dimanche 3 janvier
Thiers, Mignet et Carrel fondent le journal « orléaniste » Le National, soutenu par Talleyrand, Benjamin Constant et le banquier Lafitte.
L’opposition de la Prusse au projet français de partage de l’Empire ottoman entraîne son abandon par les puissances européennes.
mardi 5 janvier
Victor Hugo écrit à Montbel, ministre de l'Intérieur, pour protester contre le censeur Brifaut qui divulgue des extraits d'Hernani.
samedi 9 janvier
Evêque de Rodez depuis 1817, Mgr Charles de Ramond-Lalande (68 ans) est nommé à la tête de l’archevêché de Sens. Pierre Giraud (38 ans) est nommé évêque de Rodez.
mardi 12 janvier
La reine Ranavalona Ire fait savoir qu'elle refuse de ratifier le traité franco-malgache de novembre 1629.
dimanche 17 janvier
Un froid extrême touche l'ensemble de la France : -17,2° à Paris, -10,1° à Marseille, -15° à Toulouse, -19,8° à Dieppe, -23,4° à Strasbourg, -26,3° à Nancy et -28,1° à Mulhouse !
samedi 23 janvier
Guizot est élu député de l'Eure.
mercredi 27 janvier
Le général Vallée est fait pair de France.
jeudi 28 janvier
Première à l’Opéra-Comique de Paris (salle Ventadour) de Fra Diavolo ou l’Hôtellerie de Terracine, opéra-comique en trois actes de Daniel-François-Esprit Auber, sur un livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne. Interprètes : Chollet, Féréol, Prévost, Boulanger.
dimanche 31 janvier
La décision est prise d'envoyer une expédition en Algérie pour punir le dey d'Alger, qui avait frappé le consul français France Deval d'un coup d'éventail en 1827.
lundi 1er février
L'Aumône de Victor Hugo paraît en plaquette chez Périaux à Rouen. Elle est vendue au profit exclusif des ouvriers chômeurs et pauvres de Normandie.
mardi 2 février
Le thermomètre descend jusqu'à -10° à Marseille.
mercredi 3 février
Le sultan ottoman est contraint de signer la convention de Londres qui donne l'indépendance à une Grèce tronquée. Cette conférence de Londres réunissait le Royaume-Uni, la France et la Russie.
L'Aumône de Hugo est publiée dans Le Globe sous le nom de Pour les pauvres ouvriers de Bapaume et de Decauville.
Le thermomètre descend jusqu'à -23,4° à Strasbourg, -25,6° à Epinal, -26,3° à Nancy et -28,1° à Mulhouse. Tous les fleuves et rivières de France sont pris par les glaces. 2 mètres de neige recouvrent la Normandie.
vendredi 5 février
Après avoir été rejeté de Bruxelles, de Prusse et de Hanovre, le polémiste breton Louis-Marie Fontan, condamné à 5 ans de prison en juillet 1829, est de retour en France. Il est aussitôt arrêté et écroué à la prison de Sainte-Pélagie, puis au pénitencier de Poissy (la Révolution le libérera).
dimanche 7 février
Préparatifs de l'expédition contre Alger.
vendredi 12 février
Les censeurs Brifaut et Sauvo signent une note accusant Victor Hugo de n'avoir pas accepté toutes les corrections prescrites pour Hernani.
dimanche 14 février
La Revue de Paris publie Le Vase étrusque, une nouvelle de Prosper Mérimée.
lundi 15 février
Première parution sous sa nouvelle forme du Globe (de Leroux et Dubois, et où Rémusat joue un rôle croissant).
Controverse biologique des crocodiles de Caen : proche du transformisme de Lamarck, le naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a donné à l’Académie des sciences de Paris une conférence sur le différent l’opposant à Georges Cuvier, résolument fixiste, au sujet de l’unité de composition organique.
vendredi 19 février
Formule d’Adolphe Thiers : « le roi de France règne et ne gouverne pas », résumant ainsi la pensée de ceux qui se rallient à une monarchie parlementaire.
samedi 20 février
Le baron Trouvé autorise Victor Hugo à maintenir dans son texte des expressions blâmées.
lundi 22 février
Parution des Poésies de feu Charles Dovalle, avec une lettre-préface de Victor Hugo.
jeudi 25 février
La « Bataille d'Hernani » a lieu dans la soirée. Le Tout-Paris a emplit la salle du Théâtre-Français pour assister à la première de ce drame de Victor Hugo, Hernani. Les romantiques, dont Théophile Gautier, Gérard de Nerval et Honoré de Balzac, sont venus soutenir Hugo contre les tenants du classicisme. La représentation est parsemée de cris d’indignation et d’ovations, mais la victoire reviendra à Hugo, chef de file de l’école romantique en France.
vendredi 26 février
Création d'ateliers pour les ouvriers chômeurs.
A l’exception du Globe et du Journal des débats, la presse n’est pas tendre pour Hugo et ses jeunes romantiques, traités d’obscènes et de républicains : le dramaturge est accusé d’avoir rempli la salle de « bandits ramassés dans les bouges » (Hernani connaîtra toutefois 36 représentations sous les sifflets jusqu’en juin).
dimanche 28 février
Déclenchement de l’une des plus fameuses disputes de l’histoire des sciences entre les naturalistes Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et le baron Georges Cuvier, tous deux ancien collaborateur.
en février
Parution de La Révolution, de J. Fazy et Antony Thouret.
mercredi 3 mars
Ouverture de la session parlementaire : à l’occasion du discours du trône, le roi menace l’opposition et annonce l’intervention militaire contre Alger.
jeudi 4 mars
Le premier steeple-chase hippique est couru en France à Jouy.
Début de la publication d'Hernani en feuilletons dans Le Cabinet de lecture (jusqu'au 4 avril).
mardi 9 mars
Edition originale d'Hernani chez Mame.
mercredi 10 mars
La représentation d’Hernani tourne à la bagarre, obligeant la police à intervenir.
vendredi 12 mars
A la Porte-Saint-Martin, on joue une parodie d'Hernani, sous le titre : N, I, NI, ou le Danger des Castilles, présenté comme étant « un amphigouri romantique en cinq tableaux et en vers ».
du lundi 15 au mardi 16 mars
221 députés libéraux votent une Adresse (contre 181 voix ultras), demandant l'observation de la règle du jeu parlementaire et défiant Charles X, soupçonné de préparer un coup d'Etat.
mardi 16 mars
La majorité des députés, en réponse au discours du trône, réclame la démission des ministres.
Brazier et Carmouche font représenter une autre parodie d’Hernani, au Théâtre de la Gaîté : Oh ! qu’Nenni, ou le Mirliton fatal.
mercredi 17 mars
Fondation de la Société géologique de France.
Décès à Hyères du maréchal de France Laurent, marquis de Gouvion-Saint-Cyr, à l’âge de 66 ans.
jeudi 18 mars
Présentation de l'Adresse au Roi.
vendredi 19 mars
La session de la Chambre est prorogée au 1er septembre.
samedi 20 mars
Banquet donné aux Vendanges de Bourgogne, restaurant du Faubourg Poissonnière. Discours d'Odilon Barrot.
mardi 23 mars
Au Théâtre du Vaudeville, présentation de Hernani, ou la Contrainte par cor, d'Auguste de Lauzanne. Au Théâtre des Variétés, c’est Hernali imitation burlesque du drame du Théâtre-Français qui est joué…
jeudi 25 mars
L’officier (ancien aide de camp de Napoléon), diplomate et historien militaire Philippe Paul, comte de Ségur, est élu à l’Académie française, en remplacement du duc de Lévis.
jeudi 1er avril
Réception de Lamartine à l'Académie française.
samedi 3 avril
Décès à Paris de l’un des anciens directeurs du Directoire de la République française. Elu en 1797 et renversé par le coup d’Etat du 18 fructidor, François Barthélemy était âgé de 82 ans.
mercredi 7 avril
Dans le Feuilleton des journaux politiques, Balzac attaque Hernani.
samedi 10 avril
Mgr Charles de Ramond-Lalande ne sera resté archevêque de Sens que trois mois. Il est décédé à l’âge de 68 ans.
dimanche 11 avril
Dimanche de Pâques.
lundi 12 avril
Après un mois et de demi de représentations bruyantes (sifflets, insultes), la pièce Hernani est pour la première fois écoutée dans le calme : quelques lycées de Paris ont réservé la séance.
lundi 19 avril
Evêque de Meaux depuis dix années, Mgr Jean de Cosnac (66 ans) est nommé archevêque de Sens. Romain Frédéric Gallard (44 ans) est nommé évêque de Meaux.
vendredi 23 avril
Création à l’Opéra-Comique de Paris de Danilowa, un opéra-comique en trois actes d’Adolphe Adam, sur un livret de Jean-Baptiste Charles Vial et Paul Duport.
au printemps
La disette provoque une série d'incendies, en particulier dans l'Ouest (les mendiants menaçant les paysans de brûler leurs chaumières s'ils ne leur fournissent pas du pain), témoignant de la vétusté de l'habitat rural.
Série d'incendies mystérieux dans les régions périphériques du Bassin parisien. Des administrateurs demandent des mesures de police pour éviter des mouvements populaires.
samedi 8 mai
En visite en France, les souverains des Deux-Siciles arrivent à Saint-Cloud.
dimanche 9 mai
Jacques du Pont (38 ans) est nommé évêque de Saint-Dié.
samedi 15 mai
Paris fête les souverains des Deux-Siciles.
dimanche 16 mai
En riposte à l’ « Adresse des 221 », Charles X annonce la dissolution de la Chambre et de nouvelles élections pour les 23 juin et 3 juillet. Opposés à la dissolution, les ministres Chabrol et Courvoisier démissionnent, remplacés par Chantelauze (Justice) et Montbel (Finances) : le ministère Polignac prend une teinte réactionnaire encore plus marquée.
mardi 18 mai
A l’issue de difficiles négociations, Méhémet Ali confirme officiellement le don à la France des deux obélisques du temple de Louksor, pour rendre hommage à Champollion. Ce dernier décide de n’en prendre qu’un seul (il sera dressé place de la Concorde en 1836).
mercredi 19 mai
Le comte de Peyronnet est nommé ministre de l'Intérieur.
mardi 25 mai
Départ de Toulon du corps expéditionnaire français contre Alger. Il comprend 37 577 hommes répartis en trois divisions (Loverdo, Berthezène et le duc des Cars) et 27 000 marins, à bord de 103 bâtiments de guerre et 572 navires de commerce. Commandant en chef : le maréchal Louis de Bourmont, ministre de la Guerre. La flotte est sous les ordres de l’amiral Duperré.
Le poète Alphonse de Lamartine publie les Harmonies poétiques et religieuses.
jeudi 27 mai
Création à l’Opéra-Comique de Paris d’Attendre et courir, un opéra comique de Jacques Fromental Halévy.
du jeudi 27 au vendredi 28 mai
Un fort coup de vent disperse la flotte française envoyée contre l’Algérie.
lundi 31 mai
Le duc d'Orléans donne une réception en l'honneur du roi de Naples, son beau-frère. Charles X y est présent. M. de Salvandy (futur ambassadeur en Espagne), en passant à côté du duc, s'adresse au futur Louis-Philippe, pressentant la révolution de juillet, « Monseigneur, ceci est une fête toute napolitaine; nous dansons sur un volcan ».
jeudi 3 juin
Une partie du corps expéditionnaire français fait escale dans le port espagnol de Palma de Majorque, aux Baléares.
samedi 5 juin
L'éditeur Gosselin impose à Victor Hugo un nouveau contrat, draconien, pour finir Notre-Dame de Paris.
jeudi 10 juin
La flotte française quitte Palma pour rejoindre l’Algérie.
vendredi 11 juin
Le général Guillaume Dode de la Brunerie est nommé inspecteur général du génie.
du dimanche 13 au lundi 14 juin
Le corps expéditionnaire français en Algérie débarque dans la presqu’île de Sidi Ferruch [aujourd'hui Sidi Fredj] à 25 kilomètres à l’ouest d’Alger, afin de prendre à revers la puissante forteresse algéroise. Les Français ne rencontrent que peu de résistance : 32 hommes sont tués ou blessés. Hussein Dey rassemble son armée (entre 25 000 et 30 000 hommes mal préparés, dont 3 000 janissaires) et demande l’aide des beys d’Oran, Constantine et Titteri.
samedi 19 juin
Bataille de Staouëli : l’agha Ibrahim, gendre de l’émir Hussein, est repoussé en attaquant les positions françaises. Les vainqueurs s’emparent de l’artillerie turque et de campement des vaincus.
mercredi 23 juin
Début des élections, étalées jusqu'au 19 juillet.
jeudi 24 juin
Début de la bataille de Sidi Khalef. Bourmont se contente d’abord de repousser les assauts algérois dans l’attente de son artillerie.
samedi 26 juin
Une tempête met en grande difficulté la flotte française.
dimanche 27 juin
Décès de l’évêque de Beauvais Mgr François Feutrier, à l’âge de 45 ans.
lundi 28 juin
Les Français remportent la bataille de Sidi Khalef.
