lundi 1er janvier
Contre-offensive générale allemande (opération Bodenplatte) sur le front de l'Ouest : à l'aube, entre 800 et 1 000 avions passent à l'attaque des terrains d’aviation alliés aux Pays-Bas, en Belgique et dans le nord de la France : près de 200 appareils sont détruits au sol, mais les pertes de la Luftwaffe sont à peu près équivalentes.
A l'aube toujours, dans le nord de l'Alsace, sept divisions allemandes de la 1re armée (général Hans von Obstfelder), dans le cadre de l'opération Nordwind (« vent du nord ») déclenchent une offensive contre les positions alliées sur un front de 75 kilomètres, entre Sarrebruck et Strasbourg. Les Allemands bousculent le 6e corps d'armée américain obligé de se replier en direction de la Moder. Eisenhower compte faire replier toutes les unités alliées et abandonner Strasbourg malgré l'opposition française.
mardi 2 janvier
De Lattre reçoit du général Devers (6e GA US), dont il dépend, l'ordre de replier son aile gauche sur les Vosges.
L’amiral britannique Sir Bertram Ramsay (61 ans), chef des forces navales du corps expéditionnaire allié, a été tué dans le crash de l’avion qui devait l’emmener de Paris à Bruxelles pour une conférence. L’accident est survenu peu de temps après le décollage.
mercredi 3 janvier
Rétablissement de la gratuité de l’enseignement secondaire.
La 1re armée américaine, dont fait partie la 2e DB française, ayant reçu l’ordre de se replier du nord de l’Alsace et d’évacuer Strasbourg pour occuper la crête des Vosges, Charles de Gaulle, aussitôt averti à Versailles, réagit sur le champ et confie à de Lattre la mission impérative de défense Strasbourg, « avec ou sans l’accord du commandement américain ». Puis, vers 16 h, de Gaulle voit Eisenhower à son QG, ainsi que Churchill. Il les persuade d’annuler l’ordre d’évacuer Strasbourg et le nord de l’Alsace.
jeudi 4 janvier
Wissembourg (nord de l'Alsace) est repris par les Allemands.
vendredi 5 janvier
Les Allemands refranchissent le Rhin et établissent une tête de pont à Gambsheim, à 20 kilomètres au nord de Strasbourg.
La 1re armée française du général Guillaume renforcée par la brigade Alsace-Lorraine du colonel Berger (André Malraux) commence à relever les unités américaines qui défendent Strasbourg.
La poche allemande de Royan, en France, est aux trois quarts rasée par un bombardement massif de 354 Lancaster de la RAF : 2 000 tonnes de bombes tuent 442 civils et 35 Allemands.
samedi 6 janvier
Depuis l'Allemagne, Doriot annonce par radio la fondation d'un comité de libération française, symbole de l'espoir de revanche qui règne encore parmi les collaborateurs à l’occasion de l'offensive allemande dans les Ardennes.
Guy de Boysson, ancien chef de maquis FTP et dirigeant national des Forces unies de la jeunesse patriotique (dont font partie les Jeunesses communistes), fonde une revue destinée à la jeunesse, Jeune combattant magazine, plus brièvement intitulée J (remplacée en 1946 par Miroir-Sprint).
dimanche 7 janvier
L'offensive allemande, en tenailles vers Strasbourg, crée une situation difficile pour les unités américaines et françaises. Au nord, ils attaquent la 6e armée américaine vers Haguenau. Au sud, venant de la poche de Colmar, ils font une percée sur Erstein, dans les lignes de la 1re Armée française. Les Allemands progressent jusqu'à Hatten et Rittershoffen livrant des combats acharnés aux Alliés, qui dans les jours suivant, perdent parfois un village pour le reconquérir aussitôt.
lundi 8 janvier
Au sud de Strasbourg, la supériorité des Jagdpanzer et des Tigres allemands anéantit les tentatives des blindés alliés en direction de Gerstheim et Obenheim.
Le groupe Champagne de l’armée de l’air française bombarde la voie ferrée Fribourg-Karlsruhe.
mardi 9 janvier
Exécution de l'écrivain Paul Chack.
mercredi 10 janvier
Déat et Doriot participent au congrès européen de Weimar.
vendredi 12 janvier
En Indochine, lors d’une attaque des Américains contre des porte-avions japonais à Cam Ranh, le croiseur français La Motte-Picquet, pris dans la zone des combats, est coulé.
Sorties cinématographiques : La Dame du vendredi (comédie américaine réalisée en 1939 par Howard Hawks, d’après la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur, créée en 1928, avec Cary Grant, Rosalind Russell, Ralph Bellamy et Gene Lockhart).
dimanche 14 janvier
L’emprunt de la Libération a rapporté 164,5 milliards de francs à l’Etat.
Les Allemands de la poche de La Rochelle attaquent Marans, où se tient une foire. Ils s’emparent de 2 300 bovins et moutons.
De Gaulle visite Brest, Quimper et Vannes.
lundi 15 janvier
Le service ferroviaire par ferry-boat est rétabli en Manche entre la France et l’Angleterre.
Poche de Saint-Nazaire : l’église Saint-Omer de Blain est détruite par les Allemands.
De Gaulle à Nantes, où il remet la croix de la Libération et la croix de guerre au maire de Nantes, Clovis Constant, et Angers.
En vue de l'attaque de la poche de Colmar, le général Devers remet à la disposition de la 1re armée française la 2e DB et la 28e DI américaine.
mardi 16 janvier
Les usines Renault, sous séquestre depuis octobre, sont nationalisées.
En Alsace, attaque des Américains et des tirailleurs algériens vers Gambsheim, au nord de Strasbourg.
De 10 à 20 centimètres de neige s'abattent en région parisienne, 25 à 40 cm dans l'est de la France. La neige tient au sol durant trois semaines. Le froid est particulièrement vif : il fait -2° à Nice, -6° à Toulon, -9° à Montélimar, -12° à Angoulême, -13° à Paris, -16° à Alençon, -18° à Lille et -21° à Vichy et Clermont-Ferrand.
mercredi 17 janvier
Discours radiodiffusé de De Gaulle à la suite de l'échec de l'attaque allemande des Ardennes.
Suite à une panne de freins, un train transportant des unités de l’armée américaine dévaste la gare de Saint-Valery-en-Caux, à l’ouest de Dieppe : 89 soldats américains sont tués et 152 sont blessés.
jeudi 18 janvier
Démission de Pierre Mendès-France, ministre de l'Economie, dont les mesures de rigueur sont refusées par la majorité du conseil des ministres.
L'armée du général de Lattre, appuyée par les forces des généraux Béthouart et de Monsabert, se prépare à attaquer la poche de Colmar.
Sortie en France d’un film américain de 1940, La Dame du vendredi, comédie d’Howard Hawks, d’après la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur (créée en 1928), avec Cary Grant, Rosalind Russell, Ralph Bellamy et Gene Lockhart.
vendredi 19 janvier
En Alsace, les Allemands reprennent Sessenheim et assurent la jonction avec leurs forces autour de Gambsheim.
A Versailles, Montgomery est furieux. Eisenhower rejette sa stratégie d’une poussée vers le Rhin, conduite par les troupes du général Bradley.
Le collaborateur Robert Brasillach (écrivain et journaliste pronazi) est condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi.
samedi 20 janvier
La 1re Armée française du général de Lattre attaque la poche de Colmar sur l'axe Cernay-Ensisheim dans une tempête de neige qui rend la progression difficile. Les Allemands de la poche de La Rochelle reprennent Marans.
dimanche 21 janvier
Contre-attaque allemande de Gambsheim vers Strasbourg et également dans la poche de Colmar vers Cernay.
Comité central du Parti communiste français à Ivry-sur-Seine. Thorez donne l'ordre de dissoudre les milices patriotiques.
lundi 22 janvier
En Alsace, attaque alliée de la région comprise entre Sélestat et Ostheim.
Les Allemands de la poche de La Rochelle sont expulsés de la localité de Marans.
mardi 23 janvier
En Alsace, les Français s'emparent de trois ponts sur l'Ill, les Américains prennent Ostheim.
A Paris, ouverture du congrès du MLN divisé sur l'idée d'une fusion possible avec le Front national d'inspiration communiste.
Au cours d’une réunion du comité central du PCF à Ivry, Maurice Thorez accepte le désarmement des groupes de partisans.
mercredi 24 janvier
En Alsace, les Alliés renforcent leurs têtes de pont au-delà de l'Ill, et progressent en direction de Wittelsheim en prenant Else.
jeudi 25 janvier
Sur le front de l'Ouest, ultime tentative d'offensive allemande vers Saverne et Strasbourg qui se solde par un échec. Devant la difficulté des combats dans la poche de Colmar, De Lattre reçoit l'aide d'unités américaines supplémentaires.
De Gaulle proteste au cours d'une conférence de presse contre le fait que la France ne soit pas invitée à la conférence alliée de Yalta.
vendredi 26 janvier
Clôture du congrès du MLN, qui refuse, à la majorité, la fusion proposée par le Front national : se sont pour, Kriegel, Valrimont, d'Astier ; se sont prononcés contre, Malraux, Viennay, Claudius-Petit.
vendredi 26 ou samedi 27 janvier
A Lyon, Charles Maurras, philosophe inspirateur de l'Action française, est condamné à la réclusion perpétuelle pour avoir mené campagne contre la France. Maurras s’écrie : « C’est la revanche de Dreyfus ».
En Alsace, des unités de la 5e DB française et la 3e DI américaine investissent Jebsheim, à l’est de Colmar, et atteignent le canal de Colmar.
lundi 29 janvier
Poche de Colmar : violentes contre-attaques allemandes à Grussenheim et Jebsheim.
mercredi 31 janvier
Un soldat américain a été exécuté en France pour désertion. Une première depuis la guerre de Sécession. Eddie Slovik a été fusillé dans le jardin d’une maison du village alsacien de Sainte-Marie-aux-Mines. Il avait vingt-quatre ans. Début octobre, il avait tenté de fuir les combats.
en janvier
Les divisions italiennes Monte Rosa et Littorio luttent sur le front des Alpes occidentales, à 3 000 mètres d’altitude, contre la 27e division alpine française, la 4e division marocaine de montagne, la 1re division de Français libres et des éléments du 6e corps américain. Les deux unités italiennes sont épaulées par la 5e division allemande de montagne.
jeudi 1er février
Disparu depuis juin 1944, le quotidien catholique La Croix reparaît.
Réapparition du quotidien Le Républicain lorrain, dont la parution avait cessée en juin 1940.
Lors d’une séance de l’Académie française, il est décidé de déclarer vacant le fauteuil de l’écrivain nationaliste Charles Maurras sans pour autant voter sa radiation.
vendredi 2 février
Ordonnance abolissant les bagnes d’enfants, comme celui de l’île de Belle-Ile.
samedi 3 février
La 1re armée française réduit le dernier îlot de résistance allemand à Colmar.
dimanche 4 février
En Alsace, Guebwiller par un groupe de blindés du 4e régiment de spahis marocains.
mardi 6 février
Le général de Gaulle ayant rejeté son recours en grâce, l’écrivain Robert Brasillach est fusillé à Paris malgré une pétition de plusieurs écrivains.
vendredi 9 février
Au prix de durs combats, la 1re armée française et le 21e corps d'armée américain réduisent la « poche » de Colmar. L'Alsace est totalement libérée.
dimanche 11 février
Louis Jouvet retrouve le sol français avec sa troupe après quatre années passées en Amérique du Sud. Le comédien est pressenti pour le Talleyrand de Jacques Feyder.
mardi 13 février
Le général de Gaulle décline oralement l’invitation du président américain Franklin D. Roosevelt de le rencontrer à Alger.
mercredi 14 février
Publication des statuts des associations familiales.
samedi 17 février
La 33e division de Waffen SS « Charlemagne », composée de volontaires français, est envoyée sur le front de Poméranie, contre les Soviétiques.
mercredi 21 février
L'épuration traduit, selon le garde des Sceaux, François de Menthon, devant l'Assemblée, « la volonté unanime de la nation de se purifier des hontes de Vichy en rejetant de son sein ou tout au moins de ses cadres, les responsables d'une politique de trahison et tous ceux qui s'y sont délibérément associés ».
jeudi 22 février
Ordonnance du GPRF créant les comités d'entreprise dans les établissements de plus de cent salariés.
vendredi 23 février
La voiture de Jacques Doriot (Commission de Sigmaringen) est mitraillée par un avion allemand, près du lac de Constance.
Jean Raynaud, l’un des responsables du Service des relations publiques de la Marine (SIRPA Marine), fonde le magazine hebdomadaire de la Marine nationale, Cols bleus.
mardi 27 février
Calais est bombardée par un aviateur anglais s'entraînant au tir réel ; il a confondu Calais avec Dunkerque encore occupée : plus de 147 morts.
Le réalisateur américain William Wyler, lieutenant-colonel dans les armées alliées, est de passage dans sa ville natale, Mulhouse. La gérante de l’épicerie dont son père était propriétaire lui remet à cette occasion 200 000 francs correspondant à sa part des bénéfices.
mercredi 28 février
Sortie en France du film américain Les Anges de miséricorde, drame de guerre Mark Sandrich, avec Claudette Colbert, Paulette Goddard, Veronica Lake, George Reeves, Barbara Britton et Walter Abel.
jeudi 1er mars
A Paris, le général Koenig, gouverneur militaire de Paris, attribue à François Mitterrand la croix de guerre avec étoile d’argent pour son action dans la Résistance.
Création à Villacoublay de l’unité de l’armée de l’air Groupe de liaisons aériennes ministérielles (GLAM ; dissoute en 1995).
vendredi 2 mars
Première à Paris, au Palais de Chaillot, des Enfants du paradis, drame réaliste et poétique réalisé sous l’Occupation par Marcel Carné d’après un scénario de Jacques Prévert, avec Arletty (absente car en résidence surveillée pour « collaboration horizontale »), Jean-Louis Barrault, Maria Casarès, Pierre Brasseur, Marcel Herrand et Pierre Renoir (sortie nationale le 22 mars).
vendredi 9 mars
Les Japonais attaquent les postes français d'Indochine et s’emparent des pleins pouvoirs. On ne compte pas moins de 2 650 morts parmi les Français. 3 000 prisonniers rejoignent les « camps de la mort », dont celui de Hoa-Binh. Parmi les 19 000 civils français, 3 000 sont aussi internés et parfois torturés.
samedi 10 mars
En Indochine, le général Emile Lemonnier, commandant de la 13e brigade de Langson, refuse à deux reprises de signer une capitulation sans conditions. Il est décapité au sabre.
dimanche 11 mars
Sous la pression nippone, l’empereur Bao Daï dénonce le traité de protectorat français et proclame l’indépendance de l’Annam sous le nom d’Empire du Viêtnam, un Etat allié du Japon. Le Cambodge fait de même.
mardi 13 mars
Charles de Gaulle se plaint que les Américains s’opposent à l’envoi d’un corps expéditionnaire français en Indochine, dont les Japonais se sont emparés par surprise il y a quatre jours.
jeudi 15 mars
L’amiral Jean-Pierre Esteva, ancien résident général vichyste en Tunisie, est condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation militaire (il sera gracié en 1950).
