dimanche 2 janvier
Après Edgar Quinet, le professeur Jules Michelet est à son tour suspendu de ses fonctions au Collège de France à cause de ses idées subversives.
jeudi 6 janvier
Après plusieurs essais infructueux, l’historien Jean Vatout, très apprécié du roi, est enfin élu à l’Académie française au fauteuil de Pierre-Simon Ballanche (mais il mourra avant d'avoir été reçu).
samedi 8 janvier
En Algérie, une tempête de neige « renversa un convoi du train, entre Aumale et Alger, et causa la mort d'une partie de l'expédition ».
vendredi 14 janvier
Interdiction du banquet du 12e arrondissement de Paris. Il est remis au 22 février.
samedi 29 janvier
Discours prophétique de Tocqueville à la Chambre.
lundi 31 janvier
Interdiction du banquet « républicain » de la 12e légion de la Garde nationale prévu pour le 22 février.
jeudi 3 février
Le théoricien communiste Etienne Cabet et 69 membres de sa communauté des Icariens embarquent pour les Etats-Unis. Leur objectif est de fonder une colonie cabétistes au Texas.
mercredi 16 février
Le compositeur polonais Frédéric Chopin donne son ultime concert, à Paris.
lundi 21 février
Nouvelle interdiction par le régime du banquet parisien du 12e arrondissement qui est décommandé. Un défilé de protestation est décidé par Louis Blanc et Ledru-Rollin.
mardi 22 février
Début de la Révolution de 1848 : à 10 h du matin, un attroupement a lieu à la Madeleine, puis à la Concorde ; à 16 h, les premières barricades sont dressées. La Bourse ferme ses portes.
nuit du mardi 22 au mercredi 23 février.
Occupation à minuit des pavillons de l'octroi.
mercredi 23 février
Les troupes quadrillent Paris ; nombreuses barricades. A 8 h du matin, assaut contre la barricade de la rue Quincampoix : seize soldats sont tués. La garde nationale est convoquée à midi ; celle-ci prend parti pour l'émeute à 14 h. Le président du Conseil François Guizot est renvoyé. A 22 h, fusillade du boulevard des Capucines : 52 civils sont tués, 95 blessés. Thiers est nommé Premier ministre.
jeudi 24 février
A 4 h du matin, Bugeaud, nommé commandant de l’armée et de la garde nationale de Paris, décide d'envoyer quatre colonnes depuis le Carrousel. Mais les émeutiers évacuent les Barricades sans combat, et les reforment derrière la troupe (exception : Barrière de Montmartre ; forte barricade que l'armée n'attaque pas). Seul point de combat : place de la Bastille (la brigade du général Duhot, encerclée, met rapidement crosse en l'air : Duhot se replie sur Vincennes). Thiers exige le cessez-le-feu à 8 h. A 10 h, la troupe pactise avec l'émeute. Thiers propose alors la retraite sur Saint-Cloud pour reprendre plus tard Paris. Louis-Philippe Ier refuse, abdique à midi en faveur de son petit-fils (le comte de Paris, dix ans ; la duchesse d'Orléans est régente) et s'enfuit. A 13 h, les Tuileries sont prises et pillées ; à 15 h, les émeutiers envahissent la Chambre, molestent la régente et nomment un gouvernement provisoire : Dupont de l'Eure, Arago, Lamartine, Marie et Ledru-Rollin. A 17 h 30, un deuxième gouvernement (radical et socialiste) se forme à l'Hôtel de Ville (Crémieux, Blanc, Garnier-Pagès, Marrast, l'éditeur Pagnerre, Flocon et Martin (dit « l'ouvrier Albert »). A 20 h, les deux gouvernements fusionnent et Lamartine proclame la République. Suppression de la fonction de préfet de police de Paris, détenue depuis 1836 par Gabriel Delessert.
Suite à la révolution parisienne et à l’abdication de son père, le prince Henri d’Orléans, duc d’Aumale, se démet de ses fonctions de gouverneur-général de l’Algérie. Il s’exile en Angleterre.
vendredi 25 février
Saccage des châteaux de Neuilly et de Suresnes. Soumission des fils du roi (Aumale et Joinville) qui commandent l'armée et la flotte en Algérie. Lamartine fait maintenir le drapeau tricolore contre le drapeau rouge. Proclamation du droit au travail (principe des ateliers nationaux et de l'aide aux associations).
Le général Cavaignac devient gouverneur de l'Algérie.
du vendredi 25 au samedi 26 février
A Lyon, sous la pression des ouvriers de la Croix-Rousse emmenés par J. Benoît, une grande place est accordée aux travailleurs dans la commission municipale provisoire. Saccage par les canuts de plusieurs ateliers et providences tenus par des communautés religieuses.
nuit du vendredi 25 au samedi 26 février
De graves incidents se déroulent à Rouen ; des bandes incontrôlées saccagent les gares et incendient la passerelle ferroviaire au-dessus de la Seine.
samedi 26 février
Proclamation de la République. Abolition de la peine de mort en matière politique. Création de la Garde nationale mobile.
Louis-Philippe, réfugié à Dreux, part pour l'Angleterre.
Louis-Napoléon Bonaparte rentre en France.
dimanche 27 février
Pour lutter contre le chômage, Louis Blanc fait adopter un décret établissant les Ateliers nationaux chargés des grands travaux : chantiers non spécialisés ouverts aux chômeurs pour 2 francs par jour.
François-Vincent Raspail lance à Paris le journal révolutionnaire L’Ami du peuple, qui reprend le titre du journal fondé en 1790 par Marat (disparition en mai).
lundi 28 février
L’ingénieur chimiste Emile Thomas conçoit les premiers Ateliers nationaux.
Manifestation populaire rassemblant des milliers de travailleurs sur la place de Grève à Paris pour demander un ministère du Travail. Création d'une commission du Gouvernement pour l'Organisation du Travail présidée par Louis Blanc : la Commission du Luxembourg, formée d'ouvriers et de patrons.
Pereira est nommé commissaire du gouvernement à Orléans.
mardi 29 février
Abolition des titres de noblesse et principe de l'abolition des octrois et de l'impôt sur le sel.
en février
Victor-Auguste Poulain fonde à Blois une chocolaterie-confiserie industrielle.
mercredi 1er ou jeudi 2 mars
Proclamation du suffrage universel masculin (masculin). L’électorat législatif passe de 240 000 personnes à plus de 9 millions d’individus.
jeudi 2 mars
Limitation de la journée de travail par décret, car « un travail manuel trop prolongé non seulement ruine la santé mais en l’empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l’homme » : 10 heures au lieu de 11 à Paris et 11 heures au lieu de 12 en province. Abolition du « marchandage » (main d'œuvre recruté par intermédiaires). Un arbre de la liberté est planté place Royale, redevenue place des Vosges ; Victor Hugo y fait une allocution, approuvant hautement les premières mesures prises.
vendredi 3 mars
Le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely est nommé commandant du département d’Indre-et-Loire.
samedi 4 mars
Circulaire de Lamartine aux agents diplomatiques. Liberté totale de presse et de réunion. Principe de l'abolition de l'esclavage.
