha Pacha IV débarquent près du port d’Aboukir.
Fatigué et en partie paralysé, le « citoyen pape » Pie VI arrive à Valence, sa dernière demeure. Il était parti de Briançon le 1er mai.
A Paris, une fête est donnée au club jacobin du Manège à l’occasion du neuvième anniversaire de la prise de Bastille. Un esprit de renouveau révolutionnaire règne parmi les participants : le général Jourdan a notamment porté un toast à « la résurrection des piques ».
lundi 15 juillet (27 messidor an VII)
La « Pierre de Rosette » est découverte près du port égyptien de Rosette [Rashid en arabe] par le capitaine français Pierre-François Bouchard. La grande stèle de basalte noir a été trouvée à l’occasion de travaux de fortifications réalisés à Fort Jullien, sur la rive gauche du Nil. Datée du IIe s. avant J.-C., elle est recouverte de trois textes, l’un en hiéroglyphes, l’autre en démotique et le dernier en grec.
mercredi 17 juillet (29 messidor an VII)
La ville d’Aboukir est prise d’assaut par les Turcs de Mustapha Pacha. La garnison française comprenait 300 hommes sous les ordres du chef de bataillon Godart. Mais, plutôt que de se mettre en marche sur Le Caire, les vainqueurs préfèrent demeurer dans le port égyptien.
vendredi 19 juillet (1er thermidor an VII)
La gauche perd la présidence du Conseil des Cinq-Cents : le modéré Jean-Baptiste Quirot succède à Jean-Joseph-Victor Genissieu. Chez les Anciens, Louis-Thibaut Dubois-Dubais remplace Baudin des Ardennes comme président.
Au cours de la trentième séance de l’Institut d’Egypte au Caire, l’ingénieur Michel Lancret informe ses collèges que le capitaine Bouchard a découvert la « pierre de Rosette ».
samedi 20 juillet (2 thermidor an VII)
Important remaniement ministériel : une semaine après l’avoir annoncé, Talleyrand quitte le ministère des Relations extérieures. Il est remplacé par Charles Frédéric Reinhard (38 ans), d’origine allemande. Lui-même violemment attaqué, le ministre des Finances Dominique Ramel de Nogaret (en place depuis 1796) est remplacé par Robert Lindet. De son coté, Claude Sébastien Bourguignon ne sera resté que 27 jours à la tête du ministère de la Police. Joseph Fouché lui succède. Enfin Jean-Jacques-Régis de Cambacérès devient ministre de la Justice en lieu et place de Charles Lambrechts.
dimanche 21 juillet (3 thermidor an VII)
Le général russe Souvarov oblige les Français à quitter Alexandrie (Piémont italien).
jeudi 25 juillet (7 thermidor an VII)
Grande victoire à Aboukir de l’armée française (10 000 fantassins et 1 000 cavaliers) du général Bonaparte sur les 17 000 soldats de Mustapha Pacha IV (mais seulement 8 000 en état de combattre). D’abord indécise, l’issue de la bataille a tourné du côté français après que le pacha soit sorti du fort avec ses hommes pour couper les têtes des soldats français tombés : rendus fou de rage, les Européens ont chargé l’ennemi avec succès. Les Ottomans sont rejetés à la mer : 2 000 sont tués au combat, 4 000 noyés, 2 000 portés disparus et 1 500 capturés. En face les Français ne déplorent que 220 morts et 600 blessés. Trop éloignée, la flotte britannique n’a pu être d’aucun secours. 3 000 Turcs sont parvenus à se retrancher dans le fort (ils se rendront quelques jours plus tard). Pour son héroïsme, Joachim Murat est promu général de division dans la soirée même : il a capturé en combat singulier le commandant ennemi qui lui avait pourtant tiré une balle à travers la bouche (il sera opéra le lendemain).
Dans le nord de l’Italie, la garnison française de Mantoue (8 000 soldats et plus de 600 canons), commandée par le général de Latour-Foissac, s’est rendue aux Autrichiens après quatre mois de siège. Le général Kray, qui commande à 30 000 hommes, a accordé aux simples soldats français le droit de se retirer librement sous la promesse de ne se battre contre les Alliés pendant un an. En revanche, l’état-major sera conduit en Autriche comme otage. Le siège a coûté 1 700 hommes tués et 1 400 autres blessés à la garnison française.
Jean-Baptiste Drouet est nommé général de brigade pour s’être distingué au sein de l’armée d’Helvétie.
vendredi 26 juillet (8 thermidor an VII)
A Paris, les jacobins sont chassés de la salle du Manège. Ils s’installent rue du Bac.
Une douzaine d’artistes sont allés remettre au directeur Barras une pétition réclamant que l’émigrée Mme Vigée-Lebrun soit autorisée à revenir en France. Parmi les 255 signataires figurent de grands noms de la culture française (Brongniart, Chalgrin, David, Fragonard, Méhul, Gossec, Chénier, etc.
samedi 27 juillet (9 thermidor an VII)
Le régime du Directoire impose un emprunt obligatoire sur les riches.
La Russie déclare la guerre à l’Espagne.
mardi 30 juillet (12 thermidor an VII)
Gabriel Molitor (futur maréchal de France) est nommé général de brigade.
mercredi 31 juillet (13 thermidor an VII)
Inquiet des menaces qu’ils font peser sur le régime, le Conseil des Anciens publie un rapport de Cornet et de Courtois demandant au Directoire de prendre des mesures contre les jacobins.
jeudi 1er août (14 thermidor an VII)
La suspension de la liberté de la presse est décrétée par le Conseil des Anciens. Les journaux d’opposition sont désormais autorisés. Plusieurs titres, essentiellement contre-révolutionnaires avaient commencé à paraître dès la fin du mois de juin.
vendredi 2 août (15 thermidor an VII)
Décès à Serrières, en Ardèche, de l’un des deux célèbres frères Montgolfier. Le cadet, Etienne, était âgé de 54 ans.
dimanche 4 août (17 thermidor an VII)
Des royalistes battent des républicains à Argentré-du-Plessis (Ille-et-Vilaine).
nuit du lundi 5 (18 thermidor an VII) au mardi 6 août (19 thermidor an VII)
Insurrection générale royaliste en Haute-Garonne : un peu partout des paysans prennent les armes contre la République. Toulouse est attaquée par 5 000 à 6 000 insurgés armés pour certains de fusils, mais surtout de fourches et de faux. Commandés par le général Antoine Rougé et le comte Jules de Paulo, ils espéraient pouvoir entrer dans la ville grâce des complices qui devaient leur ouvrir les portes, mais, prévenue à la suite d’une trahison, la petite garnison républicaine a pu repousser l’assaut. Mais la menace demeure, les royalistes ne se retirant que pour mieux préparer la prochaine attaque. Les départements voisins du Gers, du Lot-et-Garonne et de l’Ariège sont également en proie à des troubles.
Secourue par des soldats venus de Villefranche, la petite garnison de Baziège repousse une attaque des royalistes à 25 kilomètres au sud-est de Toulouse.
mardi 6 août (19 thermidor an VII)
La fièvre royaliste s’étend dans le Sud-Ouest : une violente émeute a éclaté à Bordeaux. A Toulouse, les autorités ont dressé une liste d’otages pour faire pression sur les insurgés.
mercredi 7 août (20 thermidor an VII)
Un soulèvement royaliste échoue à Dax.
vendredi 9 août (22 thermidor an VII)
Le général Aubugeois lance la contre-offensive républicaine. Renforcées par les garnisons d’Albi, de Cahors et de Montauban ses troupes effectuent une sortie de Toulouse et se lancent à l’assaut des positions royalistes sur les hauteurs de Pech-David, dans les faubourgs sud : les 700 insurgés, dont seulement une cinquantaine sont armés de mauvais fusils, sont mis en déroute, laissant sur le terrain environ 300 tués, selon les estimations des vainqueurs qui ne déplorent que 3 ou 4 blessés.
nuit du vendredi 9 (22 thermidor) au samedi 10 août (23 thermidor an VII)
Des insurgés royalistes interviennent à Blagnac, à 6 kilomètres au nord-ouest de Toulouse, avant de se replier vers Colomiers.
samedi 10 août (23 thermidor an VII)
Vaincus à Toulouse, les insurgés royalistes de Rougé et Paolo se replient vers le Gers et le sud-ouest de la Haute-Garonne.
dimanche 11 août (24 thermidor an VII)
A 33 kilomètres à l’ouest de Toulouse, le général Aubugeois écrase les royalistes à L’Isle-Jourdain : 400 insurgés sont massacrés et 80 autres sont faits prisonniers.