Le romancier Pierre Drieu de la Rochelle recherché pour avoir collaboré avec l’Occupant, se suicide à Paris, dans le 17e arrondissement. Il avait 52 ans.
vendredi 16 mars
Déporté en Allemagne, le sociologue français Maurice Halbwachs meurt au camp de Buchenwald. Il avait soixante-huit ans.
Premier vol de l’avion de chasse français SNCAC NC.900. Il s’agit de la version française du chasseur allemand Focke-Wulfe Fw 190, qui était construit en France pendant l’Occupation (considéré comme trop dangereux, sa production sera arrêtée dès 1946).
lundi 19 mars
Arrêté un an plus tôt pour avoir fait clandestinement œuvre de mission catholique en Allemagne, le jeune jociste breton Marcel Callo (23 ans) meurt d’épuisement au camp de Mauthausen.
mardi 20 mars
La frontière franco-allemande est enfin dégagée de Lauterbourg à la Sarre.
A Paris, la Banque de France et la Banque nationale de Belgique ont signé un accord fixant les opérations de transferts financiers entre les deux pays. Les établissements bancaires des deux Etats ne vendront leurs devises respectives que sur la base suivante : 100 francs français égalent 88,30 francs belges. Cet accord financier et monétaire s’applique, du côté français, à l’ensemble de l’empire et, du côté belge, à l’Union belgo-luxembourgeoise ainsi qu’au Congo belge.
Funérailles de Pierre Drieu La Rochelle au cimetière de Neuilly, en présence notamment de Paul Léautaud.
mercredi 21 mars
Dans le Pacifique, les Etats-Unis rendent à la France l’île de Clipperton, qu’ils avaient occupé militairement en 1944.
jeudi 22 mars
Sortie du film Le Père Goriot, un drame réalisé par Robert Vernay d’après le roman éponyme de Balzac, avec Pierre Larquey, Pierre Renoir, Claude Génia et Lise Delamare.
samedi 24 mars
Le Gouvernement provisoire français a présenté son plan concernant sa politique indochinoise : l’Indochine doit devenir une Fédération autonome regroupant les cinq « pays » (Annam, Tonkin, Cochinchine, Laos, Cambodge) au sein d’une Union française dont les contours futurs devront être définis par l’Assemblée constituante.
lundi 26 mars
La 2e DB franchit le Rhin.
La pianiste Yvonne Loriod a créé à Paris, salle Gaveau, Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus, une œuvre composée pour elle par son mari Olivier Messiaen.
mardi 27 mars
L’écrivain Louis-Ferdinand Céline, qui a collaboré avec l’Allemagne, se réfugie au Danemark.
mercredi 28 mars
L’Assemblée consultative vote la suppression des subventions à l’enseignement libre. Charles De Gaulle les maintient.
Créé par le réfugié espagnol José Cabrero Arnal, le chien Pif, personnage de bande dessinée, fait sa première apparition dans le journal communiste l’Humanité, en noir et blanc, entouré de Tata, Tonton et Doudou mais pas encore d’Hercule.
jeudi 29 mars
Le régiment parachutiste italien Folgore, totalement reconstitué, est engagé sur le front des Alpes occidentales. Repoussant toutes les attaques françaises, il chasse le 11e bataillon de chasseurs alpins du mont Cenis.
Diffusion de la première émission française, en circuit fermé, de l’après-guerre, pour quelques téléspectateurs privilégiés : « la Danse de la robe de plumes », pantomime réalisé par Pierre Gout et proposé par Jean Thévenot (directeur des programmes), avec Dany Robin et Paul Barré.
vendredi 30 mars
Vivement poussé par de Gaulle, le général de Lattre et sa 1re armée passent le Rhin pour marcher sur Karlsruhe : début de la campagne d'Allemagne.
Ouverture à Paris, à la Mutualité, du premier Congrès du Mouvement des Jeunesses communistes de France d’après-guerre.
samedi 31 mars
Les divisions algériennes et marocaines de Montsabert et la division coloniale de Valluy franchissent le Rhin et s'emparent de Karlsruhe.
Décès à Paris de l’académicien et dramaturge Maurice Donnay, à l’âge de 86 ans.
dimanche 1er avril
A Paris, l’Arc de triomphe et Notre-Dame sont de nouveau illuminés.
Dimanche de Pâques.
lundi 2 avril
Clôture à Paris du Congrès des Jeunes communistes français : création de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF).
mercredi 4 avril
La 1re armée française occupe la ville de Karlsruhe après une faible résistance.
A Paris, le cinéma Clichy-Palace, spécialisé dans les films américains en version originale à l’intention des soldats alliés, projette une copie sous-titrée en anglais des Visiteurs du soir, de Marcel Carné, intitulé The Devil’s Envoys.
jeudi 5 avril
Pierre Mendès France, en désaccord avec René Pleven sur la politique économique à suivre, démissionne du GPRF. René Pleven devient ministre de l’Economie nationale et des Finances.
vendredi 6 avril
Les parachutistes italiens du régiment Folgore escaladent les pentes du mont Froid, à 2 818 mètres, et en repoussant les chasseurs alpins français du 15e bataillon.
dimanche 8 avril
Match amical de football : à Lausanne, au stade de La Pontaise, l’équipe suisse de football bat la France un but (Friedländer) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
jeudi 12 avril
Décès du président américain Franklin D. Roosevelt.
L’écrivain et critique Emile Henriot (71 ans) est élu à l’Académie française, sans concurrent (avec 15 voix sur 16 votants), au fauteuil de Marcel Prévost.
samedi 14 avril
Début de l’opération « Vénérable » contre la poche allemande de la rive sud de l’estuaire de la Gironde (pointe de Grave : communes de Soulac et Le Verdon).
En hommage au président Roosevelt, dont les funérailles se déroulent ce même jour à Washington, les salles de cinéma et autres lieux de spectacle restent fermés à Paris.
nuit du samedi 14 au dimanche 15 avril
Terribles bombardements aériens des B17 et B24 américains sur la poche de Royan. Pour la première fois, du napalm est utilisé de façon massive : 725 000 litres sont déversés sur la ville.
dimanche 15 avril
Les soldats français entrent dans la ville allemande d’Offenburg [Bade-Wurtemberg], située à 19 kilomètres au sud-est de Strasbourg.
nuit du lundi 16 au mardi 17 avril
L’artillerie de la 1re armée française ravage la station thermale de Freudenstadt, située à 60 km à l’est de Strasbourg : 95 % du centre-ville est détruit ; 1 400 familles sont sans-abri (pendant les trois jours qui vont suivre la prise de la cité, la 4e division marocaine de montagne va s’en prendre durement à la population, avec notamment, selon un médecin, 600 femmes violées : « Journées sans Dieu »).
mardi 17 avril
Chute de la poche allemande de Royan : après sept mois de résistance et des derniers combats brefs, le contre-amiral Michaelles capitule vers 12 h 40.
jeudi 19 avril
Des éléments de la division italienne Littorio, installés au col de Ciriega, à 2 543 mètres, repoussent les attaques de la 1re division de Français libres.
vendredi 20 avril
Après une semaine d’opération, le général Milleret obtient à 20 h 30 la reddition des Allemands de la poche sud de l’estuaire de la Gironde (pointe de Grave).
Cinquième jour de forte chaleur en France pour ce début de printemps : il fait 28° à Paris et Châteauroux, 29° à Toulouse, 30° au Mans, 31° à Mont-de-Marsan et 32° à Perpignan...
lundi 23 avril
Le général Delestraint, ancien chef de l’Armée secrète arrêté en juin 1943, est abattu à Dachau.
mardi 24 avril
Au cours d’une conférence de presse, M. Teitgen, ministre de l’Information, a annoncé que la Suisse avait accepté la demande du maréchal Pétain, faite par l’intermédiaire des autorités allemandes, de traverser la Suisse afin de pouvoir se constituer prisonnier en France.
mercredi 25 avril
Ouverture de la Conférence de San Francisco. Georges Bidault préside la délégation française.
Dans les Alpes du Sud, le tunnel et le col de Tende, à la frontière franco-italienne, sont repris par les FFL.
A La Rochelle, l'arrivée d'un sous-marin allemand de type XXI (probablement le U-2511), de fort tonnage et recouvert d'une protection en caoutchouc lui permettant d'échapper aux sonars et aux mines magnétiques, attire l'attention. Arrivé directement d'Allemagne, il fait le plein de ses réservoirs sans que personne ne soit autorisé à monter à bord.
Interrompant pour la circonstance le tournage de Boule de Suif, de Christian-Jaque, dont elle est la vedette, Micheline Presle épouse à la mairie du VIIIe arrondissement de Paris, Michel Lefort, champion de tennis et négociant en vin de Bordeaux.
Sortie à Paris du film américain de 1940 Orgueil et Préjugés, de Robert Z. Leonard, d’après l’œuvre de Jane Austen, avec Greer Garson, Laurence Olivier, Mary Boland et Maureen O’Sullivan.
jeudi 26 avril
A la suite d’une demande d’extradition, les autorités suisses livrent, à Vallorbe, le maréchal Pétain au général Koenig, commandant en chef des FFI et gouverneur militaire de Paris. Koenig conduit Pétain - qu’il refuse de saluer - de la frontière suisse à Paris.
vendredi 27 avril
A La Rochelle, un avion militaire allemand atterrit, et deux dignitaires nazis sont discrètement transférés vers la base sous-marine, où ils embarquent dans le sous-marin arrivé deux jours plus tôt qui prend immédiatement la mer.
samedi 28 avril
L’asile politique est accordé par l’Espagne à Pierre Laval pour une durée de trois mois.
A Grasse, pendant les prises de vues du film de Jeff Musso Vive la liberté (et qui devait à l’origine être intitulé On a tué un homme), un figurant est mort d’une balle reçue dans la poitrine. Le réalisateur avait fait procéder à des tirs à balles réelles…
dimanche 29 avril
Premier tour des élections municipales.
lundi 30 avril
Après de violents bombardements aériens et d’artillerie, la ville autrichienne de Bregenz (Vorarlberg) est occupée par des unités de la 5e DB de la 1re armée française.
Adolf Hitler se suicide dans Berlin.
mardi 1er mai
Une manifestation du PPA clandestin réunit 20 000 personnes à Alger, dans la rue d'Isly. Elle se solde par 11 morts, des arrestations, des tortures... et un afflux d'adhésions au PPA !
8 centimètres de neige recouvrent brutalement Paris. Un froid inhabituel pour la saison est également constaté à la pointe bretonne : le thermomètre a chuté à 0°C à Brest.
mercredi 2 mai
Capitulation de Berlin devant les Alliés.
La deuxième Armée française occupe la localité autrichienne de Dornbirn (Vorarlberg).
Le Français Pierre Laval, ancien collaborateur des Allemands, arrive à Barcelone avec son épouse et quatre autres anciens responsables du régime de Vichy.
Sorties cinématographiques : Paméla (drame historique de Pierre de Hérain, d'après la pièce éponyme de Victorien Sardou (créée en 1898), avec Renée Saint-Cyr, Fernand Gravey, Georges Marchal et Yvette Lebon), Ô toi ma charmante (comédie musicale américaine de 1942 de William Seiter, avec Fred Astaire, Rita Hayworth, Adolphe Menjou, Isobel Elsom, Leslie Brooks).
vendredi 4 mai
Les spahis de la 2e DB du général Leclerc s'emparent de Berghof, le repaire du Führer sur l’Obersalzberg, près de Berchtesgaden.
lundi 7 mai
Le général Jodl signe la capitulation sans conditions de la Wehrmacht à Reims. Capitulation allemande signée à 2 h 41, au QG d'Eisenhower à Reims (installé dans une école technique). Y signent Jodl, Bedel-Smith (Américain), Susloparov (Russe), Sevez (Français).
Les Allemands de la « poche de Lorient » signent à Etel un accord de capitulation pour le 10 mai.
mardi 8 mai
A 15 heures, proclamation officielle de la capitulation dans les pays occidentaux ; entrée en vigueur à 23 h 01. Les combats sont suspendus pour toutes les armées allemandes.
En Algérie, un défilé organisé à Sétif pour fêter la victoire dégénère en émeute : 29 morts, dont le maire socialiste. D'origine spontanée, les manifestations s'étendent à des villes voisines du Constantinois : Guelma, Batna, Biskra et Kherrata (faisant en quelques jours 103 morts dans la population européenne, y compris les soldats et... les tirailleurs sénégalais). L’armée intervient : sévère répression.
Deux jours après avoir remis par les Américains au général Leclerc, douze Waffen-SS français membres de la division Charlemagne ont été fusillés dans une clairière de Bad Reichenhall, dans les Alpes bavaroises (près de Salzbourg), par des membres de la 2e D.B.
nuit du mardi 8 au mercredi 9 mai
De 0 h 06 à 0 h 45, la capitulation allemande est signée à Berlin au QG soviétique par les maréchaux Keitel (Allemagne), soviétique (Joukov) et anglais (Tedder représentant Eisenhower) ; et à titre de témoins, les généraux de Lattre de Tassigny (France) et Sperez (Etats-Unis).
L’amiral Schirlitz, commandant de la poche de La Rochelle, se rend aux troupes alliées.
mercredi 9 mai
A Guelma (Algérie), le sous-préfet André Achiary prend la décision imprudente de créer une milice avec les Européens et de l'associer à la répression menée par les forces régulières.
jeudi 10 mai
Après 277 jours de siège, le général allemand Fahrmbacher et les 26 000 soldats de la poche de Lorient se sont rendus aux Américains du général Kramer, commandant la 66e DI US., et au général Borgnis-Desbordes, commandant de la 19e DI et les forces françaises du Morbihan. La cérémonie a lieu sur la commune de Caudan. Même chose à Saint-Nazaire. Ce résultat a été facilité par l'action systématique de démoralisation psychologique des troupes d'occupation par les antifascistes allemands du CALPO.
vendredi 11 mai
Trois jours après la capitulation générale allemande, le général Hans Junck accepte officiellement la reddition de la poche de Saint-Nazaire devant le général américain Kramer, le général français Chomel et le préfet Vincent au cours d’une cérémonie organisée à l’hippodrome du Grand Clos, à Bouvron. La résistance allemande durait depuis le 27 août 1944.
dimanche 13 mai
Deuxième tour des élections municipales : victoire de la gauche.