Le tronçon de 16 kilomètres de la ligne de chemin de fer Givors-Grand-Croix est ouvert au public.
mardi 29 juin
Les troupes françaises parviennent devant le Fort de l’Empereur, clé de la défense d’Alger au sud. Les ingénieurs entreprennent aussitôt le siège.
Elu en mars dernier, l’officier et historien Philippe Paul, comte de Ségur, est reçu à l’Académie française par Arnault.
jeudi 1er et samedi 3 juillet
Les batteries de mer défendant Alger sont bombardées par la flotte française.
dimanche 4 juillet
Début à quatre heures du matin des tirs de l’artillerie française du général de La Hitte contre le Fort de l’Empereur. A 10 heures du matin, les défenses se taisent et les Turcs abandonnent le site après avoir sauter la grosse tour. De cette place, les Français menacent désormais directement la Casbah d’Alger.
lundi 5 juillet
Suite à la perte du Fort de l’Empereur, le dey Hussein est contraint de signer la capitulation d’Alger à El Biar (Djenane Raïs-Hamidou, 17, rue Lamari Ali). Les troupes européennes entrent dans la ville. En 20 jours, l’expédition a coûté la vie 415 Français (dont l’un des quatre fils du maréchal de Bourmont, Amédée) et fait 2 160 blessés. Les pertes algéroises sont estimées entre 600 et 1 500 morts).
L’archevêque de Besançon Louis de Rohan-Chabot (42 ans) est élevé à la dignité de cardinal.
vendredi 9 juillet
La nouvelle de la prise d'Alger arrive en France.
lundi 12 juillet
Ajournement des élections dans 20 départements, dont la Seine.
mercredi 14 juillet
Le général Bourmont est fait maréchal de France. Il est le premier de la série des maréchaux « africains ».
jeudi 15 juillet
Le dey d’Alger Hussein refuse la proposition du Bey de Constantine de l'accueillir pour poursuivre la lutte dans les montagnes du Beylicat de l'Est. Il part en exil et s’embarque avec sa famille à destination de l’Italie (avant de rejoindre l’Egypte).
samedi 17 juillet
Installé dans un faubourg de Saint-Etienne, Barthélémy Thimmonier fait breveter la première machine à coudre, conçue avec l’ingénieur des mines Auguste Ferrand.
lundi 19 juillet
Fin des élections : la majorité libérale s'accroît de 53 voix. 274 à l'opposition et 145 au ministère Polignac. Echec grave pour Charles X.
jeudi 22 juillet
Dernière exécution sur la place de l’Hôtel de ville à Paris : Jean-Pierre Martin avait été condamné à mort pour vol et assassinat.
dimanche 25 juillet
Se fondant sur l'article 14 de la Charte, Charles X et le prince de Polignac signent les quatre ordonnances de Saint-Cloud (qui amèneront à la Révolution de Juillet) : la première suspend la liberté de presse et soumet les journaux à l'autorisation préalable ; la deuxième prononce la dissolution de la Chambre ; la troisième réforme le système électoral en favorisant les plus riches électeurs ; la quatrième convoque les collèges électoraux pour le 13 septembre.
Victor Hugo entame la rédaction de Notre Dame de Paris.
lundi 26 juillet
Les quatre ordonnances paraissent au Moniteur officiel. Des protestations se font entendre venant des milieux étudiants et du monde de l'imprimerie et du journalisme touché de plein fouet par le rétablissement de la censure. A la Bourse, la rente baisse de 4 francs. Les parlementaires se réunissent, et constatant leur faible nombre (pour cause de vacances parlementaires), décident de reporter leur réunion au lendemain chez Casimir Perier, l'un des chefs libéraux. 44 journalistes, assemblés au siège du journal Le National, rédigent et signent une protestation contre les ordonnances, idée de Thiers. Armand Carrel, rédacteur au National, écrit : « La France retombe en révolution par le fait même du pouvoir ». Ouvriers de l'imprimerie et étudiants forment les premiers attroupements aux alentours du Palais-Royal. Des journaux décident de paraître le lendemain malgré les ordonnances et un arrêté du préfet de police.
Création au Théâtre parisien des Nouveautés des Trois Catherine, un opéra-comique en trois actes d’Adolphe Adam, sur un livret de Guillaume Edouard Monnais et Paul Duport, avec Casimir Gide.
mardi 27 juillet
Début des « Trois Glorieuses » : la protestation de la veille devient insurrection. Plusieurs journaux dont Le National, Le Temps, Le Globe paraissent et publient la protestation des journalistes. Le préfet de police fait démonter leurs presses et lance des mandats contre les journalistes. Des étudiants armés rejoignent la rive droite où des ouvriers se rassemblent plus nombreux autour du Palais-Royal et de la place Vendôme, puis dans les faubourgs. Les premiers coups de feu sont tirés et, dans l'après-midi, un premier insurgé est tué. Des barricades sont ébauchées, des armureries pillées. Charles X décide de confier le commandement des troupes au maréchal Marmont, duc de Raguse (celui qui a trahi Napoléon Ier en 1814) ; mais ses troupes sont mal organisées, mal ravitaillées et mal reliées entre elles (deux compagnies passent aux émeutiers (5e de ligne). Quant à la réunion des députés chez Casimir Perier, elle aboutit à la décision de rédiger une protestation, travail confié à Guizot qui adopte un profil très prudent. D'autres réunions ont lieu au siège de La Tribune et du Globe : mais partout les avis divergent. Les républicains - Cavaignac, Bastide, Guinard, membres de « Aide-toi, le ciel d'aidera » - poussent à l'action.
mercredi 28 juillet
Paris est en état d'insurrection. Etudiants, artisans, vieux soldats des armées impériales, gardes nationaux se retrouvent côte à côte sur les barricades qui se multiplient dans le Paris populaire. Les polytechniciens sortis de leur école en faisant le mur jouent volontiers le rôle de généraux de cette armée d'insurgés. On pille les postes de garde, on fabrique des balles, on chante La Marseillaise. Le drapeau tricolore apparaît sur les tours de Notre-Dame. Les cris dominants sont ceux de « A bas les Bourbons ! » et de « Vive la Charte ! ». L'Hôtel de ville est pris après des combats acharnés : on compte 800 morts et 4 500 blessés du côté des insurgés, 200 morts et 800 blessés de celui de l'armée. Les premières défections de troupe se produisent. Marmont, conscient d'être confronté à une véritable révolution, décide de former quatre colonnes pour reprendre les quartiers insurgés. Les soldats progressent dans d'étroites rues, recevant une grêle d'objets divers. Ils sont ramenés autour du Louvre et des Tuileries, que Marmont reçoit l'ordre de tenir à 17 heures. Réunis chez Bérard, en présence de La Fayette et de Laffitte, les députés envoient une délégation auprès de Marmont : ils lui proposent l'arrêt des combats en échange du retrait des ordonnances et du remplacement du ministère, ce à quoi refuse Charles X. Une seconde réunion tenue chez Audry de Puyraveau témoigne de l'indécision persistance des Parlementaires.
nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juillet
Marmont se fait bloquer par les barricades aux Tuileries.
jeudi 29 juillet
Plusieurs centaines de barricades sont dressées dans Paris. Les insurgés visent maintenant le contrôle de deux objectifs stratégiques et symboliques qui marqueraient leur victoire définitive : le Louvre et les Tuileries. Les jeunes républicains sont en première ligne dans ces combats. A 13 h, les insurgés prennent le Louvre ; débâcle des troupes de Marmont sur les Champs-Elysées, puis elles passent la barrière de l'Etoile ; à 13 h 30, le duc d'Angoulême est nommé commandant en chef : il évacue Paris. Sur la rive gauche, la jeunesse des Ecoles forme plusieurs colonnes qui s'emparent du Palais-Bourbon et de la caserne des Suisses, située rue de Babylone. Ce combat coûte la vie plusieurs étudiants et polytechniciens dont Vanneau. Le gouvernement se replie sur Saint-Cloud, où se trouve depuis le début le roi. Les députés, réunis chez Laffitte, tentent d'éviter que les républicains s'emparent d'un pouvoir vacant : ils nomment La Fayette chef de la garde nationale et le général Gérard chef des troupes de ligne. Une commission municipale est formée (Laffitte, Casimir Perier, Audry de Puyraveau, Schonen, Mauguin et le général Mouton) qui s'installe à l'Hôtel de ville ; à 15 heures, le duc de Mortemart, un modéré, est nommé Premier ministre. Charles X se résout à sa nomination et au retrait des ordonnances. Mais, la Commission municipale, qui se considère comme le véritable gouvernement provisoire, et les députés écartent cette possibilité. Bilan de la révolution : 800 tués et 4 000 blessés du côté des insurgés (les deux tiers des victimes sont des artisans ; beaucoup d'étudiants aussi) ; 200 tués et 800 blessés du côté des troupes.
vendredi 30 juillet
A 6 h du matin, retrait des Ordonnances ; à 8 h, Thiers et Mignet font placarder un manifeste orléaniste : apologie du duc d'Orléans (« un prince dévoué à la cause de la révolution », qui était à Jemmapes, a « porté au feu les couleurs tricolores ») et vigoureuse attaque de Charles X (qui « a fait couler le sang du peuple ») et de la République (« qui nous exposerait à d'affreuses divisions » et « nous brouillerait avec l'Europe »). Réunis au Palais-Bourbon, les députés proposent la lieutenance-générale du royaume au duc d'Orléans qui accepter leur proposition. Les républicains élaborent un programme qu'ils veulent soumettre à La Fayette. Mais il refuse de les suivre. Chateaubriand rompt avec les Orléanistes dans un célèbre discours à la chambre des Pairs. Les insurgés manquant de poudre, Alexandre Dumas se propose pour en chercher à la poudrière de Soissons. Le préfet de police de Paris Claude Mangin est remplacé par Nicolas Bavoux.
Journée sanglante à Nantes : dix habitants qui manifestaient contre une réforme du Collège électoral ont été tués place Louis-XVI. Les ouvriers des usines de la ville ont participé en grand nombre à ces émeutes.
