vendredi 3 janvier
La destitution du général Changarnier entraîne un tollé de protestations et de démissions gouvernementales. Le contre-amiral breton Joseph Romain Desfossés n’est plus ministre des Colonies et de la marine.
Le maréchal napoléonien et homme d’Etat Jean de Dieu Soult est mort en son château de Saint-Amans, dans le Tarn. Agé de 82 ans, il avait été sous la monarchie de Juillet ministre de la Guerre et chef du gouvernement à trois reprises (1832-1834, 1839-1840 et 1840-1847).
samedi 4 janvier
Election à l’Académie française. Montalembert obtient 25 voix contre 2 à Alfred de Musset.
jeudi 9 janvier
Le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely est nommé ministre de la Guerre. Edouard Drouyn de Lhuys devient ministre des Affaires étrangères pour la seconde fois.
vendredi 24 janvier
Louis-Napoléon Bonaparte confirme la destitution de Changarnier et présente un nouveau gouvernement, sans président du Conseil, dont l’autonomie par rapport à l’Assemblée est encore renforcée, le « petit ministère ». Drouyn de Lhuys n’est plus ministre des Affaires étrangères.
en janvier
Le général Randon est nommé ministre de la Guerre (il remplace le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely).
Le comte Achille Baraguey d’Hilliers est appelé au commandement de la 1re division militaire, l’armée de Paris.
samedi 1er février
Arrivé aux îles Hawaï sur le bâtiment de guerre La Sérieuse, le commissaire français Emile Perrin demande l’hommage des îles au profit de la France, mais doit y renoncer quand la monarchie hawaïenne reçoit la protection américaine.
lundi 3 février
Création des Bateaux-Lavoirs à Montmartre.
samedi 15 février
Louis Doret succède à De Barolet de Puligny comme gouverneur de l’île de la Réunion.
jeudi 20 février
Adolphe Blanqui, le frère « rangé » d’Auguste, propose à Victor Hugo de l’accompagner dans son enquête sur « les caves de Lille ». La révolution industrielle y va de paire avec une extrême misère ouvrière, prolétaires sacrifiés au profit du textile. Un rapport médical signale que sur 21 000 enfants nés dans ce « ghetto », 300 seulement sont survivants...
en février
L’Assemblée rejette les crédits de représentation du président, l'amnistie aux républicains, la proposition Creton (sur l'exil des princes).
samedi 1er mars
Décès à Paris du maréchal de France Guillaume Dode de la Brunerie, spécialisé dans le génie, à l’âge de 76 ans.
lundi 10 mars
Le général et comte Rémy-Joseph Isidore Exelmans est nommé maréchal de France. Il avait combattu sous Napoléon Ier.
lundi 26 mars
Au cours de sa troisième expérience, le physicien Léon Foucault prouve la rotation de la terre au moyen d’un pendule de 67 m (pesant 28 kilos) accroché à la voûte du Panthéon de Paris.
au printemps
Pétitions populaires et officieuses en faveur de la révision. Contre-pétitions républicaines contre la loi du 31 mai.
mercredi 2 avril
Malgré les ordres du pacha de Salé, Abdelhi Zniber, les habitants de la ville marocaine pillent un cargo français échoué la veille non loin de la cité.
mardi 8 avril
Intervenant à l’Assemblée nationale dans le débat sur la loi Rouher limitant la liberté de la presse, Victor Hugo, représentant de la Seine, déclare : « Ce gouvernement, je le caractérise d’un mot : la police partout, la justice nulle part. »
jeudi 10 avril
Remaniement ministériel : un ministère conservateur remplace le « petit ministère » constitué en janvier (Léon Faucher).
mercredi 16 avril
Création à l’Opéra de Paris (salle Le Peletier), sous la direction du compositeur, du premier opéra de Charles Gounod (32 ans), Sapho, une œuvre en trois actes, sur un livret d’Emile Augier. L’œuvre bénéficie de l’excellente interprétation de la mezzo-soprano Pauline Viardot, mais le succès n’est pas au rendez-vous (Gounod le reprendra en 1884 dans une nouvelle version).
dimanche 20 avril
Dimanche de Pâques.
vendredi 16 mai
Création à l’Opéra de Paris de Zerline, ou la Corbeille d’oranges, opéra en trois actes de Daniel François Auber, sur un livret d’Eugène Scribe.
mercredi 28 mai
Ouverture du délai légal de discussion de la révision.
de mai à juin
Expédition (7 000 hommes) de Saint-Arnaud en Algérie qui soumet la Petite Kabylie, qui s'étend entre Collo et Djidjelli.