Neuf mois après avoir délivré la ville à la tête de ses milliers d’hommes, le commandant FFI Georges Guingouin est élu maire de Limoges. Il n’a que 32 ans. Le Parti communiste, dont il avait l’un des responsables régionaux, engage rapidement les hostilités contre lui.
lundi 14 mai
Retour de Blum d’Allemagne.
mardi 15 mai
Edouard Herriot est fait docteur honoris causa de l’université de Téhéran pour service rendu à la civilisation.
mercredi 16 mai
15 jours après un épisode de neige record, il fait maintenant 32° à Paris, 34° à Lyon, 35° dans les Landes et jusqu'à 36° à Montpellier !
jeudi 17 mai
Le socialiste Jacques Cotta est élu maire de Nice.
vendredi 18 mai
Ancien président du Conseil, le radical Edouard Herriot succède à Justin Godart comme maire de Lyon, une fonction qu’il avait déjà occupée de 1905 à 1940 !
A Paris, première, au cinéma Le Français, du film de Max Ophuls De Mayerling à Sarajevo, avec Edwige Feuillère. Débuté en 1939, interrompu par la guerre, puis achevé au printemps 1940, il avait été aussitôt saisi par les Allemands.
mardi 22 mai
Insurrection dans les villes syriennes.
mercredi 23 mai
La comédienne française Corinne Luchaire a été arrêtée en Italie en compagnie de sa mère et de son père, le journaliste collaborationniste Jean Luchaire, devenu ministre du gouvernement Laval en exil à Singmaringen.
samedi 26 mai
Fin de la répression dans le Constantinois algérien : 1 500 musulmans ont été tués selon le chiffre officiel ; 45 000 selon les nationalistes ; 6 000 selon Robert Aron ; 10 000 selon Jean Lacouture. L'aviation a même été requise pour bombarder les zones insurgées. Les tribunaux ont ordonné 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations.
Le retour des réfugiés en Lorraine voit la disparition du journal catholique Trait d’Union des Réfugiés de l’Est, qui avait remplacé le Lorrain en 1941.
Au stade Wembley de Londres, les équipes de France et d’Angleterre de football font match nul deux but partout (Carter et Lawton pour l’Angleterre ; Vaast et Heisserer pour la France), devant 60 000 spectateurs.
mardi 29 mai
La société Moteurs Gnome et Rhône devient la SNECMA. C’est la seconde nationalisation d’une entreprise collaborationniste.
du mardi 29 au jeudi 31 mai
Suite à de violentes manifestations syriennes anti-françaises, le représentant du haut commissaire français en Syrie, le colonel Olivat-Roger, fait bombarder Damas au canon (480 morts et 500 blessés), ce qui provoque un soulèvement général et une violente réaction britannique qui remet un ultimatum formulé en termes énergiques et menaçants.
jeudi 31 mai
Elu en octobre dernier, le physicien Louis Victor, prince de Broglie, est reçu à l’Académie française par son propre frère, le duc Maurice de Broglie, ce qui ne s’était jamais vu depuis 300 ans.
en mai
L'ancien ministre pétainiste Marcel Déat se réfugie en Italie.
vendredi 1er juin
Des troupes britanniques entrent en Syrie et au Liban.
Henri Frenay, ministre des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, accueille à Paris Jules Caron, le millionième rapatrié d’Allemagne.
Le muscat de Beaumes-de-Venise, vin doux naturel des Côtes-du-Rhône, est classé en appellation d’origine contrôlée avec effet rétroactif au 1er septembre 1943.
Parution du premier numéro du journal de bandes dessinées Vaillant.
samedi 2 juin
Appuyées par des blindés, les forces britanniques entrent à Damas et entreprennent de désarmer et d'expulser les troupes françaises. Tout le personnel civil et militaire est arrêté, consigné ou évacué au Liban.
Emile Armand, Paul Ducauroy (Ovide) et J. Cezar publient à Orléans le premier numéro du mensuel anarchiste L’Unique (édité jusqu’en 1956).
lundi 4 juin
Les billets de banque cessent d’avoir cours légal. La Banque de France commence à les échanger, ainsi que les bons du Trésor.
mardi 5 juin
A Londres, Churchill rejette les accusations de Charles de Gaulle, qui reproche aux Britanniques de pousser la Syrie dans la guerre civile.
Création officielle de la Commission de contrôle alliée, qui assume au nom des puissances victorieuses le pouvoir gouvernemental suprême en Allemagne.
vendredi 8 juin
Décès au camp de concentration de Terezin, en Tchécoslovaquie, du poète Robert Desnos, à l’âge de 45 ans. Il a succombé à l’épidémie de typhus qui fait des ravages dans le camp.
mardi 12 juin
Suppression de la censure de la presse.
samedi 16 juin
A San Francisco, Georges Bidault propose de porter la cause française en Syrie devant l’Assemblée de l’ONU.
lundi 18 juin
Charles de Gaulle préside sur les Champs-Elysées un défilé des troupes françaises victorieuses. Celui-ci est ouvert par la 2e DB, avec le général Leclerc en tête sur son char Tailly.
Le général de Gaulle remet la croix de Compagnon de la Libération au sultan du Maroc.
mercredi 20 juin
Le régiment Normandie-Niémen atterrit au Bourget. Ses Yak totalisent 273 victoires homologuées.
Démission du préfet de Loire-Inférieure [Loire-Atlantique], Alexandre Vincent, qui reprend sa profession d’avocat.
jeudi 21 juin
Elu en octobre 1944, l’économiste et sociologue André Siegfried est reçu à l’Académie française par le duc de la Force.
vendredi 22 juin
Création de l’ENA (Ecole nationale d’administration).
lundi 25 juin
Des résistants non communistes, dont François Mitterrand, créent l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).
mardi 26 juin
La Charte des Nations unies est ratifiée par 51 pays à la conférence de San Francisco : acte de naissance de l’ONU.
Le célèbre physicien Georges Claude est condamné à la réclusion perpétuelle pour propagande en faveur de l'Allemagne.
Dixième congrès du Parti communiste français.
Les transports aériens et l’Aéropostale sont nationalisés.
mercredi 27 juin
Sorties cinématographiques : Place au rythme (film musical américain réalisé en 1939 par Busby Berkeley d’après la comédie musicale de Rodgers et Hart, créée en 1937, avec Judy Garland, Mickey Rooney, June Preisser et Guy Kibbee).
samedi 30 juin
Ordonnance du gouvernement sur le blocage des prix et la lutte contre le marché noir.
Maurice Thorez clôt le dixième congrès du Parti communiste français. Il propose la fusion des partis communiste et socialiste.
jeudi 5 juillet
Dans le Populaire, Léon Blum rejette l’offre d’unité du PCF.
lundi 9 juillet
De Gaulle propose un référendum sur des institutions différentes de celles de la troisième République.
Signature à Londres d’un accord sur le contrôle allié de l’Autriche : la ville de Vienne et le territoire national autrichien sont chacun divisés en quatre zones d’occupation (américaine, britannique, soviétique et française).
mardi 10 juillet
Les troupes d’occupation françaises pénètrent en Sarre pour remplacer les forces américaines, qui cèdent la place en se retirant.
mercredi 11 juillet
Le Commandement allié se réunit pour la première fois à Berlin. Il exerce le contrôle d’une ville divisée en quatre secteurs, trois à l’ouest et un à l’est.
Ouverture des états généraux de la renaissance française.
Paul Ferdonnet, le « traître de Radio Stuttgart », est condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi.
Sortie du film américain Autant en emporte le vent à Paris.
Dans la nuit, des grêlons d'un kilo se seraient abattus sur Souillac, dans le Lot.
vendredi 13 juillet
L’éditeur Robert Denoël comparaît en justice à Paris, pour fait de collaboration.
samedi 14 juillet
Le général Jean de Lattre de Tassigny ouvre le défilé de la victoire. A la tribune, le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire.
Le CNR clôt les états généraux de la Renaissance. Les résolutions prises marquent la prépondérance du PCF.
vendredi 20 juillet
Décès à Paris de l’écrivain et académicien Paul Valéry, à l’âge de 84 ans.
samedi 21 juillet
En visite à Brest, ville ruinée, le général de Gaulle salue le courage des habitants devant une foule délirante de joie.
Dans un discours à Waziers, Maurice Thorez appelle les ouvriers à s’engager dans la « bataille de la production ».
dimanche 22 juillet
Le général de Gaule est en visite à la base sous-marine de Lorient, puis à Quimper (accueilli par le maire Hervé Marchand).
lundi 23 juillet
Ouverture du procès du maréchal Pétain, 89 ans, devant la Haute Cour de Justice de Paris.
mercredi 25 juillet
A la demande de De Gaulle, Paul Valéry bénéficie d’obsèques nationales.
Une discussion au sommet fixe le Rhin (seulement jusqu’à hauteur de Kaub, en Hesse) comme frontière entre les zones d’occupation françaises et américaines en Allemagne.
lundi 30 juillet
Créé le 5 juin, le Conseil de contrôle allié pour l’Allemagne tient sa réunion inaugurale au siège américain de Berlin-Dahlem. Il est décidé qu’une session plénière doit avoir lieu tous les dix jours.
lundi 30 ou mardi 31 juillet
Le chef d'Etat espagnol Franco livre Pierre Laval aux Américains.
en juillet
Les Alliés décident à Potsdam que le nord de l'Indochine serait occupé par les troupes chinoises et le sud par les troupes britanniques.
Le général Jean de Lattre de Tassigny est nommé inspecteur général de l’armée. De son côté, le général Pierre Koenig devient commandant en chef des troupes françaises en Allemagne.
mercredi 1er août
A son arrivée au Bourget, Pierre Laval est emmené sous haute protection à la prison de Fresnes.
Publication chez Gallimard du roman de Simone de Beauvoir Le Sang des autres. L’histoire se déroule sous l’Occupation avec le choix difficile de la résistance ou de la collaboration (l’œuvre sera adaptée au cinéma en 1984 par Claude Chabrol).
jeudi 3 août
L’Assemblée consultative tient sa dernière séance.
Le gouvernement regrette de ne pas avoir été associé aux travaux de Potsdam, mais accepte de participer à la future conférence de Londres.
Sabordé en 1942, le cuirassé Strasbourg est remis à flot à Toulon.
du jeudi 3 au vendredi 4 août
L’audition surprise de Pierre Laval au procès de Pétain met la salle en ébullition.
vendredi 4 août
Condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi, Paul Ferdonnet, le « traître de Radio Stuttgart », est fusillé au fort de Montrouge. Il avait 44 ans.
mardi 7 août
Le droit de vote est accordé aux militaires.
mercredi 8 août
Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Union soviétique ont signé la Charte de Londres, un document annexe à l’Accord de Londres qui fixe « la constitution, la juridiction et les fonctions » du Tribunal militaire international chargé de juger les grands criminels de guerre (procès de Nuremberg).
Publication à Baden-Baden du premier journal sous licence à paraître dans la zone d’occupation française en Allemagne, le Badener Tagblatt [Badisches Tagblatt à partir de 1951].
samedi 11 août
Ouverture du Congrès national du Parti socialiste SFIO, à Paris.
mardi 14 août
Capitulation du Japon.
mercredi 15 août
Clôture à 4 h 15 du matin du procès du maréchal Pétain. La Haute Cour de justice suit les réquisitions du procureur général André Mornet et déclare le chef de la France de Vichy coupable d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison : il est condamné à la peine de mort, l'indignité nationale et la confiscation de ses biens. En raison de son grand âge, la peine capitale est assortie du vœu de non-exécution. A la fin du procès, il est dépouillé de son uniforme avant d’être incarcéré.
Clôture du Congrès national du Parti socialiste SFIO. Léon Blum souligne la dimension humaniste de l'idéal socialiste.
Création de l’Association des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR).
jeudi 16 août
Henri de Mauduit succède à André Latrille comme gouverneur de la Côte-d’Ivoire.
vendredi 17 août
Charles de Gaulle commue la sentence de mort du maréchal Pétain en emprisonnement à vie.
Le droit de vote est accordé aux militaires.
dimanche 19 août
Le Viêtminh occupe Hanoï. L'empereur indochinois Bao Dai abdique sous la pression du gouvernement démocratique du Viêt-Nam, présidé par Hô Chi Minh.
samedi 25 août
Lancé en 1940, le cuirassé Jean-Bart regagne péniblement Cherbourg. Lors du débarquement américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), il avait été gravement endommagé et avait fini échoué dans le port de Casablanca.
lundi 27 août
Le général Charles de Gaulle est accueilli de façon grandiose à New York : les habitants organisent en son honneur une grande ticker-tape parade.
mardi 28 août
Création du carnet à souche pour la prescription des stupéfiants (remplacé en 1999 par les ordonnances sécurisées).
Le peintre Jean Dubuffet baptise « art brut » sa collection artistique, qui comprend à la fois l’art des « fous » et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés.
mercredi 29 août
Charles de Gaulle s’entretient à Ottawa avec Mackenzie King, le Premier ministre canadien.
Décès de l’évêque de Strasbourg Mgr Charles Ruch. Agé de 71 ans, il était à la tête de ce diocèse alsacien depuis 1919.
Grâce à une conduite exemplaire en prison, Violette Nozière, est libérée. Elle avait été condamnée à mort en 1934 pour le meurtre de son père (peine commuée en prison à perpétuité puis à 12 ans de travaux forcés en 1942).
Sortie du film Bifur 3, comédie Maurice Cam, avec René Dary, Raymond Aimos, Martine Carol et Maurice Escande.
dimanche 2 septembre
Le général Leclerc est le représentant français lors de la signature de la capitulation sans condition des japonais sur le cuirassé Missouri en rade de Tokyo. Leclerc est nommé commandant en chef des forces d'Extrême-Orient.
Hô Chi Minh proclame en Indochine l’indépendance de la République démocratique du Viêtnam.
mardi 4 septembre
Plusieurs artistes, accusés de collaboration, sont mis à l'index par le Front national des arts, dont Derain, Despiau, Dunoyer de Segonzac, Friesz, Oudot, Vlaminck, etc.
Sortie du film Le Père Serge, adaptation d’une nouvelle de Tolstoï réalisée par Lucien Ganier-Raymond, avec Jacques Dumesnil, Mila Parély, Ariane Borg, Marcel Herrand et Louis Salou.
mercredi 5 septembre
Le CCN officialise la « dyarchie » Jouhaux-Frachon à la tête de la CGT.
Sortie du film La Cage aux rossignols, de Jean Dréville, avec Noël-Noël, Micheline Francey, Roger Krebs et les Petits Chanteurs à la croix de bois.
vendredi 7 septembre
Parution du premier numéro du quotidien Le Dauphiné libéré sort son premier numéro.
lundi 10 septembre
Paul Touvier, chef de la milice de Lyon, est condamné à mort par contumace.
mardi 11 septembre
Constitution du Conseil allié des quatre puissances occupantes de l’Autriche.