Le comte Achille Baraguey d’Hilliers est appelé au commandement de la 6e division militaire à Besançon. Il y opposera la plus énergique résistance aux commissaires de Ledru-Rollin qui tentent de révolutionner la région.
dimanche 5 mars
Décret organisant les modalités des élections, et fixant leur date aux 9 avril.
lundi 6 mars
Michelet est réintégré au Collège de France.
Organisation des ateliers nationaux de la Seine, confiée à Emile Thomas.
mardi 7 mars
Réouverture de la Bourse de Paris, fermée depuis le 22 février.
Création de comptoirs d'escompte.
mercredi 8 mars
Ouverture de la garde nationale à tous les citoyens.
Création d'une école d'administration.
samedi 11 mars
Le « citoyen Raginel » devient commissaire du gouvernement en Aveyron.
mardi 14 mars
Dissolution des compagnies d'élite de la garde nationale.
mercredi 15 mars
Cours forcé des billets de la Banque de France, création des petites coupures.
6 000 chômeurs parisiens se présentent aux Ateliers nationaux.
jeudi 16 mars
Manifestation dite des « Bonnets à poil » à Paris organisée par les clubs devant l'Hôtel de Ville pour demander, entre autres, le report des élections ; des gardes nationaux des quartiers bourgeois crient « A bas les communistes ! »
Décret créant l'impôt des « 45 centimes ».
vendredi 17 mars
Vigoureuse contre-manifestation populaire. Report des élections du 9 au 23 avril.
Devant l’impossibilité de verser à tous l’indemnité quotidienne d’1,50 franc, la paie des chômeurs engagés par les Ateliers nationaux est abaissée à un franc.
dimanche 19 mars
Abolition de la contrainte par corps.
lundi 20 mars
Eugénie Niboyet crée La Voix des femmes, un journal qui réclame le vote des femmes.
du vendredi 24 au samedi 25 mars
Réglementation restrictive du travail effectué dans les prisons et hospices.
jeudi 30 mars
Défaite de la Légion belge à Risquons-tout.
vendredi 31 mars
Réforme de l'impôt sur les boissons.
Publication du Document Taschereau dans la Revue Rétrospective, mettant Auguste Blanqui en position d'accusé.
en mars
Le général Randon reçoit la direction des affaires de l’Algérie au ministère de la Guerre.
lundi 3 avril
Echec du coup de main des Voraces en Savoie.
mardi 4 avril
Mise sous séquestre de deux compagnies de chemin de fer.
samedi 8 avril
Circulaire de Ledru-Rollin sur les élections.
du jeudi 13 au vendredi 14 avril
Les couvents de la ville de Saint-Etienne sont mis à sac.
vendredi 14 avril
Suppression de l’exposition publique des condamnés aux travaux forcés et à la réclusion.
dimanche 16 avril
Manifestation populaire et contre-manifestation en faveur du gouvernement.
jeudi 20 avril
Une fête rassemble à Paris près d’un million de personnes.
dimanche 23 avril
Décès de l’archevêque d’Avignon Mgr Paul Naudo, à l’âge de 53 ans.
Dimanche de Pâques.
du dimanche 23 au lundi 24 avril
Elections de l'Assemblée Constituante. Les républicains modérés obtiennent 500 sièges sur 800. Le gouvernement est confié à une commission exécutive. Candidat en Seine-et-Oise, Alexandre Dumas ne récolte que 261 voix (son adversaire, Victor Pingeon, 75 286 !).
lundi 24 avril
Incapable de surmonter sa situation financière, la Banque du Havre doit se résoudre à fusionner avec la Banque de France, dont elle ne sera plus que le comptoir local.
jeudi 27 avril
Le sous-secrétaire d’Etat à la Marine et aux Colonies Victor Schœlcher, également sénateur de la Martinique et de la Guadeloupe, signe le décret abolissant l’esclavage dans les colonies.
Dans la soirée, une insurrection se déclenche à Rouen. La foule tente d’envahir l’Hôtel de ville. Repoussée par une charge de cavalerie, elle se replie dans les rues. Tout l’est de la cité se couvre de barricades.
A Limoges, à la suite d'incidents intervenus lors du dépouillement des élections législatives, un nouveau comité municipal est formé sous la pression de la rue, qui comprend plusieurs ouvriers porcelainiers et des flotteurs de bois. Durant plusieurs semaines, la ville s'administrera de façon quasi autonome.
vendredi 28 avril
L’intervention de la troupe et les canons mettent fin à l’insurrection de Rouen. 34 morts restent sur le terrain.
dimanche 30 avril
117 000 chômeurs demandent à être acceptés par les Ateliers nationaux. Le gouvernement est incapable de faire face à une telle demande.
en avril
Réforme du régime des octrois et de l'impôt sur le sel.
jeudi 4 mai
Première réunion de la Constituante élue au suffrage universelle. Proclamation officielle de la République. Louis Blanc est éliminé du gouvernement.
samedi 6 mai
Le gouvernement provisoire est remplacé par une commission effective de cinq membres : Arago, Garnier-Pages, Lamartine, Ledru-Rollin et Marie.
lundi 8 mai
Louis Blanc se retire de la Commission du Luxembourg.
du mardi 9 au mercredi 10 mai
Election de la Commission effective, suivie de la formation du ministère.
mercredi 10 mai
L'Assemblée refuse à Louis Blanc la création d'un ministère du Progrès, mais nomme une commission d'enquête sur le sort des travailleurs (qui publiera L'Enquête de 1848 sur le travail industriel et agricole).
dimanche 14 mai
Publication du 21e et dernier dernier numéro du journal révolutionnaire L’Ami du peuple, fondé le 27 février par Raspail.
mi-mai
Devenus un véritable gouffre financier (200 000 francs par jour), les Ateliers nationaux n’acceptent plus d’inscription.
lundi 15 mai
Manifestation populaire aux cris de « Vive la Pologne ». L'émeute, préparée par Raspail et Blanqui, envahit l'Assemblée. Barbès organise la prise de l'Hôtel de ville. Répression et scènes de violence contre-révolutionnaires. Arrestation d'A. Huber, François, Raspail, Flotte, Albert. Le comte Alfred de Falloux, député légitimiste de Maine-et-Loire, réclame la dissolution des Ateliers nationaux.
mardi 16 mai
Suppression de la Commission du Luxembourg.
mercredi 17 mai
Cavaignac devient ministre de la guerre. L’abbé Lacordaire démissionne de l'assemblée nationale (député des Bouches-du-Rhône). Duclerc propose la nationalisation des chemins de fer.
jeudi 18 mai
Elu un an plus tôt, l’historien de la littérature Jean-Jacques Ampère est reçu à l’Académie française par Prosper Mérimée.
samedi 20 mai (et jours suivants)
L'Assemblée commence à mettre en question le sort des ateliers nationaux : arrestation de militants ouvriers.
lundi 22 mai
Arrestation de militants ouvriers, puis d'Auguste Blanqui.