Retour à Brest de la flotte de Bruix avec une escadre espagnole.
lundi 12 août (25 thermidor an VII)
Bataille de Carbonne : à 40 kilomètres au sud-ouest de Toulouse, les 700 soldats républicains de l’adjudant-général Barthier tombent dans une embuscade tendue par 4 000 royalistes, commandés par le général Rougé, près du château de la Terrasse. Plus de 60 républicains sont tués, environ 150 blessés et 200 à 300 sont faits prisonniers. Les vainqueurs décident de se retirer vers Saint-Gaudens.
Dans le Gers, les soldats républicains venus de Haute-Garonne rejoignent à Gimont les troupes en provenance d’Auch.
mardi 13 août (26 thermidor an VII)
Le Directoire proclame certains départements en « état de trouble » : le droit des visites domiciliaires par la police est rétabli.
Ancien jacobin lui-même, le ministre de la Police Joseph Fouché a fait fermer le club du Manège à Paris, sur ordre du directeur Sieyès. Accusés de violation de la Constitution, ils avaient été chassés de la salle du Manège avant de s’installer le 26 juillet rue du Bac.
mercredi 14 août
La retraite royaliste se transforme en déroute en Haute-Garonne : devant l’avancée du général Aubugeois, les insurgés se retirent sans combattre de leur place-forte de Muret. Les survivants de l’insurrection décident de tenter de rejoindre l’Espagne sous la direction de Rougé et de Paulo.
jeudi 15 août (28 thermidor an VII)
Bataille de Novi Ligure : forte de 38 000 hommes, l’armée française des généraux Joubert et Moreau est battue dans le Piémont par les 45 000 Russes et Autrichiens de Souvorov. Les pertes humaines sont assez proches : 1 500 morts, 5 000 blessés et 3 000 prisonniers côté français, 1 800 tués, 5 200 blessés et 1 200 prisonniers côté russe. Parmi les victimes française figure le commandant en chef de l’armée d’Italie : le général Barthélémy Joubert, âgé de 30 ans, a trouvé la mort de façon héroïque. Désormais à la tête des dernières troupes françaises d’Italie, le général Moreau bat en retraite en direction de Gênes.
Une flotte conjointe franco-espagnole commence à patrouiller au large des côtes sud-ouest de l’Angleterre.
samedi 17 août (30 thermidor an VII)
Menacés d’être pris en tenailles dans le sud de la Haute-Garonne par deux colonnes républicaines (celle du général Barbot et celle du général Commes), les royalistes se retirent de Saint-Gaudens : longeant la Garonne, les 1 500 à 3 000 paysans parviennent en fin de soirée à Montréjeau. Rougé et Paulo établissent leur état-major dans l’hôtel de Lassus-Camon.
dimanche 18 août (1er fructidor an VII)
Par 217 voix contre 214, le Conseil des Anciens a rejeté la mise en accusation des quatre anciens directeurs.
Représentant de l’aile droite de l’Assemblée, Antoine Boulay de la Meurthe succède au modéré Jean-Baptiste Quirot comme président du Conseil des Cinq-Cents. Changement de présidence également au Conseil des Anciens : Mathieu-Augustin Cornet remplace Louis-Thibaut Dubois-Dubais.
L’un des dernières bandes royalistes encore en activité dans le Sud-Ouest a été dispersée à Beaumont-en-Lomagne (Tarn-et-Garonne), entre Auch et Montauban.
Ouverture à Paris du Salon de l’an VII : 489 œuvres, réalisées par 241 artistes (dont 187 peintres), sont présentées au public bourgeois. Cette première journée est immédiatement marquée par un scandale : la célèbre actrice Mlle Lange a fait retirer une toile satirique la représentant nue sous les traits de Danaé avec à ses pieds un dindon. Il s’agit là d’une vengeance du peintre Girodet, qui n’avait pas apprécié que son modèle refuse un précédent tableau. Plus que les paysages, les visiteurs apprécient particulièrement les portraits, comme Alexandre Lenoir de Delafontaine ou la Comtesse Régnault de Saint-Jean d’Angély de Gérard. L’étonnante Jeune fille surprise par l’orage attire également l’attention mais surtout le public se presse pour admirer un tableau de Pierre Narcisse Guérin. Sa deuxième participation au Salon lui apporte la notoriété : pour nombre d’observateurs son émouvant Retour de Marcus Sextus symbolise les malheurs des émigrés rentrant chez eux. La contre-révolution adore. Très gêné, le modeste peintre a tout fait pour éviter ses nouveaux fans.
lundi 19 août (2 fructidor an VII)
Début de la bataille de Montréjeau opposant en Comminges, sur les bords de la Garonne, la colonne républicaine du général Commes (2 000 à 4 000 soldats) aux derniers insurgés royalistes de Haute-Garonne (1 500 à 4 000 hommes menés par Rougé et Paulo).
mardi 20 août (3 fructidor an VII)
Fin de l’insurrection royaliste dans le Sud-Ouest : les derniers royalistes ont été vaincus au second jour de la bataille de Montréjeau. Repoussés par le général Commes à l’Est, ils ont trouvé leur route coupée à l’Ouest par la colonne du général Barbot venue de Lannemezan. Les paysans en fuite sont en grande massacrés : 1 000 à 1 500 hommes sont tués et 1 000 autres sont capturés (conduits à Toulouse, où 11 d’entre eux seront fusillés) ; environ 2 000 se sont enfuis dans les campagnes environnantes. Les républicains ne déplorent que 12 morts. Les vestiges de la cavalerie insurgée, avec ses chefs Rougé et Paulo, parvient à franchir un pont et à s’enfuir vers la Comminges, d’où ils rejoindront l’Espagne.
Le comte d’Artois (futur Charles X) nomme Cadoudal au commandement des chouans des trois départements du Morbihan, du Finistère et des Côtes-d’Armor. Il dispose de 8 000 hommes, répartis en huit légions, organisés comme une armée réglée.
jeudi 22 août (5 fructidor an VII)
Les derniers rebelles royalistes du Gers sont vaincus. L’insurrection du Sud-Ouest a été matée en 17 jours : 4 000 hommes ont été tués et 6 000 capturés (4 000 seront rapidement libérés et les autres amnistiés par la suite).
vendredi 23 août (6 fructidor an VII)
Devenue un véritable prisonnier de son aventure égyptienne, le général Bonaparte abandonne son armée : il embarque discrètement à bord de la frégate La Muiron et quitte l’Egypte pour rentrer en France, accompagné de ses plus fidèles lieutenants (Berthier, Duroc, Murat, Marmont et Lanne). Les savants Monge et Berthollet sont également du voyage. Son bâtiment est escorté par les navires Carrère, Revanche et Fortune. Continuellement tenu au courant des défaites qui s’accumulent en Italie et en Suisse, Bonaparte savait que l’avenir de la France, et le sien en particulier, ne se trouve plus en Orient mais en Europe. Le général Kléber est furieux. Nommé nouveau commandant en chef de l’armée française d’Egypte, il n’a appris la fuite de son supérieur qu’après son départ. La presse britannique ne manquera pas de se moquer de ce qu’il faut bien appeler une désertion.
lundi 26 août (9 fructidor an VII)
En Mayenne, l’adjudant général François-Guillaume d’Halancourt est battu au bourg de Bouère par les chouans de Tercier.
Le « grand inquisiteur » de la Terreur est presque libre. Maintenu en détention malgré un acquittement en 1797 et une amnistie en 1798, Marc-Guillaume Vadier est libéré de la prison de Cherbourg et transféré à Chartres, pour y être placé en résidence surveillé. Il fallait à tout pris l’éloigner de Cherbourg, où l’ancien président du Comité de sûreté général bénéficiait d’importantes sympathies de la part d’officiers jacobins.
mardi 27 août (10 fructidor an VII)
Débarquement anglo-russe au Helder, dans le nord de la Hollande. Le duc Frederick d'York et d’Albany, fils de George III, commande cette expédition qui compte 32 000 hommes. A peine débarqués, les 12 000 soldats du général Sir Ralph Abercromby doivent affronter les 10 000 Bataves du général Herman W. Daendels à la bataille de Callantsoog (Groote Keeten). Malgré une forte résistance, les Britanniques sont victorieux et peuvent établir une solide tête de pont. Les vaincus déplorent 137 morts et 950 blessés, les vainqueurs 74 tués et 376 blessés.
jeudi 29 août (12 fructidor an VII)
Le pape Pie VI meurt en captivité en France, à Valence. Il avait 82 ans.
vendredi 30 août (13 fructidor an VII)
Incident de Vlieter : le général anglais Abercromby et l’amiral Charles Mitchell obtiennent sans combattre la reddition de douze des treize navires de la flotte hollandaise du vice-amiral Samuel Story, ancrée au Texel, près de Wieringen. L’opération a été facilitée par l’action d’agents qui ont déclenché une mutinerie. Les Anglais ont les mains libres pour mener leurs opérations dans le nord de la République batave.
en août
Le leader chouan Cadoudal réunit les chefs bretons au camp de Beauchêne ; le marquis de Bourmont est envoyé à Londres pour prendre le commandement du Maine, Perche, Chartrain, Vendômois.
dimanche 1er septembre (15 fructidor an VII)
En Hollande, le général français Brune échoue dans une première tentative visant à rejeter à la mer les Anglais d’Abercromby.
lundi 2 septembre (16 fructidor an VII)
La liberté de la presse n’aura tenu qu’un mois : en vertu de la loi du 19 fructidor an IV, le Directoire a ordonné l’arrestation et la déportation dans l’île d’Oléron, des propriétaires, directeurs et rédacteurs de 34 journaux, essentiellement royalistes. Les menaces que font peser en province les actions contre-révolutionnaires ont notamment conduit à la fermeture de titres, dont les plus importants sont l’Eclair, du Messager du soir et du Mémorial.
mardi 3 septembre (17 fructidor an VII)
Après les royalistes, le régime s’en prend aujourd’hui à la presse jacobine : le Défenseur de la patrie et le Journal des hommes libres font partie des dix journaux interdits ce jour.