dimanche 1er juin
Le président Bonaparte inaugure à Dijon la ligne de chemin de fer Tonnerre - Dijon - Chalon-sur-Saône. Dans son discours, il déclare : « La France ne veut ni du retour à l’Ancien Régime, quelle que soit la forme qui le déguise, ni l’essai d’utopies funestes et impraticables. Affirmant avoir toujours voulu le faire bien pour améliorer le sort du peuple, il dénonce « l’inertie de l’Assemblée législative », qui entrave son combat, ajoutant qu’il se met « à la disposition de la France ».
mercredi 11 juin
Charles Hugo, fils du grand poète, est arrêté pour avoir dénoncé dans son journal, l’Evénement, l’exécution d’un braconnier, Montcharmont (29 ans, conduit deux fois à l’échafaud), qui avait tué un gendarme et un garde-champêtre. Victor Hugo obtient la permission de défendre son fils, qui sera néanmoins condamné à six mois de prison à la conciergerie.
samedi 14 juin
Création à la Comédie-Française des Caprices de Marianne, comédie d’Alfred de Musset.
dimanche 15 juin
Le général Magnan reçoit le commandement de l’armée de Paris.
samedi 21 juin
A Montpellier, dans le parc de la Valette, un duel au sabre oppose le journaliste républicain Aristide Ollivier (rédacteur au Suffrage universel) et son homologue légitimiste Fernand de Ginestous (L’Echo du Midi) : dès le premier assaut, Ollivier est mortellement atteint et Ginestous grièvement blessé.
en juin
Après Paris en 1799, les villes de l’agglomération lyonnaise perdent leurs pouvoirs de police confiés au préfet du Rhône.
mardi 1er juillet
Ghézo, roi du Dahomey [aujourd’hui Bénin], signe le premier traité commun avec la France (Auguste Bouët) : cet accord commercial permet au Dahoméens d’écouler leur production agricole.
Le chemin de fer arrive à Poitiers. L’imposant viaduc de l’Indre a été inauguré par le prince-président Bonaparte.
mardi 8 juillet
Décès de l’évêque d’Autun Mgr Bénigne du Trousset d’Héricourt. Agé de 54 ans, il était à la tête de ce diocèse depuis 1829.
jeudi 10 juillet
Grâce à ses succès en Algérie (soumission de la Kabylie), Achille Leroy de Saint-Arnaud est nommé général de division ; il reçoit le commandement de la 2e division de l’armée de Paris.
jeudi 17 juillet
A la tribune de l’Assemblée, Victor Hugo dénonce la conspiration de Louis Napoléon Bonaparte, et déclare que le président veut se faire empereur. Le poète veut une révision de la Constitution afin d’empêcher la réélection du président.
vendredi 18 juillet
La Chambre refuse d’entamer une procédure de révision de la Constitution.
samedi 19 juillet
La réélection du président est repoussée par l’Assemblée.
dimanche 20 juillet
Décès à Paris du maréchal et comte François Horace Sébastiani, à l’âge de 79 ans.
Décès du cardinal et évêque d’Arras Mgr Hugues de La Tour d’Auvergne, à l’âge de 82 ans. Il était à la tête de ce diocèse du Nord depuis quarante-neuf ans !
samedi 26 juillet
Le général de Saint-Arnaud, commandant en chef en Algérie, est rappelé à Paris.
Le théoricien communiste Etienne Cabet, installé aux Etats-Unis avec sa communauté des Icariens, est reconnu innocent de toutes les charges qui pesaient sur lui par la Cour d’appel.
mercredi 30 juillet
Jean-Pierre Mabile, cinquante ans, est nommé évêque de Saint-Claude.
mercredi 6 août
Ouverture du procès dit « du complot de Lyon » contre les militants des sociétés secrètes de La Nouvelle Montagne (A. Gent).
mardi 12 août
L’évêque de Langres Mgr Pierre-Louis Parisis (56 ans) est nommé évêque d’Arras.
jeudi 14 août
Création à Paris, au Théâtre de la Montansier (aujourd’hui Théâtre du Palais-Royal), de la pièce Un chapeau de paille d’Italie, comédie en cinq actes d’Eugène Labiche et Marc-Michel, avec Ravel, Grassot, Lhéritier et Amant.
du vendredi 15 au dimanche 17 août
Visite du président Bonaparte à Lyon.
dimanche 17 août
L’arrivée de la voie ferrée à Nantes, depuis Angers (et Paris), donne lieu à trois jours de festivités (120 000 personnes) : quatre convois font le voyage et reçoivent la bénédiction de l’évêque de Nantes. Suivent la réception à la préfecture, le banquet à l’Hôtel de la Bourse et un spectacle au Grand Théâtre.