La nouvelle de l’abolition de l’esclavage n’étant pas encore arrivée dans l’île, les esclaves de la Martinique se révoltent.
mardi 23 mai
Le gouverneur de la Martinique Louis de Rostoland décide d’abolir l’esclavage dans l’île : effondrement de la production de canne à sucre (jusqu'en 1860).
vendredi 26 mai
Une loi prohibe à perpétuité au roi Louis-Philippe et à sa famille l'entrée sur le territoire français.
samedi 27 mai
Les ouvriers deviennent électeurs et éligibles aux conseils de prud'hommes. La parité de représentation est établie.
jeudi 1er ou vendredi 2 juin
Lancement en Lorraine du quotidien Vœu national (remplacé en 1883 par le Lorrain).
dimanche 4 juin
Elections complémentaires à la Constituante. Sont élus : Pierre Leroux, Thiers, Proudhon, Victor Hugo (liste conservatrice), Louis-Napoléon Bonaparte. Parmi les non élus, on trouve Alexandre Dumas (3 458 voix dans l’Yonne).
lundi 5 juin
Jean-François Layrle n’est plus gouverneur de la Guadeloupe. L’intérim est assuré par le commissaire-général Alexandre Gatine.
du lundi 5 au samedi 10 juin
Effervescence populaire à Paris : cris séditieux, arrestations.
mardi 6 juin
Sénard devient président de l'assemblée.
lundi 12 juin
Le colonel Edme de Mac-Mahon est nommé général de brigade.
mardi 13 juin
Débat à l'Assemblée sur l’admission de Louis-Napoléon Bonaparte : il est admis.
jeudi 15 juin
Craignant le vote d'une nouvelle loi d'exil, le prince Louis-Napoléon Bonaparte renonce finalement à siéger.
vendredi 16 juin
Création à Paris de l’opéra L’Apparition, de François Benoist.
mardi 20 juin
Les députés votent la fermeture des Ateliers nationaux parisiens. Les ouvriers âgés de 18 à 25 ans sont priés de s’enrôler dans l'armée, tandis que les autres doivent se préparer à partir en province pour rejoindre d'autres chantiers.
mercredi 21 juin
Rétablissement de l’impôt sur les boissons.
jeudi 22 juin
Manifestations d’ouvriers à Paris.
du jeudi 22 au vendredi 23 juin
Emeutes ouvrières de Marseille.
vendredi 23 juin
Début d'une insurrection ouvrière parisienne provoquée par le licenciement des ouvriers des ateliers nationaux.
samedi 24 juin
Etat de siège à Paris. Démission de la Commission exécutive. Louis Eugène Cavaignac reçoit les pleins pouvoirs pour écraser l’insurrection ouvrière.
Victor-Auguste Poulain (22 ans) ouvre dans la Grand Rue de Blois une confiserie (qui donnera naissance au célèbre chocolat Poulain).
dimanche 25 juin
Offensive des forces de l'ordre. L’archevêque de Paris Mgr Denis Auguste Affre est tué sur les barricades alors qu'il prêchait l'apaisement et s’interposait entre les insurgés et les soldats du parti de l’Ordre. Il avait 54 ans. Chargé de mater l’insurrection sur la rive gauche de la Seine, le général Jean-Baptiste Bréa tente de négocier avec les insurgés mais ceux-ci s’emparent de lui à la barrière de Fontainebleau (place d’Italie) et le fusillent avenue d’Italie. Une photographie prise ce jour donne naissance au photojournalisme : le cliché des « Barricades de la rue Saint-Maur » sera publié début juillet par le journal L’Illustration.
lundi 26 juin
L’insurrection parisienne est réprimée par Cavaignac et suivie d’une réaction conservatrice. Les combats et la répression ont fait 800 morts dans l’armée, 800 dans la garde nationale et 4 000 parmi les insurgés. 11 000 prisonniers ; 4 300 déportés en Algérie (ils traversent la France en interminables convois en direction des ports d’embarquement de Cherbourg, Brest, Lorient, Le Havre...).
mercredi 28 juin
Cavaignac, nommé président du Conseil, forme un nouveau ministère. Suppression des ateliers nationaux. Retrait du projet de rachat des chemins de fer.
vendredi 30 juin
Abolition du décret du 2 mars : la journée de travail est portée à 12 heures minimum.
en juin
Le général Négrier est tué à Paris.
lundi 3 juillet
Le général Randon est placé à la tête de la 3e division militaire de Metz.
Dissolution définitive des Ateliers nationaux.
mardi 4 juillet
Le vicomte François-René de Chateaubriand est décédé à Paris, rue du Bac. Agé de 80 ans, il était considéré comme le père du romantisme en France.
mercredi 5 juillet
Carnot démissionne de son poste de ministre de l'Instruction publique.
samedi 8 juillet
Grièvement blessé lors des journées de juin dernier, le général Franciade Duvivier succombe à ses blessures à Paris, à l’âge de 54 ans.
lundi 10 juillet
Evêque de Digne depuis 1839, Mgr Dominique Sibour (56 ans) est nommé archevêque de Paris, en remplacement de Mgr Affre, tué lors des émeutes du mois dernier.
Le général de brigade Regnault de Saint-Jean-d’Angely est nommé général de division.
lundi 17 juillet
Simple capitaine de vaisseau, Raymond de Verninac Saint-Maur succède à Jules Bastide comme ministre de la Marine.
mercredi 19 juillet
Chateaubriand est inhumé sur l’île du Grand-Bé, près de Saint-Malo.
dimanche 23 juillet
Inauguration à Nantes d’un monument en hommage au général napoléonien Pierre Cambronne, mort en 1842.
mardi 25 juillet
L’écrivain Alexandre Dumas père pend la crémaillère dans la propriété qu’il a fait bâtir à Marly-le-Roi. Il invite 600 personnes.
vendredi 28 juillet
Décret sur les clubs.
lundi 31 juillet
L'Assemblée rejette la proposition de Pierre-Joseph Proudhon de former une Banque d'Échange.