Evêque d’Arras depuis 15 ans, Henri-Edouard Dutoit (72 ans) se retire.
samedi 15 septembre
L’homme politique André Tardieu est décédé à Menton. Agé de 68 ans, il avait été président du Conseil de centre droit à trois reprises (1929-1930, 1930 et 1932). « L’ermite de Menton » était paralysé et affaibli intellectuellement depuis une attaque cérébrale survenue en 1939.
jeudi 20 septembre
Sixième session à Berlin du Conseil de contrôle allié en Allemagne : il est décidé d’une politique commune d’égalité de traitement de tous les Allemands (dans toutes les zones ou secteurs). Les lois et autres règlements doivent être rendues également accessibles à tous.
samedi 22 septembre
Le paquebot Ile-de-France, lancé en 1926 et converti pendant la guerre en transport de troupes, est remis à disposition de la France à Southampton.
dimanche 23 septembre
Premier tour des élections cantonales.
mardi 25 septembre
Massacre d’Européens dans la banlieue nord de Saigon : un groupe de Viêtnamiens armés a attaqué le quartier de Héraud, où, durant plusieurs heures, une centaine de civils, hommes et femmes, ont été tués, mutilés, violés…
mercredi 26 septembre
La première de la pièce d’Albert Camus, Caligula, a lieu à Paris, avec Gérard Philippe dans le rôle principal.
dimanche 30 septembre
Second tour des élections cantonales.
lundi 1er octobre
200 000 prisonniers allemands inaptes internés en France sont récupérés par les Américains.
Par décret, le résistant Jean Moulin, mort en 1943, est fait officier de la Légion d’honneur à titre posthume.
Après la restitution par les Américains de l’émetteur de la tour Eiffel, les émissions régulières de télévision reprennent.
mardi 2 octobre
A l’issue de la conférence interalliée sur les traités de paix, à Londres, les cinq Grands se séparent sans avoir trouvé d’accord. Pour de Gaulle, les débats ont été « aussi vains pour le présent qu’inquiétants pour l’avenir ».
mercredi 3 octobre
Arrestation à Milan (Italie) de l'ancien ministre pétainiste de l'Intérieur et chef de la Milice Joseph Darnand.
Création à Paris de la fédération syndicale mondiale, la FSM, proche de Moscou.
Sorties cinématographiques : Marie la Misère (drame de Jacques de Baroncelli, avec Madeleine Sologne, Pierre Renoir et Paul Meurisse), L’Extravagante Mission (comédie d’Henri Calef, avec Henri Guisol, Mona Goya, Martine Carol et Jean Tissier).
jeudi 4 octobre
Ouverture du procès de Laval.
Ordonnance instituant le régime retraite, basé sur le système de la répartition : les contributions versées par les salariés au cours d’une année sont utilisées pour payer les pensions des retraités servies la même année.
jeudi 4 et vendredi 19 octobre
Ordonnances posant les principes généraux du plan de sécurité sociale au profit des travailleurs et de leur famille.
vendredi 5 octobre
Le général Leclerc arrive à Saigon, suivi d'unités françaises qui vont relever les Britanniques en Cochinchine (Indochine du Sud).
dimanche 7 octobre
Se rendant de Londres au Caire, un avion britannique Short Stirling IV de la RAF s’écrase à Rennes (Bretagne) : les 6 membres d’équipage et 20 passagers sont tués.
mardi 9 octobre
Pierre Laval est condamné à mort.
Création de l'Ecole Nationale d'Administration.
Première du film Untel père et fils, drame de Julien Duvivier, avec Raimu, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Suzy Prim et Renée Devilliers. Tourné durant la « drôle de guerre » en 1940, ce film de propagande anti-nazie avait été projeté pour la première fois en 1943, à New York.
mercredi 10 octobre
L’ancien chef de la Milice Joseph Darnand est condamné à mort par la Haute Cour ; il est exécuté au fort de Châtillon.
En voyage officiel en Belgique, Charles de Gaulle rend visite à la reine Elisabeth.
jeudi 11 octobre
Exécution du collaborateur Jean Hérold-Paquis.
vendredi 12 octobre
Présentation au Théâtre des Champs-Elysées du ballet Jeu de cartes, d’Igor Stravinsky, dans une chorégraphie de J. Charrat. Jean Babilée joue le rôle du Joker.
dimanche 14 octobre
Cherbourg est rendue à la France par les Américains.
Pour la première fois en dix confrontations, l’équipe belge de basket-ball a battu la France (42-30).
lundi 15 octobre
Pierre Laval tente de s'empoisonner le matin de son exécution ; ranimé par les médecins, il est fusillé à Fresnes, à l'âge de soixante-deux ans.
La revue de Jean-Paul Sartre, les Temps modernes, sort son premier numéro.
mardi 16 octobre
Inauguration du plus grand barrage d'Europe, sur la Dordogne.
jeudi 18 octobre
Le GRPF institue le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) sur proposition de Frédéric Joliot-Curie et de Raoul Dautry.
Ordonnance libéralisant l’accès à la nationalité.
vendredi 19 octobre
Sortie du film Le Jugement dernier, de René Chanas, avec Raymond Bussières, Jean Davy, Jean Desailly, Michèle Martin et Louis Seigner.
dimanche 21 octobre
Référendum rejetant la Constitution de 1875 et maintenant un gouvernement provisoire. Elections d'une Assemblée qui, du fait de ce rejet, est une Assemblée constituante : le Parti communiste de Maurice Thorez arrive en tête avec 26,23 % des voix et 159 députés (+ 87). Suivent le MRP de Maurice Schumann (23,91 % et 150 sièges, + 150), la SFIO de Guy Mollet (23,45 % et 146 s., - 3), le PRL de Michel Clemenceau (15,67 % et 53 s., - 169) et le Parti radical d’Edouard Herriot (10,54 % et 71 s., - 42). La participation a été 77,8 % (- 6,5).
mercredi 24 octobre
Funérailles de Robert Desnos en l’église parisienne de Saint-Germain-des-Prés. L’urne funéraire est ensuite déposée dans le caveau familial du cimetière de Montparnasse.
lundi 29 octobre
Dans le sud de l’Indochine, les Français de Leclerc enlèvent au Viêtminh la ville de Vinh Long, située dans le delta du Mékong.
mercredi 31 octobre
Sorties cinématographiques : La Vie de Thomas Edison (drame biographique américain réalisé en 1940 par Clarence Brown, avec Spencer Tracy, Rita Johnson, Lynne Overman, Charles Coburn, Gene Lockhart et Henry Travers).
jeudi 1er novembre
Suppression de la carte de rationnement de pain.
vendredi 2 novembre
Loi constitutionnelle sur l’organisation des pouvoirs publics.
Vote de l’ordonnance sur l’entrée et le séjour des étrangers en France. Création de l'ONI (Office National d’Immigration) qui donne à l’Etat le monopole de l’introduction de la main d’œuvre étrangère dans le pays. Trois cartes de séjour sont instaurées (un, trois et dix ans) ; l’immigration des familles, souhaitée dans une optique démographique, est favorisée.
Ordonnance créant les centres de Protection maternelle et infantile (PMI).
samedi 3 novembre
Louis-Sylvain Robin (48 ans) est nommé évêque de Blois ; Victor Perrin (51 ans) évêque d’Arras ; Maurice Rousseau (52 ans) évêque de Mende.
lundi 5 novembre
Le gouvernement accorde l’autonomie administrative au Cambodge.
mardi 6 novembre
Première séance de l’Assemblée nationale constituante.
vendredi 9 novembre
Ouverture de la Conférence de Paris sur les réparations imposées par les Alliés à l'Allemagne.
Naissance du dernier prototype de la 4CV chez Renault.
dimanche 11 novembre
De Gaulle préside à Paris les cérémonies de l’Armistice. 15 cercueils, provenant de tous les champs de bataille, entourent le Soldat inconnu.
mardi 13 novembre
Le général de Gaulle est élu président du gouvernement provisoire par l’Assemblée constituante, à l’unanimité des 555 votants.
Création à Paris de l’UNESCO.
mercredi 14 novembre
Le réalisateur Abel Gance rentrant d’Espagne, la revue Paris-Cinéma met en garde : « Commanditaires, fermez vos coffres-forts » !
Sorties cinématographiques : L’Etrangère (mélodrame américain réalisé en 1940 par Anatole Litvak d’après le roman de Rachel Field, avec Bette Davis, Charles Boyer et Barbara O’Neil).
jeudi 15 novembre
Le maréchal Pétain est interné à l'île d'Yeu.
samedi 17 novembre
Dernière exécution d’un condamné à mort dans le Finistère : le docker Joseph Eliès a été fusillé à Quimper, au champ de tir d’Ergué-Armel, sur le Frugy. L’habituelle guillotine ne pouvait être transportée à Quimper. Eliès avait tué à la hache une jeune épicière qui l’avait surpris à voler.
dimanche 18 novembre
Une ordonnance crée la Haute Cour de justice.
mardi 20 novembre
Début du procès de Nuremberg, chargé de juger les criminels nazis.
Dénoncée par Hitler en 1936, la Commission centrale pour la navigation du Rhin reprend ses travaux, avec des délégations françaises, suisses, néerlandaises, belges, américaines et britanniques (l’Allemagne de l’Ouest la rejoindra en 1950, tandis que les Etats-Unis se retireront en 1961 et le Royaume-Uni en 1993).
mercredi 21 novembre
Ministère de Gaulle investi à l'unanimité des 555 députés. Ce gouvernement comprend 5 ministres communistes sur 20 : Maurice Thorez ministre d'Etat, Tillon à l'Armement, Billoux à l'Economie nationale, Marcel Paul à la Production industrielle, et Croizat au Travail.
Apparition dans les kiosques du journal Elle, fondé par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair.
samedi 22 novembre
Sortie du film Naïs, drame de Marcel Pagnol et Raymond Leboursier, d'après Naïs Micoulin d’Emile Zola, avec Fernandel, Jacqueline Bouvier (Pagnol), Raymond Pellegrin, Henri Poupon et Germaine Kerjean.
dimanche 2 décembre
De Gaulle nationalise le Crédit, la Banque de France et quatre grandes banques de dépôts : Crédit Lyonnais, le Comptoir National d'escompte, la Société Générale, la Banque National du Commerce et de l'Industrie. La loi bancaire sépare désormais nettement les banques de dépôts des banques d'affaires et encadre de près la distribution du crédit.
mercredi 5 décembre
Le gouvernement français refuse la création, préconisée par les Etats-Unis, d'un gouvernement central allemand.
Sortie du film Sortilèges, drame de Christian-Jaque, d'après le roman Le Cavalier de Riouclare de Claude Boncompain, avec Madeleine Robinson, Fernand Ledoux, Lucien Coëdel et Roger Pigaut. Le jeune Michel Piccoli (20 ans) y apparaît dans son tout premier rôle au cinéma.
jeudi 6 décembre
Match amical de football : au stade du Prater de Vienne, l’Autriche a battu la France quatre buts (Decker 3, Neumer) à un (Bongiorni), devant 55 000 spectateurs.
vendredi 7 décembre
Création, lors de la conférence de Paris, d'une Agence internationale des réparations allemandes.
mercredi 12 décembre
Jean Guignebert est nommé président du Conseil supérieur de la radiodiffusion.
jeudi 13 décembre
Prenant la parole à l’Assemblée nationale, Marthe Richard, conseillère municipale du 4e arrondissement de Paris (et ancienne prostituée), dépose un projet pour la fermeture des maisons closes : « Il est temps de lutter contre l’exploitation commerciale de la prostitution. Les femmes ne sont pas des esclaves... Supprimons les maisons de tolérance ainsi que la police des mœurs, luttons contre le marché des femmes... » (la capitale française compte 190 bordels qui emploient plus de 1 500 femmes). Sa proposition est votée et le préfet Charles Luizet décide de fermer les maisons de la Seine dans les trois mois. Encouragée, Marthe Richard, bien que vivant avec un proxénète, commence une campagne de presse pour le vote d'une loi généralisant ces mesures.
Le général Fernand Dentz est mort en prison, à l’âge de soixante-trois ans. Ancien haut-commissaire vichyste en Syrie, il avait été condamné mort.
samedi 15 décembre
A Bruxelles, au stade de Molenbeek, l’équipe de Belgique de football bat la France deux buts (Sermon deux fois) à un (Aston), devant 23 576 spectateurs.
mercredi 19 décembre
L’écrivain et académicien Abel Hermant est condamné pour faits de collaboration (il sera gracié et libéré en 1948).
Sorties cinématographiques : Le Livre de la jungle (film d’aventure américain réalisé en 1942 par Zoltan Korda d’après l’œuvre de Rudyard Kipling, avec Sabut, Joseph Calleia, John Qualen et Frank Puglia).
La 52e semaine d’exclusivité à Paris des Enfants du paradis, de Marcel Carné, est célébrée par Pathé-Cinéma.
jeudi 20 décembre
Sortie en France du film américain Lady Hamilton, drame historique réalisé en 1941 par Alexander Korda, avec Vivien Leigh, Laurence Olivier, Alan Mowbray et Sara Allgood.
vendredi 21 décembre
Fin de la Conférence de Paris sur les réparations dues par l’Allemagne.
Création du Commissariat général au plan de modernisation et d’équipement, dont Jean Monnet prend la tête.
samedi 22 décembre
Décret supprimant le « statut de l'indigénat ».
Joseph Laniel, André Mutter, Edouard Frédéric-Dupont et Jules Ramarony fondent le Parti républicain de la Liberté (PRL), de centre-droit.
Création au Théâtre de l’Athénée de la pièce La Folle de Chaillot, satire poétique en deux actes de Jean Giraudoux (mort en janvier 1944), avec Louis Jouvet et Marguerite Moreno. La musique de scène est d'Henri Sauguet et les décors et costumes de Christian Bérard.
Georges Rouquier achève à Goutrens, dans l’Aveyron, le tournage de Farrebique. Il a duré presque un an, pendant lequel des paysans de la région sont devenus les acteurs de ce film relatant une chronique familiale.
lundi 24 décembre
Francis Lopez et Raymond Vinci créent leur première opérette la Belle de Cadix, au théâtre du Casino Montparnasse. Elle apporte la célébrité à un chanteur d’origine espagnole, Luis Mariano. Prévue pour quelques dizaines de représentations, La Belle de Cadix tiendra l’affiche pendant deux ans.
mardi 25 décembre
Création du franc CFA.
mercredi 26 décembre
Le franc est dévalué de 66 %.
Décès de l’évêque d’Amiens Mgr Lucien Martin, à l’âge de 62 ans.
jeudi 27 décembre
Réorganisation de la Haute Cour de justice : Louis Noguères remplace le président Mongibeaux.
Adoptées lors de la Conférence de Bretton Woods (22 juillet 1944), les articles du pacte créant le Fonds monétaire international deviennent effectifs. 23 pays en sont les premiers membres, dont la France.
vendredi 28 décembre
Les cartes de pain, supprimées en novembre, sont rétablies.
samedi 29 décembre
Emeute de la faim à Tours.
lundi 31 décembre
André Philip exige la restriction des crédits militaires.
On compte encore 13 000 internés dans des camps : en grande majorité des civils allemands ; seulement 4 500 sont français.
Durant l’année 1945, un millier de récepteurs de télévision ont été vendus à Paris.
en décembre
Création de la revue Force ouvrière.