lundi 18 août
Les festivités nantaises se poursuivent à Saint-Nazaire, où est en construction un vaste bassin à flot permettant l’accostage par tous les temps des paquebots et navires de commerce : régates, courses de chevaux, ascension en ballon et « même descente en parachute de Mademoiselle Godart ».
jeudi 21 août
Ouverture officielle aux voyageurs de la ligne de chemin de fer Angers-Nantes.
lundi 25 août
La ligne ferroviaire arrivant à Nantes est ouverte également aux marchandises.
jeudi 28 août
Le ministre de l’Intérieur fait interdire la pièce La Dame aux camélias de Dumas fils pour « atteinte aux bonnes mœurs ».
lundi 15 septembre
Après son frère Charles en juin, François-Victor Hugo est à son tour condamné pour avoir défendu le droit d’asile. Leur journal, L’Evénement, ne s’en remettra pas.
vendredi 19 septembre
Gustave Flaubert (29 ans) entreprend la rédaction de Madame Bovary (il lui faudra 56 mois pour achever le roman).
lundi 29 septembre
Ancien évêque d’Amiens, Mgr Jean-Marie Mioland (62 ans) devient archevêque de Toulouse.
jeudi 2 octobre
Démonstration de la « boussole pasilalinique sympathique » inventée par l’occultiste Jacques Toussaint Benoît, qui doit permettre de transmettre des messages instantanément et ce, quelque soit la distance. Cette méthode de télégraphie serait basée sur la capacité des escargots à maintenir un contact sympathique avec leur partenaire après l’acte sexuel.
samedi 4 octobre
Le président se déclare favorable à l'abrogation de la loi du 31 mai.
mercredi 15 octobre
Jean-Jacques Guerrin (57 ans) est nommé évêque de Langres, tandis que Jean-Paul Lyonnet (50 ans) devient évêque de Saint-Flour.
mardi 21 octobre
Première des Caprices de Marianne d’Alfred de Musset.
samedi 25 octobre
Le quotidien La Presse publie un article de Jules Allix annonçant la découverte d’un nouveau système de communication : la boussole pasilalinique sympathique, présentée au début du mois (il sera finalement révélée qu’il s’agit d’une escroquerie).
dimanche 26 octobre
Turgot est nommé ministre des Affaires étrangères, Fortoul à la Marine et aux Colonies et Saint-Arnauld à la Guerre (à la place du général Randon).
lundi 27 octobre
Crise ministérielle : Léon Faucher démissionne.
Supprimée en février 1848, la fonction de préfet de police de Paris est rétablie pour Emile de Maupas.
Inauguration de l’Ecole navale Paul Bousquet à Sète.
début novembre
Circulaire du ministre Saint-Arnaud sur l’obéissance passive.
mardi 4 novembre
Message du président à l'Assemblée pour se concilier la gauche : il annonce officiellement qu’il est en faveur de la révision et pour l’abrogation de la loi du 31 mai 1850 restreignant le suffrage. L'assemblée repousse l'urgence.
jeudi 6 novembre
Dépôt de la proposition des questeurs.
lundi 10 novembre
Le ministre de la Marine charge le contre-amiral Louis Dubourdieu d’une ministre de représailles contre le Maroc après le pilage d’un cargo français, sept mois plus tôt.
jeudi 13 novembre
L'Assemblée rejette la proposition présidentielle d'abroger la loi du 31 mai.
lundi 17 novembre
L'Assemblée rejette la proposition des questeurs.
dimanche 23 novembre
Lefebvre-Duruflé est nommé ministre de l'Agriculture et du Commerce.
du mercredi 26 au jeudi 27 novembre
N’ayant pas obtenu de réparation du sultan Moulay Abderrahmane après le pillage d’un navire français sept mois plus tôt par les habitants de Salé, le gouvernement français fait bombarder le port marocain par la flotte du contre-amiral Louis Dubourdieu (composée de cinq navires). Une vingtaine de Marocains, dont deux tiers de civils, ont été tués, les pertes françaises se montant à quatre morts et dix-huit blessés (les navires Henri IV et Sané ont été endommagés). De nombreux bâtiments la ville ont été gravement touchés, parmi lesquels la Grande Mosquée.
samedi 29 novembre
Afin d’éviter un bombardement de Tanger, le ministre marocain Mohammed El-Kethib remet au chargé d’affaires français Nicolas Prosper Bourrée la somme de 100 000 francs en dédommagement.
nuit du lundi 1er au mardi 2 décembre
Le Prince président a organisé un bal dans les salons de retiré. Pendant que l’on danse, il se retire avec quelques amis dans le « boudoir d’argent » et lance le plan « Rubicon », mis au point par Morny (frère utérin du président). De Beville s’empare de l’imprimerie nationale où il fait publier une proclamation du prince président.