Elections municipales.
mardi 1er août
Les deux fils de Victor Hugo, Charles et François-Victor, fondent, avec Auguste Vacquerie et Paul Meurice, un journal, l’Evènement.
jeudi 3 août
Eugène Desperles succède à Alphonse Sourdeaux comme commandant du Gabon.
du mercredi 9 au vendredi 11 août
Décrets sur la presse.
jeudi 10 août
Treize ans après sa parution, Le Chandelier, une pièce en trois actes d’Alfred de Musset, est enfin créée au Théâtre-Historique de Paris, avec mademoiselle Maillet. C’est un échec (elle sera recréée en 1850 par la Comédie-Française dans une nouvelle version qui sera un succès).
dimanche 13 août
Inauguration à Clermont-Ferrand, place de Jaude, de la statue en bronze du Général Desaix, tué à Marengo en 1800. L’œuvre a été réalisée par Charles-François Leboeuf, dit Nanteuil.
jeudi 17 août
Elie-Frédéric Forey (futur maréchal de France) est promu général de brigade. Il commande la 2e brigade de la 2e division d’infanterie de réserve de l’armée de Paris.
lundi 21 août
Parution du premier numéro de L'Opinion des Femmes (Jeanne Deroin).
jeudi 24 août
Décret signé par Etienne Arago, directeur général des Postes, sur le système postal : instauration du premier « timbre » français.
du dimanche 27 août au dimanche 3 septembre
Elections cantonales.
lundi 28 août
Représentant de la Guadeloupe, Mathieu Luis est le premier noir à devenir membre d’un Parlement français.
fin août
Menacés par la Commission d'enquête de l'Assemblée, Louis Blanc et Caussidière partent pour l'exil.
Débats sur la journée de travail.
lundi 4 septembre
Début de la discussion de la Constitution (elle durera deux mois).
samedi 9 septembre
La journée de travail est fixée à 12 heures, au lieu de 10.
dimanche 17 et lundi 18 septembre
Elections partielles : Louis-Napoléon Bonaparte est réélu.
jeudi 21 septembre
Anniversaire de la Première République (1792). Banquets démocratiques.
lundi 9 octobre
Un amendement est proposé, tendant à interdire la candidature des membres des anciennes familles régnantes à la présidence de la République française.
vendredi 13 octobre
Remaniement du ministère qui s'entrouvre au parti de l'ordre : Armand Dufaure (ancien ministre des Travaux publics de Louis-Philippe) devient ministre de l’Intérieur.
samedi 14 octobre
L’amendement sur l’interdiction de l’accès à la présidence pour les membres des anciennes familles régnantes est repoussé et les lois d'exil concernant la famille Bonaparte sont abrogées.
lundi 16 octobre
Evêque de Troyes depuis cinq années, Mgr Jean Debelay (48 ans) est nommé archevêque d’Avignon. Pierre Louis Cœur (43 ans) est aussitôt nommé pour le remplacer à la tête du diocèse de Troyes.
mardi 17 octobre
Banquet de la République démocratique et sociale (avec des toasts de Cabet, Pierre Leroux, P.J. Proudhon, etc.).
samedi 21 octobre
Le premier feuilleton des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand paraît dans La presse.
mardi 31 octobre
Débat constitutionnel en seconde lecture.
jeudi 2 novembre
Le rebelle algérien Abd el-Kader est transféré de Pau au château d’Amboise.
samedi 4 novembre
Vote de la Constitution : le pouvoir législatif est confié à une assemblée unique (de 750 représentants), élue pour trois ans ; abolition de l'esclavage.
Formation de la Solidarité républicaine (Martin Bernard, Charles Delescluze, Agricol Perdiguier, etc.) par Ledru-Rollin.
lundi 6 novembre
Ayant accompagné le roi dans son exil anglais, l’historien Jean Vatout meurt empoisonné par saturnisme au château de Claremont (tuyauterie en plomb vétuste), sans avoir jamais été reçu à l’Académie française où il avait été élu en début d’année. Il avait 57 ans.
samedi 11 novembre
Création à l’Opéra-Comique de Paris de l’opéra Le Val d’Andorre, un drame lyrique en trois actes de Jacques Fromental Halévy, sur un livret de J. H. Vernoy de Saint-Georges. Les rôles principaux sont tenus par la soprano Louise Lavoye, les basses Charles-Amable Battaille et Georges Palianti et le baryton Ernest Mocker. L’accueil du public est chaleureux (164 représentations suivront).
dimanche 12 novembre
Promulgation solennelle place de la Concorde de la Constitution de la IIe République.
samedi 25 novembre
L’Assemblée félicite le général Cavaignac d’ « avoir bien mérité de la patrie ».
mercredi 29 novembre
Evêque de Nantes depuis 1838, Mgr Jean-François de Hercé se retire, à l’âge de 72 ans.
dimanche 3 décembre
Banquet des travailleurs socialistes à la barrière du Maine, placé sous la présidence d'Auguste Blanqui, emprisonné à Vincennes.
mercredi 6 décembre
Antoine Jacquemet (45 ans) est nommé évêque de Nantes.
samedi 9 décembre
L'Algérie forme trois départements français.
dimanche 10 décembre
Election présidentielle : Louis-Napoléon Bonaparte (40 ans) est facilement élu avec 5,5 millions de voix (74,33 % des voix) contre 1,5 à Cavaignac, 370 000 à Ledru-Rollin, 36 329 à Raspail, 17 910 à Lamartine et 4 790 à Changarnier. Le neveu de Napoléon Ier l’a emporté dans 85 des 89 départements. Seuls les Bouches-du-Rhône, le Finistère, le Morbihan et le Var ont placé en tête le général Cavaignac.
samedi 16 décembre
Louis Napoléon Bonaparte s'installe à l'Elysée, assignée par l’Assemblée nationale comme résidence du président de la République. Le vice-président est le comte Georges-Henri Boulay de la Meurthe.
Jusqu’alors simple capitaine de vaisseau, le ministre de la Marine Raymond Verninac de Saint-Maur est promu contre-amiral.
mercredi 20 décembre
Proclamation du résultat de l'élection. Prestation de serment de Bonaparte à la tribune de l’Assemblée. Formation du ministère Barrot-Falloux. Le comte Alfred de Falloux est nommé ministre de l’Instruction publique et des Cultes. Edouard Drouyn de Lhuys devient ministre des Affaires étrangères. Armand Dufaure n’est plus à l’Intérieur. Victor Desttut de Tracy succède au contre-amiral Verninac de Saint-Maur comme ministre de la Marine.
samedi 23 décembre
Le président Louis-Napoléon Bonaparte nomme son oncle Jérôme Bonaparte (frère cadet de Napoléon Ier) gouverneur des Invalides, où repose la dépouille de l’ex-empereur.
mardi 26 décembre
Le général Changarnier est nommé commandant de l'armée de Paris.
mercredi 27 décembre
L'Assemblée rétablit un impôt sur le sel.
vendredi 29 décembre
Proposition Rateau tendant à la dissolution prochaine de la Constituante.
fin décembre
L'Assemblée établit un programme de lois organiques.
en décembre
Etienne Charles Deschanel succède à Eugène Desperles comme commandant du Gabon.