Contre-offensive générale allemande (opération Bodenplatte) sur le front de l'Ouest : à l'aube, entre 800 et 1 000 avions passent à l'attaque des terrains d’aviation alliés aux Pays-Bas, en Belgique et dans le nord de la France : près de 200 appareils sont détruits au sol, mais les pertes de la Luftwaffe sont à peu près équivalentes.
A l'aube toujours, dans le nord de l'Alsace, sept divisions allemandes de la 1re armée (général Hans von Obstfelder), dans le cadre de l'opération Nordwind (« vent du nord ») déclenchent une offensive contre les positions alliées sur un front de 75 kilomètres, entre Sarrebruck et Strasbourg. Les Allemands bousculent le 6e corps d'armée américain obligé de se replier en direction de la Moder. Eisenhower compte faire replier toutes les unités alliées et abandonner Strasbourg malgré l'opposition française.
mardi 2 janvier
De Lattre reçoit du général Devers (6e GA US), dont il dépend, l'ordre de replier son aile gauche sur les Vosges.
L’amiral britannique Sir Bertram Ramsay (61 ans), chef des forces navales du corps expéditionnaire allié, a été tué dans le crash de l’avion qui devait l’emmener de Paris à Bruxelles pour une conférence. L’accident est survenu peu de temps après le décollage.
mercredi 3 janvier
Rétablissement de la gratuité de l’enseignement secondaire.
La 1re armée américaine, dont fait partie la 2e DB française, ayant reçu l’ordre de se replier du nord de l’Alsace et d’évacuer Strasbourg pour occuper la crête des Vosges, Charles de Gaulle, aussitôt averti à Versailles, réagit sur le champ et confie à de Lattre la mission impérative de défense Strasbourg, « avec ou sans l’accord du commandement américain ». Puis, vers 16 h, de Gaulle voit Eisenhower à son QG, ainsi que Churchill. Il les persuade d’annuler l’ordre d’évacuer Strasbourg et le nord de l’Alsace.
jeudi 4 janvier
Wissembourg (nord de l'Alsace) est repris par les Allemands.
vendredi 5 janvier
Les Allemands refranchissent le Rhin et établissent une tête de pont à Gambsheim, à 20 kilomètres au nord de Strasbourg.
La 1re armée française du général Guillaume renforcée par la brigade Alsace-Lorraine du colonel Berger (André Malraux) commence à relever les unités américaines qui défendent Strasbourg.
La poche allemande de Royan, en France, est aux trois quarts rasée par un bombardement massif de 354 Lancaster de la RAF : 2 000 tonnes de bombes tuent 442 civils et 35 Allemands.
samedi 6 janvier
Depuis l'Allemagne, Doriot annonce par radio la fondation d'un comité de libération française, symbole de l'espoir de revanche qui règne encore parmi les collaborateurs à l’occasion de l'offensive allemande dans les Ardennes.
Guy de Boysson, ancien chef de maquis FTP et dirigeant national des Forces unies de la jeunesse patriotique (dont font partie les Jeunesses communistes), fonde une revue destinée à la jeunesse, Jeune combattant magazine, plus brièvement intitulée J (remplacée en 1946 par Miroir-Sprint).
dimanche 7 janvier
L'offensive allemande, en tenailles vers Strasbourg, crée une situation difficile pour les unités américaines et françaises. Au nord, ils attaquent la 6e armée américaine vers Haguenau. Au sud, venant de la poche de Colmar, ils font une percée sur Erstein, dans les lignes de la 1re Armée française. Les Allemands progressent jusqu'à Hatten et Rittershoffen livrant des combats acharnés aux Alliés, qui dans les jours suivant, perdent parfois un village pour le reconquérir aussitôt.
lundi 8 janvier
Au sud de Strasbourg, la supériorité des Jagdpanzer et des Tigres allemands anéantit les tentatives des blindés alliés en direction de Gerstheim et Obenheim.
Le groupe Champagne de l’armée de l’air française bombarde la voie ferrée Fribourg-Karlsruhe.
mardi 9 janvier
Exécution de l'écrivain Paul Chack.
mercredi 10 janvier
Déat et Doriot participent au congrès européen de Weimar.
vendredi 12 janvier
En Indochine, lors d’une attaque des Américains contre des porte-avions japonais à Cam Ranh, le croiseur français La Motte-Picquet, pris dans la zone des combats, est coulé.
Sorties cinématographiques : La Dame du vendredi (comédie américaine réalisée en 1939 par Howard Hawks, d’après la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur, créée en 1928, avec Cary Grant, Rosalind Russell, Ralph Bellamy et Gene Lockhart).
dimanche 14 janvier
L’emprunt de la Libération a rapporté 164,5 milliards de francs à l’Etat.
Les Allemands de la poche de La Rochelle attaquent Marans, où se tient une foire. Ils s’emparent de 2 300 bovins et moutons.
De Gaulle visite Brest, Quimper et Vannes.
lundi 15 janvier
Le service ferroviaire par ferry-boat est rétabli en Manche entre la France et l’Angleterre.
Poche de Saint-Nazaire : l’église Saint-Omer de Blain est détruite par les Allemands.
De Gaulle à Nantes, où il remet la croix de la Libération et la croix de guerre au maire de Nantes, Clovis Constant, et Angers.
En vue de l'attaque de la poche de Colmar, le général Devers remet à la disposition de la 1re armée française la 2e DB et la 28e DI américaine.
mardi 16 janvier
Les usines Renault, sous séquestre depuis octobre, sont nationalisées.
En Alsace, attaque des Américains et des tirailleurs algériens vers Gambsheim, au nord de Strasbourg.
De 10 à 20 centimètres de neige s'abattent en région parisienne, 25 à 40 cm dans l'est de la France. La neige tient au sol durant trois semaines. Le froid est particulièrement vif : il fait -2° à Nice, -6° à Toulon, -9° à Montélimar, -12° à Angoulême, -13° à Paris, -16° à Alençon, -18° à Lille et -21° à Vichy et Clermont-Ferrand.
mercredi 17 janvier
Discours radiodiffusé de De Gaulle à la suite de l'échec de l'attaque allemande des Ardennes.
Suite à une panne de freins, un train transportant des unités de l’armée américaine dévaste la gare de Saint-Valery-en-Caux, à l’ouest de Dieppe : 89 soldats américains sont tués et 152 sont blessés.
jeudi 18 janvier
Démission de Pierre Mendès-France, ministre de l'Economie, dont les mesures de rigueur sont refusées par la majorité du conseil des ministres.
L'armée du général de Lattre, appuyée par les forces des généraux Béthouart et de Monsabert, se prépare à attaquer la poche de Colmar.
Sortie en France d’un film américain de 1940, La Dame du vendredi, comédie d’Howard Hawks, d’après la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur (créée en 1928), avec Cary Grant, Rosalind Russell, Ralph Bellamy et Gene Lockhart.
vendredi 19 janvier
En Alsace, les Allemands reprennent Sessenheim et assurent la jonction avec leurs forces autour de Gambsheim.
A Versailles, Montgomery est furieux. Eisenhower rejette sa stratégie d’une poussée vers le Rhin, conduite par les troupes du général Bradley.
Le collaborateur Robert Brasillach (écrivain et journaliste pronazi) est condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi.
samedi 20 janvier
La 1re Armée française du général de Lattre attaque la poche de Colmar sur l'axe Cernay-Ensisheim dans une tempête de neige qui rend la progression difficile. Les Allemands de la poche de La Rochelle reprennent Marans.
dimanche 21 janvier
Contre-attaque allemande de Gambsheim vers Strasbourg et également dans la poche de Colmar vers Cernay.
Comité central du Parti communiste français à Ivry-sur-Seine. Thorez donne l'ordre de dissoudre les milices patriotiques.
lundi 22 janvier
En Alsace, attaque alliée de la région comprise entre Sélestat et Ostheim.
Les Allemands de la poche de La Rochelle sont expulsés de la localité de Marans.
mardi 23 janvier
En Alsace, les Français s'emparent de trois ponts sur l'Ill, les Américains prennent Ostheim.
A Paris, ouverture du congrès du MLN divisé sur l'idée d'une fusion possible avec le Front national d'inspiration communiste.
Au cours d’une réunion du comité central du PCF à Ivry, Maurice Thorez accepte le désarmement des groupes de partisans.
mercredi 24 janvier
En Alsace, les Alliés renforcent leurs têtes de pont au-delà de l'Ill, et progressent en direction de Wittelsheim en prenant Else.
jeudi 25 janvier
Sur le front de l'Ouest, ultime tentative d'offensive allemande vers Saverne et Strasbourg qui se solde par un échec. Devant la difficulté des combats dans la poche de Colmar, De Lattre reçoit l'aide d'unités américaines supplémentaires.
De Gaulle proteste au cours d'une conférence de presse contre le fait que la France ne soit pas invitée à la conférence alliée de Yalta.
vendredi 26 janvier
Clôture du congrès du MLN, qui refuse, à la majorité, la fusion proposée par le Front national : se sont pour, Kriegel, Valrimont, d'Astier ; se sont prononcés contre, Malraux, Viennay, Claudius-Petit.
vendredi 26 ou samedi 27 janvier
A Lyon, Charles Maurras, philosophe inspirateur de l'Action française, est condamné à la réclusion perpétuelle pour avoir mené campagne contre la France. Maurras s’écrie : « C’est la revanche de Dreyfus ».
En Alsace, des unités de la 5e DB française et la 3e DI américaine investissent Jebsheim, à l’est de Colmar, et atteignent le canal de Colmar.
lundi 29 janvier
Poche de Colmar : violentes contre-attaques allemandes à Grussenheim et Jebsheim.
mercredi 31 janvier
Un soldat américain a été exécuté en France pour désertion. Une première depuis la guerre de Sécession. Eddie Slovik a été fusillé dans le jardin d’une maison du village alsacien de Sainte-Marie-aux-Mines. Il avait vingt-quatre ans. Début octobre, il avait tenté de fuir les combats.
en janvier
Les divisions italiennes Monte Rosa et Littorio luttent sur le front des Alpes occidentales, à 3 000 mètres d’altitude, contre la 27e division alpine française, la 4e division marocaine de montagne, la 1re division de Français libres et des éléments du 6e corps américain. Les deux unités italiennes sont épaulées par la 5e division allemande de montagne.
jeudi 1er février
Disparu depuis juin 1944, le quotidien catholique La Croix reparaît.
Réapparition du quotidien Le Républicain lorrain, dont la parution avait cessée en juin 1940.
Lors d’une séance de l’Académie française, il est décidé de déclarer vacant le fauteuil de l’écrivain nationaliste Charles Maurras sans pour autant voter sa radiation.
vendredi 2 février
Ordonnance abolissant les bagnes d’enfants, comme celui de l’île de Belle-Ile.
samedi 3 février
La 1re armée française réduit le dernier îlot de résistance allemand à Colmar.
dimanche 4 février
En Alsace, Guebwiller par un groupe de blindés du 4e régiment de spahis marocains.
mardi 6 février
Le général de Gaulle ayant rejeté son recours en grâce, l’écrivain Robert Brasillach est fusillé à Paris malgré une pétition de plusieurs écrivains.
vendredi 9 février
Au prix de durs combats, la 1re armée française et le 21e corps d'armée américain réduisent la « poche » de Colmar. L'Alsace est totalement libérée.
dimanche 11 février
Louis Jouvet retrouve le sol français avec sa troupe après quatre années passées en Amérique du Sud. Le comédien est pressenti pour le Talleyrand de Jacques Feyder.
mardi 13 février
Le général de Gaulle décline oralement l’invitation du président américain Franklin D. Roosevelt de le rencontrer à Alger.
mercredi 14 février
Publication des statuts des associations familiales.
samedi 17 février
La 33e division de Waffen SS « Charlemagne », composée de volontaires français, est envoyée sur le front de Poméranie, contre les Soviétiques.
mercredi 21 février
L'épuration traduit, selon le garde des Sceaux, François de Menthon, devant l'Assemblée, « la volonté unanime de la nation de se purifier des hontes de Vichy en rejetant de son sein ou tout au moins de ses cadres, les responsables d'une politique de trahison et tous ceux qui s'y sont délibérément associés ».
jeudi 22 février
Ordonnance du GPRF créant les comités d'entreprise dans les établissements de plus de cent salariés.
vendredi 23 février
La voiture de Jacques Doriot (Commission de Sigmaringen) est mitraillée par un avion allemand, près du lac de Constance.
Jean Raynaud, l’un des responsables du Service des relations publiques de la Marine (SIRPA Marine), fonde le magazine hebdomadaire de la Marine nationale, Cols bleus.
mardi 27 février
Calais est bombardée par un aviateur anglais s'entraînant au tir réel ; il a confondu Calais avec Dunkerque encore occupée : plus de 147 morts.
Le réalisateur américain William Wyler, lieutenant-colonel dans les armées alliées, est de passage dans sa ville natale, Mulhouse. La gérante de l’épicerie dont son père était propriétaire lui remet à cette occasion 200 000 francs correspondant à sa part des bénéfices.
mercredi 28 février
Sortie en France du film américain Les Anges de miséricorde, drame de guerre Mark Sandrich, avec Claudette Colbert, Paulette Goddard, Veronica Lake, George Reeves, Barbara Britton et Walter Abel.
jeudi 1er mars
A Paris, le général Koenig, gouverneur militaire de Paris, attribue à François Mitterrand la croix de guerre avec étoile d’argent pour son action dans la Résistance.
Création à Villacoublay de l’unité de l’armée de l’air Groupe de liaisons aériennes ministérielles (GLAM ; dissoute en 1995).
vendredi 2 mars
Première à Paris, au Palais de Chaillot, des Enfants du paradis, drame réaliste et poétique réalisé sous l’Occupation par Marcel Carné d’après un scénario de Jacques Prévert, avec Arletty (absente car en résidence surveillée pour « collaboration horizontale »), Jean-Louis Barrault, Maria Casarès, Pierre Brasseur, Marcel Herrand et Pierre Renoir (sortie nationale le 22 mars).
vendredi 9 mars
Les Japonais attaquent les postes français d'Indochine et s’emparent des pleins pouvoirs. On ne compte pas moins de 2 650 morts parmi les Français. 3 000 prisonniers rejoignent les « camps de la mort », dont celui de Hoa-Binh. Parmi les 19 000 civils français, 3 000 sont aussi internés et parfois torturés.
samedi 10 mars
En Indochine, le général Emile Lemonnier, commandant de la 13e brigade de Langson, refuse à deux reprises de signer une capitulation sans conditions. Il est décapité au sabre.
dimanche 11 mars
Sous la pression nippone, l’empereur Bao Daï dénonce le traité de protectorat français et proclame l’indépendance de l’Annam sous le nom d’Empire du Viêtnam, un Etat allié du Japon. Le Cambodge fait de même.
mardi 13 mars
Charles de Gaulle se plaint que les Américains s’opposent à l’envoi d’un corps expéditionnaire français en Indochine, dont les Japonais se sont emparés par surprise il y a quatre jours.
jeudi 15 mars
L’amiral Jean-Pierre Esteva, ancien résident général vichyste en Tunisie, est condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation militaire (il sera gracié en 1950).