Mis au courant de l’arrivée prochaine de l’armée de Souvorov, le général Masséna met en place en Suisse une nouvelle stratégie visant à empêchant que les différentes armées russes et autrichiennes se rejoignent. L’état-major a défini le meilleur emplacement pour débarquer des troupes françaises sur la rive droite de la Limmat.
samedi 7 septembre (21 fructidor an VII)
L’administration du canal d’Orléans (ouvert en 1692) est confiée au citoyen Bellesme, avec reversement d’une partie des bénéfices à la République. Mal entretenu depuis des années, Le canal est dans un très mauvais état.
dimanche 8 septembre (22 fructidor an VII)
Victoire française dans le nord de l’Italie : les troupes du général Championnet ont repris aux Autrichiens la ville de Suse.
lundi 9 septembre (23 fructidor an VII)
Les Anglais de sir Ralph Abercromby résistent victorieusement à une attaque des Français de Brune à Zuyper Sluys, en Hollande.
jeudi 12 septembre (26 fructidor an VII)
Création au théâtre Montansier de Paris de l’opéra-comique en un acte Emma ou la Prisonnière, créé par le compositeur italien Luigi Cherubini, en collaboration avec François-Adrien Boieldieu, sur un livret de Claude Godard d'Aucourt de Saint-Just, Etienne de Jouy et Charles de Longchamps.
vendredi 13 septembre (27 fructidor an VII)
Venant d’Italie, l’armée russe de Souvarov franchit le col du Saint-Gothard. Auparavant, 2 000 Russes avaient affronté pendant 12 heures 600 Français à Airolo [Tessin suisse] qui défendaient le passage. Ces derniers ont été contraints de se retirer vers la vallée de Bédretto.
Intervenant devant le Conseil des Cinq-Cents, le général Jourdan réclame que la Patrie en danger soit proclamée.
samedi 14 septembre (28 fructidor an VII)
Réputé trop proche des jacobins, le général Bernadotte perd son poste de ministre de la Guerre à la suite des intrigues du Directeur Sieyès. Le général de brigade Edmond Louis Dubois de Crancé est nommé pour lui succéder.
dimanche 15 septembre (29 fructidor an VII)
Protégés par 1 200 hommes, 200 chefs chouans bretons, angevins, normands et vendéens se réunissent au château de la Jonchère, à Juigné-des-Moutiers, dans le nord-est de la Loire-Inférieure, pour discuter d’une reprise des hostilités : bien que divisés sur de nombreux points, Bourmont, d’Andigné, La Prévalaye et Châtillon décident d’une prise d’armes générale pour le 15 octobre.
mardi 17 septembre (1er jour complémentaire an VII)
Le général Ney est nommé commandant en chef provisoire de l’armée du Rhin.
nuit du mardi 17 au mercredi 18 septembre (2e jour complémentaire an VII)
Le commandant de la division chouanne de Fougères, Joseph Picot de Limoëlan, attaque Pontorson à 3 heures du matin avec 150 à 250 hommes. Surprise, la garnison est désarmée. Sur le point d’être arrêté, le pharmacien et agent municipal Hédou abat un royaliste et en blesse un autre avant de s’enfuir à travers champs. A l’aube, les chouans se retirent vers Antrain en emportant 112 fusils. Les gendarmes, gardes nationaux et soldats sont libérés.
jeudi 19 septembre (3e jour complémentaire an VII)
La menace d’une invasion alliée de la Belgique est désormais écartée : au nord d’Amsterdam, les 15 000 à 18 000 Anglo-Russes commandés par le duc d’York sont battus à Bergen par les troupes françaises et bataves des généraux Brune et Daendels (22 000 soldats). Les pertes alliées sont lourdes : 117 morts, 490 disparus et 410 blessés côté anglais, 1 741 tués et 1 225 blessés côté russe. Les Français déplorent 250 tués, 400 blessés et 250 prisonniers, les Hollandais 800 morts, 500 blessés et 900 prisonniers.
Dans l’ouest du Maine-et-Loire, les 400 chouans du comte d’Andigné repoussent avec succès une attaque de 525 gardes nationaux et soldats républicains à Noyant-la-Gravoyère. Les vaincus se retirent vers Segré en laissant 75 morts sur le terrain. Les républicains déplorent également 21 blessés et plusieurs prisonniers (rapidement libérés).
lundi 23 septembre (1er vendémiaire an VIII)
Jean-Pierre Chazal succède à Antoine Boulay de la Meurthe comme président du Conseil des Cinq-Cents.
Venant d’Angleterre pour prendre la tête des chouans normands, le comte Louis de Frotté débarque à Meuvaines, près de Bayeux. Il est accompagné d’une quinzaine d’officiers.
mardi 24 septembre (2 vendémiaire an VIII)
Joseph Cornudet des Chaumettes remplace Mathieu-Augustin Cornet comme président du Conseil des Anciens.
mercredi 25 septembre (3 vendémiaire an VIII)
Début de la bataille de Zurich : afin d’empêcher les Russes et les Autrichiens de se rejoindre, les 75 000 soldats du général Masséna attaquent Zurich, défendue par les 44 000 Russes du général Korsakov. Dans le même temps, plus au Sud, Soult bouscule les 32 000 Autrichiens de Hötze : séparés de leurs alliés, ceux-ci sont repoussés entre le lac de Wallenstadt et la Linth. Les forces coalisées paient leur manque total de coordination.
Edouard Mortier est nommé général de division.
jeudi 26 septembre (4 vendémiaire an VIII)
Reprise et fin de la bataille de Zurich : les Russes de Korsakov, taillés en pièces, doivent quitter la ville, y laissant 6 000 prisonniers, et se retirer vers l’Allemagne au nord-est. Une retraite qui tourne rapidement à la débâcle. Les pertes russes sont lourdes (7 000 tués ou blessés, sans compter 100 pièces d’artillerie et tous les bagages perdus), alors que celles des Français sont deux fois moins importantes (3 000 morts et blessés). Laissant Lorges et Ménard poursuivre Korsakov, Masséna se tourne aussitôt contre l’autre armée russe, celle de Souvorov, qui arrive du Sud après avoir franchi le col du Saint-Gothard, mais trop tard…
vendredi 27 septembre (5 vendémiaire an VIII)
A son tour vaincu par Masséna, Souvorov est obligé à se frayer un passage difficile à travers la région montagneuse des Grisons pour se replier sur l’Allemagne. Cette double victoire française a des conséquences importantes : furieux de la défaite de ses troupes, en attribuant la responsabilité aux Autrichiens, le tsar Paul Ier se retire de la coalition contre la France.
Le poète et dramaturge Antoine-Vincent Arnault, proche de Bonaparte, est nommé membre de l'Institut dans la troisième classe, section de poésie.
lundi 30 septembre (8 vendémiaire an VIII)
Menacée d’être prise en étau, l’armée russe de Souvorov doit forcer le passage vers le lac de Wallenstadt en luttant avec acharnement contre la division française du général Molitor.
Les troupes napolitaines, soutenues par la Grande-Bretagne, reprennent Rome : la restauration des Etats pontificaux entraîne la fin de la République romaine, proclamée en février 1798.
mardi 1er octobre (9 vendémiaire an VIII)
Après quarante jours de navigation, la frégate Muiron qui ramène d’Egypte Bonaparte jette l’ancre dans le port d’Ajaccio, où des vents contraires vont retenir le général pendant quelques jours. Acclamé par la foule, il part se reposer quelques jours dans sa maison natale.
La porte de la Bavière est fermée à l’armée russe du général Souvorov : le verrou de Näfels est trop bien défendu par le général Molitor. Poursuivis par Mortier, les Russes n’ont plus d’autre choix que battre en retraite à travers les Grisons.