Après Edgar Quinet, le professeur Jules Michelet est à son tour suspendu de ses fonctions au Collège de France à cause de ses idées subversives.
jeudi 6 janvier
Après plusieurs essais infructueux, l’historien Jean Vatout, très apprécié du roi, est enfin élu à l’Académie française au fauteuil de Pierre-Simon Ballanche (mais il mourra avant d'avoir été reçu).
samedi 8 janvier
En Algérie, une tempête de neige « renversa un convoi du train, entre Aumale et Alger, et causa la mort d'une partie de l'expédition ».
vendredi 14 janvier
Interdiction du banquet du 12e arrondissement de Paris. Il est remis au 22 février.
samedi 29 janvier
Discours prophétique de Tocqueville à la Chambre.
lundi 31 janvier
Interdiction du banquet « républicain » de la 12e légion de la Garde nationale prévu pour le 22 février.
jeudi 3 février
Le théoricien communiste Etienne Cabet et 69 membres de sa communauté des Icariens embarquent pour les Etats-Unis. Leur objectif est de fonder une colonie cabétistes au Texas.
mercredi 16 février
Le compositeur polonais Frédéric Chopin donne son ultime concert, à Paris.
lundi 21 février
Nouvelle interdiction par le régime du banquet parisien du 12e arrondissement qui est décommandé. Un défilé de protestation est décidé par Louis Blanc et Ledru-Rollin.
mardi 22 février
Début de la Révolution de 1848 : à 10 h du matin, un attroupement a lieu à la Madeleine, puis à la Concorde ; à 16 h, les premières barricades sont dressées. La Bourse ferme ses portes.
nuit du mardi 22 au mercredi 23 février.
Occupation à minuit des pavillons de l'octroi.
mercredi 23 février
Les troupes quadrillent Paris ; nombreuses barricades. A 8 h du matin, assaut contre la barricade de la rue Quincampoix : seize soldats sont tués. La garde nationale est convoquée à midi ; celle-ci prend parti pour l'émeute à 14 h. Le président du Conseil François Guizot est renvoyé. A 22 h, fusillade du boulevard des Capucines : 52 civils sont tués, 95 blessés. Thiers est nommé Premier ministre.
jeudi 24 février
A 4 h du matin, Bugeaud, nommé commandant de l’armée et de la garde nationale de Paris, décide d'envoyer quatre colonnes depuis le Carrousel. Mais les émeutiers évacuent les Barricades sans combat, et les reforment derrière la troupe (exception : Barrière de Montmartre ; forte barricade que l'armée n'attaque pas). Seul point de combat : place de la Bastille (la brigade du général Duhot, encerclée, met rapidement crosse en l'air : Duhot se replie sur Vincennes). Thiers exige le cessez-le-feu à 8 h. A 10 h, la troupe pactise avec l'émeute. Thiers propose alors la retraite sur Saint-Cloud pour reprendre plus tard Paris. Louis-Philippe Ier refuse, abdique à midi en faveur de son petit-fils (le comte de Paris, dix ans ; la duchesse d'Orléans est régente) et s'enfuit. A 13 h, les Tuileries sont prises et pillées ; à 15 h, les émeutiers envahissent la Chambre, molestent la régente et nomment un gouvernement provisoire : Dupont de l'Eure, Arago, Lamartine, Marie et Ledru-Rollin. A 17 h 30, un deuxième gouvernement (radical et socialiste) se forme à l'Hôtel de Ville (Crémieux, Blanc, Garnier-Pagès, Marrast, l'éditeur Pagnerre, Flocon et Martin (dit « l'ouvrier Albert »). A 20 h, les deux gouvernements fusionnent et Lamartine proclame la République. Suppression de la fonction de préfet de police de Paris, détenue depuis 1836 par Gabriel Delessert.
Suite à la révolution parisienne et à l’abdication de son père, le prince Henri d’Orléans, duc d’Aumale, se démet de ses fonctions de gouverneur-général de l’Algérie. Il s’exile en Angleterre.
vendredi 25 février
Saccage des châteaux de Neuilly et de Suresnes. Soumission des fils du roi (Aumale et Joinville) qui commandent l'armée et la flotte en Algérie. Lamartine fait maintenir le drapeau tricolore contre le drapeau rouge. Proclamation du droit au travail (principe des ateliers nationaux et de l'aide aux associations).
Le général Cavaignac devient gouverneur de l'Algérie.
du vendredi 25 au samedi 26 février
A Lyon, sous la pression des ouvriers de la Croix-Rousse emmenés par J. Benoît, une grande place est accordée aux travailleurs dans la commission municipale provisoire. Saccage par les canuts de plusieurs ateliers et providences tenus par des communautés religieuses.
nuit du vendredi 25 au samedi 26 février
De graves incidents se déroulent à Rouen ; des bandes incontrôlées saccagent les gares et incendient la passerelle ferroviaire au-dessus de la Seine.
samedi 26 février
Proclamation de la République. Abolition de la peine de mort en matière politique. Création de la Garde nationale mobile.
Louis-Philippe, réfugié à Dreux, part pour l'Angleterre.
Louis-Napoléon Bonaparte rentre en France.
dimanche 27 février
Pour lutter contre le chômage, Louis Blanc fait adopter un décret établissant les Ateliers nationaux chargés des grands travaux : chantiers non spécialisés ouverts aux chômeurs pour 2 francs par jour.
François-Vincent Raspail lance à Paris le journal révolutionnaire L’Ami du peuple, qui reprend le titre du journal fondé en 1790 par Marat (disparition en mai).
lundi 28 février
L’ingénieur chimiste Emile Thomas conçoit les premiers Ateliers nationaux.
Manifestation populaire rassemblant des milliers de travailleurs sur la place de Grève à Paris pour demander un ministère du Travail. Création d'une commission du Gouvernement pour l'Organisation du Travail présidée par Louis Blanc : la Commission du Luxembourg, formée d'ouvriers et de patrons.
Pereira est nommé commissaire du gouvernement à Orléans.
mardi 29 février
Abolition des titres de noblesse et principe de l'abolition des octrois et de l'impôt sur le sel.
en février
Victor-Auguste Poulain fonde à Blois une chocolaterie-confiserie industrielle.
mercredi 1er ou jeudi 2 mars
Proclamation du suffrage universel masculin (masculin). L’électorat législatif passe de 240 000 personnes à plus de 9 millions d’individus.
jeudi 2 mars
Limitation de la journée de travail par décret, car « un travail manuel trop prolongé non seulement ruine la santé mais en l’empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l’homme » : 10 heures au lieu de 11 à Paris et 11 heures au lieu de 12 en province. Abolition du « marchandage » (main d'œuvre recruté par intermédiaires). Un arbre de la liberté est planté place Royale, redevenue place des Vosges ; Victor Hugo y fait une allocution, approuvant hautement les premières mesures prises.
vendredi 3 mars
Le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely est nommé commandant du département d’Indre-et-Loire.
samedi 4 mars
Circulaire de Lamartine aux agents diplomatiques. Liberté totale de presse et de réunion. Principe de l'abolition de l'esclavage.