Le romancier Pierre Drieu de la Rochelle recherché pour avoir collaboré avec l’Occupant, se suicide à Paris, dans le 17e arrondissement. Il avait 52 ans.
vendredi 16 mars
Déporté en Allemagne, le sociologue français Maurice Halbwachs meurt au camp de Buchenwald. Il avait soixante-huit ans.
Premier vol de l’avion de chasse français SNCAC NC.900. Il s’agit de la version française du chasseur allemand Focke-Wulfe Fw 190, qui était construit en France pendant l’Occupation (considéré comme trop dangereux, sa production sera arrêtée dès 1946).
lundi 19 mars
Arrêté un an plus tôt pour avoir fait clandestinement œuvre de mission catholique en Allemagne, le jeune jociste breton Marcel Callo (23 ans) meurt d’épuisement au camp de Mauthausen.
mardi 20 mars
La frontière franco-allemande est enfin dégagée de Lauterbourg à la Sarre.
A Paris, la Banque de France et la Banque nationale de Belgique ont signé un accord fixant les opérations de transferts financiers entre les deux pays. Les établissements bancaires des deux Etats ne vendront leurs devises respectives que sur la base suivante : 100 francs français égalent 88,30 francs belges. Cet accord financier et monétaire s’applique, du côté français, à l’ensemble de l’empire et, du côté belge, à l’Union belgo-luxembourgeoise ainsi qu’au Congo belge.
Funérailles de Pierre Drieu La Rochelle au cimetière de Neuilly, en présence notamment de Paul Léautaud.
mercredi 21 mars
Dans le Pacifique, les Etats-Unis rendent à la France l’île de Clipperton, qu’ils avaient occupé militairement en 1944.
jeudi 22 mars
Sortie du film Le Père Goriot, un drame réalisé par Robert Vernay d’après le roman éponyme de Balzac, avec Pierre Larquey, Pierre Renoir, Claude Génia et Lise Delamare.
samedi 24 mars
Le Gouvernement provisoire français a présenté son plan concernant sa politique indochinoise : l’Indochine doit devenir une Fédération autonome regroupant les cinq « pays » (Annam, Tonkin, Cochinchine, Laos, Cambodge) au sein d’une Union française dont les contours futurs devront être définis par l’Assemblée constituante.
lundi 26 mars
La 2e DB franchit le Rhin.
La pianiste Yvonne Loriod a créé à Paris, salle Gaveau, Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus, une œuvre composée pour elle par son mari Olivier Messiaen.
mardi 27 mars
L’écrivain Louis-Ferdinand Céline, qui a collaboré avec l’Allemagne, se réfugie au Danemark.
mercredi 28 mars
L’Assemblée consultative vote la suppression des subventions à l’enseignement libre. Charles De Gaulle les maintient.
Créé par le réfugié espagnol José Cabrero Arnal, le chien Pif, personnage de bande dessinée, fait sa première apparition dans le journal communiste l’Humanité, en noir et blanc, entouré de Tata, Tonton et Doudou mais pas encore d’Hercule.
jeudi 29 mars
Le régiment parachutiste italien Folgore, totalement reconstitué, est engagé sur le front des Alpes occidentales. Repoussant toutes les attaques françaises, il chasse le 11e bataillon de chasseurs alpins du mont Cenis.
Diffusion de la première émission française, en circuit fermé, de l’après-guerre, pour quelques téléspectateurs privilégiés : « la Danse de la robe de plumes », pantomime réalisé par Pierre Gout et proposé par Jean Thévenot (directeur des programmes), avec Dany Robin et Paul Barré.
vendredi 30 mars
Vivement poussé par de Gaulle, le général de Lattre et sa 1re armée passent le Rhin pour marcher sur Karlsruhe : début de la campagne d'Allemagne.
Ouverture à Paris, à la Mutualité, du premier Congrès du Mouvement des Jeunesses communistes de France d’après-guerre.
samedi 31 mars
Les divisions algériennes et marocaines de Montsabert et la division coloniale de Valluy franchissent le Rhin et s'emparent de Karlsruhe.
Décès à Paris de l’académicien et dramaturge Maurice Donnay, à l’âge de 86 ans.
dimanche 1er avril
A Paris, l’Arc de triomphe et Notre-Dame sont de nouveau illuminés.
Dimanche de Pâques.
lundi 2 avril
Clôture à Paris du Congrès des Jeunes communistes français : création de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF).
mercredi 4 avril
La 1re armée française occupe la ville de Karlsruhe après une faible résistance.
A Paris, le cinéma Clichy-Palace, spécialisé dans les films américains en version originale à l’intention des soldats alliés, projette une copie sous-titrée en anglais des Visiteurs du soir, de Marcel Carné, intitulé The Devil’s Envoys.
jeudi 5 avril
Pierre Mendès France, en désaccord avec René Pleven sur la politique économique à suivre, démissionne du GPRF. René Pleven devient ministre de l’Economie nationale et des Finances.
vendredi 6 avril
Les parachutistes italiens du régiment Folgore escaladent les pentes du mont Froid, à 2 818 mètres, et en repoussant les chasseurs alpins français du 15e bataillon.
dimanche 8 avril
Match amical de football : à Lausanne, au stade de La Pontaise, l’équipe suisse de football bat la France un but (Friedländer) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
jeudi 12 avril
Décès du président américain Franklin D. Roosevelt.
L’écrivain et critique Emile Henriot (71 ans) est élu à l’Académie française, sans concurrent (avec 15 voix sur 16 votants), au fauteuil de Marcel Prévost.
samedi 14 avril
Début de l’opération « Vénérable » contre la poche allemande de la rive sud de l’estuaire de la Gironde (pointe de Grave : communes de Soulac et Le Verdon).
En hommage au président Roosevelt, dont les funérailles se déroulent ce même jour à Washington, les salles de cinéma et autres lieux de spectacle restent fermés à Paris.
nuit du samedi 14 au dimanche 15 avril
Terribles bombardements aériens des B17 et B24 américains sur la poche de Royan. Pour la première fois, du napalm est utilisé de façon massive : 725 000 litres sont déversés sur la ville.
dimanche 15 avril
Les soldats français entrent dans la ville allemande d’Offenburg [Bade-Wurtemberg], située à 19 kilomètres au sud-est de Strasbourg.
nuit du lundi 16 au mardi 17 avril
L’artillerie de la 1re armée française ravage la station thermale de Freudenstadt, située à 60 km à l’est de Strasbourg : 95 % du centre-ville est détruit ; 1 400 familles sont sans-abri (pendant les trois jours qui vont suivre la prise de la cité, la 4e division marocaine de montagne va s’en prendre durement à la population, avec notamment, selon un médecin, 600 femmes violées : « Journées sans Dieu »).
mardi 17 avril
Chute de la poche allemande de Royan : après sept mois de résistance et des derniers combats brefs, le contre-amiral Michaelles capitule vers 12 h 40.
jeudi 19 avril
Des éléments de la division italienne Littorio, installés au col de Ciriega, à 2 543 mètres, repoussent les attaques de la 1re division de Français libres.
vendredi 20 avril
Après une semaine d’opération, le général Milleret obtient à 20 h 30 la reddition des Allemands de la poche sud de l’estuaire de la Gironde (pointe de Grave).
Cinquième jour de forte chaleur en France pour ce début de printemps : il fait 28° à Paris et Châteauroux, 29° à Toulouse, 30° au Mans, 31° à Mont-de-Marsan et 32° à Perpignan...
lundi 23 avril
Le général Delestraint, ancien chef de l’Armée secrète arrêté en juin 1943, est abattu à Dachau.
mardi 24 avril
Au cours d’une conférence de presse, M. Teitgen, ministre de l’Information, a annoncé que la Suisse avait accepté la demande du maréchal Pétain, faite par l’intermédiaire des autorités allemandes, de traverser la Suisse afin de pouvoir se constituer prisonnier en France.
mercredi 25 avril
Ouverture de la Conférence de San Francisco. Georges Bidault préside la délégation française.
Dans les Alpes du Sud, le tunnel et le col de Tende, à la frontière franco-italienne, sont repris par les FFL.
A La Rochelle, l'arrivée d'un sous-marin allemand de type XXI (probablement le U-2511), de fort tonnage et recouvert d'une protection en caoutchouc lui permettant d'échapper aux sonars et aux mines magnétiques, attire l'attention. Arrivé directement d'Allemagne, il fait le plein de ses réservoirs sans que personne ne soit autorisé à monter à bord.
Interrompant pour la circonstance le tournage de Boule de Suif, de Christian-Jaque, dont elle est la vedette, Micheline Presle épouse à la mairie du VIIIe arrondissement de Paris, Michel Lefort, champion de tennis et négociant en vin de Bordeaux.
Sortie à Paris du film américain de 1940 Orgueil et Préjugés, de Robert Z. Leonard, d’après l’œuvre de Jane Austen, avec Greer Garson, Laurence Olivier, Mary Boland et Maureen O’Sullivan.
jeudi 26 avril
A la suite d’une demande d’extradition, les autorités suisses livrent, à Vallorbe, le maréchal Pétain au général Koenig, commandant en chef des FFI et gouverneur militaire de Paris. Koenig conduit Pétain - qu’il refuse de saluer - de la frontière suisse à Paris.
vendredi 27 avril
A La Rochelle, un avion militaire allemand atterrit, et deux dignitaires nazis sont discrètement transférés vers la base sous-marine, où ils embarquent dans le sous-marin arrivé deux jours plus tôt qui prend immédiatement la mer.
samedi 28 avril
L’asile politique est accordé par l’Espagne à Pierre Laval pour une durée de trois mois.
A Grasse, pendant les prises de vues du film de Jeff Musso Vive la liberté (et qui devait à l’origine être intitulé On a tué un homme), un figurant est mort d’une balle reçue dans la poitrine. Le réalisateur avait fait procéder à des tirs à balles réelles…
dimanche 29 avril
Premier tour des élections municipales.
lundi 30 avril
Après de violents bombardements aériens et d’artillerie, la ville autrichienne de Bregenz (Vorarlberg) est occupée par des unités de la 5e DB de la 1re armée française.
Adolf Hitler se suicide dans Berlin.
mardi 1er mai
Une manifestation du PPA clandestin réunit 20 000 personnes à Alger, dans la rue d'Isly. Elle se solde par 11 morts, des arrestations, des tortures... et un afflux d'adhésions au PPA !
8 centimètres de neige recouvrent brutalement Paris. Un froid inhabituel pour la saison est également constaté à la pointe bretonne : le thermomètre a chuté à 0°C à Brest.
mercredi 2 mai
Capitulation de Berlin devant les Alliés.
La deuxième Armée française occupe la localité autrichienne de Dornbirn (Vorarlberg).
Le Français Pierre Laval, ancien collaborateur des Allemands, arrive à Barcelone avec son épouse et quatre autres anciens responsables du régime de Vichy.
Sorties cinématographiques : Paméla (drame historique de Pierre de Hérain, d'après la pièce éponyme de Victorien Sardou (créée en 1898), avec Renée Saint-Cyr, Fernand Gravey, Georges Marchal et Yvette Lebon), Ô toi ma charmante (comédie musicale américaine de 1942 de William Seiter, avec Fred Astaire, Rita Hayworth, Adolphe Menjou, Isobel Elsom, Leslie Brooks).
vendredi 4 mai
Les spahis de la 2e DB du général Leclerc s'emparent de Berghof, le repaire du Führer sur l’Obersalzberg, près de Berchtesgaden.
lundi 7 mai
Le général Jodl signe la capitulation sans conditions de la Wehrmacht à Reims. Capitulation allemande signée à 2 h 41, au QG d'Eisenhower à Reims (installé dans une école technique). Y signent Jodl, Bedel-Smith (Américain), Susloparov (Russe), Sevez (Français).
Les Allemands de la « poche de Lorient » signent à Etel un accord de capitulation pour le 10 mai.
mardi 8 mai
A 15 heures, proclamation officielle de la capitulation dans les pays occidentaux ; entrée en vigueur à 23 h 01. Les combats sont suspendus pour toutes les armées allemandes.
En Algérie, un défilé organisé à Sétif pour fêter la victoire dégénère en émeute : 29 morts, dont le maire socialiste. D'origine spontanée, les manifestations s'étendent à des villes voisines du Constantinois : Guelma, Batna, Biskra et Kherrata (faisant en quelques jours 103 morts dans la population européenne, y compris les soldats et... les tirailleurs sénégalais). L’armée intervient : sévère répression.
Deux jours après avoir remis par les Américains au général Leclerc, douze Waffen-SS français membres de la division Charlemagne ont été fusillés dans une clairière de Bad Reichenhall, dans les Alpes bavaroises (près de Salzbourg), par des membres de la 2e D.B.
nuit du mardi 8 au mercredi 9 mai
De 0 h 06 à 0 h 45, la capitulation allemande est signée à Berlin au QG soviétique par les maréchaux Keitel (Allemagne), soviétique (Joukov) et anglais (Tedder représentant Eisenhower) ; et à titre de témoins, les généraux de Lattre de Tassigny (France) et Sperez (Etats-Unis).
L’amiral Schirlitz, commandant de la poche de La Rochelle, se rend aux troupes alliées.
mercredi 9 mai
A Guelma (Algérie), le sous-préfet André Achiary prend la décision imprudente de créer une milice avec les Européens et de l'associer à la répression menée par les forces régulières.
jeudi 10 mai
Après 277 jours de siège, le général allemand Fahrmbacher et les 26 000 soldats de la poche de Lorient se sont rendus aux Américains du général Kramer, commandant la 66e DI US., et au général Borgnis-Desbordes, commandant de la 19e DI et les forces françaises du Morbihan. La cérémonie a lieu sur la commune de Caudan. Même chose à Saint-Nazaire. Ce résultat a été facilité par l'action systématique de démoralisation psychologique des troupes d'occupation par les antifascistes allemands du CALPO.
vendredi 11 mai
Trois jours après la capitulation générale allemande, le général Hans Junck accepte officiellement la reddition de la poche de Saint-Nazaire devant le général américain Kramer, le général français Chomel et le préfet Vincent au cours d’une cérémonie organisée à l’hippodrome du Grand Clos, à Bouvron. La résistance allemande durait depuis le 27 août 1944.
dimanche 13 mai
Deuxième tour des élections municipales : victoire de la gauche.