mardi 2 décembre
Le président Bonaparte dissout l’Assemblée et réprime un soulèvement. Morny est le principal instrument de ce coup d'Etat (il devient ministre de l’intérieur). Autres exécutants : Maupas (préfet de police), Persigny (qui s’empare de l'Assemblée nationale) et Saint-Arnaud. Maupas fait arrêter le député républicain Jules Grévy, du général Cavaignac, de Lamoricière, de Changarnier, Le Flo et d’une foule de républicains. Une soixantaine de députés venus à l’Assemblée sont repoussés par Dupin. 300 députés royalistes se réunissent à la mairie du 10e arrondissement pour demander la réunion d’une haute cour de justice pour mettre en accusation le prince président. Arrêtés, ils sont conduits dans les prisons de Mazas, de Vincennes et au mont Valérien. Disparition de la fonction de préfet de police de Paris, que Napoléon avait restaurée pour Maupas en octobre.
mercredi 3 décembre
Tentative de résistance de l'Assemblée : sept députés non armés, conduits par Victor Schoelcher, tentent de retourner les soldats, mais un coup de feu parti de la barricade déclenche une fusillade. Debout sur la barricade, le député Baudin est tué après avoir déclaré « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs » ; il avait 40 ans. Les soldats laissent les manifestants se disperser. Victor Hugo arrive peu après bien décidé à reprendre le combat, mais les autres députés le forcent à reconnaître l’échec de la résistance au coup d’Etat.
Décret nommant ou confirmant les ministres : Rouher à la Justice, Turgot aux Affaires étrangères, Saint-Arnauld à la guerre, Ducos à la Marine et aux Colonies, Morny à l'Intérieur, Magne aux Travaux publics, Lefebvre-Duruflé à l'Agriculture et au Commerce, Fortoul laisse la Marine et les Colonies pour l'Instruction publique et les Cultes, Fould aux Finances.
du mercredi 3 au vendredi 5 décembre
Marche des républicains de Villefranche et Sauveterre sur Rodez.
jeudi 4 décembre
Ecrasement de la résistance à Paris : 300 morts lors de la fusillade des Grands Boulevards. Mais le mouvement hostile au coup d’Etat débute en province.
vendredi 5 décembre
Massacre de plusieurs centaines de prisonniers au Champ-de-Mars.
du vendredi 5 au mercredi 10 décembre
Développement et échec de la résistance en Province.
samedi 6 décembre
A Paris, le Panthéon est retransformé en basilique nationale, dédiée à sainte Geneviève.
lundi 8 décembre
Bataille de Crest (Drôme).
Le prince président décrète la déportation à Cayenne et en Afrique de tous les individus soupçonnés d'avoir fait partie de sociétés secrètes.
La révolte des communes du Var est réprimée à Aups.
mercredi 10 décembre
Publication du décret relatif à la constitution du syndicat du chemin de fer de Petite Ceinture de Paris.
jeudi 11 décembre
Le général Randon est nommé gouverneur général de l’Algérie.
Le général et comte d’Empire Jean-Isidore Harispe est élevé à la dignité de maréchal de France. Même promotion pour le général Jean Vaillant, soixante et un ans.
Victor Hugo, caché depuis plusieurs jours chez Juliette Drouet, reçoit d’elle un passeport au nom de « Lanvin, compositeur d’imprimerie à livres » ; il prend le train pour Bruxelles.
mercredi 17 décembre
Grâce à l’intervention du duc de Morny (demi-frère du prince-président), le propriétaire du Cirque d’été (situé carré Marigny des Champs-Elysées), Louis Dejean, a reçu l’autorisation de construire le Cirque Napoléon [aujourd’hui Cirque d’hiver], dans le XIe arrondissement (rue Amelot).
samedi 20 et dimanche 21 décembre
Plébiscite qui approuve le coup d'Etat de Bonaparte : 7,5 millions de oui, 640 000 non, 1,5 millions d'abstentions.
lundi 22 décembre
Louis Napoléon est élu chef de l'Etat pour dix ans : la vice-présidence est supprimée.
Elie-Frédéric Forey est promu général de division. Il a prit une part active au coup d’Etat dans Paris.
mercredi 24 décembre
Vote de l’indemnisation des dommages causés aux Compagnies ferroviaires en 1848.
vendredi 26 décembre
Le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely est désigné comme l’un des vice-présidents du Sénat (jusqu’en 1870).
samedi 27 décembre
Décret-loi établissant le monopole de l’Etat sur les lignes téléphoniques dont les services sont ouverts au public (télégraphe puis téléphone).
en décembre
Gouverneur intérimaire de l’Algérie, le général Pélissier met le pays en état de siège lors du coup d’Etat du prince président Bonaparte à Paris.