Au nord de Laval, les chouans de Bourmont s’emparent du bourg de Louverné, quasiment déserté de ses habitants.
Ancien député du Conseil des Cinq-Cents, l’économiste Pierre Samuel Dupont de Nemours quitte la France pour les Etats-Unis afin d’y faire fortune. Sa famille a embarqué dans le port de La Rochelle a bord de l’American Eagle.
mercredi 2 octobre (10 vendémiaire an VIII)
Les coalisés remportent l’une de leurs rares victoires dans l’expédition de Hollande : les 40 000 Anglais et Russes de Frederick d’York ont battu les 25 000 Français et Hollandais des généraux Brune et Daendels à la bataille d’Alkmaar (dite aussi seconde bataille de Bergen). Les vaincus déplorent 3 000 morts ou blessés et 300 prisonniers, les Britanniques 237 tués, 1 122 blessés et 200 disparus, les Russes 170 morts et 425 blessés.
A Argentré (Mayenne), dans les landes de la Hennerie, les 3 000 hommes de Louis de Bourmont (débarqué depuis peu en France pour prendre la tête des chouans du Maine) ont repoussé avec succès dans la soirée une attaque d’une colonne de 500 hommes commandés le chef de bataillon Margeret. Au cours du combat qui dure une heure et demie, 49 soldats républicains sont tués et beaucoup d’autres blessés ou faits prisonniers, tandis que de nombreux fusils et 20 chevaux sont saisis par les vainqueurs, qui déplorent 6 morts et 8 blessés. Les survivants républicains prennent la fuite. Les chouans passent la nuit qui suit au château de Hauterive.
jeudi 3 octobre (11 vendémiaire an VIII)
A l’issue d’un long procès, le tribunal de Chartres a condamné à de lourdes peines la bande des chauffeurs d’Orgères : 23 brigands ont été condamnés à mort et 40 autres au bagne. 84 personnes se trouvaient sur le banc des accusés pour des crimes commis depuis des années.
samedi 5 octobre (13 vendémiaire an VIII)
Au nord-est de Rennes, entre 1 000 à 3 000 chouans commandés par François-Gaspard de La Nougarède, commandant des divisions de Vitré et Fougères, attaquent par surprise un détachement de quarante soldats républicains près de Saint-Aubin-du-Cormier. Le commandant bleu, Azéma, est tué avec 7 de ses hommes mais les survivants parviennent à se retrancher dans la ville, où, renforcés par une partie des habitants, ils tiennent trois heures avant que les chouans ne se retirent. Les républicains déplorent 11 morts, 12 à 15 blessés et trois prisonniers, les blancs au moins 3 tués et 4 blessés.
dimanche 6 octobre (14 vendémiaire an VIII)
Bataille de Castricum : à la tête de 25 000 Français et Bataves, les généraux Brune et Daendels remportent une victoire décisive au sud-ouest d’Alkmaar sur les 26 000 Anglo-Russes du duc d’York et du général Abercromby. Les vainqueurs déplorent 1 382 morts, blessés ou prisonniers. Chez les vaincus le bilan est de 91 tués, 727 blessés et 603 disparus côté anglais et de 382 morts ou prisonniers et 735 blessés dans le camp russe.
du dimanche 6 (14 vendémiaire) au lundi 7 octobre (15 vendémiaire an VIII)
Harcelée par les troupes françaises, l’armée de Souvorov franchit dans des conditions désastreuses le col du Panix, qui relie les cantons de Glaris et des Grisons. La neige et le froid sont terribles pour des hommes en déroute, qui ont souvent perdu leurs chaussures et une partie de leur uniforme. 2 700 hommes, sur 15 700, meurent de froid, de maladie, d’épuisement ou suite à des chutes, tandis que sur 2 000 animaux de bât seulement 70 parviennent dans la vallée et que les 25 derniers canons ont du être abandonnés.
mardi 8 octobre (16 vendémiaire an VIII)
L’escadre de quatre navires qui ramène Bonaparte en France quitte Ajaccio alors qu’une douzaine de navires anglais croise à l’horizon.
Dans le Morbihan, Sarzeau retombe entre les mains du chouan Cadoudal.
Dans les montagnes de Suisse, les vestiges de l’armée de Souvorov parviennent à rejoindre Coire. Depuis la défaite de Zurich, les troupes russes ont fondu des deux tiers…
mercredi 9 octobre (17 vendémiaire an VIII)
Ayant miraculeusement échappé aux navires de guerre anglais croisant devant Toulon, la flottille de Bonaparte parvient dans la rade de Fréjus, devant Saint-Raphaël. L’accueil dans le port est triomphal : criant préférer « la peste que les Autrichiens », la population a rompu la quarantaine établie par les services de santé afin de célébrer le héros de retour d’Orient.
jeudi 10 octobre (18 vendémiaire an VIII)
Général en chef de l’armée catholique et royale de Haute-Bretagne et du Bas-Anjou, Pierre Louis Godet de Châtillon rassemble une partie de ses forces au Louroux-Béconnais, à l’ouest d’Angers. Ses divisions d’Ancenis, Châteaubriant, Segré et Varades regroupent 2 000 combattants.
vendredi 11 octobre (19 vendémiaire an VIII)
Création au théâtre parisien Favart de l’opéra comique Ariodant, du compositeur Etienne Méhul, sur un livret de François-Benoît Hoffman. L’œuvre est inspirée du Roland furieux d’Arioste.
samedi 12 octobre (20 vendémiaire an VIII)
Jeanne Labrosse est la première femme à sauter avec un parachute, un objet inventé par son mari André-Jacques Garnerin. Elle a réalisé cet exploit depuis un ballon monté à 900 mètres d’altitude.
dimanche 13 octobre (21 vendémiaire an VIII)
Bonaparte fait étape à Lyon. Pour célébrer le passage du célèbre général dans leur ville, les comédiens du Grand Théâtre improvisent une pièce de circonstance, le Héros de retour.
mardi 15 octobre (23 vendémiaire an VIII)
A la tête de 3 000 hommes, le chef chouan Louis de Bourmont s’empare de la ville du Mans, défendue par 1 000 soldats, gardes et autres défenseurs de la République. Les républicains déplorent 50 tués ou blessés, les contre-révolutionnaires 2 morts et quelque blessés. Les chouans saisissent 8 canons.
mercredi 16 octobre (24 vendémiaire an VIII)
Napoléon Bonaparte arrive à Paris.
En Mayenne, le général Godet de Châtillon ordonne à ses centaines de chouans de se mettre en marche sur Nantes.
Parti en Egypte en 1798, Monge retrouve sa place de directeur de l’Ecole polytechnique ; l’intérim avait été assuré par le chimiste Guyton de Morveau.
jeudi 17 octobre (25 vendémiaire an VIII)
Les Directeurs reçoivent Bonaparte en séance publique.
Les chouans de Bourmont se retirent du Mans.
Des contre-révolutionnaires auraient massacré plusieurs personnes dans une ferme d’un village de Basse-Alpes.
vendredi 18 octobre (26 vendémiaire an VIII)
Vaincu à plusieurs reprises par Brunhe, sans espoir de recevoir des renforts et avec sur les bras des milliers de malades, le général Frederick, duc d’York et d'Albany, commandant l'expédition anglo-russe en Hollande, est contraint de signer au nord-ouest d’Amsterdam la convention d’évacuation d’Alkmaar. Celle-ci prévoit le rembarquement de ses troupes à partir du 1er novembre et la libération de 6 000 Français et Hollandais faits prisonniers depuis le débarquement du 26 août.
samedi 19 octobre (27 vendémiaire an VIII)
Ulcérés par les défaites et l’attitude de ses alliés, le tsar de Russie Paul Ier rompt avec l’Autriche et le Royaume-Uni.
Les deux colonnes du général chouan Godet de Châtillon se rassemblent à Carquefou, au nord de Nantes. L’armée blanche a croisé, sans la voir, la troupe républicaine partie défendre Châteaubriant sous les ordres du général Achille Tocip. La grande ville voisine est quasiment sans défense.
nuit du samedi 19 (27 vendémiaire) au dimanche 20 octobre (28 vendémiaire an VIII)
Retentissant coup de force des chouans en Loire-Inférieure : sur ordre du général Godet de Châtillon, les 2 000 hommes du comte d’Andigné attaquent Nantes, par la porte de Rennes, à trois heures du matin. La garnison de 2 000 soldats et gardes nationaux est totalement surprise et désorientée : rapidement, l’île Feydeau et plusieurs ponts sont pris par les agresseurs, tandis que le colonel Mathurin Ménard, commandant de la division de Segré, libère 11 détenus, dont 3 prêtres, de la prison du Bouffay (les droits communs restent incarcérés). Les blancs se retirent à 6 heures du matin. Le seul combat de l’opération a causé la mort de 12 hommes côté républicain, dont le commandant de la place de Nantes (le chef de bataillon Sacy), et de 11 côté chouan. 41 républicains ont été blessés, dont le maire Saget (qui sera amputé d’une jambe).
mardi 22 octobre (30 vendémiaire an VIII)
La Russie quitte officiellement la coalition dirigée contre la France.
mercredi 23 octobre (1er brumaire an VIII)
Napoléon Bonaparte continue à placer ses pions. Il a fait élire président du Conseil des Cinq-Cents le député de Corse Lucien Bonaparte, son frère cadet. Il succède à Jean-Pierre Chazal. Chez les Anciens, Louis-Nicolas Lemercier remplace Joseph Cornudet des Chaumettes comme président de l’assemblée. Lemercier est également un homme du puissant général.