Neuf mois après avoir délivré la ville à la tête de ses milliers d’hommes, le commandant FFI Georges Guingouin est élu maire de Limoges. Il n’a que 32 ans. Le Parti communiste, dont il avait l’un des responsables régionaux, engage rapidement les hostilités contre lui.
lundi 14 mai
Retour de Blum d’Allemagne.
mardi 15 mai
Edouard Herriot est fait docteur honoris causa de l’université de Téhéran pour service rendu à la civilisation.
mercredi 16 mai
15 jours après un épisode de neige record, il fait maintenant 32° à Paris, 34° à Lyon, 35° dans les Landes et jusqu'à 36° à Montpellier !
jeudi 17 mai
Le socialiste Jacques Cotta est élu maire de Nice.
vendredi 18 mai
Ancien président du Conseil, le radical Edouard Herriot succède à Justin Godart comme maire de Lyon, une fonction qu’il avait déjà occupée de 1905 à 1940 !
A Paris, première, au cinéma Le Français, du film de Max Ophuls De Mayerling à Sarajevo, avec Edwige Feuillère. Débuté en 1939, interrompu par la guerre, puis achevé au printemps 1940, il avait été aussitôt saisi par les Allemands.
mardi 22 mai
Insurrection dans les villes syriennes.
mercredi 23 mai
La comédienne française Corinne Luchaire a été arrêtée en Italie en compagnie de sa mère et de son père, le journaliste collaborationniste Jean Luchaire, devenu ministre du gouvernement Laval en exil à Singmaringen.
samedi 26 mai
Fin de la répression dans le Constantinois algérien : 1 500 musulmans ont été tués selon le chiffre officiel ; 45 000 selon les nationalistes ; 6 000 selon Robert Aron ; 10 000 selon Jean Lacouture. L'aviation a même été requise pour bombarder les zones insurgées. Les tribunaux ont ordonné 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations.
Le retour des réfugiés en Lorraine voit la disparition du journal catholique Trait d’Union des Réfugiés de l’Est, qui avait remplacé le Lorrain en 1941.
Au stade Wembley de Londres, les équipes de France et d’Angleterre de football font match nul deux but partout (Carter et Lawton pour l’Angleterre ; Vaast et Heisserer pour la France), devant 60 000 spectateurs.
mardi 29 mai
La société Moteurs Gnome et Rhône devient la SNECMA. C’est la seconde nationalisation d’une entreprise collaborationniste.
du mardi 29 au jeudi 31 mai
Suite à de violentes manifestations syriennes anti-françaises, le représentant du haut commissaire français en Syrie, le colonel Olivat-Roger, fait bombarder Damas au canon (480 morts et 500 blessés), ce qui provoque un soulèvement général et une violente réaction britannique qui remet un ultimatum formulé en termes énergiques et menaçants.
jeudi 31 mai
Elu en octobre dernier, le physicien Louis Victor, prince de Broglie, est reçu à l’Académie française par son propre frère, le duc Maurice de Broglie, ce qui ne s’était jamais vu depuis 300 ans.
en mai
L'ancien ministre pétainiste Marcel Déat se réfugie en Italie.
vendredi 1er juin
Des troupes britanniques entrent en Syrie et au Liban.
Henri Frenay, ministre des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, accueille à Paris Jules Caron, le millionième rapatrié d’Allemagne.
Le muscat de Beaumes-de-Venise, vin doux naturel des Côtes-du-Rhône, est classé en appellation d’origine contrôlée avec effet rétroactif au 1er septembre 1943.
Parution du premier numéro du journal de bandes dessinées Vaillant.
samedi 2 juin
Appuyées par des blindés, les forces britanniques entrent à Damas et entreprennent de désarmer et d'expulser les troupes françaises. Tout le personnel civil et militaire est arrêté, consigné ou évacué au Liban.
Emile Armand, Paul Ducauroy (Ovide) et J. Cezar publient à Orléans le premier numéro du mensuel anarchiste L’Unique (édité jusqu’en 1956).
lundi 4 juin
Les billets de banque cessent d’avoir cours légal. La Banque de France commence à les échanger, ainsi que les bons du Trésor.
mardi 5 juin
A Londres, Churchill rejette les accusations de Charles de Gaulle, qui reproche aux Britanniques de pousser la Syrie dans la guerre civile.
Création officielle de la Commission de contrôle alliée, qui assume au nom des puissances victorieuses le pouvoir gouvernemental suprême en Allemagne.
vendredi 8 juin
Décès au camp de concentration de Terezin, en Tchécoslovaquie, du poète Robert Desnos, à l’âge de 45 ans. Il a succombé à l’épidémie de typhus qui fait des ravages dans le camp.
mardi 12 juin
Suppression de la censure de la presse.
samedi 16 juin
A San Francisco, Georges Bidault propose de porter la cause française en Syrie devant l’Assemblée de l’ONU.
lundi 18 juin
Charles de Gaulle préside sur les Champs-Elysées un défilé des troupes françaises victorieuses. Celui-ci est ouvert par la 2e DB, avec le général Leclerc en tête sur son char Tailly.
Le général de Gaulle remet la croix de Compagnon de la Libération au sultan du Maroc.
mercredi 20 juin
Le régiment Normandie-Niémen atterrit au Bourget. Ses Yak totalisent 273 victoires homologuées.
Démission du préfet de Loire-Inférieure [Loire-Atlantique], Alexandre Vincent, qui reprend sa profession d’avocat.
jeudi 21 juin
Elu en octobre 1944, l’économiste et sociologue André Siegfried est reçu à l’Académie française par le duc de la Force.
vendredi 22 juin
Création de l’ENA (Ecole nationale d’administration).
lundi 25 juin
Des résistants non communistes, dont François Mitterrand, créent l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).
mardi 26 juin
La Charte des Nations unies est ratifiée par 51 pays à la conférence de San Francisco : acte de naissance de l’ONU.
Le célèbre physicien Georges Claude est condamné à la réclusion perpétuelle pour propagande en faveur de l'Allemagne.
Dixième congrès du Parti communiste français.
Les transports aériens et l’Aéropostale sont nationalisés.
mercredi 27 juin
Sorties cinématographiques : Place au rythme (film musical américain réalisé en 1939 par Busby Berkeley d’après la comédie musicale de Rodgers et Hart, créée en 1937, avec Judy Garland, Mickey Rooney, June Preisser et Guy Kibbee).
samedi 30 juin
Ordonnance du gouvernement sur le blocage des prix et la lutte contre le marché noir.
Maurice Thorez clôt le dixième congrès du Parti communiste français. Il propose la fusion des partis communiste et socialiste.
jeudi 5 juillet
Dans le Populaire, Léon Blum rejette l’offre d’unité du PCF.
lundi 9 juillet
De Gaulle propose un référendum sur des institutions différentes de celles de la troisième République.
Signature à Londres d’un accord sur le contrôle allié de l’Autriche : la ville de Vienne et le territoire national autrichien sont chacun divisés en quatre zones d’occupation (américaine, britannique, soviétique et française).
mardi 10 juillet
Les troupes d’occupation françaises pénètrent en Sarre pour remplacer les forces américaines, qui cèdent la place en se retirant.
mercredi 11 juillet
Le Commandement allié se réunit pour la première fois à Berlin. Il exerce le contrôle d’une ville divisée en quatre secteurs, trois à l’ouest et un à l’est.
Ouverture des états généraux de la renaissance française.
Paul Ferdonnet, le « traître de Radio Stuttgart », est condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi.
Sortie du film américain Autant en emporte le vent à Paris.
Dans la nuit, des grêlons d'un kilo se seraient abattus sur Souillac, dans le Lot.
vendredi 13 juillet
L’éditeur Robert Denoël comparaît en justice à Paris, pour fait de collaboration.
samedi 14 juillet
Le général Jean de Lattre de Tassigny ouvre le défilé de la victoire. A la tribune, le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire.
Le CNR clôt les états généraux de la Renaissance. Les résolutions prises marquent la prépondérance du PCF.
vendredi 20 juillet
Décès à Paris de l’écrivain et académicien Paul Valéry, à l’âge de 84 ans.
samedi 21 juillet
En visite à Brest, ville ruinée, le général de Gaulle salue le courage des habitants devant une foule délirante de joie.
Dans un discours à Waziers, Maurice Thorez appelle les ouvriers à s’engager dans la « bataille de la production ».
dimanche 22 juillet
Le général de Gaule est en visite à la base sous-marine de Lorient, puis à Quimper (accueilli par le maire Hervé Marchand).
lundi 23 juillet
Ouverture du procès du maréchal Pétain, 89 ans, devant la Haute Cour de Justice de Paris.
mercredi 25 juillet
A la demande de De Gaulle, Paul Valéry bénéficie d’obsèques nationales.
Une discussion au sommet fixe le Rhin (seulement jusqu’à hauteur de Kaub, en Hesse) comme frontière entre les zones d’occupation françaises et américaines en Allemagne.
lundi 30 juillet
Créé le 5 juin, le Conseil de contrôle allié pour l’Allemagne tient sa réunion inaugurale au siège américain de Berlin-Dahlem. Il est décidé qu’une session plénière doit avoir lieu tous les dix jours.
lundi 30 ou mardi 31 juillet
Le chef d'Etat espagnol Franco livre Pierre Laval aux Américains.
en juillet
Les Alliés décident à Potsdam que le nord de l'Indochine serait occupé par les troupes chinoises et le sud par les troupes britanniques.
Le général Jean de Lattre de Tassigny est nommé inspecteur général de l’armée. De son côté, le général Pierre Koenig devient commandant en chef des troupes françaises en Allemagne.
mercredi 1er août
A son arrivée au Bourget, Pierre Laval est emmené sous haute protection à la prison de Fresnes.
Publication chez Gallimard du roman de Simone de Beauvoir Le Sang des autres. L’histoire se déroule sous l’Occupation avec le choix difficile de la résistance ou de la collaboration (l’œuvre sera adaptée au cinéma en 1984 par Claude Chabrol).
jeudi 3 août
L’Assemblée consultative tient sa dernière séance.
Le gouvernement regrette de ne pas avoir été associé aux travaux de Potsdam, mais accepte de participer à la future conférence de Londres.
Sabordé en 1942, le cuirassé Strasbourg est remis à flot à Toulon.
du jeudi 3 au vendredi 4 août
L’audition surprise de Pierre Laval au procès de Pétain met la salle en ébullition.
vendredi 4 août
Condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi, Paul Ferdonnet, le « traître de Radio Stuttgart », est fusillé au fort de Montrouge. Il avait 44 ans.
mardi 7 août
Le droit de vote est accordé aux militaires.
mercredi 8 août
Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Union soviétique ont signé la Charte de Londres, un document annexe à l’Accord de Londres qui fixe « la constitution, la juridiction et les fonctions » du Tribunal militaire international chargé de juger les grands criminels de guerre (procès de Nuremberg).
Publication à Baden-Baden du premier journal sous licence à paraître dans la zone d’occupation française en Allemagne, le Badener Tagblatt [Badisches Tagblatt à partir de 1951].
samedi 11 août
Ouverture du Congrès national du Parti socialiste SFIO, à Paris.
mardi 14 août
Capitulation du Japon.
mercredi 15 août
Clôture à 4 h 15 du matin du procès du maréchal Pétain. La Haute Cour de justice suit les réquisitions du procureur général André Mornet et déclare le chef de la France de Vichy coupable d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison : il est condamné à la peine de mort, l'indignité nationale et la confiscation de ses biens. En raison de son grand âge, la peine capitale est assortie du vœu de non-exécution. A la fin du procès, il est dépouillé de son uniforme avant d’être incarcéré.
Clôture du Congrès national du Parti socialiste SFIO. Léon Blum souligne la dimension humaniste de l'idéal socialiste.
Création de l’Association des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR).
jeudi 16 août
Henri de Mauduit succède à André Latrille comme gouverneur de la Côte-d’Ivoire.
vendredi 17 août
Charles de Gaulle commue la sentence de mort du maréchal Pétain en emprisonnement à vie.
Le droit de vote est accordé aux militaires.
dimanche 19 août
Le Viêtminh occupe Hanoï. L'empereur indochinois Bao Dai abdique sous la pression du gouvernement démocratique du Viêt-Nam, présidé par Hô Chi Minh.
samedi 25 août
Lancé en 1940, le cuirassé Jean-Bart regagne péniblement Cherbourg. Lors du débarquement américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), il avait été gravement endommagé et avait fini échoué dans le port de Casablanca.
lundi 27 août
Le général Charles de Gaulle est accueilli de façon grandiose à New York : les habitants organisent en son honneur une grande ticker-tape parade.
mardi 28 août
Création du carnet à souche pour la prescription des stupéfiants (remplacé en 1999 par les ordonnances sécurisées).
Le peintre Jean Dubuffet baptise « art brut » sa collection artistique, qui comprend à la fois l’art des « fous » et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés.
mercredi 29 août
Charles de Gaulle s’entretient à Ottawa avec Mackenzie King, le Premier ministre canadien.
Décès de l’évêque de Strasbourg Mgr Charles Ruch. Agé de 71 ans, il était à la tête de ce diocèse alsacien depuis 1919.
Grâce à une conduite exemplaire en prison, Violette Nozière, est libérée. Elle avait été condamnée à mort en 1934 pour le meurtre de son père (peine commuée en prison à perpétuité puis à 12 ans de travaux forcés en 1942).
Sortie du film Bifur 3, comédie Maurice Cam, avec René Dary, Raymond Aimos, Martine Carol et Maurice Escande.
dimanche 2 septembre
Le général Leclerc est le représentant français lors de la signature de la capitulation sans condition des japonais sur le cuirassé Missouri en rade de Tokyo. Leclerc est nommé commandant en chef des forces d'Extrême-Orient.
Hô Chi Minh proclame en Indochine l’indépendance de la République démocratique du Viêtnam.
mardi 4 septembre
Plusieurs artistes, accusés de collaboration, sont mis à l'index par le Front national des arts, dont Derain, Despiau, Dunoyer de Segonzac, Friesz, Oudot, Vlaminck, etc.
Sortie du film Le Père Serge, adaptation d’une nouvelle de Tolstoï réalisée par Lucien Ganier-Raymond, avec Jacques Dumesnil, Mila Parély, Ariane Borg, Marcel Herrand et Louis Salou.
mercredi 5 septembre
Le CCN officialise la « dyarchie » Jouhaux-Frachon à la tête de la CGT.
Sortie du film La Cage aux rossignols, de Jean Dréville, avec Noël-Noël, Micheline Francey, Roger Krebs et les Petits Chanteurs à la croix de bois.
vendredi 7 septembre
Parution du premier numéro du quotidien Le Dauphiné libéré sort son premier numéro.
lundi 10 septembre
Paul Touvier, chef de la milice de Lyon, est condamné à mort par contumace.
mardi 11 septembre
Constitution du Conseil allié des quatre puissances occupantes de l’Autriche.