La destitution du général Changarnier entraîne un tollé de protestations et de démissions gouvernementales. Le contre-amiral breton Joseph Romain Desfossés n’est plus ministre des Colonies et de la marine.
Le maréchal napoléonien et homme d’Etat Jean de Dieu Soult est mort en son château de Saint-Amans, dans le Tarn. Agé de 82 ans, il avait été sous la monarchie de Juillet ministre de la Guerre et chef du gouvernement à trois reprises (1832-1834, 1839-1840 et 1840-1847).
samedi 4 janvier
Election à l’Académie française. Montalembert obtient 25 voix contre 2 à Alfred de Musset.
jeudi 9 janvier
Le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely est nommé ministre de la Guerre. Edouard Drouyn de Lhuys devient ministre des Affaires étrangères pour la seconde fois.
vendredi 24 janvier
Louis-Napoléon Bonaparte confirme la destitution de Changarnier et présente un nouveau gouvernement, sans président du Conseil, dont l’autonomie par rapport à l’Assemblée est encore renforcée, le « petit ministère ». Drouyn de Lhuys n’est plus ministre des Affaires étrangères.
en janvier
Le général Randon est nommé ministre de la Guerre (il remplace le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely).
Le comte Achille Baraguey d’Hilliers est appelé au commandement de la 1re division militaire, l’armée de Paris.
samedi 1er février
Arrivé aux îles Hawaï sur le bâtiment de guerre La Sérieuse, le commissaire français Emile Perrin demande l’hommage des îles au profit de la France, mais doit y renoncer quand la monarchie hawaïenne reçoit la protection américaine.
lundi 3 février
Création des Bateaux-Lavoirs à Montmartre.
samedi 15 février
Louis Doret succède à De Barolet de Puligny comme gouverneur de l’île de la Réunion.
jeudi 20 février
Adolphe Blanqui, le frère « rangé » d’Auguste, propose à Victor Hugo de l’accompagner dans son enquête sur « les caves de Lille ». La révolution industrielle y va de paire avec une extrême misère ouvrière, prolétaires sacrifiés au profit du textile. Un rapport médical signale que sur 21 000 enfants nés dans ce « ghetto », 300 seulement sont survivants...
en février
L’Assemblée rejette les crédits de représentation du président, l'amnistie aux républicains, la proposition Creton (sur l'exil des princes).
samedi 1er mars
Décès à Paris du maréchal de France Guillaume Dode de la Brunerie, spécialisé dans le génie, à l’âge de 76 ans.
lundi 10 mars
Le général et comte Rémy-Joseph Isidore Exelmans est nommé maréchal de France. Il avait combattu sous Napoléon Ier.
lundi 26 mars
Au cours de sa troisième expérience, le physicien Léon Foucault prouve la rotation de la terre au moyen d’un pendule de 67 m (pesant 28 kilos) accroché à la voûte du Panthéon de Paris.
au printemps
Pétitions populaires et officieuses en faveur de la révision. Contre-pétitions républicaines contre la loi du 31 mai.
mercredi 2 avril
Malgré les ordres du pacha de Salé, Abdelhi Zniber, les habitants de la ville marocaine pillent un cargo français échoué la veille non loin de la cité.
mardi 8 avril
Intervenant à l’Assemblée nationale dans le débat sur la loi Rouher limitant la liberté de la presse, Victor Hugo, représentant de la Seine, déclare : « Ce gouvernement, je le caractérise d’un mot : la police partout, la justice nulle part. »
jeudi 10 avril
Remaniement ministériel : un ministère conservateur remplace le « petit ministère » constitué en janvier (Léon Faucher).
mercredi 16 avril
Création à l’Opéra de Paris (salle Le Peletier), sous la direction du compositeur, du premier opéra de Charles Gounod (32 ans), Sapho, une œuvre en trois actes, sur un livret d’Emile Augier. L’œuvre bénéficie de l’excellente interprétation de la mezzo-soprano Pauline Viardot, mais le succès n’est pas au rendez-vous (Gounod le reprendra en 1884 dans une nouvelle version).
dimanche 20 avril
Dimanche de Pâques.
vendredi 16 mai
Création à l’Opéra de Paris de Zerline, ou la Corbeille d’oranges, opéra en trois actes de Daniel François Auber, sur un livret d’Eugène Scribe.
mercredi 28 mai
Ouverture du délai légal de discussion de la révision.
de mai à juin
Expédition (7 000 hommes) de Saint-Arnaud en Algérie qui soumet la Petite Kabylie, qui s'étend entre Collo et Djidjelli.