Création de la Société des Amis du Peuple (SAP).
nuit du vendredi 30 au samedi 31 juillet
Charles X quitte Saint-Cloud pour le Trianon.
samedi 31 juillet
A 11 heures, La Fayette accompagne Louis Philippe, duc d'Orléans, à l'Hôtel de ville au milieu d'une foule hésitante, voire hostile à ce membre de la famille des Bourbons. C'est La Fayette qui fait pencher la balance en s'enroulant avec le duc dans un drapeau tricolore, tout en lui portant l'accolade, sur le balcon de la maison municipale. « La Charte sera désormais une vérité », proclame le duc d'Orléans. C'est la défaite du nombre : c'est l'absence d'un vaste soutien de ce peuple dont ils veulent l'émancipation qui ferme les portes du pouvoir aux républicains. Dans l'après-midi, une proclamation concordante de 86 députés répond à celle du duc d'Orléans.
nuit du samedi 31 juillet au dimanche 1er août
Charles X arrive au château de Rambouillet.
dimanche 1er août
Charles X, replié à Rambouillet, nomme officiellement le duc d'Orléans lieutenant-général du royaume. Louis-Philippe prend une ordonnance reprenant le drapeau tricolore de 1794 et désigne des commissaires provisoires aux différents départements ministériels, en reprenant à peu de choses près les nominations faites par la commission municipale ; Nicolas Bavoux ne sera resté préfet de police de Paris que deux jours ; il est remplacé par Amédée Girod de l’Ain. Une autre ordonnance convoque les chambres pour le 3 août. A 9 h du matin, Alexandre Dumas apporte « triomphalement » 3 000 livres de poudre à La Fayette.
dimanche 1er ou lundi 2 août
Le duc d'Orléans forme un gouvernement : Gérard à la Guerre, Dupont de l'Eure à la Justice, l’historien François Guizot à l'Intérieur, le baron Louis aux Finances.
lundi 2 août
Ultime manœuvre de Charles X qui abdique en faveur de son fils le duc d'Angoulême (Louis XIX). Ce dernier, impressionné par le maréchal Maison (orléaniste qui lui a signalé une offensive de 100 000 Parisiens), abdique aussitôt en faveur de son neveu, le duc de Bordeaux (Henri V), âgé de 9 ans. Charles X nomme le duc d'Orléans régent, mais celui-ci ne donne pas suite à cette demande. L'armée royale (12 832 hommes) se replie. Louis-Philippe envoie à Rambouillet quatre commissaires - Odilon Barrot, le maréchal Maison, Augustin de Schonen et le duc de Coigny - chargés de négocier les conditions du départ de Charles X et de sa famille vers l'exil.
mardi 3 août
Commandés par le général Pajol et le colonel Jacqueminot, une expédition de 10 000 à 20 000 volontaires de la Garde nationale part de Paris pour Rambouillet afin de contraindre Charles X à quitter la France. ce dernier part aussitôt pour Cherbourg. A 1 h de l’après-midi, le duc d'Orléans, accompagné de son deuxième fils, le duc de Nemours, parait devant les Chambre réunies - 240 députés et 60 pairs - : il annonce son programme et les réformes de la Charte qu'il souhaite ((organisation de la Garde nationale, application du principe du jugement par jury aux délits de presse, formation des administrations départementales et municipales, interprétation de l'article 14 de la Charte, fondement des ordonnances du 26 juillet). Les parlementaires se mettent au travail, sous la pression des manifestations républicaines. Dans la soirée, plusieurs députés mécontents se retrouvent chez Jacques Laffitte et décident d'en finir avec les Bourbons de la branche aînée en établissant clairement une nouvelle dynastie. Une proclamation est rédigée par Louis Bérard qui propose de conférer la couronne au duc d'Orléans à la condition qu'il entreprenne une révision de la Charte fondée sur les principes mentionnés dans son discours d'ouverture de la session parlementaire, complétés par plusieurs autres : responsabilité des ministres et des agents secondaires de l'administration, statut légal des militaires, réélection des députés promus à des fonctions publiques, égalité des cultes devant la loi, interdiction des troupes étrangères dans l'armée nationale, abolition de la noblesse, initiative des lois accordée aux Chambres, suppression du double vote, abaissement de l'âge et du cens électoral, reconstitution totale de la pairie.
Louis-Philippe accorde, sur sa cassette personnelle, une pension de 1 500 francs à l'auteur de La Marseillaise, Rouget de Lisle ; il accorde des sous-lieutenances à tous les élèves de l'École polytechnique qui ont pris part aux Trois Glorieuses et des décorations aux étudiants des facultés de droit et de médecine qui se sont distingués pendant l'insurrection ; de manière plus polémique, il nomme le baron Pasquier à la présidence de la Chambre des pairs, accorde au duc de Chartres le droit de siéger à la Chambre des pairs et confère au duc de Nemours la grand-croix de la Légion d'honneur. Une ordonnance prescrit de rendre la justice au nom de « Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans, lieutenant général du royaume ».
mercredi 4 août
Lors d'un conseil des ministres qui examine la proposition de Bérard, Louis-Philippe charge le duc de Broglie et Guizot de préparer une révision de la Charte.
jeudi 5 août
Casimir Perier est proposé par la Chambre des députés comme président (174 voix contre 160 à Laffitte) et ce choix est ratifié par Louis-Philippe.
du jeudi 5 au samedi 7 août
La chambre s'occupe de la révision de la Charte. Sommet des manifestations républicaines : des bandes occupent de façon plus ou moins menaçante les édifices publics.
vendredi 6 août
Guizot communique à Bérard le projet de révision de la Charte qu'il a élaboré avec le duc de Broglie et reçoit de Boinvilliers le projet concurrent élaboré par les républicains (constitution républicaine sous forme de monarchie, déclaration des droits, ratification de la Constitution par le peuple, dissolution de la Chambre des députés, reconquête par la guerre de la frontière naturelle du Rhin). Dans la matinée, la Chambre des députés engage la discussion sur le projet de Bérard, tandis que les manifestants républicains cernent le Palais Bourbon. Le débat se focalise autour de la question de l'hérédité de la pairie. Dans la soirée, La Fayette promet la dissolution de la pairie pour apaiser une foule houleuse qui menace la Chambre des pairs.
Nomination d'un Conseil municipal provisoire à Paris.
Une ordonnance décide que le coq gaulois remplacera la fleur de lys sur la hampe des drapeaux.
samedi 7 août
Lors du conseil des ministres réuni le matin au Palais-Royal, Louis-Philippe écarte l'emploi de la force publique en cas d'émeute provoquée par la question de l'hérédité de la pairie. Le projet de nouvelle Charte des parlementaires est achevé : la Chambre le présente au lieutenant-général, ainsi que la résolution l'appelant au trône (219 députés pour, 33 contre et 97 abstentions ; chez les pairs, 114 sur 364 sont présents : 89 votent pour, 10 contre, 14 blanc et 1 nul). Parmi les changements de la Charte figurent : la suppression du préambule, de l'article 6 (qui déclarait le catholicisme religion État), l’abolition de la censure, la modification de l'article 14 sur les ordonnances royales, désormais cantonnées à l'exécution des lois ; initiative des lois accordée aux deux Chambres ; publicité des débats de la Chambre des pairs ; élection des députés pour 5 ans ; abaissement de l'âge d'éligibilité de ? à 40 ans et de l'âge de l'électorat de 30 à 25 ans ; élection des présidents des collèges électoraux par les électeurs et du président de la Chambre des députés par les députés ; extension des possibilités de mise en accusation des ministres ; abolition des tribunaux d'exception ; serment de fidélité à la Charte prêté par le roi devant les Chambres ; rétablissement de la cocarde tricolore ; annulation des nominations de pairs faites par Charles X. L'article 27 sur l'hérédité de la pairie est renvoyé à un nouvel examen lors de la session de 1831. Enfin, la Chambre demande de pourvoir par des lois à un certain nombre de points : jury pour les délits de presse et les délits politiques, responsabilité des ministres et des fonctionnaires, réélection des députés promus à des fonctions publiques salariées, vote annule du contingent de l'armée, organisation de la Garde nationale, institutions départementales et municipales fondées sur l'élection, instruction publique et liberté de l'enseignement, fixation des conditions d'exercice du droit de vote et d'éligibilité. Dans la soirée, les députés se rendent en corps au Palais-Royal où Louis-Philippe proclame son adhésion à leur déclaration qu‘il affirme « conforme aux principes politiques [qu‘il a] professés toute [sa] vie ». Il paraît au balcon avec sa famille et reçoit les acclamations de la foule. Dans son dernier discours à la Chambre des Pairs, Chateaubriand explique pourquoi il ne servira pas une monarchie « bâtarde ». Les jours suivant, il se dépouillera de toutes ses charges et pensions pour n’être plus qu’un écrivain indépendant. Louis-Philippe signe un acte de donation-partage qui répartit ses biens personnels entre ses enfants en s'en réservant l'usufruit, afin d'éviter que ceux-ci ne soient incorporés au domaine de la Couronne lors de son avènement.
dimanche 8 août
Sur les instances de La Fayette, et contre son premier mouvement, Louis-Philippe décide de régner sous le nom de Louis-Philippe Ier (et non de Philippe VII). Les formules « Par la grâce de Dieu… », « l'an de grâce… » et « sujets » sont abandonnées. Les ministres perdent les titres de « Monseigneur » et d'« Excellence ». Le fils aîné du roi est titré « prince royal », les filles et la sœur du roi sont titrées « princesses d'Orléans » (et non « filles de France ») et il est décidé que le sceau officiel de Etat portera les armes de la maison d'Orléans (de France au lambel d'argent), ce qui n'avait jamais été le cas par le passé lors de l'accession au trône d'un cadet (celui-ci prenant alors les pleines armes de France), manière de marquer le changement de dynastie et la solution de continuité entre le nouveau régime et celui qui l'a précédé.
La France conclut avec le bey de Tunis Hussein II un traité confirmant les anciens traités abolissant l'esclavage des chrétiens dans la régence, ainsi que la piraterie et assurant la liberté de commerce et du trafic pour tous les étrangers établis dans la régence. Ce traité stipule également la suppression définitive de l'usage des présents, dons et redevances accordés au bey et à ses ministres par les Européens. Par un accord secret et additionnel au traité, le bey cède au roi de France un emplacement à Carthage pour y élever un monument commémoratif en l'honneur du roi Louis IX.
lundi 9 août
Louis Philippe (57 ans), duc d'Orléans, accepte la Couronne et est intronisé roi des Français, après avoir prêté serment de fidélité à la Charte modifiée : proclamation officielle de la Monarchie de Juillet.
mardi 10 août
Le nouveau roi se rend pour la première fois à l’Assemblée. Il est accompagné de quatre maréchaux.
Le général d’Ornano est nommé commandant de la 4e division militaire de Tours (jusqu’en 1848).
Chateaubriand renonce à sa pension de pair de France.
mercredi 11 août
Louis-Philippe annonce la formation d'un ministère sans président du Conseil, représentant deux tendances : le « mouvement » ou libéralisme de gauche (Laffitte, Dupont de l'Eure à la Justice) ; la « résistance » qui considère qu'il n'y a pas eu de révolution, mais un simple changement dans la personne du chef de l'Etat (Guizot à l'Intérieur, Casimir Perier ministre sans portefeuille, Sebastiani à la Marine et aux Colonies).
Suppression définitive de la troupe des Gardes du Corps (du roi).
Le maréchal d’Empire Jean-Baptiste Jourdan est nommé 19e gouverneur des Invalides par le roi Louis-Philippe.
vendredi 13 août
Par une ordonnance, Louis-Philippe, « considérant que la marine n’a pas de grade correspondant à celui de maréchal dans l’armée de terre », crée au corps royal de la marine trois places d’amiral précisant que « le grade d’amiral sera assimilé en tous points à celui de maréchal de France et que les amiraux jouiront des honneurs et traitements attribués aux maréchaux de France ». Par ailleurs, Louis-Philippe nomme le général et baron Bertrand Clauzel à la tête de l’armée d’Afrique.
samedi 14 août
La nouvelle Charte est promulguée.
dimanche 15 août
A Paris, l’église Sainte-Geneviève [Panthéon] n’est plus un lieu de culte mais redevient le « Temple de la Gloire » aux personnalités de la nation.
Le recrutement des 500 premiers zouaves (Kabyles d’Algérie) est fait par le général en chef de l'expédition d'Alger, le comte de Bourmont, sur les conseils et un Mémoire du colonel Alfred d'Aubignosc.
mi-août
Guizot, ministre de l’Intérieur, nomme une commission chargée de définir une loi sur les théâtres.
lundi 16 août
Charles X embarque avec sa famille pour l’exil en Angleterre au port militaire de Cherbourg sur le Great Britain.
Une ordonnance nomme provisoirement (en attendant une loi) La Fayette commandant général des Gardes nationales du royaume. Il a comme adjoint le général Dumas.
mardi 17 août
Le député Victor Destutt de Tracy présente une proposition de loi tendant à l’abolition de la peine de mort.
Le général-comte Gérard est élevé à la dignité de maréchal de France.
Répondant à l’évêque de Rennes qui demandait au Saint Office quelle attitude adopter concernant l’absolution des prêteurs d’argent avec intérêt, le pape Pie VIII s’éloigne de la doctrine chrétienne traditionnelle de condamnation et d’interdiction des intérêts.
Une ordonnance crée deux nouveaux régiments d’infanterie, les 65e et 66e de ligne.
jeudi 19 août
Louis-Philippe Ier écrit aux monarques de l'Europe pour leur notifier le début de son règne.