Intervenant devant le Conseil des Cinq-Cents, le médecin et philosophe Pierre Cabanis a présenté un Supplément au Dictionnaire de l’Académie. Depuis dix ans, un vocabulaire nouveau est apparu (noms de mois, département, arrondissement, commune, club, etc.) au détriment des termes d’’Ancien Régime.
nuit du vendredi 25 (3 brumaire) au samedi 26 octobre (4 brumaire an VIII)
Les chouans de Cadoudal échouent devant Vannes.
samedi 26 octobre (4 brumaire an VIII)
Entre Laval et Le Mans, les 1 000 chouans de Bourmont, équipés d’un canon, échouent dans une attaque du bourg de Ballée : les 140 défenseurs républicains ont repoussé l’assaut sans trop de difficulté. Les pertes contre-révolutionnaires sont très lourdes : 12 tués et 300 blessés (dont 232 succomberont dans les semaines qui suivent). Les républicains ne déplorent que 3 blessés.
du samedi 26 (4 brumaire) au dimanche 27 octobre (5 brumaire an VIII)
Coup de force de 800 à 900 chouans (six colonnes commandées par Mercier la Vendée, assisté de Carfort et Saint-Régent) contre la ville de Saint-Brieuc, défendue par 335 hommes commandés par le général Raphael de Casabianca (qui restera caché dans une maison) : après s’être emparés des 62 chevaux de l’écurie (établie dans l’ancienne collégiale Saint-Guillaume), ils libèrent 248 détenus de la prison (parmi les libérés figurent 20 officiers royalistes, le maire de Saint-Donan et l’ancien chef chouan Jean-Marie Le Veneur de La Roche, arrêté en 1796). L’opération a duré de minuit à 7 heures du matin. 10 Briochins sont tués dans l’action, par lesquels Jean-François Poulain de Corbion, commissaire du directoire exécutif, ancien maire de la ville (1779-1789) et ancien député à la Constituante (1789), âgé de 56 ans ; 30 autres ont été blessés. Les royalistes déplorent 5 tués et 1 blessé.
dimanche 27 octobre (5 brumaire an VIII)
Le comte Frotté, alias Blondel, un des chefs de la chouannerie normande, commence sa campagne en lançant, avec 4 000 hommes, une attaque contre Vire, mais, après des heures de combats, il doit ordonner la retraite.
lundi 28 octobre (6 brumaire an VIII)
Six jours après avoir rencontré Moreau, Napoléon Bonaparte s’est entretenu aujourd’hui à Paris avec l’ancien ministre de la Guerre, Bernadotte, afin d’obtenir son soutien pour l’avenir.
mardi 29 octobre (7 brumaire an VIII)
Menés par Pierre Guillemot, 2 000 chouans du Morbihan attaquent la ville de Locminé vers 7 heures du matin par trois côtés (nord, ouest et sud). Commandée par le capitaine Ferry et le lieutenant Valois, la garnison républicaine, forte de 80 à 200 hommes, tente de résister jusque dans le cimetière mais doit finalement fuir vers Baud après une heure de combat. Les bleus déplorent 6 à 20 morts et de 55 à 100t prisonniers (rapidement libérés contre la promesse de ne plus se battre ou certains fusillés selon les sources).
Les chouans du comte d’Autichamp sont battus par une colonne républicaine au nord de Cholet.
Suite à la menace d’une attaque chouanne, la cité de Gourin (nord-ouest du Morbihan) est évacuée. Sa garnison (quarante-neuf hommes) et ses administrateurs se réfugient au Faouët, plus au sud.
jeudi 31 octobre (9 brumaire an VIII)
La frégate française de 36 canons Capricieuse s’est échouée à l’embouchure du Blavet.
Dans le Piémont, Madame Sans-Gêne, de son vrai nom Marie-Thérèse Figueur, a été capturée par des hussards autrichiens. Femme soldat engagée dans l’armée française d’Italie, elle venait de déposer un blessé à l’hôpital de Busca (elle sera libérée quasiment aussitôt).
vendredi 1er novembre (10 brumaire an VIII)
Bonaparte poursuite ses entretiens à Paris : il s’est entretenu avec le directeur Sieyès. Les deux hommes se haïssent mutuellement, mais chacun a besoin de l’autre pour le coup qui se prépare.
Echec d’une nouvelle intervention turque en Egypte : chargé par Kléber de repousser les 8 000 janissaires débarqués près de Damiette, le général Jean Antoine Verdier remporte une brillante victoire à la tête de 1 000 soldats seulement. 2 000 Ottomans sont tués et 800 autres sont faits prisonniers. 10 canons et 32 drapeaux ont été saisis.
Début en Hollande de l’évacuation des soldats russes et anglais : les troupes coalisées commencent à rembarquer sur les navires.
samedi 2 novembre (11 brumaire an VIII)
Début de la bataille des Aubiers [aujourd’hui Nueil-les-Aubiers, dans les Deux-Sèvres] : attaquée par les 6 000 à 8 000 hommes du comte d’Autichamp, une colonne de 100 soldats se retranche dans l’église sous le commandement du capitaine Lavigne.
Commandant de la division chouanne de la région de Redon, le colonel Louis Sol de Grisolles s’empare de La Roche-Bernard.
dimanche 3 novembre (12 brumaire an VIII)
A son tour, l’ancien « terroriste » Fouché est approché par Bonaparte. Mettant de côté ses anciennes convictions, le ministre de la Police accepte de suivre le général.
A Bressuire, le général Simon Dufresne prend le commandement de 600 hommes pour porter secours au capitaine Lavigne aux Aubiers. Dans la journée, les 2 000 Vendéens, dont 200 cavaliers, défendant le pont de Nueil sont attaqués à la baïonnette et contraints de fuir. Ceux qui ont trouvé refuge dans le cimetière local sont massacrés.
lundi 4 novembre (13 brumaire an VIII)
Bataille de Savigliano (dite aussi de Genola) : à 56 kilomètres au sud de Turin, l’armée autrichienne du général Mélas, forte de 29 000 soldats, a vaincu les 15 000 Français du général Championnet. Ayant perdu 7 600 hommes (3 400 tués et 4 200 blessés), sans compter les 4 000 prisonniers, l’Armée d’Italie doit battre en retraite vers les Alpes, laissant la forteresse de Cunéo à la merci des Alliés. Ces derniers déplorent 2 150 morts (dont le général Karl von Adorjan) et blessés et 250 prisonniers. Les Autrichiens n’ont jamais été aussi proches de la frontière française.
A l’aube, les 700 soldats du général Dufresse, renforcés par 100 hommes venus de Châtillon-sur-Sèvre, attaquent les Vendéens assiégeant l’église des Aubiers. De son côté, le capitaine Lavigne réalise une sortie. Pris de panique, les Vendéens prennent la fuite et un grand nombre d’insurgés est tué. En trois jours, les insurgés ont laissé sur le terrain 500 morts, contre seulement 30 pour les bleus. De 1 200 à 1 500 blancs ont été faits prisonniers. L’Armée royale d’Anjou est anéantie.
Dans le sud-est du Morbihan, les chouans de Sol de Grisolles occupent le bourg de Muzillac.