dimanche 1er juin
Le président Bonaparte inaugure à Dijon la ligne de chemin de fer Tonnerre - Dijon - Chalon-sur-Saône. Dans son discours, il déclare : « La France ne veut ni du retour à l’Ancien Régime, quelle que soit la forme qui le déguise, ni l’essai d’utopies funestes et impraticables. Affirmant avoir toujours voulu le faire bien pour améliorer le sort du peuple, il dénonce « l’inertie de l’Assemblée législative », qui entrave son combat, ajoutant qu’il se met « à la disposition de la France ».
mercredi 11 juin
Charles Hugo, fils du grand poète, est arrêté pour avoir dénoncé dans son journal, l’Evénement, l’exécution d’un braconnier, Montcharmont (29 ans, conduit deux fois à l’échafaud), qui avait tué un gendarme et un garde-champêtre. Victor Hugo obtient la permission de défendre son fils, qui sera néanmoins condamné à six mois de prison à la conciergerie.
samedi 14 juin
Création à la Comédie-Française des Caprices de Marianne, comédie d’Alfred de Musset.
dimanche 15 juin
Le général Magnan reçoit le commandement de l’armée de Paris.
samedi 21 juin
A Montpellier, dans le parc de la Valette, un duel au sabre oppose le journaliste républicain Aristide Ollivier (rédacteur au Suffrage universel) et son homologue légitimiste Fernand de Ginestous (L’Echo du Midi) : dès le premier assaut, Ollivier est mortellement atteint et Ginestous grièvement blessé.
en juin
Après Paris en 1799, les villes de l’agglomération lyonnaise perdent leurs pouvoirs de police confiés au préfet du Rhône.
mardi 1er juillet
Ghézo, roi du Dahomey [aujourd’hui Bénin], signe le premier traité commun avec la France (Auguste Bouët) : cet accord commercial permet au Dahoméens d’écouler leur production agricole.
Le chemin de fer arrive à Poitiers. L’imposant viaduc de l’Indre a été inauguré par le prince-président Bonaparte.
mardi 8 juillet
Décès de l’évêque d’Autun Mgr Bénigne du Trousset d’Héricourt. Agé de 54 ans, il était à la tête de ce diocèse depuis 1829.
jeudi 10 juillet
Grâce à ses succès en Algérie (soumission de la Kabylie), Achille Leroy de Saint-Arnaud est nommé général de division ; il reçoit le commandement de la 2e division de l’armée de Paris.
jeudi 17 juillet
A la tribune de l’Assemblée, Victor Hugo dénonce la conspiration de Louis Napoléon Bonaparte, et déclare que le président veut se faire empereur. Le poète veut une révision de la Constitution afin d’empêcher la réélection du président.
vendredi 18 juillet
La Chambre refuse d’entamer une procédure de révision de la Constitution.
samedi 19 juillet
La réélection du président est repoussée par l’Assemblée.
dimanche 20 juillet
Décès à Paris du maréchal et comte François Horace Sébastiani, à l’âge de 79 ans.
Décès du cardinal et évêque d’Arras Mgr Hugues de La Tour d’Auvergne, à l’âge de 82 ans. Il était à la tête de ce diocèse du Nord depuis quarante-neuf ans !
samedi 26 juillet
Le général de Saint-Arnaud, commandant en chef en Algérie, est rappelé à Paris.
Le théoricien communiste Etienne Cabet, installé aux Etats-Unis avec sa communauté des Icariens, est reconnu innocent de toutes les charges qui pesaient sur lui par la Cour d’appel.
mercredi 30 juillet
Jean-Pierre Mabile, cinquante ans, est nommé évêque de Saint-Claude.
mercredi 6 août
Ouverture du procès dit « du complot de Lyon » contre les militants des sociétés secrètes de La Nouvelle Montagne (A. Gent).
mardi 12 août
L’évêque de Langres Mgr Pierre-Louis Parisis (56 ans) est nommé évêque d’Arras.
jeudi 14 août
Création à Paris, au Théâtre de la Montansier (aujourd’hui Théâtre du Palais-Royal), de la pièce Un chapeau de paille d’Italie, comédie en cinq actes d’Eugène Labiche et Marc-Michel, avec Ravel, Grassot, Lhéritier et Amant.
du vendredi 15 au dimanche 17 août
Visite du président Bonaparte à Lyon.
dimanche 17 août
L’arrivée de la voie ferrée à Nantes, depuis Angers (et Paris), donne lieu à trois jours de festivités (120 000 personnes) : quatre convois font le voyage et reçoivent la bénédiction de l’évêque de Nantes. Suivent la réception à la préfecture, le banquet à l’Hôtel de la Bourse et un spectacle au Grand Théâtre.