Discussion à la Chambre de la question du serment que devront prêter les membres des deux chambres.
jeudi 26 août
Une loi d’amnistie réhabilite les anciens prisonniers politiques condamnés sous la Restauration.
Ordonnance rétablissant le Panthéon et sa sécularisation.
vendredi 27 août
Ordonnance du roi rendant au barreau français ses anciennes franchises en reconnaissant à tout avocat inscrit au tableau le droit de concourir, par élection directe, à la nomination des membres du conseil et du bâtonnier de l'ordre, ainsi que le droit de plaider devant toutes les cours et tous les tribunaux du royaume sans avoir besoin d'aucune autorisation.
Mort inexpliquée de Louis VI Henri, dernier duc de Bourbon-Condé et beau-frère de Louis-Philippe, dans son château de Saint-Leu (-la-Forêt, dans le Val-d’Oise). Il a retrouvé pendu à l’espagnolette de la fenêtre dans sa chambre mais le « suicide » semble invraisemblable, les pieds du prince touchant le sol. Agé de 74 ans, il était le fils de l'ancien chef de l’armée des émigrés et n’avait pas d’héritier direct. Sa fortune revenant au duc d'Aumale, son neveu et filleul, la famille d'Orléans est soupçonnée de crime ; on a dit également que le duc était mort accidentellement, au cours d'une partie de plaisir avec sa maîtresse, la baronne de Feuchères, à qui le défunt laissait une fortune considérable.
Benjamin Constant est nommé président d'une section au conseil d'Etat.
Décès du diplomate et académicien Louis Philippe, comte de Ségur, à l’âge de 76 ans.
samedi 28 août
Naissance d’un nouvel enfant de Victor Hugo, une fille prénommée Adèle.
dimanche 29 août
Louis-Philippe passe en revue la Garde nationale.
lundi 30 août
L'Angleterre est le premier pays à reconnaître le nouveau régime français.
mardi 31 août
Lord Stuart of Rothesay, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
jeudi 2 septembre
Le général Clauzel débarque à Alger.
vendredi 3 septembre
Talleyrand est nommé ambassadeur à Londres.
dimanche 5 septembre
L'empereur d'Autriche François Ier reconnaît la monarchie de Juillet.
mercredi 8 septembre
Le général Valée, pair de France, est mis en disponibilité ; il est exclu de la pairie.
dimanche 12 septembre
Loi qui soumet à la réélection les députés promus à des fonctions publiques.
mercredi 15 septembre
Premier suicide réalisé à partir de l’Arc de Triomphe : un propriétaire ruiné a sauté du haut du monument en cours d’achèvement.
vendredi 17 septembre
Ordonnance de désignation des membres du Conseil municipal.
dimanche 19 septembre
Baptême d'Adèle Hugo. Sainte-Beuve est parrain.
lundi 20 septembre
L’écrivain Charles Augustin Sainte-Beuve et l'un des propriétaires du journal Le Globe, Paul-François Dubois, se battent en duel. Sous la pluie, ils s'échangent quatre balles sans résultats. Sainte-Beuve a conservé son parapluie à la main, disant qu’il voulait bien être tué mais pas mouillé.
mardi 21 septembre
Emeute place de Grève à Paris : lors d'une cérémonie en mémoire des quatre sergents de La Rochelle (exécutés en 1822), la rue demande l'abolition de la peine de mort.
samedi 25 septembre
A la Chambre des députés, le gouvernement est interpellé sur l'agitation entretenue par les clubs républicains, notamment la Société des Amis du peuple, tandis qu‘une cohorte d'habitants du quartier Montmartre envahit la salle des réunions de cette société et en disperse de force les membres.
lundi 27 septembre
La Chambre des députés adopte à une forte majorité un projet de loi mettant en accusation des ministres de Charles X responsables des ordonnances du 26 juillet : Polignac, Peyronnet, Chantelauze et Guernon-Ranville.
jeudi 30 septembre
Suppression des 8 000 demi-bourses de 150 francs qui avaient été accordées aux écoles secondaires catholiques.
vendredi 1er octobre
Le général Clauzel crée officiellement le corps des zouaves, formé de deux bataillons.
jeudi 7 octobre
Victor Hugo est élu sous-lieutenant de la Garde nationale. Mais La Fayette casse son élection.
vendredi 8 octobre
La Chambre des députés vote, par 225 voix sur 246 votants, une adresse au roi l'invitant à présenter un projet de loi abolissant la peine de mort, au moins pour les délits politiques.
Loi mettant en œuvre le principe du jugement par jury pour les délits de presse.
samedi 9 octobre
Le Roi reçoit une adresse de la Chambre demandant l'abolition de la peine de mort dans les condamnations politiques.
lundi 11 octobre
La loi sur le sacrilège, adoptée en 1825, est abrogée. Elle punissait de mort les profanateurs.
Une ordonnance décide que des récompenses seront accordées à tous les blessés de la révolution de Juillet, que des pensions seront allouées aux parents, veuves et enfants des victimes. Une médaille commémorative est créée pour les participants aux Trois Glorieuses.
mercredi 13 octobre
L'ambassadeur d'Espagne à Paris remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
Suppression des indemnités versées aux prêtres auxiliaires.
Première à l’Opéra de Paris du Dieu et la bayadère, ou La courtisane amoureuse, un opéra en deux actes de Daniel François Auber, sur un livret d’Eugène Scribe. C’est le deuxième opéra d’Auber créé en en 1830.
samedi 16 octobre
Premier numéro du journal catholique libéral L'Avenir, fondé par Félicité Lamennais, Gerbet, Lacordaire et Montalembert, avec pour devise « Dieu et la liberté ». Ses rédacteurs, catholiques libéraux, cherchent à promouvoir le progrès social et réclament certaines libertés (en particulier la liberté de la presse et de l’enseignement) ainsi que la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
du dimanche 17 au mardi 19 octobre
Graves troubles à Paris à l'occasion du procès des ministres de Charles X. Des manifestants envahissent le Palais-Royal, puis marchent sur Vincennes pour y mettre à mort les accusés ; mais le général Daumesnil refuse de leur livrer les prisonniers. Recrudescence d'affiches, dans les quartiers ouvriers, incitant les citoyens à s'armer pour reconquérir les droits dont on les a frustrés.
mercredi 20 octobre
Guizot reprend la situation en main : le calme revient dans les rues parisiennes.
jeudi 21 octobre
Suppression des traitements des quatre cardinaux résidentiels.
dimanche 24 octobre
Le comte Apponyi, ambassadeur d'Autriche à Paris, remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
en octobre
Tocqueville et Beaumont sollicitent une mission pour les Etats-Unis et rédigent pour cela un mémoire (imprimé en 1831) sous le titre Note sur le système pénitentiaire et sur la mission confiée par M. le Ministre de l'Intérieur à MM. Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville. Tocqueville obtient un congé de dix-huit mois du garde des Sceaux pour étudier officiellement le système pénitentiaire américain.
mardi 2 novembre
Louis-Philippe nomme l’homme d’affaires Jacques Laffitte président du Conseil, signe de la victoire temporaire du « mouvement ». Laffitte cumule cette fonction avec celle de ministre des Finances. Le maréchal Maison devient ministre des Affaires étrangères (en remplacement de Molé), le comte de Montalivet ministre de l’Intérieur (à la place de Guizot) et Joseph Mérilhou ministre de l’Instruction publique et des Cultes. Adolphe Thiers est nommé secrétaire d’Etat aux Finances.
jeudi 4 novembre
Premier numéro de l’hebdomadaire satirique la Caricature, donc le directeur est Charles Philipon. Le dessinateur Daumier y contribue.
dimanche 7 novembre
Achille Libéral Treillhard succède à Amédée Girod de l’Ain comme préfet de police de Paris.
samedi 13 novembre
Publication chez l’éditeur parisien Levasseur du Rouge et le Noir, le deuxième roman de Stendhal.
lundi 15 novembre
Le philosophe Victor Cousin (38 ans) est élu à l’Académie française, en remplacement du baron Joseph Fourier.
mercredi 17 novembre
Remaniement ministériel : le marquis Nicolas Maison ne sera resté ministre des Affaires étrangères que 15 jours ; nommé ambassadeur à Vienne, il est remplacé par le général François, baron Sébastiani de La Porta. Le comte d’Argout devient ministre de la Marine, tandis que le maréchal Soult remplace le maréchal Gérard, jugé trop belliqueux dans les affaires belges, au ministère de la Guerre.
jeudi 18 novembre
Elections à l'Académie française de Victor Cousin et de Viennet. Benjamin Constant échoue encore une fois.
vendredi 19 novembre
Constant prononce son dernier discours à la Chambre.
dimanche 21 novembre
Neuf mois après sa première représentation, la pièce Hernani de Victor Hugo quitte l’affiche de la Comédie-Française.
lundi 22 novembre
A 60 kilomètres au sud-ouest d’Alger, le général Clauzel fait occuper la ville de Médéa, capitale de la province du Titteri (rapidement abandonnée).
jeudi 25 novembre
L’écrivain Ludovic Vitet est le premier à occuper le poste d’inspecteur des monuments historiques.
dimanche 5 décembre
Le compositeur Hector Berlioz (27 ans) remporte un triomphe en faisant jouer au Conservatoire de Paris, sous la direction de François-Antoine Habeneck, sa Symphonie fantastique. L’œuvre, inspirée par l’actrice irlandaise Harriet Smithson, est dédiée au tsar Nicolas Ier de Russie.
mercredi 8 décembre
Décès à Paris de l’écrivain et homme politique Benjamin Constant, à l’âge de 63 ans.
vendredi 10 décembre
Loi sur la police des afficheurs et crieurs publics.
dimanche 12 décembre
Obsèques officielles et nationales de Benjamin Constant au cimetière parisien du Père-Lachaise. C’est l’occasion d’une vaste manifestation populaire.
lundi 13 décembre
Loi instituant la croix de Juillet.
mardi 14 décembre
En Algérie, une escadre française sous les ordres du capitaine Louis de Bourmont s’empare du port de Mers el-Kébir, près d’Oran.
mercredi 15 décembre
Ouverture du procès des ex-ministres de Charles X devant la Chambre des Pairs, au palais du Luxembourg.
samedi 18 décembre
Convention franco-tunisienne. Le bey de Tunis Hussein II propose son aide pour l’expédition française en l’Algérie.
lundi 20 décembre
L’Autriche, la France, la Prusse, la Russie et le Royaume-Uni reconnaissent la Belgique, en lutte contre les Pays-Bas pour son indépendance.
du lundi 20 au mercredi 22 décembre
Nouveau déferlement et affichage de proclamations « Au Peuple » appelant les faubourgs à l'action et réclamant une assemblée issue des faubourgs et renouvelable tous les ans. Manifestations ouvrières et étudiantes très violentes, suivies de nombreuses arrestations.
vendredi 24 décembre
La Chambre des députés vote une loi qui supprime le titre de commandant de toutes les gardes nationales de la France, jugé contraire à la Charte de 1830.
samedi 25 décembre
Quatre ministres de Charles X sont condamnés à la prison perpétuelle : le prince de Polignac (peine assortie de la mort civile), le comte de Peyronnet, Victor de Chanteleuze et le comte de Guernon-Ranville. Trois sont condamnés par contumace : D'Haussez, le baron Capelle et Montbel.
Hostile au vote de la veille, La Fayette démissionne de sa fonction de commandant général des Gardes nationales. Le général Mouton est nommé commandant général de la Garde nationale de Paris.
dimanche 26 décembre
La gauche suscite un incident à propos du retrait de La Fayette : Dupont de l'Eure démissionne de ses fonctions de garde des sceaux et il est remplacé par Joseph Mérilhou, lui-même remplacé par Félix Barthe à l’Instruction publique et aux Cultes.
Jean-Jacques Baude succède à Achille Treilhard comme préfet de police de Paris.
mercredi 29 décembre
Abolition de l’hérédité de la pairie (à effet du 8 janvier 1832).
jeudi 30 décembre
Les quatre ministres de Charles X condamnés à la prison à vie sont conduits à Ham.
en décembre
Arrestation de plusieurs étudiants de la Sorbonne.
Le journal Le Globe passe aux saint-simoniens sous l'impulsion de Pierre Leroux et Enfantin. Michel Chevalier en est le nouveau directeur.