Evêque d’Arras depuis 15 ans, Henri-Edouard Dutoit (72 ans) se retire.
samedi 15 septembre
L’homme politique André Tardieu est décédé à Menton. Agé de 68 ans, il avait été président du Conseil de centre droit à trois reprises (1929-1930, 1930 et 1932). « L’ermite de Menton » était paralysé et affaibli intellectuellement depuis une attaque cérébrale survenue en 1939.
jeudi 20 septembre
Sixième session à Berlin du Conseil de contrôle allié en Allemagne : il est décidé d’une politique commune d’égalité de traitement de tous les Allemands (dans toutes les zones ou secteurs). Les lois et autres règlements doivent être rendues également accessibles à tous.
samedi 22 septembre
Le paquebot Ile-de-France, lancé en 1926 et converti pendant la guerre en transport de troupes, est remis à disposition de la France à Southampton.
dimanche 23 septembre
Premier tour des élections cantonales.
mardi 25 septembre
Massacre d’Européens dans la banlieue nord de Saigon : un groupe de Viêtnamiens armés a attaqué le quartier de Héraud, où, durant plusieurs heures, une centaine de civils, hommes et femmes, ont été tués, mutilés, violés…
mercredi 26 septembre
La première de la pièce d’Albert Camus, Caligula, a lieu à Paris, avec Gérard Philippe dans le rôle principal.
dimanche 30 septembre
Second tour des élections cantonales.
lundi 1er octobre
200 000 prisonniers allemands inaptes internés en France sont récupérés par les Américains.
Par décret, le résistant Jean Moulin, mort en 1943, est fait officier de la Légion d’honneur à titre posthume.
Après la restitution par les Américains de l’émetteur de la tour Eiffel, les émissions régulières de télévision reprennent.
mardi 2 octobre
A l’issue de la conférence interalliée sur les traités de paix, à Londres, les cinq Grands se séparent sans avoir trouvé d’accord. Pour de Gaulle, les débats ont été « aussi vains pour le présent qu’inquiétants pour l’avenir ».
mercredi 3 octobre
Arrestation à Milan (Italie) de l'ancien ministre pétainiste de l'Intérieur et chef de la Milice Joseph Darnand.
Création à Paris de la fédération syndicale mondiale, la FSM, proche de Moscou.
Sorties cinématographiques : Marie la Misère (drame de Jacques de Baroncelli, avec Madeleine Sologne, Pierre Renoir et Paul Meurisse), L’Extravagante Mission (comédie d’Henri Calef, avec Henri Guisol, Mona Goya, Martine Carol et Jean Tissier).
jeudi 4 octobre
Ouverture du procès de Laval.
Ordonnance instituant le régime retraite, basé sur le système de la répartition : les contributions versées par les salariés au cours d’une année sont utilisées pour payer les pensions des retraités servies la même année.
jeudi 4 et vendredi 19 octobre
Ordonnances posant les principes généraux du plan de sécurité sociale au profit des travailleurs et de leur famille.
vendredi 5 octobre
Le général Leclerc arrive à Saigon, suivi d'unités françaises qui vont relever les Britanniques en Cochinchine (Indochine du Sud).
dimanche 7 octobre
Se rendant de Londres au Caire, un avion britannique Short Stirling IV de la RAF s’écrase à Rennes (Bretagne) : les 6 membres d’équipage et 20 passagers sont tués.
mardi 9 octobre
Pierre Laval est condamné à mort.
Création de l'Ecole Nationale d'Administration.
Première du film Untel père et fils, drame de Julien Duvivier, avec Raimu, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Suzy Prim et Renée Devilliers. Tourné durant la « drôle de guerre » en 1940, ce film de propagande anti-nazie avait été projeté pour la première fois en 1943, à New York.
mercredi 10 octobre
L’ancien chef de la Milice Joseph Darnand est condamné à mort par la Haute Cour ; il est exécuté au fort de Châtillon.
En voyage officiel en Belgique, Charles de Gaulle rend visite à la reine Elisabeth.
jeudi 11 octobre
Exécution du collaborateur Jean Hérold-Paquis.
vendredi 12 octobre
Présentation au Théâtre des Champs-Elysées du ballet Jeu de cartes, d’Igor Stravinsky, dans une chorégraphie de J. Charrat. Jean Babilée joue le rôle du Joker.
dimanche 14 octobre
Cherbourg est rendue à la France par les Américains.
Pour la première fois en dix confrontations, l’équipe belge de basket-ball a battu la France (42-30).
lundi 15 octobre
Pierre Laval tente de s'empoisonner le matin de son exécution ; ranimé par les médecins, il est fusillé à Fresnes, à l'âge de soixante-deux ans.
La revue de Jean-Paul Sartre, les Temps modernes, sort son premier numéro.
mardi 16 octobre
Inauguration du plus grand barrage d'Europe, sur la Dordogne.
jeudi 18 octobre
Le GRPF institue le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) sur proposition de Frédéric Joliot-Curie et de Raoul Dautry.
Ordonnance libéralisant l’accès à la nationalité.
vendredi 19 octobre
Sortie du film Le Jugement dernier, de René Chanas, avec Raymond Bussières, Jean Davy, Jean Desailly, Michèle Martin et Louis Seigner.
dimanche 21 octobre
Référendum rejetant la Constitution de 1875 et maintenant un gouvernement provisoire. Elections d'une Assemblée qui, du fait de ce rejet, est une Assemblée constituante : le Parti communiste de Maurice Thorez arrive en tête avec 26,23 % des voix et 159 députés (+ 87). Suivent le MRP de Maurice Schumann (23,91 % et 150 sièges, + 150), la SFIO de Guy Mollet (23,45 % et 146 s., - 3), le PRL de Michel Clemenceau (15,67 % et 53 s., - 169) et le Parti radical d’Edouard Herriot (10,54 % et 71 s., - 42). La participation a été 77,8 % (- 6,5).
mercredi 24 octobre
Funérailles de Robert Desnos en l’église parisienne de Saint-Germain-des-Prés. L’urne funéraire est ensuite déposée dans le caveau familial du cimetière de Montparnasse.
lundi 29 octobre
Dans le sud de l’Indochine, les Français de Leclerc enlèvent au Viêtminh la ville de Vinh Long, située dans le delta du Mékong.
mercredi 31 octobre
Sorties cinématographiques : La Vie de Thomas Edison (drame biographique américain réalisé en 1940 par Clarence Brown, avec Spencer Tracy, Rita Johnson, Lynne Overman, Charles Coburn, Gene Lockhart et Henry Travers).
jeudi 1er novembre
Suppression de la carte de rationnement de pain.
vendredi 2 novembre
Loi constitutionnelle sur l’organisation des pouvoirs publics.
Vote de l’ordonnance sur l’entrée et le séjour des étrangers en France. Création de l'ONI (Office National d’Immigration) qui donne à l’Etat le monopole de l’introduction de la main d’œuvre étrangère dans le pays. Trois cartes de séjour sont instaurées (un, trois et dix ans) ; l’immigration des familles, souhaitée dans une optique démographique, est favorisée.
Ordonnance créant les centres de Protection maternelle et infantile (PMI).
samedi 3 novembre
Louis-Sylvain Robin (48 ans) est nommé évêque de Blois ; Victor Perrin (51 ans) évêque d’Arras ; Maurice Rousseau (52 ans) évêque de Mende.
lundi 5 novembre
Le gouvernement accorde l’autonomie administrative au Cambodge.
mardi 6 novembre
Première séance de l’Assemblée nationale constituante.
vendredi 9 novembre
Ouverture de la Conférence de Paris sur les réparations imposées par les Alliés à l'Allemagne.
Naissance du dernier prototype de la 4CV chez Renault.
dimanche 11 novembre
De Gaulle préside à Paris les cérémonies de l’Armistice. 15 cercueils, provenant de tous les champs de bataille, entourent le Soldat inconnu.
mardi 13 novembre
Le général de Gaulle est élu président du gouvernement provisoire par l’Assemblée constituante, à l’unanimité des 555 votants.
Création à Paris de l’UNESCO.
mercredi 14 novembre
Le réalisateur Abel Gance rentrant d’Espagne, la revue Paris-Cinéma met en garde : « Commanditaires, fermez vos coffres-forts » !
Sorties cinématographiques : L’Etrangère (mélodrame américain réalisé en 1940 par Anatole Litvak d’après le roman de Rachel Field, avec Bette Davis, Charles Boyer et Barbara O’Neil).
jeudi 15 novembre
Le maréchal Pétain est interné à l'île d'Yeu.
samedi 17 novembre
Dernière exécution d’un condamné à mort dans le Finistère : le docker Joseph Eliès a été fusillé à Quimper, au champ de tir d’Ergué-Armel, sur le Frugy. L’habituelle guillotine ne pouvait être transportée à Quimper. Eliès avait tué à la hache une jeune épicière qui l’avait surpris à voler.
dimanche 18 novembre
Une ordonnance crée la Haute Cour de justice.
mardi 20 novembre
Début du procès de Nuremberg, chargé de juger les criminels nazis.
Dénoncée par Hitler en 1936, la Commission centrale pour la navigation du Rhin reprend ses travaux, avec des délégations françaises, suisses, néerlandaises, belges, américaines et britanniques (l’Allemagne de l’Ouest la rejoindra en 1950, tandis que les Etats-Unis se retireront en 1961 et le Royaume-Uni en 1993).
mercredi 21 novembre
Ministère de Gaulle investi à l'unanimité des 555 députés. Ce gouvernement comprend 5 ministres communistes sur 20 : Maurice Thorez ministre d'Etat, Tillon à l'Armement, Billoux à l'Economie nationale, Marcel Paul à la Production industrielle, et Croizat au Travail.
Apparition dans les kiosques du journal Elle, fondé par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair.
samedi 22 novembre
Sortie du film Naïs, drame de Marcel Pagnol et Raymond Leboursier, d'après Naïs Micoulin d’Emile Zola, avec Fernandel, Jacqueline Bouvier (Pagnol), Raymond Pellegrin, Henri Poupon et Germaine Kerjean.
dimanche 2 décembre
De Gaulle nationalise le Crédit, la Banque de France et quatre grandes banques de dépôts : Crédit Lyonnais, le Comptoir National d'escompte, la Société Générale, la Banque National du Commerce et de l'Industrie. La loi bancaire sépare désormais nettement les banques de dépôts des banques d'affaires et encadre de près la distribution du crédit.
mercredi 5 décembre
Le gouvernement français refuse la création, préconisée par les Etats-Unis, d'un gouvernement central allemand.
Sortie du film Sortilèges, drame de Christian-Jaque, d'après le roman Le Cavalier de Riouclare de Claude Boncompain, avec Madeleine Robinson, Fernand Ledoux, Lucien Coëdel et Roger Pigaut. Le jeune Michel Piccoli (20 ans) y apparaît dans son tout premier rôle au cinéma.
jeudi 6 décembre
Match amical de football : au stade du Prater de Vienne, l’Autriche a battu la France quatre buts (Decker 3, Neumer) à un (Bongiorni), devant 55 000 spectateurs.
vendredi 7 décembre
Création, lors de la conférence de Paris, d'une Agence internationale des réparations allemandes.
mercredi 12 décembre
Jean Guignebert est nommé président du Conseil supérieur de la radiodiffusion.
jeudi 13 décembre
Prenant la parole à l’Assemblée nationale, Marthe Richard, conseillère municipale du 4e arrondissement de Paris (et ancienne prostituée), dépose un projet pour la fermeture des maisons closes : « Il est temps de lutter contre l’exploitation commerciale de la prostitution. Les femmes ne sont pas des esclaves... Supprimons les maisons de tolérance ainsi que la police des mœurs, luttons contre le marché des femmes... » (la capitale française compte 190 bordels qui emploient plus de 1 500 femmes). Sa proposition est votée et le préfet Charles Luizet décide de fermer les maisons de la Seine dans les trois mois. Encouragée, Marthe Richard, bien que vivant avec un proxénète, commence une campagne de presse pour le vote d'une loi généralisant ces mesures.
Le général Fernand Dentz est mort en prison, à l’âge de soixante-trois ans. Ancien haut-commissaire vichyste en Syrie, il avait été condamné mort.
samedi 15 décembre
A Bruxelles, au stade de Molenbeek, l’équipe de Belgique de football bat la France deux buts (Sermon deux fois) à un (Aston), devant 23 576 spectateurs.
mercredi 19 décembre
L’écrivain et académicien Abel Hermant est condamné pour faits de collaboration (il sera gracié et libéré en 1948).
Sorties cinématographiques : Le Livre de la jungle (film d’aventure américain réalisé en 1942 par Zoltan Korda d’après l’œuvre de Rudyard Kipling, avec Sabut, Joseph Calleia, John Qualen et Frank Puglia).
La 52e semaine d’exclusivité à Paris des Enfants du paradis, de Marcel Carné, est célébrée par Pathé-Cinéma.
jeudi 20 décembre
Sortie en France du film américain Lady Hamilton, drame historique réalisé en 1941 par Alexander Korda, avec Vivien Leigh, Laurence Olivier, Alan Mowbray et Sara Allgood.
vendredi 21 décembre
Fin de la Conférence de Paris sur les réparations dues par l’Allemagne.
Création du Commissariat général au plan de modernisation et d’équipement, dont Jean Monnet prend la tête.
samedi 22 décembre
Décret supprimant le « statut de l'indigénat ».
Joseph Laniel, André Mutter, Edouard Frédéric-Dupont et Jules Ramarony fondent le Parti républicain de la Liberté (PRL), de centre-droit.
Création au Théâtre de l’Athénée de la pièce La Folle de Chaillot, satire poétique en deux actes de Jean Giraudoux (mort en janvier 1944), avec Louis Jouvet et Marguerite Moreno. La musique de scène est d'Henri Sauguet et les décors et costumes de Christian Bérard.
Georges Rouquier achève à Goutrens, dans l’Aveyron, le tournage de Farrebique. Il a duré presque un an, pendant lequel des paysans de la région sont devenus les acteurs de ce film relatant une chronique familiale.
lundi 24 décembre
Francis Lopez et Raymond Vinci créent leur première opérette la Belle de Cadix, au théâtre du Casino Montparnasse. Elle apporte la célébrité à un chanteur d’origine espagnole, Luis Mariano. Prévue pour quelques dizaines de représentations, La Belle de Cadix tiendra l’affiche pendant deux ans.
mardi 25 décembre
Création du franc CFA.
mercredi 26 décembre
Le franc est dévalué de 66 %.
Décès de l’évêque d’Amiens Mgr Lucien Martin, à l’âge de 62 ans.
jeudi 27 décembre
Réorganisation de la Haute Cour de justice : Louis Noguères remplace le président Mongibeaux.
Adoptées lors de la Conférence de Bretton Woods (22 juillet 1944), les articles du pacte créant le Fonds monétaire international deviennent effectifs. 23 pays en sont les premiers membres, dont la France.
vendredi 28 décembre
Les cartes de pain, supprimées en novembre, sont rétablies.
samedi 29 décembre
Emeute de la faim à Tours.
lundi 31 décembre
André Philip exige la restriction des crédits militaires.
On compte encore 13 000 internés dans des camps : en grande majorité des civils allemands ; seulement 4 500 sont français.
Durant l’année 1945, un millier de récepteurs de télévision ont été vendus à Paris.
en décembre
Création de la revue Force ouvrière.