Le comte Achille Baraguey d’Hilliers est appelé au commandement de la 6e division militaire à Besançon. Il y opposera la plus énergique résistance aux commissaires de Ledru-Rollin qui tentent de révolutionner la région.
dimanche 5 mars
Décret organisant les modalités des élections, et fixant leur date aux 9 avril.
lundi 6 mars
Michelet est réintégré au Collège de France.
Organisation des ateliers nationaux de la Seine, confiée à Emile Thomas.
mardi 7 mars
Réouverture de la Bourse de Paris, fermée depuis le 22 février.
Création de comptoirs d'escompte.
mercredi 8 mars
Ouverture de la garde nationale à tous les citoyens.
Création d'une école d'administration.
samedi 11 mars
Le « citoyen Raginel » devient commissaire du gouvernement en Aveyron.
mardi 14 mars
Dissolution des compagnies d'élite de la garde nationale.
mercredi 15 mars
Cours forcé des billets de la Banque de France, création des petites coupures.
6 000 chômeurs parisiens se présentent aux Ateliers nationaux.
jeudi 16 mars
Manifestation dite des « Bonnets à poil » à Paris organisée par les clubs devant l'Hôtel de Ville pour demander, entre autres, le report des élections ; des gardes nationaux des quartiers bourgeois crient « A bas les communistes ! »
Décret créant l'impôt des « 45 centimes ».
vendredi 17 mars
Vigoureuse contre-manifestation populaire. Report des élections du 9 au 23 avril.
Devant l’impossibilité de verser à tous l’indemnité quotidienne d’1,50 franc, la paie des chômeurs engagés par les Ateliers nationaux est abaissée à un franc.
dimanche 19 mars
Abolition de la contrainte par corps.
lundi 20 mars
Eugénie Niboyet crée La Voix des femmes, un journal qui réclame le vote des femmes.
du vendredi 24 au samedi 25 mars
Réglementation restrictive du travail effectué dans les prisons et hospices.
jeudi 30 mars
Défaite de la Légion belge à Risquons-tout.
vendredi 31 mars
Réforme de l'impôt sur les boissons.
Publication du Document Taschereau dans la Revue Rétrospective, mettant Auguste Blanqui en position d'accusé.
en mars
Le général Randon reçoit la direction des affaires de l’Algérie au ministère de la Guerre.
lundi 3 avril
Echec du coup de main des Voraces en Savoie.
mardi 4 avril
Mise sous séquestre de deux compagnies de chemin de fer.
samedi 8 avril
Circulaire de Ledru-Rollin sur les élections.
du jeudi 13 au vendredi 14 avril
Les couvents de la ville de Saint-Etienne sont mis à sac.
vendredi 14 avril
Suppression de l’exposition publique des condamnés aux travaux forcés et à la réclusion.
dimanche 16 avril
Manifestation populaire et contre-manifestation en faveur du gouvernement.
jeudi 20 avril
Une fête rassemble à Paris près d’un million de personnes.
dimanche 23 avril
Décès de l’archevêque d’Avignon Mgr Paul Naudo, à l’âge de 53 ans.
Dimanche de Pâques.
du dimanche 23 au lundi 24 avril
Elections de l'Assemblée Constituante. Les républicains modérés obtiennent 500 sièges sur 800. Le gouvernement est confié à une commission exécutive. Candidat en Seine-et-Oise, Alexandre Dumas ne récolte que 261 voix (son adversaire, Victor Pingeon, 75 286 !).
lundi 24 avril
Incapable de surmonter sa situation financière, la Banque du Havre doit se résoudre à fusionner avec la Banque de France, dont elle ne sera plus que le comptoir local.
jeudi 27 avril
Le sous-secrétaire d’Etat à la Marine et aux Colonies Victor Schœlcher, également sénateur de la Martinique et de la Guadeloupe, signe le décret abolissant l’esclavage dans les colonies.
Dans la soirée, une insurrection se déclenche à Rouen. La foule tente d’envahir l’Hôtel de ville. Repoussée par une charge de cavalerie, elle se replie dans les rues. Tout l’est de la cité se couvre de barricades.
A Limoges, à la suite d'incidents intervenus lors du dépouillement des élections législatives, un nouveau comité municipal est formé sous la pression de la rue, qui comprend plusieurs ouvriers porcelainiers et des flotteurs de bois. Durant plusieurs semaines, la ville s'administrera de façon quasi autonome.
vendredi 28 avril
L’intervention de la troupe et les canons mettent fin à l’insurrection de Rouen. 34 morts restent sur le terrain.
dimanche 30 avril
117 000 chômeurs demandent à être acceptés par les Ateliers nationaux. Le gouvernement est incapable de faire face à une telle demande.
en avril
Réforme du régime des octrois et de l'impôt sur le sel.
jeudi 4 mai
Première réunion de la Constituante élue au suffrage universelle. Proclamation officielle de la République. Louis Blanc est éliminé du gouvernement.
samedi 6 mai
Le gouvernement provisoire est remplacé par une commission effective de cinq membres : Arago, Garnier-Pages, Lamartine, Ledru-Rollin et Marie.
lundi 8 mai
Louis Blanc se retire de la Commission du Luxembourg.
du mardi 9 au mercredi 10 mai
Election de la Commission effective, suivie de la formation du ministère.
mercredi 10 mai
L'Assemblée refuse à Louis Blanc la création d'un ministère du Progrès, mais nomme une commission d'enquête sur le sort des travailleurs (qui publiera L'Enquête de 1848 sur le travail industriel et agricole).
dimanche 14 mai
Publication du 21e et dernier dernier numéro du journal révolutionnaire L’Ami du peuple, fondé le 27 février par Raspail.
mi-mai
Devenus un véritable gouffre financier (200 000 francs par jour), les Ateliers nationaux n’acceptent plus d’inscription.
lundi 15 mai
Manifestation populaire aux cris de « Vive la Pologne ». L'émeute, préparée par Raspail et Blanqui, envahit l'Assemblée. Barbès organise la prise de l'Hôtel de ville. Répression et scènes de violence contre-révolutionnaires. Arrestation d'A. Huber, François, Raspail, Flotte, Albert. Le comte Alfred de Falloux, député légitimiste de Maine-et-Loire, réclame la dissolution des Ateliers nationaux.
mardi 16 mai
Suppression de la Commission du Luxembourg.
mercredi 17 mai
Cavaignac devient ministre de la guerre. L’abbé Lacordaire démissionne de l'assemblée nationale (député des Bouches-du-Rhône). Duclerc propose la nationalisation des chemins de fer.
jeudi 18 mai
Elu un an plus tôt, l’historien de la littérature Jean-Jacques Ampère est reçu à l’Académie française par Prosper Mérimée.
samedi 20 mai (et jours suivants)
L'Assemblée commence à mettre en question le sort des ateliers nationaux : arrestation de militants ouvriers.
lundi 22 mai
Arrestation de militants ouvriers, puis d'Auguste Blanqui.