Thiers, Mignet et Carrel fondent le journal « orléaniste » Le National, soutenu par Talleyrand, Benjamin Constant et le banquier Lafitte.
L’opposition de la Prusse au projet français de partage de l’Empire ottoman entraîne son abandon par les puissances européennes.
mardi 5 janvier
Victor Hugo écrit à Montbel, ministre de l'Intérieur, pour protester contre le censeur Brifaut qui divulgue des extraits d'Hernani.
samedi 9 janvier
Evêque de Rodez depuis 1817, Mgr Charles de Ramond-Lalande (68 ans) est nommé à la tête de l’archevêché de Sens. Pierre Giraud (38 ans) est nommé évêque de Rodez.
mardi 12 janvier
La reine Ranavalona Ire fait savoir qu'elle refuse de ratifier le traité franco-malgache de novembre 1629.
dimanche 17 janvier
Un froid extrême touche l'ensemble de la France : -17,2° à Paris, -10,1° à Marseille, -15° à Toulouse, -19,8° à Dieppe, -23,4° à Strasbourg, -26,3° à Nancy et -28,1° à Mulhouse !
samedi 23 janvier
Guizot est élu député de l'Eure.
mercredi 27 janvier
Le général Vallée est fait pair de France.
jeudi 28 janvier
Première à l’Opéra-Comique de Paris (salle Ventadour) de Fra Diavolo ou l’Hôtellerie de Terracine, opéra-comique en trois actes de Daniel-François-Esprit Auber, sur un livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne. Interprètes : Chollet, Féréol, Prévost, Boulanger.
dimanche 31 janvier
La décision est prise d'envoyer une expédition en Algérie pour punir le dey d'Alger, qui avait frappé le consul français France Deval d'un coup d'éventail en 1827.
lundi 1er février
L'Aumône de Victor Hugo paraît en plaquette chez Périaux à Rouen. Elle est vendue au profit exclusif des ouvriers chômeurs et pauvres de Normandie.
mardi 2 février
Le thermomètre descend jusqu'à -10° à Marseille.
mercredi 3 février
Le sultan ottoman est contraint de signer la convention de Londres qui donne l'indépendance à une Grèce tronquée. Cette conférence de Londres réunissait le Royaume-Uni, la France et la Russie.
L'Aumône de Hugo est publiée dans Le Globe sous le nom de Pour les pauvres ouvriers de Bapaume et de Decauville.
Le thermomètre descend jusqu'à -23,4° à Strasbourg, -25,6° à Epinal, -26,3° à Nancy et -28,1° à Mulhouse. Tous les fleuves et rivières de France sont pris par les glaces. 2 mètres de neige recouvrent la Normandie.
vendredi 5 février
Après avoir été rejeté de Bruxelles, de Prusse et de Hanovre, le polémiste breton Louis-Marie Fontan, condamné à 5 ans de prison en juillet 1829, est de retour en France. Il est aussitôt arrêté et écroué à la prison de Sainte-Pélagie, puis au pénitencier de Poissy (la Révolution le libérera).
dimanche 7 février
Préparatifs de l'expédition contre Alger.
vendredi 12 février
Les censeurs Brifaut et Sauvo signent une note accusant Victor Hugo de n'avoir pas accepté toutes les corrections prescrites pour Hernani.
dimanche 14 février
La Revue de Paris publie Le Vase étrusque, une nouvelle de Prosper Mérimée.
lundi 15 février
Première parution sous sa nouvelle forme du Globe (de Leroux et Dubois, et où Rémusat joue un rôle croissant).
Controverse biologique des crocodiles de Caen : proche du transformisme de Lamarck, le naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a donné à l’Académie des sciences de Paris une conférence sur le différent l’opposant à Georges Cuvier, résolument fixiste, au sujet de l’unité de composition organique.
vendredi 19 février
Formule d’Adolphe Thiers : « le roi de France règne et ne gouverne pas », résumant ainsi la pensée de ceux qui se rallient à une monarchie parlementaire.
samedi 20 février
Le baron Trouvé autorise Victor Hugo à maintenir dans son texte des expressions blâmées.
lundi 22 février
Parution des Poésies de feu Charles Dovalle, avec une lettre-préface de Victor Hugo.
jeudi 25 février
La « Bataille d'Hernani » a lieu dans la soirée. Le Tout-Paris a emplit la salle du Théâtre-Français pour assister à la première de ce drame de Victor Hugo, Hernani. Les romantiques, dont Théophile Gautier, Gérard de Nerval et Honoré de Balzac, sont venus soutenir Hugo contre les tenants du classicisme. La représentation est parsemée de cris d’indignation et d’ovations, mais la victoire reviendra à Hugo, chef de file de l’école romantique en France.
vendredi 26 février
Création d'ateliers pour les ouvriers chômeurs.
A l’exception du Globe et du Journal des débats, la presse n’est pas tendre pour Hugo et ses jeunes romantiques, traités d’obscènes et de républicains : le dramaturge est accusé d’avoir rempli la salle de « bandits ramassés dans les bouges » (Hernani connaîtra toutefois 36 représentations sous les sifflets jusqu’en juin).
dimanche 28 février
Déclenchement de l’une des plus fameuses disputes de l’histoire des sciences entre les naturalistes Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et le baron Georges Cuvier, tous deux ancien collaborateur.
en février
Parution de La Révolution, de J. Fazy et Antony Thouret.
mercredi 3 mars
Ouverture de la session parlementaire : à l’occasion du discours du trône, le roi menace l’opposition et annonce l’intervention militaire contre Alger.
jeudi 4 mars
Le premier steeple-chase hippique est couru en France à Jouy.
Début de la publication d'Hernani en feuilletons dans Le Cabinet de lecture (jusqu'au 4 avril).
mardi 9 mars
Edition originale d'Hernani chez Mame.
mercredi 10 mars
La représentation d’Hernani tourne à la bagarre, obligeant la police à intervenir.
vendredi 12 mars
A la Porte-Saint-Martin, on joue une parodie d'Hernani, sous le titre : N, I, NI, ou le Danger des Castilles, présenté comme étant « un amphigouri romantique en cinq tableaux et en vers ».
du lundi 15 au mardi 16 mars
221 députés libéraux votent une Adresse (contre 181 voix ultras), demandant l'observation de la règle du jeu parlementaire et défiant Charles X, soupçonné de préparer un coup d'Etat.
mardi 16 mars
La majorité des députés, en réponse au discours du trône, réclame la démission des ministres.
Brazier et Carmouche font représenter une autre parodie d’Hernani, au Théâtre de la Gaîté : Oh ! qu’Nenni, ou le Mirliton fatal.
mercredi 17 mars
Fondation de la Société géologique de France.
Décès à Hyères du maréchal de France Laurent, marquis de Gouvion-Saint-Cyr, à l’âge de 66 ans.
jeudi 18 mars
Présentation de l'Adresse au Roi.
vendredi 19 mars
La session de la Chambre est prorogée au 1er septembre.
samedi 20 mars
Banquet donné aux Vendanges de Bourgogne, restaurant du Faubourg Poissonnière. Discours d'Odilon Barrot.
mardi 23 mars
Au Théâtre du Vaudeville, présentation de Hernani, ou la Contrainte par cor, d'Auguste de Lauzanne. Au Théâtre des Variétés, c’est Hernali imitation burlesque du drame du Théâtre-Français qui est joué…
jeudi 25 mars
L’officier (ancien aide de camp de Napoléon), diplomate et historien militaire Philippe Paul, comte de Ségur, est élu à l’Académie française, en remplacement du duc de Lévis.
jeudi 1er avril
Réception de Lamartine à l'Académie française.
samedi 3 avril
Décès à Paris de l’un des anciens directeurs du Directoire de la République française. Elu en 1797 et renversé par le coup d’Etat du 18 fructidor, François Barthélemy était âgé de 82 ans.
mercredi 7 avril
Dans le Feuilleton des journaux politiques, Balzac attaque Hernani.
samedi 10 avril
Mgr Charles de Ramond-Lalande ne sera resté archevêque de Sens que trois mois. Il est décédé à l’âge de 68 ans.
dimanche 11 avril
Dimanche de Pâques.
lundi 12 avril
Après un mois et de demi de représentations bruyantes (sifflets, insultes), la pièce Hernani est pour la première fois écoutée dans le calme : quelques lycées de Paris ont réservé la séance.
lundi 19 avril
Evêque de Meaux depuis dix années, Mgr Jean de Cosnac (66 ans) est nommé archevêque de Sens. Romain Frédéric Gallard (44 ans) est nommé évêque de Meaux.
vendredi 23 avril
Création à l’Opéra-Comique de Paris de Danilowa, un opéra-comique en trois actes d’Adolphe Adam, sur un livret de Jean-Baptiste Charles Vial et Paul Duport.
au printemps
La disette provoque une série d'incendies, en particulier dans l'Ouest (les mendiants menaçant les paysans de brûler leurs chaumières s'ils ne leur fournissent pas du pain), témoignant de la vétusté de l'habitat rural.
Série d'incendies mystérieux dans les régions périphériques du Bassin parisien. Des administrateurs demandent des mesures de police pour éviter des mouvements populaires.
samedi 8 mai
En visite en France, les souverains des Deux-Siciles arrivent à Saint-Cloud.
dimanche 9 mai
Jacques du Pont (38 ans) est nommé évêque de Saint-Dié.
samedi 15 mai
Paris fête les souverains des Deux-Siciles.
dimanche 16 mai
En riposte à l’ « Adresse des 221 », Charles X annonce la dissolution de la Chambre et de nouvelles élections pour les 23 juin et 3 juillet. Opposés à la dissolution, les ministres Chabrol et Courvoisier démissionnent, remplacés par Chantelauze (Justice) et Montbel (Finances) : le ministère Polignac prend une teinte réactionnaire encore plus marquée.
mardi 18 mai
A l’issue de difficiles négociations, Méhémet Ali confirme officiellement le don à la France des deux obélisques du temple de Louksor, pour rendre hommage à Champollion. Ce dernier décide de n’en prendre qu’un seul (il sera dressé place de la Concorde en 1836).
mercredi 19 mai
Le comte de Peyronnet est nommé ministre de l'Intérieur.
mardi 25 mai
Départ de Toulon du corps expéditionnaire français contre Alger. Il comprend 37 577 hommes répartis en trois divisions (Loverdo, Berthezène et le duc des Cars) et 27 000 marins, à bord de 103 bâtiments de guerre et 572 navires de commerce. Commandant en chef : le maréchal Louis de Bourmont, ministre de la Guerre. La flotte est sous les ordres de l’amiral Duperré.
Le poète Alphonse de Lamartine publie les Harmonies poétiques et religieuses.
jeudi 27 mai
Création à l’Opéra-Comique de Paris d’Attendre et courir, un opéra comique de Jacques Fromental Halévy.
du jeudi 27 au vendredi 28 mai
Un fort coup de vent disperse la flotte française envoyée contre l’Algérie.
lundi 31 mai
Le duc d'Orléans donne une réception en l'honneur du roi de Naples, son beau-frère. Charles X y est présent. M. de Salvandy (futur ambassadeur en Espagne), en passant à côté du duc, s'adresse au futur Louis-Philippe, pressentant la révolution de juillet, « Monseigneur, ceci est une fête toute napolitaine; nous dansons sur un volcan ».
jeudi 3 juin
Une partie du corps expéditionnaire français fait escale dans le port espagnol de Palma de Majorque, aux Baléares.
samedi 5 juin
L'éditeur Gosselin impose à Victor Hugo un nouveau contrat, draconien, pour finir Notre-Dame de Paris.
jeudi 10 juin
La flotte française quitte Palma pour rejoindre l’Algérie.
vendredi 11 juin
Le général Guillaume Dode de la Brunerie est nommé inspecteur général du génie.
du dimanche 13 au lundi 14 juin
Le corps expéditionnaire français en Algérie débarque dans la presqu’île de Sidi Ferruch [aujourd'hui Sidi Fredj] à 25 kilomètres à l’ouest d’Alger, afin de prendre à revers la puissante forteresse algéroise. Les Français ne rencontrent que peu de résistance : 32 hommes sont tués ou blessés. Hussein Dey rassemble son armée (entre 25 000 et 30 000 hommes mal préparés, dont 3 000 janissaires) et demande l’aide des beys d’Oran, Constantine et Titteri.
samedi 19 juin
Bataille de Staouëli : l’agha Ibrahim, gendre de l’émir Hussein, est repoussé en attaquant les positions françaises. Les vainqueurs s’emparent de l’artillerie turque et de campement des vaincus.
mercredi 23 juin
Début des élections, étalées jusqu'au 19 juillet.
jeudi 24 juin
Début de la bataille de Sidi Khalef. Bourmont se contente d’abord de repousser les assauts algérois dans l’attente de son artillerie.
samedi 26 juin
Une tempête met en grande difficulté la flotte française.
dimanche 27 juin
Décès de l’évêque de Beauvais Mgr François Feutrier, à l’âge de 45 ans.
lundi 28 juin
Les Français remportent la bataille de Sidi Khalef.