Un certain Rochet a racheté pour 185 000 francs l’usine sidérurgique du Pont-de-Bois mise en vente comme bien national par le département de la Haute-Saône.
mardi 5 novembre (14 brumaire an VIII)
C’est au tour de Questembert d’être occupé par Sol de Grisolles.
mercredi 6 novembre (15 brumaire an VIII)
Un grand banquet de 750 couverts est donné par les conseils législatifs à Paris, en l’église Saint-Sulpice, en l’honneur des généraux Bonaparte et Moreau. L’absence des généraux jacobins Augereau et Jourdan est particulièrement remarquée. Bonaparte a profité de l’événement pour mettre au point avec Sieyès et Fouché les derniers détails du coup d’Etat.
vendredi 8 novembre (17 brumaire an VIII)
L’ombre de l’ancien brasseur jacobin Antoine Santerre continuait à peser sur les faubourgs parisiens. Bien qu’assagi et en partie éloigné de la vie publique, le révolutionnaire de la première heure, ancien de la Bastille, des massacres de Septembre et de la Terreur, demeurait une menace. Menacé de mort par Bonaparte, il a décidé de se retirer définitivement (arrêté après le 18 brumaire, il sera libéré sur intervention de Fouché).
samedi 9 novembre (18 brumaire an VIII)
Début à 8 heures du matin de la manœuvre parlementaire devant conduire à la révision de la Constitution : convoqués pour une session extraordinaire, les Anciens, triés sur le volet (les plus à gauche ont été « oubliés »), acceptent la thèse d'un « complot anarchiste » menaçant les Conseils et votent un décret transférant le lendemain les Assemblées à Saint-Cloud. Au même moment, acclamé par une vingtaine de ses généraux, Bonaparte quitte son hôtel de la rue de la Victoire pour se rendre aux Tuileries. Pour faire face à la pseudo-menace néo-jacobine, il est nommé commandant des forces militaires de Paris et de sa banlieue, jurant de sauver la République. A midi, le Conseil des Cinq-Cents ne peut qu’entériner le décret de transfert à Saint-Cloud malgré une tentative de résistance de l’opposition jacobine. Dans l’après-midi, des soldats s’installent en nombre aux points stratégiques de Paris et sur la route qui mène à Saint-Cloud. De son côté, le Directoire est contraint de se soumettre : Barras signe une lettre de démission que lui apporte Talleyrand, tandis que Sieyès et Ducos abandonnent sans difficulté leurs fonctions de directeurs. Seuls Gohier et Moulin tentent une vaine résistance : ils sont enfermés dans le palais directorial au Luxembourg sous la garde du général Moreau.
dimanche 10 novembre (19 brumaire an VIII)
La journée débute avec la parution dans le journal le Publiciste d’un avertissement de Bonaparte adressé aux troupes : « La République est mal gouvernée... » A midi passée, Bonaparte arrive au château de Saint-Cloud, encerclé par les soldats. Les séances des conseils débutent vers 14 heures dans une ambiance tendue. Alors que les Anciens, aujourd’hui au complet dans la galerie d’Apollon, se montrent hésitants et sensibles au mythe du « complot anarchiste » dénoncé par les jacobins oubliés la veille, le président des Cinq-Cents, Lucien Bonaparte, parvient mal à gouverner sa propre Assemblée à l’Orangerie. Désireux de défendre la République contre la tyrannie, des députés crient : « A bas la dictature ! ». A l’issue d’un vote sur appel nominal, la majorité vote le ralliement à la Constitution. La manipulation des « révisionnistes » semble compromise. Bonaparte est contraint d’intervenir pour défendre sa cause. Escorté d’officiers, il se rend d’abord dans la galerie d’Apollon. Dans un discours peu clair et par moment incohérent, il proteste de son dévouement à la Liberté et accuse les Anciens de vouloir la Terreur. Tantôt menaçant, tantôt enflammé, il ne parvient pas à obtenir le soutien d’une assemblée pourtant favorable la veille. A 16 h 30, il se rend à l’Orangerie où les Cinq-Cents s’indignent à la vue des grenadiers armés l’accompagnant. Accueilli par les cris de « Hors-la-loi », bloqué par certains députés jacobins, le général surpris ne peut que bafouiller. Brutalisé, il est entraîné par ses grenadiers hors de la salle dans un état de quasi-prostration (la légende napoléonienne évoquera une tentative d’assassinat : un coup de stylet destiné à Bonaparte aurait été détourné par le sous-lieutenant Barthe). Afin de retourner la situation qui semble désespéré, Lucien Bonaparte s’éclipse également pour haranguer les troupes stationnées dehors : dénonçant les « représentants du poignard » payés par l’étranger, il affirme que « des députés ont voulu tuer » leur général. A 17 h 30, les soldats indignés pénètrent dans l'Orangerie au son du tambour. Sur l’ordre de Murat « Foutez-moi tout ce monde-là dehors », la salle est évacuée par la force : les députés s'enfuient, les uns par les fenêtres, les autres en bousculant les soldats qui les poursuivent dans le jardin. Vers 19 heures, les Anciens, favorables aux conjurés ou apeurés par les derniers événements, décident la formation d'une commission exécutive provisoire de trois membres et remettent le pouvoir législatif aux mains d'une commission formée de députés des Anciens. Pour sauvegarder l'apparence de la légalité, les soldats sont chargés de rameuter quelques députés des Cinq-Cents.
Méprisé par Bonaparte, le général Edmond Louis Dubois de Crancé est démis de ses fonctions de ministre de la Guerre.
Menée par Louis de Sol de Grisolles, une troupe de 900 à 1 200 chouans attaque Redon à 6 heures du matin. Pris par surprise, la garnison de 40 à 60 soldats commandés par le capitaine Gély se retranche dans l’église avant de se rendre. Les républicains déplorent 5 tués et 5 blessés, les royalistes entre 1 et 4 morts et de 4 à 12 blessés. Dans l’après-midi, les bleus capturés sont autorisés à quitter la cité. Les blancs s’emparent d’un gros butin et mettent à sac les bâtiments publics.
nuit du dimanche 10 (19 brumaire) au lundi 11 novembre (20 brumaire an VIII)
Vers 21 heures, une cinquantaine de députés nomme les membres de la commission exécutive provisoire, Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos et installent deux commissions : l'une de 25 Anciens, l'autre de 25 membres des Cinq-Cents. Ils prendront avec la commission exécutive provisoire les mesures propres à établir une nouvelle Constitution. S’y présentant comme « l’homme providentiel », Bonaparte signe à 23 heures la proclamation justifiant le coup d’Etat. A 4 heures du matin, les deux commissions reçoivent la prestation de serment des trois consuls provisoires.
lundi 11 novembre (20 brumaire an VIII)
Jour de décadi, jour de repos : publication des journaux. Fouché y invite les « bons citoyens » à se réunir autour du nouveau pouvoir. Dans l'après-midi, à l'Opéra, quelques manifestants s'efforcent de créer un mouvement d'enthousiasme en faveur du « sauveur ». Dans les rues, au milieu des monuments illuminés, des agents du pouvoir proclament l'avènement du consulat et le programme qu'il s'est donné : la paix à l'intérieur comme à l'extérieur. Des affiches annoncent que Bonaparte n'est l'homme d'aucun parti, qu'il a le zèle d'un soldat de la liberté, la volonté d'un citoyen dévoué à la République et qu'il est décidé à unir tous les bons Français. Premier coup d'avertissement donné à la gauche : 34 jacobins sont bannis, 19 internés.
Bonaparte procède à un remaniement ministériel : il nomme Martin Gaudin ministre des Finances (un poste qu’il conservera jusqu’en 1814). Le fidèle général Louis-Alexandre Berthier est désigné ministre de la Guerre en remerciement de ses services : il avait accompagné Bonaparte en Egypte et avait participé à la préparation du coup d’Etat.
Les républicains tentent de reprendre Redon aux Chouans de Sol de Grisolles. Mais, tombée dans une embuscade, la colonne bleue doit se retirer en direction de Lohéac.
mardi 12 novembre (21 brumaire an VIII)
Le scientifique Pierre-Simon, marquis de Laplace, devient ministre de l’Intérieur (il succède à Nicolas-Marie Quinette).
Lucien Bonaparte quitte ses fonctions de président du Conseil des Cinq-Cents.
Premier signe d'un ralliement des propriétaires au régime, la rente sur l'Etat, le tiers consolidé, passe de 13 à 20 francs.
Une pièce allégorique à la gloire du général Bonaparte est créée au théâtre parisien des Jeunes Artistes, Premier Rayon de soleil.
mercredi 13 novembre (22 brumaire an VIII)
Abrogation de la loi des otages adoptée le 12 juillet dernier (24 messidor).
Nouvelle défaite de l’Armée d’Italie au Piémont : les 9 000 hommes du général Championnet doivent battre en retraite après avoir été vaincu à Mondovi, à l’ouest de Gênes, par les 14 000 Autrichiens de Mélas. Chaque camp a perdu 500 hommes.
jeudi 14 novembre (23 brumaire an VIII)
Conscient de ne plus pouvoir longtemps tenir ses positions face aux attaques turques, le général Kléber entre en contact avec le commodore britannique Sydney Smith à Aboukir afin de négocier une évacuation de l’armée française d’Egypte.
Forte de 300 à 600 hommes, une troupe républicaine commandée par les généraux Lespinasse et Gency lance l’assaut contre Redon. Après un premier combat au lieu-dit la Maison-Blanche, Sol de Grisolles ordonne à ses hommes de se retirer de la ville, mais la retraite tourne rapidement à la déroute, chaque chouan se dépêchant de rentrer chez lui. Une grande partie du butin saisi par les contre-révolutionnaires dans Redon est récupéré à Béganne. Environ 13 blancs ont été tués.