lundi 18 août
Les festivités nantaises se poursuivent à Saint-Nazaire, où est en construction un vaste bassin à flot permettant l’accostage par tous les temps des paquebots et navires de commerce : régates, courses de chevaux, ascension en ballon et « même descente en parachute de Mademoiselle Godart ».
jeudi 21 août
Ouverture officielle aux voyageurs de la ligne de chemin de fer Angers-Nantes.
lundi 25 août
La ligne ferroviaire arrivant à Nantes est ouverte également aux marchandises.
jeudi 28 août
Le ministre de l’Intérieur fait interdire la pièce La Dame aux camélias de Dumas fils pour « atteinte aux bonnes mœurs ».
lundi 15 septembre
Après son frère Charles en juin, François-Victor Hugo est à son tour condamné pour avoir défendu le droit d’asile. Leur journal, L’Evénement, ne s’en remettra pas.
vendredi 19 septembre
Gustave Flaubert (29 ans) entreprend la rédaction de Madame Bovary (il lui faudra 56 mois pour achever le roman).
lundi 29 septembre
Ancien évêque d’Amiens, Mgr Jean-Marie Mioland (62 ans) devient archevêque de Toulouse.
jeudi 2 octobre
Démonstration de la « boussole pasilalinique sympathique » inventée par l’occultiste Jacques Toussaint Benoît, qui doit permettre de transmettre des messages instantanément et ce, quelque soit la distance. Cette méthode de télégraphie serait basée sur la capacité des escargots à maintenir un contact sympathique avec leur partenaire après l’acte sexuel.
samedi 4 octobre
Le président se déclare favorable à l'abrogation de la loi du 31 mai.
mercredi 15 octobre
Jean-Jacques Guerrin (57 ans) est nommé évêque de Langres, tandis que Jean-Paul Lyonnet (50 ans) devient évêque de Saint-Flour.
mardi 21 octobre
Première des Caprices de Marianne d’Alfred de Musset.
samedi 25 octobre
Le quotidien La Presse publie un article de Jules Allix annonçant la découverte d’un nouveau système de communication : la boussole pasilalinique sympathique, présentée au début du mois (il sera finalement révélée qu’il s’agit d’une escroquerie).
dimanche 26 octobre
Turgot est nommé ministre des Affaires étrangères, Fortoul à la Marine et aux Colonies et Saint-Arnauld à la Guerre (à la place du général Randon).
lundi 27 octobre
Crise ministérielle : Léon Faucher démissionne.
Supprimée en février 1848, la fonction de préfet de police de Paris est rétablie pour Emile de Maupas.
Inauguration de l’Ecole navale Paul Bousquet à Sète.
début novembre
Circulaire du ministre Saint-Arnaud sur l’obéissance passive.
mardi 4 novembre
Message du président à l'Assemblée pour se concilier la gauche : il annonce officiellement qu’il est en faveur de la révision et pour l’abrogation de la loi du 31 mai 1850 restreignant le suffrage. L'assemblée repousse l'urgence.
jeudi 6 novembre
Dépôt de la proposition des questeurs.
lundi 10 novembre
Le ministre de la Marine charge le contre-amiral Louis Dubourdieu d’une ministre de représailles contre le Maroc après le pilage d’un cargo français, sept mois plus tôt.
jeudi 13 novembre
L'Assemblée rejette la proposition présidentielle d'abroger la loi du 31 mai.
lundi 17 novembre
L'Assemblée rejette la proposition des questeurs.
dimanche 23 novembre
Lefebvre-Duruflé est nommé ministre de l'Agriculture et du Commerce.
du mercredi 26 au jeudi 27 novembre
N’ayant pas obtenu de réparation du sultan Moulay Abderrahmane après le pillage d’un navire français sept mois plus tôt par les habitants de Salé, le gouvernement français fait bombarder le port marocain par la flotte du contre-amiral Louis Dubourdieu (composée de cinq navires). Une vingtaine de Marocains, dont deux tiers de civils, ont été tués, les pertes françaises se montant à quatre morts et dix-huit blessés (les navires Henri IV et Sané ont été endommagés). De nombreux bâtiments la ville ont été gravement touchés, parmi lesquels la Grande Mosquée.
samedi 29 novembre
Afin d’éviter un bombardement de Tanger, le ministre marocain Mohammed El-Kethib remet au chargé d’affaires français Nicolas Prosper Bourrée la somme de 100 000 francs en dédommagement.
nuit du lundi 1er au mardi 2 décembre
Le Prince président a organisé un bal dans les salons de retiré. Pendant que l’on danse, il se retire avec quelques amis dans le « boudoir d’argent » et lance le plan « Rubicon », mis au point par Morny (frère utérin du président). De Beville s’empare de l’imprimerie nationale où il fait publier une proclamation du prince président.