Le tronçon de 16 kilomètres de la ligne de chemin de fer Givors-Grand-Croix est ouvert au public.
mardi 29 juin
Les troupes françaises parviennent devant le Fort de l’Empereur, clé de la défense d’Alger au sud. Les ingénieurs entreprennent aussitôt le siège.
Elu en mars dernier, l’officier et historien Philippe Paul, comte de Ségur, est reçu à l’Académie française par Arnault.
jeudi 1er et samedi 3 juillet
Les batteries de mer défendant Alger sont bombardées par la flotte française.
dimanche 4 juillet
Début à quatre heures du matin des tirs de l’artillerie française du général de La Hitte contre le Fort de l’Empereur. A 10 heures du matin, les défenses se taisent et les Turcs abandonnent le site après avoir sauter la grosse tour. De cette place, les Français menacent désormais directement la Casbah d’Alger.
lundi 5 juillet
Suite à la perte du Fort de l’Empereur, le dey Hussein est contraint de signer la capitulation d’Alger à El Biar (Djenane Raïs-Hamidou, 17, rue Lamari Ali). Les troupes européennes entrent dans la ville. En 20 jours, l’expédition a coûté la vie 415 Français (dont l’un des quatre fils du maréchal de Bourmont, Amédée) et fait 2 160 blessés. Les pertes algéroises sont estimées entre 600 et 1 500 morts).
L’archevêque de Besançon Louis de Rohan-Chabot (42 ans) est élevé à la dignité de cardinal.
vendredi 9 juillet
La nouvelle de la prise d'Alger arrive en France.
lundi 12 juillet
Ajournement des élections dans 20 départements, dont la Seine.
mercredi 14 juillet
Le général Bourmont est fait maréchal de France. Il est le premier de la série des maréchaux « africains ».
jeudi 15 juillet
Le dey d’Alger Hussein refuse la proposition du Bey de Constantine de l'accueillir pour poursuivre la lutte dans les montagnes du Beylicat de l'Est. Il part en exil et s’embarque avec sa famille à destination de l’Italie (avant de rejoindre l’Egypte).
samedi 17 juillet
Installé dans un faubourg de Saint-Etienne, Barthélémy Thimmonier fait breveter la première machine à coudre, conçue avec l’ingénieur des mines Auguste Ferrand.
lundi 19 juillet
Fin des élections : la majorité libérale s'accroît de 53 voix. 274 à l'opposition et 145 au ministère Polignac. Echec grave pour Charles X.
jeudi 22 juillet
Dernière exécution sur la place de l’Hôtel de ville à Paris : Jean-Pierre Martin avait été condamné à mort pour vol et assassinat.
dimanche 25 juillet
Se fondant sur l'article 14 de la Charte, Charles X et le prince de Polignac signent les quatre ordonnances de Saint-Cloud (qui amèneront à la Révolution de Juillet) : la première suspend la liberté de presse et soumet les journaux à l'autorisation préalable ; la deuxième prononce la dissolution de la Chambre ; la troisième réforme le système électoral en favorisant les plus riches électeurs ; la quatrième convoque les collèges électoraux pour le 13 septembre.
Victor Hugo entame la rédaction de Notre Dame de Paris.
lundi 26 juillet
Les quatre ordonnances paraissent au Moniteur officiel. Des protestations se font entendre venant des milieux étudiants et du monde de l'imprimerie et du journalisme touché de plein fouet par le rétablissement de la censure. A la Bourse, la rente baisse de 4 francs. Les parlementaires se réunissent, et constatant leur faible nombre (pour cause de vacances parlementaires), décident de reporter leur réunion au lendemain chez Casimir Perier, l'un des chefs libéraux. 44 journalistes, assemblés au siège du journal Le National, rédigent et signent une protestation contre les ordonnances, idée de Thiers. Armand Carrel, rédacteur au National, écrit : « La France retombe en révolution par le fait même du pouvoir ». Ouvriers de l'imprimerie et étudiants forment les premiers attroupements aux alentours du Palais-Royal. Des journaux décident de paraître le lendemain malgré les ordonnances et un arrêté du préfet de police.
Création au Théâtre parisien des Nouveautés des Trois Catherine, un opéra-comique en trois actes d’Adolphe Adam, sur un livret de Guillaume Edouard Monnais et Paul Duport, avec Casimir Gide.
mardi 27 juillet
Début des « Trois Glorieuses » : la protestation de la veille devient insurrection. Plusieurs journaux dont Le National, Le Temps, Le Globe paraissent et publient la protestation des journalistes. Le préfet de police fait démonter leurs presses et lance des mandats contre les journalistes. Des étudiants armés rejoignent la rive droite où des ouvriers se rassemblent plus nombreux autour du Palais-Royal et de la place Vendôme, puis dans les faubourgs. Les premiers coups de feu sont tirés et, dans l'après-midi, un premier insurgé est tué. Des barricades sont ébauchées, des armureries pillées. Charles X décide de confier le commandement des troupes au maréchal Marmont, duc de Raguse (celui qui a trahi Napoléon Ier en 1814) ; mais ses troupes sont mal organisées, mal ravitaillées et mal reliées entre elles (deux compagnies passent aux émeutiers (5e de ligne). Quant à la réunion des députés chez Casimir Perier, elle aboutit à la décision de rédiger une protestation, travail confié à Guizot qui adopte un profil très prudent. D'autres réunions ont lieu au siège de La Tribune et du Globe : mais partout les avis divergent. Les républicains - Cavaignac, Bastide, Guinard, membres de « Aide-toi, le ciel d'aidera » - poussent à l'action.
mercredi 28 juillet
Paris est en état d'insurrection. Etudiants, artisans, vieux soldats des armées impériales, gardes nationaux se retrouvent côte à côte sur les barricades qui se multiplient dans le Paris populaire. Les polytechniciens sortis de leur école en faisant le mur jouent volontiers le rôle de généraux de cette armée d'insurgés. On pille les postes de garde, on fabrique des balles, on chante La Marseillaise. Le drapeau tricolore apparaît sur les tours de Notre-Dame. Les cris dominants sont ceux de « A bas les Bourbons ! » et de « Vive la Charte ! ». L'Hôtel de ville est pris après des combats acharnés : on compte 800 morts et 4 500 blessés du côté des insurgés, 200 morts et 800 blessés de celui de l'armée. Les premières défections de troupe se produisent. Marmont, conscient d'être confronté à une véritable révolution, décide de former quatre colonnes pour reprendre les quartiers insurgés. Les soldats progressent dans d'étroites rues, recevant une grêle d'objets divers. Ils sont ramenés autour du Louvre et des Tuileries, que Marmont reçoit l'ordre de tenir à 17 heures. Réunis chez Bérard, en présence de La Fayette et de Laffitte, les députés envoient une délégation auprès de Marmont : ils lui proposent l'arrêt des combats en échange du retrait des ordonnances et du remplacement du ministère, ce à quoi refuse Charles X. Une seconde réunion tenue chez Audry de Puyraveau témoigne de l'indécision persistance des Parlementaires.
nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juillet
Marmont se fait bloquer par les barricades aux Tuileries.
jeudi 29 juillet
Plusieurs centaines de barricades sont dressées dans Paris. Les insurgés visent maintenant le contrôle de deux objectifs stratégiques et symboliques qui marqueraient leur victoire définitive : le Louvre et les Tuileries. Les jeunes républicains sont en première ligne dans ces combats. A 13 h, les insurgés prennent le Louvre ; débâcle des troupes de Marmont sur les Champs-Elysées, puis elles passent la barrière de l'Etoile ; à 13 h 30, le duc d'Angoulême est nommé commandant en chef : il évacue Paris. Sur la rive gauche, la jeunesse des Ecoles forme plusieurs colonnes qui s'emparent du Palais-Bourbon et de la caserne des Suisses, située rue de Babylone. Ce combat coûte la vie plusieurs étudiants et polytechniciens dont Vanneau. Le gouvernement se replie sur Saint-Cloud, où se trouve depuis le début le roi. Les députés, réunis chez Laffitte, tentent d'éviter que les républicains s'emparent d'un pouvoir vacant : ils nomment La Fayette chef de la garde nationale et le général Gérard chef des troupes de ligne. Une commission municipale est formée (Laffitte, Casimir Perier, Audry de Puyraveau, Schonen, Mauguin et le général Mouton) qui s'installe à l'Hôtel de ville ; à 15 heures, le duc de Mortemart, un modéré, est nommé Premier ministre. Charles X se résout à sa nomination et au retrait des ordonnances. Mais, la Commission municipale, qui se considère comme le véritable gouvernement provisoire, et les députés écartent cette possibilité. Bilan de la révolution : 800 tués et 4 000 blessés du côté des insurgés (les deux tiers des victimes sont des artisans ; beaucoup d'étudiants aussi) ; 200 tués et 800 blessés du côté des troupes.
vendredi 30 juillet
A 6 h du matin, retrait des Ordonnances ; à 8 h, Thiers et Mignet font placarder un manifeste orléaniste : apologie du duc d'Orléans (« un prince dévoué à la cause de la révolution », qui était à Jemmapes, a « porté au feu les couleurs tricolores ») et vigoureuse attaque de Charles X (qui « a fait couler le sang du peuple ») et de la République (« qui nous exposerait à d'affreuses divisions » et « nous brouillerait avec l'Europe »). Réunis au Palais-Bourbon, les députés proposent la lieutenance-générale du royaume au duc d'Orléans qui accepter leur proposition. Les républicains élaborent un programme qu'ils veulent soumettre à La Fayette. Mais il refuse de les suivre. Chateaubriand rompt avec les Orléanistes dans un célèbre discours à la chambre des Pairs. Les insurgés manquant de poudre, Alexandre Dumas se propose pour en chercher à la poudrière de Soissons. Le préfet de police de Paris Claude Mangin est remplacé par Nicolas Bavoux.
Journée sanglante à Nantes : dix habitants qui manifestaient contre une réforme du Collège électoral ont été tués place Louis-XVI. Les ouvriers des usines de la ville ont participé en grand nombre à ces émeutes.