Arrêté créant la garde consulaire. Issue de la garde du Directoire, elle comprend 2 089 hommes.
vendredi 15 novembre (24 brumaire an VIII)
Bonaparte annonce dans le Moniteur que sa sœur Caroline va épouser le général Moreau, et, ce, contre la volonté des deux intéressés.
Cadoudal reprend les armes.
samedi 16 novembre (25 brumaire an VIII)
Assiégé depuis des semaines dans le port italien d’Ancône par les alliés commandés l’Autrichien Fröhlich, le général Mounier a été contraint de capituler, avec les honneurs. Les 9 000 Autrichiens et Napolitains et les 4 000 Romains étaient soutenus en mer par une flotte comprenant 2 000 Turcs et 1 300 Russes.
nuit du samedi 16 (25 brumaire) au dimanche 17 novembre (26 brumaire an VIII)
200 chouans, dont 40 cavaliers, entrent dans Gourin. La ville morbihannaise était désertée depuis 15 jours par les républicains.
dimanche 17 novembre (26 brumaire an VIII)
Le ministre de la Police Fouché ordonne à ses services de surveiller et de mettre au pas les théâtres français.
mardi 19 novembre (28 brumaire an VIII)
L’évacuation des troupes anglo-russes de Hollande est achevée. Les deux armées ont rembarqué leurs derniers hommes.
Dans l’ouest des Côtes-du-Nord, l’agent municipal de Lohuec, Louis Fercoq, est fusillé par les chouans.
mercredi 20 novembre (29 brumaire)
Publication d’un décret sur l’enrôlement des conscrits.
jeudi 21 novembre (30 brumaire an VIII)
Coup d'avertissement donné à la droite : le ministre de l'Intérieur, Laplace, déclare que le royalisme n'a pas à applaudir les récents changements politiques intervenus en France.
vendredi 22 novembre (1er frimaire an VIII)
Le Conseil des Cinq-Cents n’est plus présidé par un seul homme. C’est désormais un triumvirat qui dirige l’Assemblée : Antoine Boulay de la Meurthe, Pierre Daunou et Jean-Ignace Jacqueminot représentent la droite modérée (ils resteront en place jusqu’à la disparition du Directoire le 25 décembre).
Charles de Talleyrand redevient ministre des Relations extérieures, une fonction qu’il avait déjà occupée de 1797 à juillet dernier. Il succède à Charles-Frédéric Reinhard.
samedi 23 novembre (2 frimaire an VIII)
L’Armée d’Italie a un nouveau commandant en chef : le général Masséna est chargé de défendre Gênes à tous prix.
dimanche 24 novembre (3 frimaire an VIII)
Un armistice est conclu avec les chefs vendéens.
Les principaux banquiers de Paris fournissent au Trésor une avance de trois millions.
Loi qui crée l'administration des contributions directes.
mercredi 27 novembre (6 frimaire an VIII)
Le général républicain Hédouville reçoit un message l’informant qu’une dizaine de navires anglais sont apparus dans la baie de Quiberon avant de disparaître. Les Blancs soupçonnent que des armes et des munitions ont été débarquées pour les chouans.
Le journal Le Diplomate réitère la promesse faite par Bonaparte d'être au-dessus des partis. Il ne sera « ni bonnet rouge, ni talons rouges », ni jacobin, ni royaliste.
La pièce La Mère coupable de Beaumarchais, mort en mai dernier, est reprise à la Comédie-Française.
jeudi 28 novembre (7 frimaire an VIII)
Les autorités vannetaises informent le contre-amiral Nielly, commandant des armées à Lorient, qu’une flottille anglaise est de retour dans la baie de Quiberon et que des Chouans sont en marche vers la côte. Selon une autre source, 1 200 contre-révolutionnaires ont quitté Questembert pour se rendre à Muzillac.
nuit du jeudi 28 (7 frimaire) au vendredi 29 novembre (8 frimaire an VIII)
Protégés par les frégates du commodore Keats, des navires de transport anglais débarquent sur la côte bretonne, à partir d’une heure du matin, des milliers d’armes et de munitions. L’opération se déroule à la pointe de Pen Lan, sur la commune de Billiers, dans le Morbihan. Des centaines d’hommes sont présents pour récupérer le matériel par un temps glacial (deux hommes mourront de froid), sous la direction de la plupart des grands chefs chouans (Cadoudal, Sol de Grisolles, La Haye Saint-Hilaire, Guillemot, Rohu et Mercier la Vendée).
vendredi 29 novembre (8 frimaire an VIII)
Vers 9 heures du matin, un convoi d’environ 70 charrettes quitte la pointe de Pen Lan pour s’enfoncer dans les terres (vers Muzillac) avec son précieux chargement (30 000 fusils, quatre canons, deux obusiers, de la poudre et des munitions et six caisses contenant des pièces d’or). Par manque de moyen de transports, des centaines d’autres armes sont entreposées dans l’abbaye de Prières. Dans la journée, le général Harty est mis au courant à Vannes de l’opération de débarquement. A la tête d’une troupe de 2 500 hommes, il tombe en fin de journée sur l’arrière du convoi mais se retrouve repoussé par les hommes de Mercier, Guillemot et Rohu.
Un groupe d’une vingtaine de brigands se proclamant royalistes ont dévalisé dans le département de l’Allier la malle-poste de Lyon.
samedi 30 novembre (9 frimaire an VIII)
Trois mois après le décès en France du pape Pie VI s’ouvre à Venise le conclave devant élire son successeur.
Le général Murat reçoit le commandement de la garde consulaire.
dimanche 1er décembre (10 frimaire an VIII)
Bonaparte rejette partiellement le projet de Constitution préparé par Sieyès. Il refuse en effet d’être un simple « Grand Electeur » sans pouvoir, une sorte de « cochon à l'engrais ».
Chargée de mettre fin au siège de la forteresse de Philippsburg [aujourd’hui en Bade-Wurtemberg], l’armée autrichienne du maréchal Sztaray de Nagy-Mihaly parvient à enfoncer les lignes françaises.
Le général de Latour-Foissac est destitué sur ordre de Bonaparte. Ce dernier est furieux de la perte en juillet dernier de la place de Mantoue, dont Latour-Foissac était le commandant et que le nouveau maître de la France avait eu tant de mal à conquérir entre 1796 et 1797.
lundi 2 décembre (11 frimaire an VIII)
Etienne Laurent Pierre Burnel n’est plus gouverneur de la Guyane française.
mardi 3 décembre (12 frimaire an VIII)
Abandonnée par l’Armée d’Italie, la garnison française de la forteresse de Cunéo (Coni) a été contrainte de capituler au Piémont, à l’issue d’un siège de huit jours mené par les Autrichiens de Mélas. Les vainqueurs se sont emparés de 187 canons et de 14 000 quintaux de poudre.
Au sud d’Heidelberg [Bade-Wurtemberg], les 5 000 soldats autrichiens du maréchal Anton Sztaray de Nagy-Mihaly ont battu les 12 000 hommes du général Claude Lecourbe lors de la bataille de Wiesloch. Les vainqueurs ont perdu 500 hommes, les vaincus 1 500. Le siège de la forteresse de Philippsburg est levé et l’armée française est expulsée de la rive droite du Rhin.
mercredi 4 décembre (13 frimaire an VIII)
Bonaparte réunit les deux commissions constitutionnelles et charge l’historien et ancien Thermidorien Pierre Daunou de concevoir un nouveau texte.
vendredi 6 décembre (15 frimaire an VIII)
Le compositeur Henri Berton obtient son second succès de l’année public avec une œuvre dramatique en un acte, le Délire ou les Suites d’une erreur, créé à l’Opéra-Comique de Paris, avec Jean-Baptiste Gavaudan.
mardi 10 décembre (19 frimaire an VIII)
La France adopte officiellement le système métrique : la nouvelle loi consacre comme étalons officiels de longueurs et de poids en France les prototype en platine du mètre et du kilogramme.
mercredi 11 décembre (20 frimaire an VIII)
Trois co-agents sont nommés en Guadeloupe : Nicolas Georges Jeannet-Oudin, René Gaston Baco de la Chapelle et Etienne Maynaud Bizefranc, comte de Laveaux.
jeudi 12 décembre (21 frimaire an VIII)
Réunies chez Bonaparte, les deux commissions législatives nommées 10 novembre adoptent le projet constitutionnel rédigé par Daunou. Les trois consuls sont immédiatement nommés : Premier consul, Bonaparte ; Deuxième consul, Cambacérès, Troisième consul, Lebrun. Ces deux dernières nominations reflètent l'idée directrice de la politique du général : se proclamant au-dessus des partis, il veut les réconcilier. Cambacérès, ancien conventionnel régicide, est une caution de gauche qui doit rallier l'élite bourgeoise issue de la Révolution. Lebrun, ancien Constituant royaliste, doit séduire l'élite de l'Ancien Régime. La Révolution est stabilisée sur les principes établis à sa naissance, en 1789.