La nouvelle de l’abolition de l’esclavage n’étant pas encore arrivée dans l’île, les esclaves de la Martinique se révoltent.
mardi 23 mai
Le gouverneur de la Martinique Louis de Rostoland décide d’abolir l’esclavage dans l’île : effondrement de la production de canne à sucre (jusqu'en 1860).
vendredi 26 mai
Une loi prohibe à perpétuité au roi Louis-Philippe et à sa famille l'entrée sur le territoire français.
samedi 27 mai
Les ouvriers deviennent électeurs et éligibles aux conseils de prud'hommes. La parité de représentation est établie.
jeudi 1er ou vendredi 2 juin
Lancement en Lorraine du quotidien Vœu national (remplacé en 1883 par le Lorrain).
dimanche 4 juin
Elections complémentaires à la Constituante. Sont élus : Pierre Leroux, Thiers, Proudhon, Victor Hugo (liste conservatrice), Louis-Napoléon Bonaparte. Parmi les non élus, on trouve Alexandre Dumas (3 458 voix dans l’Yonne).
lundi 5 juin
Jean-François Layrle n’est plus gouverneur de la Guadeloupe. L’intérim est assuré par le commissaire-général Alexandre Gatine.
du lundi 5 au samedi 10 juin
Effervescence populaire à Paris : cris séditieux, arrestations.
mardi 6 juin
Sénard devient président de l'assemblée.
lundi 12 juin
Le colonel Edme de Mac-Mahon est nommé général de brigade.
mardi 13 juin
Débat à l'Assemblée sur l’admission de Louis-Napoléon Bonaparte : il est admis.
jeudi 15 juin
Craignant le vote d'une nouvelle loi d'exil, le prince Louis-Napoléon Bonaparte renonce finalement à siéger.
vendredi 16 juin
Création à Paris de l’opéra L’Apparition, de François Benoist.
mardi 20 juin
Les députés votent la fermeture des Ateliers nationaux parisiens. Les ouvriers âgés de 18 à 25 ans sont priés de s’enrôler dans l'armée, tandis que les autres doivent se préparer à partir en province pour rejoindre d'autres chantiers.
mercredi 21 juin
Rétablissement de l’impôt sur les boissons.
jeudi 22 juin
Manifestations d’ouvriers à Paris.
du jeudi 22 au vendredi 23 juin
Emeutes ouvrières de Marseille.
vendredi 23 juin
Début d'une insurrection ouvrière parisienne provoquée par le licenciement des ouvriers des ateliers nationaux.
samedi 24 juin
Etat de siège à Paris. Démission de la Commission exécutive. Louis Eugène Cavaignac reçoit les pleins pouvoirs pour écraser l’insurrection ouvrière.
Victor-Auguste Poulain (22 ans) ouvre dans la Grand Rue de Blois une confiserie (qui donnera naissance au célèbre chocolat Poulain).
dimanche 25 juin
Offensive des forces de l'ordre. L’archevêque de Paris Mgr Denis Auguste Affre est tué sur les barricades alors qu'il prêchait l'apaisement et s’interposait entre les insurgés et les soldats du parti de l’Ordre. Il avait 54 ans. Chargé de mater l’insurrection sur la rive gauche de la Seine, le général Jean-Baptiste Bréa tente de négocier avec les insurgés mais ceux-ci s’emparent de lui à la barrière de Fontainebleau (place d’Italie) et le fusillent avenue d’Italie. Une photographie prise ce jour donne naissance au photojournalisme : le cliché des « Barricades de la rue Saint-Maur » sera publié début juillet par le journal L’Illustration.
lundi 26 juin
L’insurrection parisienne est réprimée par Cavaignac et suivie d’une réaction conservatrice. Les combats et la répression ont fait 800 morts dans l’armée, 800 dans la garde nationale et 4 000 parmi les insurgés. 11 000 prisonniers ; 4 300 déportés en Algérie (ils traversent la France en interminables convois en direction des ports d’embarquement de Cherbourg, Brest, Lorient, Le Havre...).
mercredi 28 juin
Cavaignac, nommé président du Conseil, forme un nouveau ministère. Suppression des ateliers nationaux. Retrait du projet de rachat des chemins de fer.
vendredi 30 juin
Abolition du décret du 2 mars : la journée de travail est portée à 12 heures minimum.
en juin
Le général Négrier est tué à Paris.
lundi 3 juillet
Le général Randon est placé à la tête de la 3e division militaire de Metz.
Dissolution définitive des Ateliers nationaux.
mardi 4 juillet
Le vicomte François-René de Chateaubriand est décédé à Paris, rue du Bac. Agé de 80 ans, il était considéré comme le père du romantisme en France.
mercredi 5 juillet
Carnot démissionne de son poste de ministre de l'Instruction publique.
samedi 8 juillet
Grièvement blessé lors des journées de juin dernier, le général Franciade Duvivier succombe à ses blessures à Paris, à l’âge de 54 ans.
lundi 10 juillet
Evêque de Digne depuis 1839, Mgr Dominique Sibour (56 ans) est nommé archevêque de Paris, en remplacement de Mgr Affre, tué lors des émeutes du mois dernier.
Le général de brigade Regnault de Saint-Jean-d’Angely est nommé général de division.
lundi 17 juillet
Simple capitaine de vaisseau, Raymond de Verninac Saint-Maur succède à Jules Bastide comme ministre de la Marine.
mercredi 19 juillet
Chateaubriand est inhumé sur l’île du Grand-Bé, près de Saint-Malo.
dimanche 23 juillet
Inauguration à Nantes d’un monument en hommage au général napoléonien Pierre Cambronne, mort en 1842.
mardi 25 juillet
L’écrivain Alexandre Dumas père pend la crémaillère dans la propriété qu’il a fait bâtir à Marly-le-Roi. Il invite 600 personnes.
vendredi 28 juillet
Décret sur les clubs.
lundi 31 juillet
L'Assemblée rejette la proposition de Pierre-Joseph Proudhon de former une Banque d'Échange.