Création de la Société des Amis du Peuple (SAP).
nuit du vendredi 30 au samedi 31 juillet
Charles X quitte Saint-Cloud pour le Trianon.
samedi 31 juillet
A 11 heures, La Fayette accompagne Louis Philippe, duc d'Orléans, à l'Hôtel de ville au milieu d'une foule hésitante, voire hostile à ce membre de la famille des Bourbons. C'est La Fayette qui fait pencher la balance en s'enroulant avec le duc dans un drapeau tricolore, tout en lui portant l'accolade, sur le balcon de la maison municipale. « La Charte sera désormais une vérité », proclame le duc d'Orléans. C'est la défaite du nombre : c'est l'absence d'un vaste soutien de ce peuple dont ils veulent l'émancipation qui ferme les portes du pouvoir aux républicains. Dans l'après-midi, une proclamation concordante de 86 députés répond à celle du duc d'Orléans.
nuit du samedi 31 juillet au dimanche 1er août
Charles X arrive au château de Rambouillet.
dimanche 1er août
Charles X, replié à Rambouillet, nomme officiellement le duc d'Orléans lieutenant-général du royaume. Louis-Philippe prend une ordonnance reprenant le drapeau tricolore de 1794 et désigne des commissaires provisoires aux différents départements ministériels, en reprenant à peu de choses près les nominations faites par la commission municipale ; Nicolas Bavoux ne sera resté préfet de police de Paris que deux jours ; il est remplacé par Amédée Girod de l’Ain. Une autre ordonnance convoque les chambres pour le 3 août. A 9 h du matin, Alexandre Dumas apporte « triomphalement » 3 000 livres de poudre à La Fayette.
dimanche 1er ou lundi 2 août
Le duc d'Orléans forme un gouvernement : Gérard à la Guerre, Dupont de l'Eure à la Justice, l’historien François Guizot à l'Intérieur, le baron Louis aux Finances.
lundi 2 août
Ultime manœuvre de Charles X qui abdique en faveur de son fils le duc d'Angoulême (Louis XIX). Ce dernier, impressionné par le maréchal Maison (orléaniste qui lui a signalé une offensive de 100 000 Parisiens), abdique aussitôt en faveur de son neveu, le duc de Bordeaux (Henri V), âgé de 9 ans. Charles X nomme le duc d'Orléans régent, mais celui-ci ne donne pas suite à cette demande. L'armée royale (12 832 hommes) se replie. Louis-Philippe envoie à Rambouillet quatre commissaires - Odilon Barrot, le maréchal Maison, Augustin de Schonen et le duc de Coigny - chargés de négocier les conditions du départ de Charles X et de sa famille vers l'exil.
mardi 3 août
Commandés par le général Pajol et le colonel Jacqueminot, une expédition de 10 000 à 20 000 volontaires de la Garde nationale part de Paris pour Rambouillet afin de contraindre Charles X à quitter la France. ce dernier part aussitôt pour Cherbourg. A 1 h de l’après-midi, le duc d'Orléans, accompagné de son deuxième fils, le duc de Nemours, parait devant les Chambre réunies - 240 députés et 60 pairs - : il annonce son programme et les réformes de la Charte qu'il souhaite ((organisation de la Garde nationale, application du principe du jugement par jury aux délits de presse, formation des administrations départementales et municipales, interprétation de l'article 14 de la Charte, fondement des ordonnances du 26 juillet). Les parlementaires se mettent au travail, sous la pression des manifestations républicaines. Dans la soirée, plusieurs députés mécontents se retrouvent chez Jacques Laffitte et décident d'en finir avec les Bourbons de la branche aînée en établissant clairement une nouvelle dynastie. Une proclamation est rédigée par Louis Bérard qui propose de conférer la couronne au duc d'Orléans à la condition qu'il entreprenne une révision de la Charte fondée sur les principes mentionnés dans son discours d'ouverture de la session parlementaire, complétés par plusieurs autres : responsabilité des ministres et des agents secondaires de l'administration, statut légal des militaires, réélection des députés promus à des fonctions publiques, égalité des cultes devant la loi, interdiction des troupes étrangères dans l'armée nationale, abolition de la noblesse, initiative des lois accordée aux Chambres, suppression du double vote, abaissement de l'âge et du cens électoral, reconstitution totale de la pairie.
Louis-Philippe accorde, sur sa cassette personnelle, une pension de 1 500 francs à l'auteur de La Marseillaise, Rouget de Lisle ; il accorde des sous-lieutenances à tous les élèves de l'École polytechnique qui ont pris part aux Trois Glorieuses et des décorations aux étudiants des facultés de droit et de médecine qui se sont distingués pendant l'insurrection ; de manière plus polémique, il nomme le baron Pasquier à la présidence de la Chambre des pairs, accorde au duc de Chartres le droit de siéger à la Chambre des pairs et confère au duc de Nemours la grand-croix de la Légion d'honneur. Une ordonnance prescrit de rendre la justice au nom de « Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans, lieutenant général du royaume ».
mercredi 4 août
Lors d'un conseil des ministres qui examine la proposition de Bérard, Louis-Philippe charge le duc de Broglie et Guizot de préparer une révision de la Charte.
jeudi 5 août
Casimir Perier est proposé par la Chambre des députés comme président (174 voix contre 160 à Laffitte) et ce choix est ratifié par Louis-Philippe.
du jeudi 5 au samedi 7 août
La chambre s'occupe de la révision de la Charte. Sommet des manifestations républicaines : des bandes occupent de façon plus ou moins menaçante les édifices publics.
vendredi 6 août
Guizot communique à Bérard le projet de révision de la Charte qu'il a élaboré avec le duc de Broglie et reçoit de Boinvilliers le projet concurrent élaboré par les républicains (constitution républicaine sous forme de monarchie, déclaration des droits, ratification de la Constitution par le peuple, dissolution de la Chambre des députés, reconquête par la guerre de la frontière naturelle du Rhin). Dans la matinée, la Chambre des députés engage la discussion sur le projet de Bérard, tandis que les manifestants républicains cernent le Palais Bourbon. Le débat se focalise autour de la question de l'hérédité de la pairie. Dans la soirée, La Fayette promet la dissolution de la pairie pour apaiser une foule houleuse qui menace la Chambre des pairs.
Nomination d'un Conseil municipal provisoire à Paris.
Une ordonnance décide que le coq gaulois remplacera la fleur de lys sur la hampe des drapeaux.
samedi 7 août
Lors du conseil des ministres réuni le matin au Palais-Royal, Louis-Philippe écarte l'emploi de la force publique en cas d'émeute provoquée par la question de l'hérédité de la pairie. Le projet de nouvelle Charte des parlementaires est achevé : la Chambre le présente au lieutenant-général, ainsi que la résolution l'appelant au trône (219 députés pour, 33 contre et 97 abstentions ; chez les pairs, 114 sur 364 sont présents : 89 votent pour, 10 contre, 14 blanc et 1 nul). Parmi les changements de la Charte figurent : la suppression du préambule, de l'article 6 (qui déclarait le catholicisme religion État), l’abolition de la censure, la modification de l'article 14 sur les ordonnances royales, désormais cantonnées à l'exécution des lois ; initiative des lois accordée aux deux Chambres ; publicité des débats de la Chambre des pairs ; élection des députés pour 5 ans ; abaissement de l'âge d'éligibilité de ? à 40 ans et de l'âge de l'électorat de 30 à 25 ans ; élection des présidents des collèges électoraux par les électeurs et du président de la Chambre des députés par les députés ; extension des possibilités de mise en accusation des ministres ; abolition des tribunaux d'exception ; serment de fidélité à la Charte prêté par le roi devant les Chambres ; rétablissement de la cocarde tricolore ; annulation des nominations de pairs faites par Charles X. L'article 27 sur l'hérédité de la pairie est renvoyé à un nouvel examen lors de la session de 1831. Enfin, la Chambre demande de pourvoir par des lois à un certain nombre de points : jury pour les délits de presse et les délits politiques, responsabilité des ministres et des fonctionnaires, réélection des députés promus à des fonctions publiques salariées, vote annule du contingent de l'armée, organisation de la Garde nationale, institutions départementales et municipales fondées sur l'élection, instruction publique et liberté de l'enseignement, fixation des conditions d'exercice du droit de vote et d'éligibilité. Dans la soirée, les députés se rendent en corps au Palais-Royal où Louis-Philippe proclame son adhésion à leur déclaration qu‘il affirme « conforme aux principes politiques [qu‘il a] professés toute [sa] vie ». Il paraît au balcon avec sa famille et reçoit les acclamations de la foule. Dans son dernier discours à la Chambre des Pairs, Chateaubriand explique pourquoi il ne servira pas une monarchie « bâtarde ». Les jours suivant, il se dépouillera de toutes ses charges et pensions pour n’être plus qu’un écrivain indépendant. Louis-Philippe signe un acte de donation-partage qui répartit ses biens personnels entre ses enfants en s'en réservant l'usufruit, afin d'éviter que ceux-ci ne soient incorporés au domaine de la Couronne lors de son avènement.
dimanche 8 août
Sur les instances de La Fayette, et contre son premier mouvement, Louis-Philippe décide de régner sous le nom de Louis-Philippe Ier (et non de Philippe VII). Les formules « Par la grâce de Dieu… », « l'an de grâce… » et « sujets » sont abandonnées. Les ministres perdent les titres de « Monseigneur » et d'« Excellence ». Le fils aîné du roi est titré « prince royal », les filles et la sœur du roi sont titrées « princesses d'Orléans » (et non « filles de France ») et il est décidé que le sceau officiel de Etat portera les armes de la maison d'Orléans (de France au lambel d'argent), ce qui n'avait jamais été le cas par le passé lors de l'accession au trône d'un cadet (celui-ci prenant alors les pleines armes de France), manière de marquer le changement de dynastie et la solution de continuité entre le nouveau régime et celui qui l'a précédé.
La France conclut avec le bey de Tunis Hussein II un traité confirmant les anciens traités abolissant l'esclavage des chrétiens dans la régence, ainsi que la piraterie et assurant la liberté de commerce et du trafic pour tous les étrangers établis dans la régence. Ce traité stipule également la suppression définitive de l'usage des présents, dons et redevances accordés au bey et à ses ministres par les Européens. Par un accord secret et additionnel au traité, le bey cède au roi de France un emplacement à Carthage pour y élever un monument commémoratif en l'honneur du roi Louis IX.
lundi 9 août
Louis Philippe (57 ans), duc d'Orléans, accepte la Couronne et est intronisé roi des Français, après avoir prêté serment de fidélité à la Charte modifiée : proclamation officielle de la Monarchie de Juillet.
mardi 10 août
Le nouveau roi se rend pour la première fois à l’Assemblée. Il est accompagné de quatre maréchaux.
Le général d’Ornano est nommé commandant de la 4e division militaire de Tours (jusqu’en 1848).
Chateaubriand renonce à sa pension de pair de France.
mercredi 11 août
Louis-Philippe annonce la formation d'un ministère sans président du Conseil, représentant deux tendances : le « mouvement » ou libéralisme de gauche (Laffitte, Dupont de l'Eure à la Justice) ; la « résistance » qui considère qu'il n'y a pas eu de révolution, mais un simple changement dans la personne du chef de l'Etat (Guizot à l'Intérieur, Casimir Perier ministre sans portefeuille, Sebastiani à la Marine et aux Colonies).
Suppression définitive de la troupe des Gardes du Corps (du roi).
Le maréchal d’Empire Jean-Baptiste Jourdan est nommé 19e gouverneur des Invalides par le roi Louis-Philippe.
vendredi 13 août
Par une ordonnance, Louis-Philippe, « considérant que la marine n’a pas de grade correspondant à celui de maréchal dans l’armée de terre », crée au corps royal de la marine trois places d’amiral précisant que « le grade d’amiral sera assimilé en tous points à celui de maréchal de France et que les amiraux jouiront des honneurs et traitements attribués aux maréchaux de France ». Par ailleurs, Louis-Philippe nomme le général et baron Bertrand Clauzel à la tête de l’armée d’Afrique.
samedi 14 août
La nouvelle Charte est promulguée.
dimanche 15 août
A Paris, l’église Sainte-Geneviève [Panthéon] n’est plus un lieu de culte mais redevient le « Temple de la Gloire » aux personnalités de la nation.
Le recrutement des 500 premiers zouaves (Kabyles d’Algérie) est fait par le général en chef de l'expédition d'Alger, le comte de Bourmont, sur les conseils et un Mémoire du colonel Alfred d'Aubignosc.
mi-août
Guizot, ministre de l’Intérieur, nomme une commission chargée de définir une loi sur les théâtres.
lundi 16 août
Charles X embarque avec sa famille pour l’exil en Angleterre au port militaire de Cherbourg sur le Great Britain.
Une ordonnance nomme provisoirement (en attendant une loi) La Fayette commandant général des Gardes nationales du royaume. Il a comme adjoint le général Dumas.
mardi 17 août
Le député Victor Destutt de Tracy présente une proposition de loi tendant à l’abolition de la peine de mort.
Le général-comte Gérard est élevé à la dignité de maréchal de France.
Répondant à l’évêque de Rennes qui demandait au Saint Office quelle attitude adopter concernant l’absolution des prêteurs d’argent avec intérêt, le pape Pie VIII s’éloigne de la doctrine chrétienne traditionnelle de condamnation et d’interdiction des intérêts.
Une ordonnance crée deux nouveaux régiments d’infanterie, les 65e et 66e de ligne.
jeudi 19 août
Louis-Philippe Ier écrit aux monarques de l'Europe pour leur notifier le début de son règne.