vendredi 13 décembre (22 frimaire an VIII)
La nouvelle Constitution est officiellement signée. Le pouvoir exécutif appartient aux trois consuls, en fait à Bonaparte. Jouissant de l’initiative des lois, de la direction de la diplomatie et des armées, il a seul le pouvoir de nommer les ministres responsables devant lui, les ambassadeurs, les juges et les hauts fonctionnaires. Les deux autres consuls peuvent juste inscrire leur désaccord sur un registre. Le pouvoir législatif est divisé entre trois institutions : le Tribunat (100 membres, en place pour six ans, rééligible par cinquième annuellement) qui discute les lois, mais ne vote pas ; le Corps législatif (300 membres, renouvelables par cinquième chaque année), qui vote sans discuter les lois présentées par le Tribunat ; le Sénat conservateur (60 puis 80 membres nommés à vie), qui peut modifier la Constitution. Les membres du Sénat seront choisis par Sieyès, Ducos, Cambacérès et Lebrun avec l'accord de Bonaparte. Le Sénat désigne les tribuns et les législateurs sur des listes de notabilités nationales. Le suffrage universel est appliqué mais « filtré » par un système à trois degrés. Les citoyens (tous les hommes âgés de 21 ans et plus) composent des listes de notabilités communales (600 000 noms, soit le dixième du nombre de citoyens). Ces citoyens ainsi élus se retrouvent au chef-lieu d'arrondissement pour élire le dixième d'entre eux, inscrits sur des listes de notabilités départementales. Ces 60 000 notables, au chef-lieu du département, composent des listes de notabilités nationales (6 000 noms).
Etienne Franconie devient le nouveau gouverneur de la Guyane française.
La Société dramatique a repris à Versailles une ancienne pièce du marquis de Sade, le comte Oxtiern, où les effets du libertinage, créée en 1791. L’auteur y interprète un rôle, celui de l’aubergiste Fabrice, sauveur d’Ernestine.
samedi 14 décembre (23 frimaire an VIII)
Arrivée à Orléans de Vacher, le délégué des consuls.
dimanche 15 décembre (24 frimaire an VIII)
Proclamation de la Constitution de l’an VIII.
mardi 17 décembre (26 frimaire an VIII)
24 officiers chouans de l’ouest, dont le comté Frotté et Cadoudal, se réunissent à Puancé pour se concerter : une trêve s’instaure. Le général bleu, Hédouville, fait des propositions intéressantes.
Huit chouans arrêtent et pillent le courrier aux lettres du Faouët qui revient de Quimperlé.
Retrouvailles bretonnes dans l’océan Indien : les corsaires Robert Surcouf (de Saint-Malo) et Jean-Marie Dutertre (de Lorient) se sont croisés par hasard au large des côtes du Bengale. Un repas a été donné à bord de la Clarisse pour célébrer cette rencontre imprévue.
samedi 21 décembre (30 frimaire an VIII)
L’ancienne salle d’architecture du Louvre accueille une exposition payante du nouveau tableau de Jacques-Louis David, les Sabines. La foule n’a pas hésité à payer 1,80 franc pour admirer cette grande toile (3,85 m sur 5,22 m), commencée en 1796 et absente du Salon l’été dernier.
dimanche 22 décembre (1er nivôse an VIII)
Création par décret du Conseil d'Etat. Ses 29 membres nommés par le Premier consul sont assistés de maîtres des requêtes et d'auditeurs. L'avis des conseillers est requis pour tout projet de loi. Le Conseil d'Etat apparaît ainsi comme la résurgence de ce qu'avait été le Conseil du roi.
L'administration des Postes est à nouveau mise en régie. Lavalette en devient le directeur général (il le restera jusqu'en 1814). Les nouveaux tarifs postaux sont de 20 centimes pour une lettre de moins de 7 grammes et parcourant 100 kilomètres, au-delà le prix est augmenté de 10 centimes par zone de 100 kilomètres et plus. La construction du télégraphe aérien est poursuivie.
Rupture des négociations menées depuis un mois dans le port égyptien d’Aboukir : le refus du commodore Smith d’assurer le rapatriement de l’armée française conduit le général Kléber à mettre fin aux discussions.
lundi 23 décembre (2 nivôse an VIII)
Deux fêtes nationales sont retenues : celle du 14 juillet est la fête de la Concorde ; celle du 1er vendémiaire (23 septembre ?) commémore l'établissement de la République.
mardi 24 décembre (3 nivôse an VIII)
Sans même attendre le plébiscite, la Constitution est mise en vigueur. Maintien d’un suffrage universel réduit à l’instauration de listes de confiance, à plusieurs niveaux (communales, départementales, nationales). Le pouvoir exécutif est confié à trois consuls nommés pour dix ans et rééligibles indéfiniment par le Sénat : le Premier Consul promulgue les lois, possède l’initiative de celles-ci et nomme les membres du Conseil d’Etat, les ministres, les ambassadeurs, les officiers et les juges. Il est seul juge des dépenses publiques, fixe le taux et le titre des monnaies et dirige les armées et la diplomatie. Les deux autres consuls n’ont qu’un rôle consultatif. Deux assemblées législatives exercent le pouvoir législatif : le Tribunat (cent membres) discute des projets de lois et les transmet au Corps législatif (300 membres) qui vote ces projets sans avoir le droit de les discuter. Etablissement d’un Sénat veillant au caractère constitutionnel des lois et désignant les membres des assemblées législatives (renouvelés par cinquième tous les ans). Il comprend 80 membres inamovibles, en partie désignés par les consuls et en partie se cooptant à partir de listes proposées par le Premier Consul, le Corps Législatif et le Tribunat.
L'astronome Laplace, qui a commencé à rédiger son Traité de mécanique céleste, est nommé sénateur en même temps que le mathématicien Monge, un des fondateurs de l'Ecole centrale des travaux publics.
mercredi 25 décembre (4 nivôse an VIII)
Instauration d'un secrétariat d'Etat, confiée à Maret, qui joue le rôle déterminant d'agent de liaison entre Bonaparte et les autres ministres. André-Joseph Abrial est nommé ministre de la Justice, en remplacement de Cambacérès. Napoléon Bonaparte nomme son frère Lucien ministre de l’Intérieur, en remplacement du savant Pierre-Simon de Laplace.
Engagée dans le blocus des côtes bretonnes, la frégate anglaise HMS Ethalion fait naufrage sur un récif au large de Penmarc’h. Les navires Danae, Sylph et Nimrod participent au sauvetage de l’équipage.
vendredi 27 décembre (6 nivôse an VIII)
Installation du nouveau Sénat conservateur. L’ancien directeur Emmanuel-Joseph Sieyès en devient le premier président, avec le droit d’en nommer les 31 premiers membres.
Napoléon Bonaparte reçoit les négociateurs chouans. N’obtenant pas de résultats, il menace ses interlocuteurs.
Le nouveau secrétaire d’Etat, Maret, est chargé par le Premier consul des relations du gouvernement avec la Presse. Bonaparte souhaite faire du Moniteur le journal officiel de la République.
samedi 28 décembre (7 nivôse an VIII)
Bonaparte manie le bâton et la carotte les habitants des départements de l’Ouest de la France : d’une part, il proclame son intention de sévir avec la plus grande rigueur contre toute recrudescence de guerre, mais d’autre part, il désavoue certaines lois révolutionnaires en partie responsables de la révolte.
Le nouveau régime fait un geste en faveur des croyants : publication d’arrêtés autorisant l’ouverture des églises en dehors du décadi. Par ailleurs, les églises non aliénées seront rendues à leurs propriétaires avant l’an II.
Le Moniteur universel, créé en 1789, devient le journal officiel du gouvernement, tout en restant cependant la propriété des Panckoucke (ancêtre du Journal officiel).
lundi 30 décembre (9 nivôse an VIII)
Dans le nord-est de l'Egypte, le grand-vizir turc enlève aux Français la place d’El Arich.
Barnet, le consul américain à Bordeaux, informe son secrétaire d’Etat que tous les Américains emprisonnés pendant l’état de guerre entre la France et les Etats-Unis ont été libérés.
Dans un esprit d’apaisement religieux, Bonaparte organise pour la dépouille du pape Pie VI des funérailles solennelles (mais non religieuses) et les honneurs funèbres.
nuit du lundi 30 (9 nivôse) au mardi 31 décembre (10 nivôse an VIII)
Décès à Habloville (Saint-Aubin-sur-Gaillon), dans l’Eure, de l’écrivain moraliste et académicien Jean-François Marmontel, à l’âge de 76 ans. Il avait été élu député en 1797.