Elections municipales.
mardi 1er août
Les deux fils de Victor Hugo, Charles et François-Victor, fondent, avec Auguste Vacquerie et Paul Meurice, un journal, l’Evènement.
jeudi 3 août
Eugène Desperles succède à Alphonse Sourdeaux comme commandant du Gabon.
du mercredi 9 au vendredi 11 août
Décrets sur la presse.
jeudi 10 août
Treize ans après sa parution, Le Chandelier, une pièce en trois actes d’Alfred de Musset, est enfin créée au Théâtre-Historique de Paris, avec mademoiselle Maillet. C’est un échec (elle sera recréée en 1850 par la Comédie-Française dans une nouvelle version qui sera un succès).
dimanche 13 août
Inauguration à Clermont-Ferrand, place de Jaude, de la statue en bronze du Général Desaix, tué à Marengo en 1800. L’œuvre a été réalisée par Charles-François Leboeuf, dit Nanteuil.
jeudi 17 août
Elie-Frédéric Forey (futur maréchal de France) est promu général de brigade. Il commande la 2e brigade de la 2e division d’infanterie de réserve de l’armée de Paris.
lundi 21 août
Parution du premier numéro de L'Opinion des Femmes (Jeanne Deroin).
jeudi 24 août
Décret signé par Etienne Arago, directeur général des Postes, sur le système postal : instauration du premier « timbre » français.
du dimanche 27 août au dimanche 3 septembre
Elections cantonales.
lundi 28 août
Représentant de la Guadeloupe, Mathieu Luis est le premier noir à devenir membre d’un Parlement français.
fin août
Menacés par la Commission d'enquête de l'Assemblée, Louis Blanc et Caussidière partent pour l'exil.
Débats sur la journée de travail.
lundi 4 septembre
Début de la discussion de la Constitution (elle durera deux mois).
samedi 9 septembre
La journée de travail est fixée à 12 heures, au lieu de 10.
dimanche 17 et lundi 18 septembre
Elections partielles : Louis-Napoléon Bonaparte est réélu.
jeudi 21 septembre
Anniversaire de la Première République (1792). Banquets démocratiques.
lundi 9 octobre
Un amendement est proposé, tendant à interdire la candidature des membres des anciennes familles régnantes à la présidence de la République française.
vendredi 13 octobre
Remaniement du ministère qui s'entrouvre au parti de l'ordre : Armand Dufaure (ancien ministre des Travaux publics de Louis-Philippe) devient ministre de l’Intérieur.
samedi 14 octobre
L’amendement sur l’interdiction de l’accès à la présidence pour les membres des anciennes familles régnantes est repoussé et les lois d'exil concernant la famille Bonaparte sont abrogées.
lundi 16 octobre
Evêque de Troyes depuis cinq années, Mgr Jean Debelay (48 ans) est nommé archevêque d’Avignon. Pierre Louis Cœur (43 ans) est aussitôt nommé pour le remplacer à la tête du diocèse de Troyes.
mardi 17 octobre
Banquet de la République démocratique et sociale (avec des toasts de Cabet, Pierre Leroux, P.J. Proudhon, etc.).
samedi 21 octobre
Le premier feuilleton des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand paraît dans La presse.
mardi 31 octobre
Débat constitutionnel en seconde lecture.
jeudi 2 novembre
Le rebelle algérien Abd el-Kader est transféré de Pau au château d’Amboise.
samedi 4 novembre
Vote de la Constitution : le pouvoir législatif est confié à une assemblée unique (de 750 représentants), élue pour trois ans ; abolition de l'esclavage.
Formation de la Solidarité républicaine (Martin Bernard, Charles Delescluze, Agricol Perdiguier, etc.) par Ledru-Rollin.
lundi 6 novembre
Ayant accompagné le roi dans son exil anglais, l’historien Jean Vatout meurt empoisonné par saturnisme au château de Claremont (tuyauterie en plomb vétuste), sans avoir jamais été reçu à l’Académie française où il avait été élu en début d’année. Il avait 57 ans.
samedi 11 novembre
Création à l’Opéra-Comique de Paris de l’opéra Le Val d’Andorre, un drame lyrique en trois actes de Jacques Fromental Halévy, sur un livret de J. H. Vernoy de Saint-Georges. Les rôles principaux sont tenus par la soprano Louise Lavoye, les basses Charles-Amable Battaille et Georges Palianti et le baryton Ernest Mocker. L’accueil du public est chaleureux (164 représentations suivront).
dimanche 12 novembre
Promulgation solennelle place de la Concorde de la Constitution de la IIe République.
samedi 25 novembre
L’Assemblée félicite le général Cavaignac d’ « avoir bien mérité de la patrie ».
mercredi 29 novembre
Evêque de Nantes depuis 1838, Mgr Jean-François de Hercé se retire, à l’âge de 72 ans.
dimanche 3 décembre
Banquet des travailleurs socialistes à la barrière du Maine, placé sous la présidence d'Auguste Blanqui, emprisonné à Vincennes.
mercredi 6 décembre
Antoine Jacquemet (45 ans) est nommé évêque de Nantes.
samedi 9 décembre
L'Algérie forme trois départements français.
dimanche 10 décembre
Election présidentielle : Louis-Napoléon Bonaparte (40 ans) est facilement élu avec 5,5 millions de voix (74,33 % des voix) contre 1,5 à Cavaignac, 370 000 à Ledru-Rollin, 36 329 à Raspail, 17 910 à Lamartine et 4 790 à Changarnier. Le neveu de Napoléon Ier l’a emporté dans 85 des 89 départements. Seuls les Bouches-du-Rhône, le Finistère, le Morbihan et le Var ont placé en tête le général Cavaignac.
samedi 16 décembre
Louis Napoléon Bonaparte s'installe à l'Elysée, assignée par l’Assemblée nationale comme résidence du président de la République. Le vice-président est le comte Georges-Henri Boulay de la Meurthe.
Jusqu’alors simple capitaine de vaisseau, le ministre de la Marine Raymond Verninac de Saint-Maur est promu contre-amiral.
mercredi 20 décembre
Proclamation du résultat de l'élection. Prestation de serment de Bonaparte à la tribune de l’Assemblée. Formation du ministère Barrot-Falloux. Le comte Alfred de Falloux est nommé ministre de l’Instruction publique et des Cultes. Edouard Drouyn de Lhuys devient ministre des Affaires étrangères. Armand Dufaure n’est plus à l’Intérieur. Victor Desttut de Tracy succède au contre-amiral Verninac de Saint-Maur comme ministre de la Marine.
samedi 23 décembre
Le président Louis-Napoléon Bonaparte nomme son oncle Jérôme Bonaparte (frère cadet de Napoléon Ier) gouverneur des Invalides, où repose la dépouille de l’ex-empereur.
mardi 26 décembre
Le général Changarnier est nommé commandant de l'armée de Paris.
mercredi 27 décembre
L'Assemblée rétablit un impôt sur le sel.
vendredi 29 décembre
Proposition Rateau tendant à la dissolution prochaine de la Constituante.
fin décembre
L'Assemblée établit un programme de lois organiques.
en décembre
Etienne Charles Deschanel succède à Eugène Desperles comme commandant du Gabon.