Discussion à la Chambre de la question du serment que devront prêter les membres des deux chambres.
jeudi 26 août
Une loi d’amnistie réhabilite les anciens prisonniers politiques condamnés sous la Restauration.
Ordonnance rétablissant le Panthéon et sa sécularisation.
vendredi 27 août
Ordonnance du roi rendant au barreau français ses anciennes franchises en reconnaissant à tout avocat inscrit au tableau le droit de concourir, par élection directe, à la nomination des membres du conseil et du bâtonnier de l'ordre, ainsi que le droit de plaider devant toutes les cours et tous les tribunaux du royaume sans avoir besoin d'aucune autorisation.
Mort inexpliquée de Louis VI Henri, dernier duc de Bourbon-Condé et beau-frère de Louis-Philippe, dans son château de Saint-Leu (-la-Forêt, dans le Val-d’Oise). Il a retrouvé pendu à l’espagnolette de la fenêtre dans sa chambre mais le « suicide » semble invraisemblable, les pieds du prince touchant le sol. Agé de 74 ans, il était le fils de l'ancien chef de l’armée des émigrés et n’avait pas d’héritier direct. Sa fortune revenant au duc d'Aumale, son neveu et filleul, la famille d'Orléans est soupçonnée de crime ; on a dit également que le duc était mort accidentellement, au cours d'une partie de plaisir avec sa maîtresse, la baronne de Feuchères, à qui le défunt laissait une fortune considérable.
Benjamin Constant est nommé président d'une section au conseil d'Etat.
Décès du diplomate et académicien Louis Philippe, comte de Ségur, à l’âge de 76 ans.
samedi 28 août
Naissance d’un nouvel enfant de Victor Hugo, une fille prénommée Adèle.
dimanche 29 août
Louis-Philippe passe en revue la Garde nationale.
lundi 30 août
L'Angleterre est le premier pays à reconnaître le nouveau régime français.
mardi 31 août
Lord Stuart of Rothesay, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
jeudi 2 septembre
Le général Clauzel débarque à Alger.
vendredi 3 septembre
Talleyrand est nommé ambassadeur à Londres.
dimanche 5 septembre
L'empereur d'Autriche François Ier reconnaît la monarchie de Juillet.
mercredi 8 septembre
Le général Valée, pair de France, est mis en disponibilité ; il est exclu de la pairie.
dimanche 12 septembre
Loi qui soumet à la réélection les députés promus à des fonctions publiques.
mercredi 15 septembre
Premier suicide réalisé à partir de l’Arc de Triomphe : un propriétaire ruiné a sauté du haut du monument en cours d’achèvement.
vendredi 17 septembre
Ordonnance de désignation des membres du Conseil municipal.
dimanche 19 septembre
Baptême d'Adèle Hugo. Sainte-Beuve est parrain.
lundi 20 septembre
L’écrivain Charles Augustin Sainte-Beuve et l'un des propriétaires du journal Le Globe, Paul-François Dubois, se battent en duel. Sous la pluie, ils s'échangent quatre balles sans résultats. Sainte-Beuve a conservé son parapluie à la main, disant qu’il voulait bien être tué mais pas mouillé.
mardi 21 septembre
Emeute place de Grève à Paris : lors d'une cérémonie en mémoire des quatre sergents de La Rochelle (exécutés en 1822), la rue demande l'abolition de la peine de mort.
samedi 25 septembre
A la Chambre des députés, le gouvernement est interpellé sur l'agitation entretenue par les clubs républicains, notamment la Société des Amis du peuple, tandis qu‘une cohorte d'habitants du quartier Montmartre envahit la salle des réunions de cette société et en disperse de force les membres.
lundi 27 septembre
La Chambre des députés adopte à une forte majorité un projet de loi mettant en accusation des ministres de Charles X responsables des ordonnances du 26 juillet : Polignac, Peyronnet, Chantelauze et Guernon-Ranville.
jeudi 30 septembre
Suppression des 8 000 demi-bourses de 150 francs qui avaient été accordées aux écoles secondaires catholiques.
vendredi 1er octobre
Le général Clauzel crée officiellement le corps des zouaves, formé de deux bataillons.
jeudi 7 octobre
Victor Hugo est élu sous-lieutenant de la Garde nationale. Mais La Fayette casse son élection.
vendredi 8 octobre
La Chambre des députés vote, par 225 voix sur 246 votants, une adresse au roi l'invitant à présenter un projet de loi abolissant la peine de mort, au moins pour les délits politiques.
Loi mettant en œuvre le principe du jugement par jury pour les délits de presse.
samedi 9 octobre
Le Roi reçoit une adresse de la Chambre demandant l'abolition de la peine de mort dans les condamnations politiques.
lundi 11 octobre
La loi sur le sacrilège, adoptée en 1825, est abrogée. Elle punissait de mort les profanateurs.
Une ordonnance décide que des récompenses seront accordées à tous les blessés de la révolution de Juillet, que des pensions seront allouées aux parents, veuves et enfants des victimes. Une médaille commémorative est créée pour les participants aux Trois Glorieuses.
mercredi 13 octobre
L'ambassadeur d'Espagne à Paris remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
Suppression des indemnités versées aux prêtres auxiliaires.
Première à l’Opéra de Paris du Dieu et la bayadère, ou La courtisane amoureuse, un opéra en deux actes de Daniel François Auber, sur un livret d’Eugène Scribe. C’est le deuxième opéra d’Auber créé en en 1830.
samedi 16 octobre
Premier numéro du journal catholique libéral L'Avenir, fondé par Félicité Lamennais, Gerbet, Lacordaire et Montalembert, avec pour devise « Dieu et la liberté ». Ses rédacteurs, catholiques libéraux, cherchent à promouvoir le progrès social et réclament certaines libertés (en particulier la liberté de la presse et de l’enseignement) ainsi que la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
du dimanche 17 au mardi 19 octobre
Graves troubles à Paris à l'occasion du procès des ministres de Charles X. Des manifestants envahissent le Palais-Royal, puis marchent sur Vincennes pour y mettre à mort les accusés ; mais le général Daumesnil refuse de leur livrer les prisonniers. Recrudescence d'affiches, dans les quartiers ouvriers, incitant les citoyens à s'armer pour reconquérir les droits dont on les a frustrés.
mercredi 20 octobre
Guizot reprend la situation en main : le calme revient dans les rues parisiennes.
jeudi 21 octobre
Suppression des traitements des quatre cardinaux résidentiels.
dimanche 24 octobre
Le comte Apponyi, ambassadeur d'Autriche à Paris, remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
en octobre
Tocqueville et Beaumont sollicitent une mission pour les Etats-Unis et rédigent pour cela un mémoire (imprimé en 1831) sous le titre Note sur le système pénitentiaire et sur la mission confiée par M. le Ministre de l'Intérieur à MM. Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville. Tocqueville obtient un congé de dix-huit mois du garde des Sceaux pour étudier officiellement le système pénitentiaire américain.
mardi 2 novembre
Louis-Philippe nomme l’homme d’affaires Jacques Laffitte président du Conseil, signe de la victoire temporaire du « mouvement ». Laffitte cumule cette fonction avec celle de ministre des Finances. Le maréchal Maison devient ministre des Affaires étrangères (en remplacement de Molé), le comte de Montalivet ministre de l’Intérieur (à la place de Guizot) et Joseph Mérilhou ministre de l’Instruction publique et des Cultes. Adolphe Thiers est nommé secrétaire d’Etat aux Finances.
jeudi 4 novembre
Premier numéro de l’hebdomadaire satirique la Caricature, donc le directeur est Charles Philipon. Le dessinateur Daumier y contribue.
dimanche 7 novembre
Achille Libéral Treillhard succède à Amédée Girod de l’Ain comme préfet de police de Paris.
samedi 13 novembre
Publication chez l’éditeur parisien Levasseur du Rouge et le Noir, le deuxième roman de Stendhal.
lundi 15 novembre
Le philosophe Victor Cousin (38 ans) est élu à l’Académie française, en remplacement du baron Joseph Fourier.
mercredi 17 novembre
Remaniement ministériel : le marquis Nicolas Maison ne sera resté ministre des Affaires étrangères que 15 jours ; nommé ambassadeur à Vienne, il est remplacé par le général François, baron Sébastiani de La Porta. Le comte d’Argout devient ministre de la Marine, tandis que le maréchal Soult remplace le maréchal Gérard, jugé trop belliqueux dans les affaires belges, au ministère de la Guerre.
jeudi 18 novembre
Elections à l'Académie française de Victor Cousin et de Viennet. Benjamin Constant échoue encore une fois.
vendredi 19 novembre
Constant prononce son dernier discours à la Chambre.
dimanche 21 novembre
Neuf mois après sa première représentation, la pièce Hernani de Victor Hugo quitte l’affiche de la Comédie-Française.
lundi 22 novembre
A 60 kilomètres au sud-ouest d’Alger, le général Clauzel fait occuper la ville de Médéa, capitale de la province du Titteri (rapidement abandonnée).
jeudi 25 novembre
L’écrivain Ludovic Vitet est le premier à occuper le poste d’inspecteur des monuments historiques.
dimanche 5 décembre
Le compositeur Hector Berlioz (27 ans) remporte un triomphe en faisant jouer au Conservatoire de Paris, sous la direction de François-Antoine Habeneck, sa Symphonie fantastique. L’œuvre, inspirée par l’actrice irlandaise Harriet Smithson, est dédiée au tsar Nicolas Ier de Russie.
mercredi 8 décembre
Décès à Paris de l’écrivain et homme politique Benjamin Constant, à l’âge de 63 ans.
vendredi 10 décembre
Loi sur la police des afficheurs et crieurs publics.
dimanche 12 décembre
Obsèques officielles et nationales de Benjamin Constant au cimetière parisien du Père-Lachaise. C’est l’occasion d’une vaste manifestation populaire.
lundi 13 décembre
Loi instituant la croix de Juillet.
mardi 14 décembre
En Algérie, une escadre française sous les ordres du capitaine Louis de Bourmont s’empare du port de Mers el-Kébir, près d’Oran.
mercredi 15 décembre
Ouverture du procès des ex-ministres de Charles X devant la Chambre des Pairs, au palais du Luxembourg.
samedi 18 décembre
Convention franco-tunisienne. Le bey de Tunis Hussein II propose son aide pour l’expédition française en l’Algérie.
lundi 20 décembre
L’Autriche, la France, la Prusse, la Russie et le Royaume-Uni reconnaissent la Belgique, en lutte contre les Pays-Bas pour son indépendance.
du lundi 20 au mercredi 22 décembre
Nouveau déferlement et affichage de proclamations « Au Peuple » appelant les faubourgs à l'action et réclamant une assemblée issue des faubourgs et renouvelable tous les ans. Manifestations ouvrières et étudiantes très violentes, suivies de nombreuses arrestations.
vendredi 24 décembre
La Chambre des députés vote une loi qui supprime le titre de commandant de toutes les gardes nationales de la France, jugé contraire à la Charte de 1830.
samedi 25 décembre
Quatre ministres de Charles X sont condamnés à la prison perpétuelle : le prince de Polignac (peine assortie de la mort civile), le comte de Peyronnet, Victor de Chanteleuze et le comte de Guernon-Ranville. Trois sont condamnés par contumace : D'Haussez, le baron Capelle et Montbel.
Hostile au vote de la veille, La Fayette démissionne de sa fonction de commandant général des Gardes nationales. Le général Mouton est nommé commandant général de la Garde nationale de Paris.
dimanche 26 décembre
La gauche suscite un incident à propos du retrait de La Fayette : Dupont de l'Eure démissionne de ses fonctions de garde des sceaux et il est remplacé par Joseph Mérilhou, lui-même remplacé par Félix Barthe à l’Instruction publique et aux Cultes.
Jean-Jacques Baude succède à Achille Treilhard comme préfet de police de Paris.
mercredi 29 décembre
Abolition de l’hérédité de la pairie (à effet du 8 janvier 1832).
jeudi 30 décembre
Les quatre ministres de Charles X condamnés à la prison à vie sont conduits à Ham.
en décembre
Arrestation de plusieurs étudiants de la Sorbonne.
Le journal Le Globe passe aux saint-simoniens sous l'impulsion de Pierre Leroux et Enfantin. Michel Chevalier en est le nouveau directeur.