mardi 2 décembre
Le président Bonaparte dissout l’Assemblée et réprime un soulèvement. Morny est le principal instrument de ce coup d'Etat (il devient ministre de l’intérieur). Autres exécutants : Maupas (préfet de police), Persigny (qui s’empare de l'Assemblée nationale) et Saint-Arnaud. Maupas fait arrêter le député républicain Jules Grévy, du général Cavaignac, de Lamoricière, de Changarnier, Le Flo et d’une foule de républicains. Une soixantaine de députés venus à l’Assemblée sont repoussés par Dupin. 300 députés royalistes se réunissent à la mairie du 10e arrondissement pour demander la réunion d’une haute cour de justice pour mettre en accusation le prince président. Arrêtés, ils sont conduits dans les prisons de Mazas, de Vincennes et au mont Valérien. Disparition de la fonction de préfet de police de Paris, que Napoléon avait restaurée pour Maupas en octobre.
mercredi 3 décembre
Tentative de résistance de l'Assemblée : sept députés non armés, conduits par Victor Schoelcher, tentent de retourner les soldats, mais un coup de feu parti de la barricade déclenche une fusillade. Debout sur la barricade, le député Baudin est tué après avoir déclaré « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs » ; il avait 40 ans. Les soldats laissent les manifestants se disperser. Victor Hugo arrive peu après bien décidé à reprendre le combat, mais les autres députés le forcent à reconnaître l’échec de la résistance au coup d’Etat.
Décret nommant ou confirmant les ministres : Rouher à la Justice, Turgot aux Affaires étrangères, Saint-Arnauld à la guerre, Ducos à la Marine et aux Colonies, Morny à l'Intérieur, Magne aux Travaux publics, Lefebvre-Duruflé à l'Agriculture et au Commerce, Fortoul laisse la Marine et les Colonies pour l'Instruction publique et les Cultes, Fould aux Finances.
du mercredi 3 au vendredi 5 décembre
Marche des républicains de Villefranche et Sauveterre sur Rodez.
jeudi 4 décembre
Ecrasement de la résistance à Paris : 300 morts lors de la fusillade des Grands Boulevards. Mais le mouvement hostile au coup d’Etat débute en province.
vendredi 5 décembre
Massacre de plusieurs centaines de prisonniers au Champ-de-Mars.
du vendredi 5 au mercredi 10 décembre
Développement et échec de la résistance en Province.
samedi 6 décembre
A Paris, le Panthéon est retransformé en basilique nationale, dédiée à sainte Geneviève.
lundi 8 décembre
Bataille de Crest (Drôme).
Le prince président décrète la déportation à Cayenne et en Afrique de tous les individus soupçonnés d'avoir fait partie de sociétés secrètes.
La révolte des communes du Var est réprimée à Aups.
mercredi 10 décembre
Publication du décret relatif à la constitution du syndicat du chemin de fer de Petite Ceinture de Paris.
jeudi 11 décembre
Le général Randon est nommé gouverneur général de l’Algérie.
Le général et comte d’Empire Jean-Isidore Harispe est élevé à la dignité de maréchal de France. Même promotion pour le général Jean Vaillant, soixante et un ans.
Victor Hugo, caché depuis plusieurs jours chez Juliette Drouet, reçoit d’elle un passeport au nom de « Lanvin, compositeur d’imprimerie à livres » ; il prend le train pour Bruxelles.
mercredi 17 décembre
Grâce à l’intervention du duc de Morny (demi-frère du prince-président), le propriétaire du Cirque d’été (situé carré Marigny des Champs-Elysées), Louis Dejean, a reçu l’autorisation de construire le Cirque Napoléon [aujourd’hui Cirque d’hiver], dans le XIe arrondissement (rue Amelot).
samedi 20 et dimanche 21 décembre
Plébiscite qui approuve le coup d'Etat de Bonaparte : 7,5 millions de oui, 640 000 non, 1,5 millions d'abstentions.
lundi 22 décembre
Louis Napoléon est élu chef de l'Etat pour dix ans : la vice-présidence est supprimée.
Elie-Frédéric Forey est promu général de division. Il a prit une part active au coup d’Etat dans Paris.
mercredi 24 décembre
Vote de l’indemnisation des dommages causés aux Compagnies ferroviaires en 1848.
vendredi 26 décembre
Le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely est désigné comme l’un des vice-présidents du Sénat (jusqu’en 1870).
samedi 27 décembre
Décret-loi établissant le monopole de l’Etat sur les lignes téléphoniques dont les services sont ouverts au public (télégraphe puis téléphone).
en décembre
Gouverneur intérimaire de l’Algérie, le général Pélissier met le pays en état de siège lors du coup d’Etat du prince président Bonaparte à Paris.